Rallye enfants du 8 mai 2017
Q: Dans la salle des mariages, au 1°étage de la mairie, au fond de la cheminée, il y a un blason. Sur sa partie haute, on y voit le dessin d'une SALAMANDRE. Q >> Que fait elle ici?
R: En fait, personne ne connait la vraie raison 1° hypothèse généalogique= la salamandre était l'emblême du roi François 1er (°1494 +1547). Or le 1°marié aux Lilas (26/10/1867) venait de Villers Cotteret (75km nord-est de Paris), là où a été signé par François 1er en 1539 l'ordonnance obligeant les curés à enregistrer les naissances dans un registre (l'ancêtre de notre état-civil) 2°hypothèse= la salamandre est un animal dont la légende dit qu'elle peut renaitre de ses cendres = normal dans une cheminée
François 1° 1494-1515-1547
Henri 2 1519-1547-1559
Pierre Belon 1517-1564
Olivier Ghislain de Busbecq 1522-1592
Pierre Belon 1517-1564
AVEC LILAS
1546 avec l'ambassade de François 1° auprès de Soliman a Constantinople
Pierre Belon, l'homme qui rapporta en France le lilas, le platane et quelques herbes euphorisantes...
Le mois de mai est l’un des meilleurs des mois, au moment où leurs fleurs des lilas se fanent inexorablement, pour célébrer le premier des naturalistes-voyageurs français, Pierre Belon. Car il fut, entre autres collectes et aventures, celui qui organisa l’introduction en France en 1550 de ce lilas rouge, rose ou blanc qui va a égayer les jardins partout en France, tant il est de bonne compagnie et de bonne composition jardinière. Ce Syringa vulgaris dont le nom vient de l’arabe « lilak » etqu’il faut attendre l’automne pour le planter, ne se plaint jamais, fleurit régulièrement en toutes terres et à toutes expositions, poussant sa longévité jusqu’à la cinquantaine. Un arbre d’ornement facile à cultiver et qui peut atteindre sept mètres. Pierre Belon, dés ses premières expériences, s’en était aperçu même s’il était d’abord et littéralement tombé amoureux du platane dont il surveilla des années et jalousement la poussée des graines qu’il avait rapporté du Liban.
Ce roturier aux origines incertaines né aux alentours de 1517 dans un hameau de la Sarthe, La Soultière, où sa maison natale a résisté au temps, fut un authentique autodidacte à une époque où n’étaient pas nombreux les savants à se lancer dans les sciences, naturelles ou autres, sans l’aval des facultés. Sa chance fut d’entrer dans les bonnes grâces de René du Bellay, parent de Joachim le poète et évèque-cardinal du Mans alors qu’il n’avait pas encore vingt ans. Jardinier, puis aide-apothicaire en Auvergne il deviendra peu à peu, par goût, un botaniste de moins en moins amateur. Avant d’être envoyé poursuivre des études de naturaliste en Allemagne où il eut l’occasion de rencontrer Luther en pleine croisade protestante. Ce qui le renforcera dans son prosélytisme très catholique. Mystérieusement, puisque beaucoup de choses sont étranges dans la vie de cet homme, après de vagues nouvelles études à Paris, Pierre Belon se retrouve dans l’entourage d’un roi qu’il admire « parce qu’il a dormi avec un lion qui ronronne comme un chat » : François 1er . Il s’ennuie à la Cour et comme il le fait intelligemment savoir, en 1546, il fera partie de la délégation plénipotentiaire que le souverain envoie auprès de Soliman le Magnifique qui règne sur l’Empire Ottoman depuis Constantinople. Il sera le savant du groupe. L’un des premiers à être à la fois naturaliste et voyageur, préparant l’ère des contributeurs de ce qui deviendra deux siècles plus tard le Muséum national d’histoire naturelle préparé par le Comte de Buffon.
