J’ai choisi de discuter de l’article La littératie médiatique à l’école : une (r) évolution multimodale écrit par Monique Lebrun, Nathalie Lacelle et Jean-François Boutin. Si je rapporte brièvement les propos des auteurs, ils soulignent l’importance de l’enseignement de la littératie médiatique compte tenu du développement technologique de la société actuelle et des nouvelles compétences nécessaires à transmettre aux élèves. La présence quotidienne des médias dans la vie des élèves augmente leur communication avec le monde extérieur et ainsi leur offre plusieurs opportunités pour apprendre d’eux-mêmes et cela chamboule la dynamique dans la relation enseignant-élève. Ce changement de dynamique entraîne une résistance de la part de certains enseignants qui peinent à s’adapter. De plus, une partie des enseignants et le programme d’éducation québécois utilisent l’approche multimodale dans leur enseignement, mais ne l’emploient qu’en surface. C’est-à-dire que leur visée est un apprentissage technique, « il en résulte que les applications en cours de langue misent plus sur les connaissances et les habiletés technologiques que sémiotiques. »
Pour ma part, je retiens surtout que l’approche multimodale s’avère très utile dans la pédagogie moderne. En éducation, nous reconnaissons que chaque élève peut avoir une approche de l’apprentissage différente. En ce sens, enseigner la médiatique à travers l’avenue multimodale offre une variété d’outils pouvant venir chercher la curiosité et la motivation des élèves afin qu’ils comprennent de la manière qui leur convient le mieux les apprentissages souhaités. De plus, cette approche permet aux élèves d’aiguiser leurs compétences en communication tout en offrant un volet créatif.
Les auteurs mentionnent également qu’un pourcentage élevé d’élèves passent plusieurs heures par jour sur les réseaux sociaux ou à jouer à des jeux vidéos, mais malgré tout ça, ils proposent d’inclure encore plus de numériques dans les écoles. Je ne doute pas que cela affecte positivement le taux de participation en classe, mais il serait pertinent de s’assurer que les projets éducatifs employant une approche multimodale ne deviennent pas la modalité de base dans l’enseignement. La révision linguistique, l’écriture manuscrite et la recherche en bibliothèque pour ne nommer que ceux-ci sont facilement remplaçables par un équivalent technologique. Or, ce dernier ne développe pas les réflexes de mémoire et ne fait pas travailler cognitivement les élèves de la même façon que lors de la réalisation d’exercices manuscrits. Je suis conscient que les élèves doivent développer de nouvelles compétences en lien avec l’avancement de la société actuelle et le progrès technologique, mais il ne faut pas oublier la base ! Il y a plusieurs adolescents à mon école qui ne savent pas lire une horloge, ils ont besoin d’un cadran numérique. Alors même si les auteurs valorisent l’intégration des TIC dans toutes les disciplines, je crois qu’il faut se limiter à une utilisation ciblée et seulement à un certain niveau d’éducation. Je ne crois pas que ça soit bien pour la grande majorité de mes élèves de secondaire de s’habituer à l’utilisation du logiciel Antidote, par exemple. Cela peut être utile pour quelques-uns d’entre eux qui ont reçu un diagnostic et ont besoin d’un coup de pouce supplémentaire, mais la majorité doit apprendre à faire les liens dans leur tête et non laisser un ordinateur tout faire.
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