FINASTERIDE : UN DÉBUT DE PRISE DE CONSCIENCE ?

La Lettre No 7 - décembre 2019

Le 1er février 2019 l’ANSM s’engageait à mettre à disposition des utilisateurs un document permettant un meilleur niveau d’information sur les bénéfices et les risques du finastéride. Sans cesse reportée, la diffusion de cette note à destination des prescripteurs et des représentants des spécialités en charge des victimes est enfin effective à partir de ce jour.

Faisant preuve de quelques avancées, ce document mentionne l’importance d’un délai de réflexion ainsi que la faible efficacité du produit (65% d’amélioration groupe finastéride contre 37% sous placebo), soit tout juste 28% de taux de réussite… au regard d’effets indésirables dont il est désormais admis qu’ils peuvent ruiner la santé ainsi que la vie sociale des utilisateurs et perdurer de manière indéterminée même après l’arrêt du traitement. Certains spécialistes évoquent l’irréversibilité du Syndrome Post-Finastéride (PFS), espérons que chacun, prescripteurs et patients, comprenne et sache bien lire entre les lignes.

Cependant, cette note demeure encore bien timide au regard du nombre et de la gravité des effets secondaires que subissent les victimes. Nous souhaitions que soient détaillés les effets indésirables et l’action d’un anti-androgène, que la prescription de ce produit esthétique soit accompagnée d’un panel d’analyses primaires suivi de contrôles réguliers servant à écarter dès le départ les patients présentant des troubles hormonaux ou psychiques et à faciliter le lien de causalité en cas d’apparitions d’effets indésirables pour les autres.

Aux États-Unis, le professeur BELKNAP, s’étonnant que le produit demeure sur le marché, décrit le phénomène de « pensée magique » selon lequel il n’agirait que sur le cuir chevelu et épargnerait miraculeusement les autres fonctions physiologiques :

« Comment une personne avisée peut-elle s’attendre à ce que le finastéride rétrécisse la prostate et bloque la calvitie, sans affecter négativement la structure et la fonction du pénis, des testicules, des organes sexuels secondaires ou du cerveau ? La base conceptuelle de l'utilisation clinique du finastéride est que le finastéride apportera un bénéfice en agissant comme anti-androgène dans le cuir chevelu et dans la prostate, mais qu'il ne causera pas de dommages en agissant comme anti-androgène sur la vésicule séminale, le canal éjaculateur, la glande de Cowper, le canal déférent, l’épididyme, les testicules, le pénis et le corps caverneux, ainsi que le cerveau. C'est une pensée magique. »

(Texte complet sur ce lien)

La notice du Propecia et de ses génériques semble laisser entendre que le finastéride bloquerait la transformation de testostérone en DHT uniquement au niveau du cuir chevelu. Beaucoup sont trompés et devraient pouvoir bénéficier d’informations claires. Serait-il si grave d’expliquer de manière concise qu’un déséquilibre hormonal peut avoir des répercussions sur l’ensemble de l’organisme ?

« Plus jamais ça !» dit aujourd’hui le Professeur MARANINCHI, ancien responsable de l’Afssaps, à propos du Mediator. Combien d’années encore pour que nos Autorités Sanitaires tiennent les mêmes propos au sujet du finastéride ?

Il reste encore une lourde tâche d’information et de prévention mais il est également impératif de s’occuper des victimes actuelles, en souffrance depuis tant d’années. Quelles propositions, quelles aides, quel traitement, quel parcours de soin pour leur permettre de retrouver une vie acceptable ?

En mars 2019, lors de notre réunion au Ministère de la Santé, nous avons pu expliquer la nécessité de la mise en place d’un parcours de soins. Depuis, des spécialistes ont été consultés par les Autorités Sanitaires, la Direction Générale de la Santé (DGS) réfléchit actuellement au moyen de le mettre en œuvre. Espérons que ces démarches aboutissent au plus vite !