La troupe embarque à Venise, mais Pierre Belon ravit de ce premier grand voyage, ne tarde pas à musarder, s’attardant à Dubrovnik où il glane des plantes médicinale. Il perd ensuite dans les îles grecques la plupart de ses compagnons enlevés par des pirates barbaresques, mais ce savant ne s’émeut pas trop, herborisant et observant une nature qui ressemble déjà pour lui au paradis. L’apothicaire qui sommeille en lui cherche des baumes et des remèdes inconnus. Miraculeusement, et seul rescapé, il parvient enfin à Constantinople et rejoint la délégation d’ambassadeurs français. Foin de la diplomatie, il se plonge avec délices, pendant des semaines dans le bazar de la ville, cherchant des onguents et des produits médicinaux chez des marchands qui se nomment eux-mêmes « les drogueurs ». Lesquels répugnent à lui confier leurs secrets, se bornant à lui faire essayer quelques plantes euphorisantes qu’il apprécie. Alors il s’obstine.
C’est en flânant dans les jardins du Sultan qu’il tombera en arrêt devant le lilas. Il prépare un mini-complot diplomatique pour en faire parvenir des graines et des boutures en France. Ce qui sera fait cinq ans plus tard grâce à la « valise diplomatique » du nouvel ambassadeur, alors que Belon aura regagné la France. En attendant il poursuit son voyage et après avoir découvert les joies religieuses et naturalistes des moines du Mont Athos, il arrive en Egypte, alors dominé par les Turcs. Il y cherche en vain les ruines de la septiéme merveille du monde, le phare d’Alexandrie qui a été détruit par un tremblement de terre deux siécles plus tôt. Il se plonge avec délices dans les ruelles du bazar d’Alexandrie, toujours à la recherche de nouveaux paradis… médicaux. Dans les pyramides il se passionne pour les sarcophages et les momies, toujours à la recherche des pommades et onguents qui ont été laissés dans les tombeaux. Il avoue dans ses mémoires avoir été fasciné par les crocodiles du Nil.
Après le Sinaï, et la Palestine où il herborise encore, il se retrouve à Jérusalem, puis à Damas dont il explore le fantastique et antique bazar qui entoure la mosquée des Omeyyades, toujours à la recherche des médecines et de drogues miracles. Au Liban qui marquera le terme d’un périple dont il n’avait pas rêvé dans sa Sarthe natale, il est à nouveau victime de pillards et dévalisé. Avatar qui ne l’empêchera pas de conserver précieusement les graines d’un deuxième arbre dont il est tombé amoureux, le platane qu’il acclimatera ensuite en France. Il confie la plupart des ses trouvailles botaniques à un bateau qui sera également pillé par des pirates dans sa course pour la Grande-Bretagne. Quand il rentre en France en 1549, François 1er est mort et son successeur Henri II lui octroiera une pension qui sera victime d’un « gel budgétaire » et donc jamais payée. Il n’aura droit, grâce à Charles IX, qu’à un logement dans le bois Boulogne au château de Madrid où il vit grâce au commerce des baumes, drogues et onguents qu’il a rapporté ou dont il a rapporté les recettes. Il consacre son temps attendre que poussent ses platanes et aussi le lilas (enfin arrivé), les oliviers, le laurier-rose et les roses de Noël qu’il a sauvé de tous ses déboires.
Un jour de 1564, Pierre Belon fut assassiné dans un chemin menant à l’hôtel de Madrid. Probablement pour avoir continué à s’intéresser de très et trop prés aux drogues, onguents et baumes qui l’avaient fait « rêver » au cours de son long voyage pour l’Orient et qu’il s’efforçait sans relâche de reproduire afin d’en faire commerce pour compenser la pension royale qu’il n’avait jamais reçue. Restent de lui, des millions de lilas fleurissent au printemps et des millions de platanes plantés le long des routes et auxquels les élus organisent depuis quelques années une chasse impitoyable sous prétexte qu’ils se précipitent vers les automobiles…
https://blog.interflora.fr/fiches-fleurs/lilas/
L’histoire du lilas
Au XVIe siècle, l’apothicaire et naturaliste français Pierre Belon fait déjà état lors de ses voyages d’un arbuste communément appelé par les turcs « queue de renard ». A la même époque, les premières illustrations du lilas commun font leur arrivée en France, que l’on appelle alors par son nom perse Lilâk ou Nilâk, tiré de l’hindou et qui signifie « bleu ». Poussant à l’est de la Roumanie, le lilas fut amené jusqu’à la cour du sultan de Constantinople, Soliman le Magnifique. Quelques années plus tard, ce dernier en fit don à son ambassadeur autrichien, le diplomate Ogier Ghislain de Busbecq, qui le ramena en Europe, puis l’offrit à François 1er à l’occasion d’un voyage en France.
