2.1.1-Les Jardins Royaux

Les premiers Jardins Royaux

Des jardins pour un château


Les Jardins du Château de Blois d'après Du Cerceau, Les plus excellents bastiments de France - (Gallica)

Les jardins royaux du château de Blois apparaissent dans des textes dés 1433 dans un document titré "Alentour de nostre chastel de Blois du coste de devers les champs".

Le château de Blois dérogeait à la règle qui indiquait que les châteaux du Moyen Age ne possédaient pas de jardins.

Nous savons que le château de Blois possédait un jardin au pied de ses murailles au niveau actuel de la rue des Fossés du Château qui demeura jusqu'au milieu du XVIème siècle.

C'est à partir de 1470, que les jardins se développèrent principalement vers le ravin de l'Arrou, la rue Porte Coté et la rue Bretonnerie.

Grâce aux archives municipales et aux registres de la Chambre des Comptes, nous connaissons même les noms de certains jardiniers de cette époque.

Par exemple:

1470 à 1475

Guillaume Colin (jardinier de la Duchesse d'Orléans)

1484

Etienne Tardière (jusqu'à sa mort la même année)

1484

Geoffroy Cottereau (Concierge et garde du Grand Jardin et garde du Petit Jardin dud.Seig)

Des projets d'aménagement des jardins

François Ier, l'Italie et le château de Blois. Nouveaux documents, nouvelles dates- Marc Hamilton Smith - (Persée)

Lorsque Louis XII entrepris la reconstruction du château, il fit appel à Dom Passello, jardinier dans son royaume de Secilie, pour créer des jardins dignes de la nouvelle demeure, qui furent exécutés sous sa direction, de 1500 à 1510, et firent aussitôt, parleur splendeur, dédaigner les anciennes créations médiévales.

Les terrains nécessaires à ce projet furent acquis en 1499, ils offraient une vaste terrasse rectangulaire de 200m sur 75m, plus élevés que les jardins de Bretonnerie et du Verger des Fossés créés par Mercoliano.

L'ancien niveau du sol a été retrouvé lors des travaux faits pour l'établissement de l'usine Rousset, il était nettement marqué par une couche de sable interposée entre le terrain primitif et les terres rapportées ; il descendait en pente douce du sommet du plateau vers l'Arrou.

Cette déclivité nécessita d'énormes travaux de terrassement. Les murs de soutènement se retrouvent parfaitement conservés sur la plus grande partie de leur étendue; les fouilles exécutées lors de la construction de l'usine Rousset, pour s'assurer de leur solidité, ont permis d'étudier leur structure. Ils sont composés d'assises de pierre superposées, formant trois étages d'une largeur croissante vers la base, de sorte qu'ils atteignent à la partie inférieure une épaisseur considérable.

Etat des jardins avant les travaux de Gaston d'Orléans (Gallica)
Etat des jardins avant les travaux de Gaston d'Orléans (Gallica)

Gaston d'Orléans, architecte du château et des jardins

Gaston d'Orléans, voulait, à la place du château, édifier un palais entièrement neuf avec toutes ses dépendances, dans le goût du XVIIe siècle ; Mansard était chargé de fournir les plans.

Il y aurait eu un château rectangulaire, quatre corps de bâtiments entourant une cour centrale, d'une architecture somptueuse et vraiment d'un bel effet, avec une avant-cour entourée de terrasses, au bout de laquelle une avenue aurait conduit à la ville; enfin « au dela du bastiment du costé d'occident, le dessein estoit de faire des terrasses

jusques aux Capucins, pour aller aux jardins et a la forest. Lon auroit veu au pied de ces terrasses la riuiere de Loire qui passe le long du costeau que l'on appelle les Grois, et ensuitte l'on auroit trouué diuerses routes pour aller dans la forest, et des allées pour entrer dans les jardins »

Une grande terrasse à la française se serait développée devant la façade Ouest, un peu plus étroite que cette façade à l'endroit ou elle franchissait les anciens fossés, qui étaient comblés ou plutôt recouverts d'une voûte, elle s'élargissait aussitôt et sa largeur était un peu supérieure à celle de la façade.

La terrasse serait étendue jusque vers le milieu de l'hôtel de Bretagne, vers l'extrémité Sud de l'Eperon. On accédait du château à ce jardin par deux portes; la principale au milieu du pavillon central de la façade à hauteur du deuxième palier du grand escalier, communiquait à la terrasse par un perron de huit marches ; l'autre, à droite de celle-ci, à hauteur du premier palier de l'escalier, était encore élevée de deux marches au-dessus du jardin et servait aux personnes venant du rez-de-chaussée.

Combien ce projet était supérieur à l'oeuvre de LouisXII, se développant devant les façades, le jardin reprenait sa véritable place, il en était l'accessoire et l'ornement.

Et, quoique moins important et dans un lieu bien moins favorable, qu'elle variété plus grande que dans les Jardins de Mercoliano, avec ce plan moins raide, plus mouvementé, ces escaliers, le bassin au fond du grand emmarchement, les sculptures qu'on n'eût pas manqué de prodiguer.

Un siècle de travaux, d'efforts incessants séparait ces deux oeuvres ; la différence entre elles marquait le progrès accompli durant cette période.

Pour exécuter ces projets, il fallut procéder à de nombreuses démolitions, il ne devait rien rester du château. Ces travaux commencèrent en 1634.

La Galerie des Cerfs fut comprise dans cette destruction ; en effet elle aurait complètement déparé le palais de Mansard, et d'autre part elle n'avait plus sa raison d'être puisque le projet de Gaston supprimait les fossés.

Gaston d'Orléans n'avait démoli que ce qui l'empèchait d'édifier ses nouvelles constructions, se proposant de détruire le reste dans la suite. D'ailleurs, la partie qui subsistait était nécessaire jusqu'à l'achèvement de ses plans pour lui permettre d'aller dans les anciens Jardins visiter son musée botanique ou ses collections d'antiques, sans être obligé de faire le tour par la place du Château, une passerelle en bois avait été jetée qui réunissait le reste de la Galerie et les nouveaux bâtiments, elle aboutissait à la dernière fenêtre du rez-de chaussée de la façade Nord; c'était une communication bien misérable et peu en rapport avec le goût magnifique de Gaston, elle n'était au reste que provisoire.

Projet d'aménagement des jardins par Gaston d'Orléans (Gallica)

Mais Gaston d'Orléans avait des projets trop vastes pour ses faibles ressources. Le manque d'argent le força de suspendre les travaux, alors qu'on avait seulement élevé l'aile Ouest du château, encore n'était-elle pas complètement terminée.

Il perdait tout espoir de jamais achever la réalisation de ses projets, ce fut sans doute alors que, ne pouvant créer les jardins qu'il avait rêvés, il décida d'élever devant les bâtiments, les terrasses que nous y voyons aujourd'hui.

La fin de Gaston d'Orléans fut l'arrêt de mort des Jardins, après lui commença la décadence aboutit rapidement à la ruine complète.

Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher - Volume 18 du 31 mars 1904 - (Gallica)


Position supposée de l'emprise des jardins Royaux de Blois par superposition d'une carte de reconstitution de 1903 (Gallica) et d'une gravure des pelouses des jardins avec un cadastre actuel et ajusté à la carte Google.