2.9 Le souterrain-refuge du Remenier

A 100 mètres à l'Est, boulevard Eugène Riffault, à Blois, tout près de l'emplacement du très ancien prieuré de Saint-Jean-en-Grève et dans un terrain qui en dépendait, vendu, en 1747, sous le nom de jardin du Remenier, il existe un souterrain d'une certaine étendue, quoique réduit, avec des ramifications ayant plusieurs issues et un puits à eau à l'intérieur, ce qui est la caractéristique des souterrains- refuges. Il est situé par moitié, à peu près, sous la partie la plus à l'Est du boulevard et sous le jardin de l'établissement religieux des Soeurs Servantes de Marie.

Mémoires de la Société des Sciences et lettres de Loir-et- Cher - Vol.24 - 1922 - Gallica

Ce souterrain est divisé en deux parties bien distinctes : la première, celle qui est au niveau de l'entrée à l'Ouest; l'autre à l'Est, à 3 mètres au dessous du niveau de la première.

Lors de l'établissement du boulevard Eugène Riffault, en 1855, pour éviter l'obstruction du souterrain, utilisé à cette époque, l'établissement d'un remblai de 8 à 10 mètres de hauteur a été construit à cet endroit par la ville qui dut construire un passage voûté en dehors de la première entrée principale, et que pour ne pas condamner l'entrée de la deuxième salle, bouchée cependant depuis, on fit un deuxième passage voûté latéral, allant de la première à la deuxième porte.

Le souterrain originel est d'époque Celtique ou Gauloise. Il fut agrandit et amélioré au Moyen-Âge par les moines Bénédictins qui ont construit le prieuré au XIème siècle.

Blois a été un oppidum Gaulois, quand son promontoire barré, de l'époque Néolithique récente, fut devenu insuffisant.

Il y a donc bien des raisons pour penser que le souterrain du Remenier existait alors et servait aux habitants trop éloignés, qui ne pouvaient à temps se réfugier, en cas de danger, dans l'oppidum ou sur le promontoire fortifié.

Il a dû servir, tel qu'il était à l'origine, notamment pendant l'invasion Romaine, puis à la fin de l'Empire pendant l'invasion Franque et pour se protéger contre les excursions des Normands, qui ont brûlé et pillé Blois au IXème siècle.

Ce sont les principaux faits connus, mais combien d'autres luttes la région n'eut-elle pas à supporter ?

Combien d'incursions passagères, mais non moins dévastatrices, ont dû se produire?

Les Romains ont signalé la facilité avec laquelle les Gaulois savaient à l'occasion disparaître lorsqu'ils n'étaient pas de force à résister.

C'est donc que leurs refuges existaient déjà avant l'invasion Romaine.

Ce souterrain a pu servir de refuge provisoire contre les invasions, pendant les guerres de la féodalité, pendant la guerre de Cent ans et pendant les guerres de religion, qui ont fort éprouvé notre cité et ruiné le prieuré.

Cet ouvrage est équipé d'un silo appelé Gouffre, et qui n'a rien à voir avec le Gouffre qui alimenta les fontaines de la ville durant plusieurs siècles.

La salle principale, avait 23 mètres de profondeur et 11 mètres de largeur.

L'entrée a 2 mètres de hauteur, et, jusqu'à 5 mètres de profondeur ; le sol va en pente légère pour arriver à donner dans la grande salle une hauteur de 2 mètres 60.

La seconde salle, qui a 11 mètres de longueur et 4 mètres de largeur, à 8 mètres de l'entrée et à égale distance des parois, soit à 1 mètre 60 environ, il existe un puits d'aération de 70 centimètres de diamètre, très bien percé dans une voûte de calcaire de 5 à 6 mètres d'épaisseur.

La seconde galerie, est longue de 41 mètres, avec un escalier de 11 mètres, soit 52 mètres au total.

Le souterrain supérieur ayant une longueur, en ligne droite d'au moins 23 mètres, du fond obstrué près le gouffre à la paroi dans laquelle l'escalier de l'entrée a été taillé, l'étendue totale actuelle des souterrains est de 75 mètres.

Le souterrain avait au moins trois issues, quatre puits d'aération ou regards et un puits à eau.

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