Rapidement, les graines de lilas furent montées en chapelets et accompagnèrent les prières des pèlerins. Le lilas devint ainsi un symbole de la religion chrétienne et l’Eglise de France l’associa bientôt aux cérémonies de printemps, notamment les communions.
lilas mauve
Il faudra attendre 300 ans pour que la culture du lilas se développe vraiment en France, principalement grâce aux travaux de la famille Lemoine de Nancy, hybrideurs et pépiniéristes, qui feront naître de nombreuses variétés.
C’est au XIXème siècle que le lilas acquiert ses lettres de noblesse, notamment grâce à un lilas miniature pratique pour les petits jardins ou les balcons. Souvent utilisé en association avec la palette d’arbustes de printemps, le lilas à petites feuilles — et particulièrement la variété « Superba » à floraison remontante — accompagnait aussi très joliment les rosiers. Depuis, le lilas est devenu un incontournable des jardins français…
Le lilas dans le langage des fleurs
Le lilas symbolise la beauté juvénile et les premières émotions amoureuses, il est parfait pour déclarer ses sentiments ! S’il est blanc c’est l’innocence, la pureté, la jeunesse. S’il est mauve en revanche, c’est l’amour naissant, les premiers pas vers le tortueux et languissant chemin de la passion…
En Perse, on avait coutume d’offrir une branche de lilas à un amant auquel on voulait signifier en douceur la fin de la relation. Aux États-Unis, offrir du lilas à une jeune fille est supposé la maintenir célibataire toute l’année durant !
En Angleterre, le lilas jouit d’une triste connotation : on raconte que ramener dans une maison du lilas blanc porterait malheur. Peut-être est-ce lié au fait que cette fleur était utilisée dans les cérémonies funéraires…
Le lilas a inspiré de nombreux artistes : on le retrouve dans le tableau d’Edouard Manet, Lilas dans un vase (1882), dans le poème Les lilas (1970) de Louis Aragon, dans la chanson Des jonquilles aux derniers lilas (1968) d’Hugues Aufray et bien sûr dans celle de Serge Gainsbourg Le poinçonneur des Lilas (1958). Le lilas exprime les amours juvéniles ou encore la mélancolie, principalement du fait de sa couleur mauve, souvent associée à la tristesse voire au deuil.
http://librepensee72.over-blog.com/2015/02/pierre-belon-1517-1584-celebre-naturaliste-sarthois.html
Pierre Belon (1517-1584) célèbre naturaliste sarthois
Article paru dans le bulletin de la LP 72 de juillet 2014
En introduction à son exposé sur « Quelles menaces sur la science et la recherche » le 5 avril dernier au Mans, Jean Sébastien Pierre a fait référence à Pierre Belon, l’un des plus grands scientifiques du XVI ème siècle, le père de l’anatomie comparée et des classifications botaniques.
J’ai voulu en savoir plus ; je vous livre le résultat de mes recherches.
D’origine modeste, Pierre Belon est né en 1517 au hameau de la Soultière à Oizé, aujourd’hui commune de Cérans-Foulletourte où sa maison natale existe toujours.
Tout d’abord jardinier, il s’intéresse à la nature et aux plantes : il sera apothicaire.
Il s’occupe en 1538 du jardin botanique au manoir épiscopal de Touvoie à Savigné l’évêque, résidence de René du Bellay, évêque du Mans.
De 1540 à 1542, il suit des cours de botanique à Wittenberg (Saxe). A son retour, il devient l’apothicaire et le protégé du cardinal François de Tournon, ministre des affaires étrangères de François 1er .
En 1546, il fait partie d’une mission diplomatique en Turquie et poursuit son périple jusqu’en 1649, effectuant un des premiers voyages naturalistes de l’histoire dans les pays du Levant : il fait des observations sur l’histoire naturelle et sur les mœurs des habitants qu’il publiera par la suite.
En 1550, il commence ses études de médecine qui dureront 10 ans, car il continue de voyager en Europe pour observer la nature et rédige en même temps des ouvrages de zoologie et de botanique :
1551 : « Des arbres et des conifères » et « L’Histoire naturelle des estranges poissons marins avec la vraie peincture et description du Dauphin et de plusieurs autres de son espèce observée par Pierre Belon du Mans ».
