Cités provisoires, poèmed, articles témoignages
LA POMPE DU QUARTIER.
Il fallait c’est vrai, même les jours de pluie
Parfois aussi quand il faisait nuit
Ou l’hiver quand le froid s’était installé
Qu’il fouettait les visages de ses fortes gelées,
S’enfiler un bon tricot sur le dos
Quitter la maison où il faisait chaud
Et aller chercher l’eau à la pompe
C’était ainsi pour beaucoup de monde.
Mais c’était là aussi quand il faisait beau
Que chacun avec son seau ou son broc
A la main s’invitait à s’attarder
Et prenait le temps de bavarder
Du travail et autre, de l’évolution des jardins
En passant des nouvelles des anciens, des voisins
Sans oublier l’enfant de la famille Untel
Qui avait été souffrant l’autre semaine.
Oui je me souviens, souvent j’y pense
Elle faisait partie de mon enfance
La pompe avec son gros bouton de laiton
Que j’allais tourner quand j’étais garçon ;
C’était vous savez il n’y a pas des éternités
C’était comme ça on était habitués
C’était comme cela dans tout le quartier
C'était pareil pour tous les gens de la cité.
OUTREAU été 2002. Pascal Branly BERNARD.
LES CITES PROVISOIRES.
Ils avaient traversé la guerre, l’enfer, la misère
Vu leur ville mise en ruine par la folie meurtrière
Perdu femmes, hommes, parents sœurs et frères
Ne restait plus rien que amas de fer et de pierres
Et dans leur pays qui n’était plus que poussière
Au retour de leur exil après tant de galère
De larmes, de cri de douleurs et de colère
Les habitations provisoires les abritèrent.
Que ce soit préfabriqués, demi lunes ou baraquements
Ils reprenaient goût à la vie et courageusement
Chacun s’attelait à sa tâche avec respect et dignité
Heureux et soulageait d’avoir un toit pour s’abriter.
Après leur journée de travail ils s’occupaient du jardin
Ce petit coin de terre était un trésor eux qui enfin
Pouvaient vivre dans la paix et la sénérité
Et souvent un parterre de fleurs finissait d’agrémenter
Comme pour mettre un peu plus de couleurs
Et tenter d’atténuer les incroyables horreurs ;
Comme pour guérir les blessures de leurs cœurs
Et pour que le regard se pose sur autre chose que le
malheur.
Le dimanche ils se réunissaient en toute simplicité
Dans une ambiance parfumée de convivialité
Chacun avait sa croix à porter et l’entraide et l’amitié
Soulageaient l’un et l’autre à mieux supporter.
Ils avaient traversé la guerre, l’enfer, la misère
Vu leur ville mise en ruine par la folie meurtrière
Et d’être relogés enfin dans ces cités provisoires
Leur avait redonné un grand élan d’espoir
Pour faire renaître petit à petit leur ville Martyre
Pour se mettre chaque jour à tout reconstruire
Pour relever la tête et préparer un autre avenir
Sans jamais oublier de se souvenir….
Pascal-Branly BERNARD. Mai 2007.
Article de 2007 sur Pascal BERNARD qui refait vivre aux anciens, et connaître aux jeunes les Cités Provisoires.
C'est d'ici que naîtra la grande exposition organisée par l'Association de Sauvegarde du Fort de l'Heurt et du Patrimoine Portelois.
Les Quartiers du Portel-Outreau...
Presque 1 demi siècle en arrière …
Préambule: Un amoureux du Portel, d' Outreau nous offre un fabuleux retour en arrière. Il possède une collection incroyable de photos des années 70-80 sur les quartiers dit "provisoires". La démolition, et la reconstruction des quartiers édifiés aprés guerre pour palier au manque de logements détruits par les bombardements et la croissance de la démographie de nos cités : le baby boom !
"Cet amoureux c'est Pascal Bernard. Grâce à lui, nous allons faire un bond dans le passé... . Non seulement, il nous offre de trés belles images, mais, poète à ses heures, il sait, par la magie des mots , faire resurgir de vieux souvenirs enfouis dans nos mémoires. En effet, ces baraquements, ces demi lunes , ces habitations alignées qui ressemblaient aux corons du Nord ont désormais disparus, et c'est certainement mieux ainsi. Mais il n'empêche que tout ceux qui y ont vécus (j'en fait partie) sont nostalgiques. Pourquoi ?
