J14 : Mercredi 24 mai 2023
Aujourd’hui, pour notre dernière journée à Ténérife, nous recherchons une destination pas trop éloignée mais pas trop proche non plus 😉. Exit donc le parc rural d’Anaga après notre tentative ratée d’hier, exit le parc national du Teide après déjà trois passages depuis notre arrivée, exit aussi les alentours de Puerto de la Cruz déjà bien écumés. Reste le parc rural du Teno. Certes nous y sommes déjà passés en début de séjour mais il mériterait bien une seconde exploration. Je reviens alors à la charge avec une randonnée que j’avais déjà proposée il y a quelques jours et qui n’avait pas suscité beaucoup d’enthousiasme de la part d’Hervé. Aujourd’hui j’affûte mes arguments : le point de départ se trouve à moins de trente minutes de notre lieu d’hébergement (parfait !) et surtout… si le guide Rother a attribué un top à ce parcours, c’est qu’il doit bien le mériter. En tout cas, ce dernier point demande à être vérifié.
Les températures sont bien agréables ce matin : 20 degrés sur la côte, 18 degrés à El Palmar à notre arrivée sur place à 9 h 30. Une douceur bienvenue car la randonnée débute par une montée très raide (+ 300 mètres D), grimpant tout droit dans la pente en direction d’antennes de télécommunication situées à 800 mètres d’altitude sur la Cumbre de Baracán. En nous retournant à intervalle régulier, nous avons la chance d’apercevoir brièvement le Teide avant qu’il ne disparaisse dans les nuages. Malgré cette opportunité, il faut reconnaître que ce début de parcours est un peu fastidieux. Hervé ronchonne.
Une fois les antennes atteintes, le sentier amorce une légère descente en traversant un sous-bois dense et touffu, nous privant de vues mais nous dévoilant quelques variétés de plantes endémiques. De quoi piquer momentanément la curiosité du photographe de plus en plus sceptique sur l’intérêt de cette randonnée. 😉
Digitale des Canaries
Digitalis canariensis (endémique)
Pericallis tussilaginis (endémique)
Après cette courte descente, une nouvelle montée précède l’arrivée à Teno Alto. Hervé traîne de plus en plus les pieds, se demandant ce qu’il fait dans cette galère. J’en suis à me demander s’il ne va pas commander un taxi à Teno Alto pour retourner au point de départ. 😉
Finalement nous commandons des boissons fraîches au bar de ce petit hameau perdu puis, après une pause réconfortante, repartons de plus belle à l’assaut de la colline juste en face du bar. Direction La Mesita par une petite route bitumée. Pour l’instant, nous n’avons toujours pas compris pourquoi ce parcours bénéficiait d’une aussi bonne cote.
Pas davantage en pénétrant au sommet de la colline dans une épaisse futaie, malgré les jeux d’ombre et de lumière à travers les feuillages.
Il faudra attendre la sortie de la forêt pour que les beautés de ce parcours nous soient enfin révélées.
D’abord, comme surgie d’un rêve… l’apparition d’une île à la limite de la visibilité ! C’est l’île de La Gomera.
Cherchez l'île de La Gomera !
Puis une succession de crêtes séparées par autant de canyons profonds dont on ne distingue pas le fond.
Des curiosités botaniques endémiques remarquables accrochées à la pente !
Euphorbe rouge sombre...
... = Euphorbia atropurpurea (endémique)
Une sente à peine visible s’enroulant autour de ces puissants reliefs quand elle n’enfourche pas carrément la crête !
Suivez la sente !
Cherchez les deux randonneurs sur la crête et le mirador sur la route (parking)
Ce cheminement doit nous amener sur la route TF-436 (Masca/Buenavista) au niveau du mirador Altos de Baracán (800 mètres d’altitude). Par moments on se demande par où on va devoir passer.
Et maintenant, on passe par où ?
Bref, nous allons de surprise en émerveillement !
Alors Hervé, conquis ? Incontestablement il l’est, même si sur ces pentes improbables il reste un peu tendu car, souffrant de vertige, il n’est pas très fan de ce genre de tracé. Une fois la route atteinte, le chemin finit par perdre de l’altitude et devient plus facile. Nous pouvons alors relâcher notre attention et faire le bilan de cette randonnée après avoir porté un dernier regard admiratif sur ces imposants canyons sur lesquels l’île de La Gomera continue à veiller fidèlement.
Cherchez l'île de La Gomera !
Comme Hervé l’avait pressenti, toute la première partie jusqu’à Teno Alto est d’un intérêt limité. La suite par les crêtes de Baracán est beaucoup plus exaltante avec des paysages de toute beauté et un cheminement spectaculaire dignes de la mention « top » du Rother. Bref, un parcours aux intérêts controversés mais pas dépourvu d’intérêt ! 😉
Aurions-nous pu nous organiser autrement ? Comme d’autres randonneurs rencontrés sur le tronçon le plus intéressant, nous aurions pu nous contenter d’un aller-retour sur le sentier des crêtes depuis le mirador Altos de Baracán sur la route TF-436. Mais Hervé m’avoue qu’il n’aurait pas aimé traverser deux fois ce passage un peu délicat pour lui. La boucle était par conséquent la meilleure solution dans notre cas.
Nous sommes de retour à la voiture au bout d’un peu plus de 4 heures après avoir parcouru 9.3 kilomètres avec un dénivelé de 553 mètres. Nous nous étions garés juste en face du restaurant El Rincon, une adresse qui aurait pu être parfaite pour le déjeuner, mais j’avais noté que l’établissement était fermé le mercredi. J’avais donc déjà repéré une autre destination à moins de cinq minutes en voiture. Bodegón Patamero est une petite auberge de montagne, prisée des randonneurs, qui propose une cuisine canarienne roborative et (trop) copieusement servie au point de devoir décliner le dessert une nouvelle fois.
Une petite balade pour digérer ? Non, plutôt une baignade. En effet, sur le trajet de retour vers Las Aguas, nous nous refaisons une santé dans l’un des bassins d’El Caleton, ces piscines naturelles aux allures de fjords qui font la renommée de la petite ville de Garachico.
Dans l'un des bassins d'El Caleton (Garachico)
C’est sur ce bain revigorant que se terminent à la fois notre journée, notre séjour à Ténérife et l’ensemble de nos deux semaines canariennes.