1553 : « Voyage au Levant, les observations de Pierre Belon du Mans, de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Turquie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays estranges » .
1555 : « La Nature et la diversité des poissons avec leurs portraicts représentés au plus près du naturel ». (A cette époque, le terme poisson regroupe tous les animaux marins). Il établit une classification basée sur ses observations anatomiques. (110 espèces sont répertoriées).
La même année, dans son « Histoire de la nature des oiseaux » (361pages !), il y décrit tous les oiseaux qu’il connaît et les regroupe suivant leur comportement et leur anatomie.
On lui doit les premiers rapprochements entre le squelette d’un oiseau et celui de l’ homme, le cerveau d’un dauphin et celui de l’homme.
1557 : « Pourtraicts d’oyseaux » comporte 174 gravures faites à partir de ses dessins.
1558 : « Les remontrances sur le default du labour et culture des plantes et la cognoissance d’icelles» : il préconise l’acclimatation des végétaux exotiques.
En véritable naturaliste, il s’attache aux usages thérapeutiques et alimentaires de la flore qu’il observe. Il a tenté, souvent dans des conditions rocambolesques (les risques et périls sont nombreux), de ramener des graines des pays d’orient.
Saviez-vous qu’il avait introduit le platane et le lilas en France ?
On lui doit aussi l’arrivée de nombreuses autres plantes et arbres : le laurier-palme, l’arbre de Judée, le pistachier, le jujubier, le chêne vert, la tulipe d’orient, la myrte, le cèdre, le genévrier d’orient et quelques herbes euphorisantes.
Il est mort mystérieusement assassiné en avril 1584 alors qu’il rejoignait son logement au château de Madrid dans le bois de Boulogne où il vivait du commerce des baumes, drogues et onguents.
On a donné son nom à une rue et une école primaire au Mans ainsi qu’ au collège de Cérans-Foulletourte.
Deux statues de Pierre Belon ont été érigées en Sarthe à la fin du 19ème : une au Mans, place de la Préfecture (1887) et une à Cérans-Foulletourte (1891). Elles ont été fondues en 1942 par les Allemands. Seule celle de Cérans a été refaite en 1992.
Gérard Désiles
Les aventures de Pierre Belon, naturaliste de la Renaissance
Du 17/09/2017 au 18/10/2017 10:41 Emplacement: Prytanée
Venez découvrir ses ouvrages issus des collections locales (Prytanée, bibliothèques municipales d'Angers et Saint-Calais) et des spécimens naturalisés dont le tadorne de Belon prêté par le Musée vert du Mans. Une exposition proposée par le pays de la Vallée du Loir dans le cadre des Rendez-vous autour des jardins.
Le voyageur et savant Pierre Belon, né en 1517, était un autodidacte : de milieu modeste, originaire de la Soultière, aujourd’hui commune de Cérans-Foulletourte où sa maison natale existe toujours, il fut d’abord garçon apothicaire, puis jardinier et ne dépassa jamais la licence de médecine. Mais il fut aussi une espèce d’agent diplomatique au service des cardinaux du Bellay et de Tournon. Il participa à l'un des premiers voyages scientifiques en Méditterranée et Moyen-Orient à la suite de l’ambassadeur de France à la Porte entre 1546 et 1549. Son expérience du voyage nourrit ses ouvrages spécifiques mais contribua aussi à transformer le paysage français par l'introduction de nouvelles espèces (platane, lilas d'Inde pour les plus célèbres) dont il expérimenta l'acclimation dans le parc du château de Boulogne que lui prêta le roi (actuel jardin d'acclimation à Paris) où il mourut asssassiné peu après en 1584.
SANS LILAS
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Belon
Pierre Belon, né en 1517 au lieu-dit La Souletière à Cérans-Foulletourte près du Mans et mort en 1564, est un naturaliste français. Esprit très en avance sur son époque, il est considéré comme l'un des plus grands scientifiques du xvie siècle.
Biographie
D'origine modeste, Belon devient apothicaire auprès d'éminents ecclésiastiques : l'évêque du Mans, René du Bellay3, Guillaume du Prat4 et l'archevêque de Lyon, François II de Tournon. Cela lui permet de se consacrer à ses recherches scientifiques.