Chaque génération a toujours envie de se raccrocher au passé car elle a l'impression que l'on vivait mieux. Mais rappelons nous: Pas d'eau courante ! La pompe au bout de l'année était disponible 24/24, en libre service ! La seule limite de consommation était le courage qu'il fallait pour venir remplir les brocs, les seaux, et les ramener à la maison ! Pour l'eau chaude, c'était simple, les petites quantités (bouilloire, casserole) on les mettaient sur le poële, ou sur le petit gaz (pour ceux qui l'avait) , ou alors le trépied au gaz pour les lessiveuses. Les lessives à la main... J'en passe et des meilleures. Et cependant, on aimait notre vie, on prenait le temps de parler avec les voisins (et parfois beaucoup de temps ! ), trés souvent les amis, la famille restait manger à "l'improviste", à la fortune du pot. Un gamin allait chercher une bouteille de "perruche d'or" (vin blanc liquoreux) pour faire l'apéritif, deux gros saucissons de cheval, maman faisait des frites avec les invités et tout le monde mangeait joyeusement autour d'une table trop petite mais où la simplicité régnait". Article rédigé par l'A.S.F.H.P.P
NOS PETITS COMMERCES DE QUARTIERS.
Ils ont disparu nos petits commerces de quartiers
Où nous achetions nos produits laitiers
Ainsi que la viande toute fraîche du charcutier,
Ces petites boutiques auxquelles nous étions si habituées ;
Tous ces petits commerces qui restaient fidèles
En servant et soignant leur clientèle
Et qui ne manquait pas de prendre des nouvelles
De la famille d’un tel ou d’une telle.
Ils n’hésitaient pas à vous solder
Et même parfois à vous donner
Une denrée encore fraîche mais dont ils avaient jugé
Qu’à l’étalage elle avait assez séjourné,
Ils ne voulaient pas prendre le risque
Et vendre et bazarder à tout prix,
Ils préféraient faire plaisir à leurs clients
Et la leur offrait tout naturellement.
Jadis en attendant son tour on faisait la causette
Dans une ambiance bon enfant, de fête
On prenait son temps et le commerçant
Répétait même plusieurs fois : « A qui le tour maintenant ? »
On prêtait à peine attention,
Trop pris dans la conversation
De savoir qui était arrivé avant l’autre
C’est votre tour ! Non c’est le votre !
Maintenant c’est dans l’indifférence
Dans des supermarchés immenses
Que nous allons nous ravitailler
Dans la bousculade des gens tiraillés,
On attend son tour à la caisse
Dans de longues files où on se stresse
On se fait la gueule, on a tué les petites conversations
Le bonjour, le ça va ? Les mots amicaux.
Maintenant on se regarde presque en chien de faïence
Plein de mépris, aux abois, sans patience
Prêts à montrer les dents à la moindre faute
Si l’un veut passer à tout prix avant l’autre.
On se bouscule, on se pousse, on se tamponne
On se fonce dedans, on se harponne
Dans le grouillement, dans la tiraillerie, en soupirant
En remplissant ses caddies en courant…
Oui ils ont disparu nos petits commerces de quartiers
Auxquels nous étions si familiers et si habitués.
Pascal Branly BERNARD
Outreau 1998.
“C’était le bon temps, c’était des bonnes années... La vie était difficile peut-être mais on ne s’en rendait pas compte, c’était comme ça. Nous n’étions pas malheureux dans cette vie qui, c’est vrai - avec le recul - était quand même parfois un peu rude et pourrait sembler presque invraisemblable aux yeux de nos jeunes d’aujourd’hui tellement la vie a changé.
Il y régnait un vrai climat de solidarité, d’entraide, de chaleur humaine ; les jeux de cartes, les parties de dames, le jeu de dada et autres rassemblaient et soudaient les familles.On se voyait plus souvent sans tralala, sans flafla car nous étions logés à la même enseigne car nos conditions et situations étaient les mêmes pour tout le monde”. A chaque fois que j’écoute le récit des personnes qui ont habité et connu les Cités Provisoires ce sont pratiquement toujours les mêmes phrases, les mêmes discours qui reviennent, prononcés avec les notes de la nostalgie. J’ai même vu à plusieurs reprises les yeux se perler chez les plus anciens qui avaient eu le bonheur d’avoir ces types de logements juste après la guerre. Une autre génération, celle qui fut élevée dans ces cités, gardent des souvenirs merveilleux de leur enfance, les jeux à travers les terrains vagues, les jours de vacances à parcourir la falaise, les dunes, explorer coins et recoins, jamais assouvis et toujours assoiffés de découvrir…
Le récit qui suit est celui d’une partie de ma famille Paternelle, mais il fut vécu par un grand nombre de Portelois et d’Outrelois. J’ai passé une majeure partie de mon enfance dans les cités et j’ai vu, et j’ai discuté des heures et des heures, ce qui a enrichi mes souvenirs et des anecdotes…
Joseph BERNARD, frère de papa, et toute la famille se réfugièrent dans la Marne en septembre 1943 comme une grande partie de la population Porteloise et Outreloise. La famille fut “divisée” une partie à Villers Mamery et une partie à Epoye. Un frère de Joseph naquità Villers Marmery, et une des soeurs s’y maria. Joseph qu’on surnommait aussi Boer ou Acqui était à Epoye et connut Mariette Dicham ils se marièrent le 5 Août 1944, leur premier enfant Yolande naquit le 21 janvier 1946 (elle décédera malheureusement en 1950 au Portel.)