Il suit les cours de botanique de Valerius Cordus à Wittenberg et voyage avec lui en Allemagne. On raconte qu'il est arrêté à son retour, soupçonné de luthéranisme ; mais un admirateur de Ronsard fait libérer Belon, ami du poète5. Il s'intéresse aussi à l'ichtyofaune et écrit l'un des premiers traités illustrés sur les poissons des cours d'eau de France.
En 15386, il s'occupe du jardin de Touvoie « une vaste pépinière d'arbres et d'arbustes exotiques7 », l'un des premiers jardins botaniques de France.
Avant son voyage également, il écrit un abrégé de L'histoire des plantes de Leonhart Fuchs, qui sera traduit en espagnol8.
Voyage au Levant
La ville d'Alexandrie, illustration des Observations de plusieurs singularités, 1553
Belon accompagne ensuite deux ambassadeurs de François Ier auprès de Soliman Ier le Magnifique. Il parcourt le Levant de 1546 à 1549. Ce voyage en Grèce où il visite le mont Athos, en Turquie, en Égypte, où il explore Alexandrie et Le Caire, en Judée, en Arabie et en Palestine par l'isthme de Suez, permet à Belon de rapporter un grand nombre d'observations sur l'histoire naturelle et sur les mœurs des habitants. Il s'agit de l'un des premiers voyages naturalistes de l'histoire. Il s'arrête ainsi dans les Îles grecques, à la recherche des plantes décrites par Dioscoride. Il relate son voyage en 1553, dans Voyage au Levant, les observations de Pierre Belon du Mans, de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Turquie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays estranges, édité en 1553. Il s'intéresse notamment à l'usage de l'opium fait par les Turcs3.
Curieux de tout, il collecte de nombreuses observations en histoire naturelle ainsi qu'en archéologie et sur la vie des peuples qu'il côtoie. Ainsi, il s'intéresse aux procédés employés pour la momification des corps. Il revient en France en 1549, et obtient du roi Henri II une pension de deux cents écus, qui lui permet de poursuivre ses recherches.
Fin de vie
Belon fait un autre voyage, en 1557, en Italie, en Savoie, dans le Dauphiné et en Auvergne9.
Charles IX lui fournit un logement au château de Madrid dans le bois de Boulogne.
Il meurt de façon mystérieuse à 49 ans, sans doute assassiné par un rôdeur en avril 1564, alors qu'il traverse le bois de Boulogne.
Contributions
Animaux marins
Il publie de remarquables études sur les animaux marins : L'histoire naturelle des estranges poissons marins, avec la vraie peincture et description du daulphin, et de plusieurs autres de son espèce, en 1551, et La Nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraicts représentez au plus près du naturel, en 1555. Le terme de poisson y regroupe tous les animaux marins : de la baleine à l'otarie, du crustacé à l'anémone en passant par l'hippopotame ou la loutre. Il semble probable qu'il rassemble là les animaux considérés par l'Église catholique comme consommables les jours maigres. Mais cette hypothèse n'explique pas pourquoi il évoque même le caméléon. Malgré cela, il tente d'établir un embryon de classification, notamment en évoquant les vrais poissons et leurs subdivisions basées sur des observations anatomiques : cartilage ou squelette osseux, ovipare ou vivipare. Sa classification est meilleure que celle de Guillaume Rondelet (publiée trois ans après la sienne) et mieux observée. Pierre Belon décrit, pour la première fois en Europe, de nombreux animaux alors inconnus. Il décrit environ 110 espèces de poissons.
Oiseaux
Planche comparant le squelette d'un être humain et celui d'un oiseau, extraite de l'Histoire de la nature des oyseaux
Son Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel de 1555 est supérieure. Dans ce traité, de 381 pages, il décrit tous les oiseaux qu'il connaît. Il les regroupe suivant leur comportement et leur anatomie : les oiseaux de proie, les oiseaux d'eau, les omnivores, les petits oiseaux, subdivisés à leur tour en insectivores et en granivores. L'ouvrage comporte 14 gravures.
Belon connaît moins de langues que Conrad Gessner, mais, ses observations sont bien meilleures, étayées notamment par des observations dans la nature, ainsi que des descriptions anatomiques résultant manifestement de nombreuses dissections. Il compare les becs et les serres, tente de rassembler des formes anatomiques communes. Il compare le squelette d'un être humain et d'un oiseau, ce qui est la première tentative d'anatomie comparée10. Cette idée ne sera reprise que quelques centaines d'années plus tard par Félix Vicq d'Azir et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Mais Belon lui-même n'exploite que fort peu ses observations sur les similarités entre ces deux squelettes et n'en tire pas de conclusion pratique. De plus, il commet des erreurs notables, comme de placer les chauves-souris dans la catégorie des oiseaux.
Son livre est maintes fois vanté dans les siècles suivants, pourtant il reste presque ignoré par ses contemporains car, la même année, paraît l’Historia animalium de Conrad Gessner. Parfois des descriptions de certaines espèces ne coïncident pas avec les illustrations11, ce qui porte confusion chez les auteurs ultérieurs12.
Son second livre d'ornithologie est Pourtraicts d'oyseaux publié à Paris, en 1557. Il comporte 174 gravures, la plupart faites à partir des propres dessins de Belon.
Plantes
Pinus, De Arboribus Coniferis (1533).
Il s'intéresse également à la botanique et, notamment, à l'acclimatation des végétaux exotiques. Il publie, en 1553, un traité sur les conifères et autres végétaux à feuillage persistant (De arboribus coniferis, resiniferis, aliisque, nonnullis sempiterna fronde virentibus...), l'un des premiers traités sur ces végétaux. En 1558, il préconise dans Les Remonstrances sur le défault du labour et culture des plantes et de la cognoissance d'icelles... l'acclimatation des végétaux exotiques ; c'est lui d'ailleurs, qui, le premier en France, sème des platanes. On lui doit l'introduction en France de l'arbre de Judée, du chêne-liège, du pistachier, du cèdre, du jujubier, du chêne vert[réf. nécessaire], du genévrier d'orient, et de la myrte. Dans ses descriptions de botanique, sans doute influencé par ses connaissances d'apothicaire, il accorde une grande attention a
ux propriétés thérapeutiques des végétaux qu'il cite.
Il est le premier à citer de nombreuses plantes du Moyen-Orient comme Platanus orientalis, Umbilicus pendulinus, connu aussi sous le nom de cotyledon, Acacia vera, Caucalis orientalis, etc. Il s'intéressera à l'acclimatation du platane d'Anatolie dans le domaine de Touvoie, qui ne réussira que lorsque Buffon le fera planter dans le jardin du Roi3.
Œuvres
Œuvres originales
L’Histoire naturelle des estranges poissons marins avec la vraie peincture et description du Dauphin et de plusieurs autres de son espèce observée par Pierre Belon du Mans, Paris, R. Chaudière, 1551
De aquatilibus libri duo cum iconibus ad vivam ipsorum effigiem quoad ejus fieri potuit expressis [archive] [« Deux livres sur les êtres aquatiques, avec des images les représentant vivants autant qu’il a été possible »], Paris, Ch. Estienne, 1553
De arboribus coniferis resiniferis, aliis quoque nonnullis sempiterna fronde virentibus [archive], Paris, G. Cavellat, 1553
De admirabili operum antiquorum et rerum suspiciendarum praestantia liber primus. De medicato funere seu cadavere condito et lugubri defunctorum ejulatione liber secundus. De medicamentis nonnullis servandi cadaveris vim obtinentibus liber tertius [archive], Paris, G. Cavellat, 1553
La nature et diversité des poissons, avec leurs pourtraictz représentez au plus près du naturel [archive], Paris, Ch. Estienne, 1555
Philippe Glardon, L'histoire naturelle au xvie siècle : introduction, étude et édition critique de La nature et diversité des poissons de Pierre Belon (1555), Genève, Droz, 2011 (ISBN 9782600014380 et 2600014381)
L’histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel [archive], escrite en sept livres, 155513
Édition en fac-similé avec introduction et notes par Philippe Glardon, Genève, Droz (T.H.R. 306), 1997
Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays estranges, rédigées en trois livres, Paris, G. Corrozet, 1553
Article détaillé : Les Observations (Pierre Belon).