A la libération les Bernard le père et les grands enfants dont Acqui revinrent au Portel, dans leur ville martyre ; les femmes restèrent dans la Marne. Leurs maisons au Rieu de Cat détruites ils occupèrent des Blockhaus en attendant d’être relogés. Tous bien entendu travaillaient, certaines épouses regagnèrent le Portel et c’est ainsi que j’ai des cousines nées dans un blockhaus.
En 1946, Joseph qui avait obtenu un préfabriqué mais qui était encore en fin de construction, dormait dedans la nuit de crainte que d’autres familles s’y installent tellement le relogement était difficile malgré les efforts et les moyens les plus importants qui étaient déployés.
Enfin au printemps 1946 sa famille pu regagner Le Portel comme environ 4000 autres Portelois. C’est ainsi que Mariette fit connaissance avec sa nouvelle ville et habita cité Bellevue et Cité de la Gare. En 1947 d’après mes recherches, 2000 Portelois attendaient encore dans les villes qui les avaient réfugiés, pour revenir au Portel. Nos villes avait été sinistrées à plus de 90% et la solidarité,le courage, la rapidité et toute la main d’oeuvre et les moyens possibles avaient réussi à faire revenir une majeure partie de nos réfugiés mais le nombre était tellement élevé qu’il fallait encore patienter pour certaines familles.
Un des blockhaus où vécurent les BERNARD se trouvent encore vers le Parc de la Falaise mais il a été recouvert ; Joseph avait gravé ses prénoms et noms.
CHEZ MOI CITE O.N.C.O.R. au Portel
Je suis née et j’ai grandi dans la cité ONCOR
Dans ce lieu où nous n’avions pas tout le confort
Et je ne sais pas pourquoi aujourd’hui encore
Je garde une partie de nostalgie de ce temps d’alors.
Nous avions notre traditionnel petit cabanon
Il fallait bien stocker quelque part le charbon
On ne parlait pas de chauffage central un convecteur
Chauffait suffisamment toute la demeure.
La bouilloire était toujours au coin du feu
L’eau chaude à la portée de la main et ce
Pour faire la vaisselle, sa toilette ou du café souvent
Quand passaient dire bonjour amis ou parents.
L’hiver sur la plaque brûlante du fourneau
Je profitais d’y faire cuire quelques marrons
J’y posais des pelures d’oranges ou de mandarines
Qui en grillant parfumaient toute la cuisine
Puis quand on avait bien entamé le printemps
On éteignait le foyer et le nettoyait minutieusement
La plaque du dessus était briqué et brillait
Par la finition d’un produit qu’on étalait.
Le linge était lavé dans la petite machine Calor
L’eau bouillait dans une lessiveuse alors
Posée sur un trépied, la lessive était une corvée
Qui vous prenait une bonne partie de la journée.
Chacun avait sa tâche à accomplir, son petit boulot
Cela faisait parti de notre vie, de notre éducation
Et c’était spontanément et naturellement
Que les enfants aidaient leurs parents.
Il n’y avait ni douches ni baignoires nous nous lavions
Comme les anciens dans une bassine ou un lavabo
Nous allions aux bains douches deux fois par semaine
On était strictes et sévères avec l’hygiène
Avec du courage un peu de goût et de la volonté
Nous avions un intérieur accueillant et coquet
Nul besoin d’avoir de grosses finances
Tapisserie et peinture ne représentaient pas une grosse dépense.
Je suis née et j’ai grandi dans la cité ONCOR
Dans ce lieu où nous n’avions pas tout le confort
Et je ne sais pas pourquoi aujourd’hui encore
Je garde une partie de nostalgie de ce temps d’alors.
Pascal-Branly BERNARD. Ecrit le 26 Juin 2007
La machine Calor était déjà un grand avancement dans les cités provisoires où dans ce temps là le linge était lavé à la brosse et sur une planche.
Puis vint l'essoreuse
Bains douches d'Outreau
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