Plurimarum singulari & memorabilium rerum in Graecia, Asia, Aegypto, Iudae, Arabia, aliisq. exteris provinciis ab ipso conspectarum observationes : Tribus libris expressae ; De neglecta stirpium cultura, atque earum cognitione libellus [archive], trad. Charles de L'Écluse, Anvers, Christophe Plantin, 1589 — Aussi dans Exoticorum libri decem de de L'Écluse, 1605, p. 489 [archive]
Les observations de plusieurs singularites & choses memorables, trouvees en Grece, Asie, Judee, Égypte, Arabie, & autres pays etranges, redigees en trois livres. Revues derechef, & augmentees de figures, avec une nouvelle table de toutes les matieres traitees en iceux, Anvers, Jean Steelsius (Christophe Plantin), 1555
Édition en allemand dans : Heinrich Eberhard Gottlob Paulus (dir.), Sammlung der merkwürdigsten Reisen in den Orient [archive], Iena, Cuno, 1792–1803
Voyage au Levant (1553). Les observations de Pierre Belon du Mans, texte établi et présenté par Alexandra Merle, Chandeigne, 2001
Travels in the Levant : the observations of Pierre Belon of Le Mans on many singularities and memorable things found in Greece, Turkey, Judaea, Egypt, Arabia and other foreign countries (1553), dir. Alexandra Merle et James Hogarth, Kilkerran, Scotland, Hardinge Simpole, 2012
Portraicts d’oyseaux, animaux, serpens, herbes, arbres, hommes et femmes d’Arabie et d’Égypte observez par P. Belon du Mans, le tout enrichi de quatrains pour la plus facile cognoissance des Oyseaux et autres portraicts, plus y est adjousté la Carte du Mont Attos et du Mont Sinay pour l’intelligence de leur religion [archive], Paris, G. Cavellat, 1557.
Les Remonstrances sur le default du labour et culture des plantes, et de la cognoissance d'icelles, contenant la maniere d'affranchir et appriuoiser les arbres sauuages [archive], 1558
Premier ouvrage d'agriculture écrit en langue française14. Belon se concentre sur les arbres sauvages ; il propose d'en apprivoiser plusieurs.
De neglecta stirpium cultura, atque earum cognitione libellus : edocens qua ratione siluestres arbores cicurari & mitescere queant [archive], trad. Charles de L'Écluse, Christophe Plantin, 1589
Cronique de P. Belon du Mans, médecin, manuscrit 4651, Bibliothèque de l'Arsenal
Réécrite plusieurs fois, cette œuvre (1562-1565) défend le camp catholique. Belon y reprend les matériaux de sa relation de voyage, qu'il utilise comme autant d'arguments.
Édition critique par Monica Barsi : L'énigme de la Chronique de Pierre Belon, Milan, Edizioni universitarie di lettere (Sezione di francesistica), 2001, 390 p. (ISBN 88-7916-168-7)
Traductions
Histoire des plantes de M. Leonhart Fuschsius, avec les noms grecs, latins, & francoys. Augmentees de plusieurs portraictz, avec ung extraict de leurs vertuz (en lieu, & temps) des plus excellens Autheurs. Nouvellement traduict en francoys par Pierre Belon15, Paris, Pierre Haultin, 154916
Honneurs
Ronsard parle ainsi de son ami17 Belon :
Combien Belon [...]
Doit avoir en France aujourd'huy
D'honneur, de faveur et de gloire,
Qui a veu ce grand univers,
et de longueur et de travers
et la gent blanche et la gent noire18,3
Un genre de la famille des Gesneriaceae a été nommé Bellonia en son honneur par Charles Plumier ; l'appellation a été reprise par Linné19.
En français, le Tadorne de Belon est nommé en son honneur.
Une statue de Belon se trouve au Mans depuis 1887
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Pierre_Belon/108321
Pierre Belon - Naturaliste et médecin français (Cérans, Sarthe, 1517-Paris 1564).
Né près du Mans, dans une famille modeste, Pierre Belon se fait remarquer très vite par d'exceptionnelles qualités intellectuelles et par son goût pour l'observation scientifique. Il est d'abord l'élève d'un apothicaire connu, puis il suit à l'université de Wittenberg, en Allemagne, les cours du botaniste Valerius Cordius, qu'il accompagne plus tard à travers l'Allemagne et en Bohême. En 1542, il devient l'apothicaire du cardinal de Tournon. Grâce à la générosité de ce mécène des arts et des sciences, il entreprend et mène à bien son grand voyage en Orient, de 1546 à 1549. De retour en France, il se fixe à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il écrit la plupart de ses ouvrages. Il effectue encore de nombreux voyages – en Angleterre, en Suisse et en Italie notamment. Le roi Charles IX lui donne un logement dans le petit château de Madrid, construit par François Ier dans le bois de Boulogne, près de Paris. C'est dans ce bois que Belon est mystérieusement assassiné un soir d'avril 1564. Il a quarante-sept ans.
Cet homme de la Renaissance, curieux de tout, est l'un des premiers voyageurs naturalistes. Il enrichit la science de son temps de nombreuses et précieuses observations sur les animaux et les plantes. En 1546, à une époque où les périples lointains sont longs et très périlleux, Pierre Belon entreprend un grand voyage en Orient dans le seul but de voir de près les substances médicamenteuses dont il a lu la description dans des ouvrages anciens. Au fil des étapes, ce voyage, qui le conduit notamment en Grèce, à Constantinople, en Asie Mineure, Égypte, Palestine et Syrie, se mue en une véritable expédition scientifique. Partout, Belon observe, se renseigne, prend des notes. Il ne s'intéresse plus seulement aux plantes, mais aussi aux animaux ; il étudie ceux qu'il ne connaît pas, les dessine et, le cas échéant, les dissèque ou s'arrange pour en rapporter un spécimen naturalisé. Sa curiosité s'étend à la géographie, aux modes de vie, mœurs et religions des habitants, aux ruines antiques, à l'agriculture, à la pêche et à la chasse, à la médecine, à la cuisine.
À son retour, il consigne le résultat de ses observations dans des ouvrages véritablement révolutionnaires pour l'époque : Histoire naturelle des étranges poissons marins, la Nature et diversité des poissons, Observation de plusieurs singularités et choses mémorables, Histoire de la nature des oiseaux, témoins de ses dons d'observation et de la profondeur de sa réflexion. Certes, il classe encore les poissons comme Pline l'Ancien, qui vivait au ier siècle de notre ère, mais il en décrit 175 espèces, alors que le naturaliste latin n'en dénombrait que 74. S'il range le dauphin parmi les poissons – comme d'ailleurs la loutre, le castor, le crocodile, le homard et même le lézard –, il constate que cet animal a des mamelles abdominales, mais au nombre de deux seulement, « à la manière des animaux à quatre pieds qui n'ont qu'un petit à la fois ». Il montre également que l'anatomie du cerveau du dauphin est proche de celle du cerveau humain.
Belon est, par ailleurs, l'un des premiers à entreprendre de classer les oiseaux de façon pertinente. Sa classification manque de rigueur scientifique, puisqu'elle se réfère tantôt aux mœurs, tantôt à l'anatomie, mais, comme il l'a fait pour les poissons, il apporte sur la gent ailée quantité d'informations très importantes et montre des analogies entre le squelette des oiseaux et celui de l'homme. Pour étudier leur mode d'alimentation, il ouvre d'innombrables jabots. Tout l'intéresse : la répartition géographique des oiseaux comme leurs migrations saisonnières (il est ainsi le premier à signaler que les cigognes passent l'hiver en Égypte et en Afrique du Nord).
Outre les poissons et les oiseaux, il évoque dans ses ouvrages de nombreux animaux qu'il a rencontrés au cours de ses voyages. Certains ne sont, à l'époque, connus en Europe que par de vagues descriptions et on les confond souvent avec des animaux fabuleux : ainsi, le rhinocéros, la panthère ou l'éléphant. Belon, lui, a acquis des connaissances plus précises. À Constantinople, il a vu des lions. Au Caire, il a admiré une girafe dont il fournit une bonne description. En Égypte, il a observé aussi certains gros singes, dont des babouins, dressés par des bateleurs. Les crocodiles du Nil, les caméléons, les gazelles et les chameaux ont retenu son attention.
Si son apport à la science dans le domaine de la botanique est très enrichissant, Belon s'intéresse aussi aux diverses utilisations des plantes (thérapeutique, alimentaire, technologique), aux procédés de culture et aux rendements. Son dernier ouvrage, Remontrances sur le défaut du labour et culture des plantes et de la connaissance d'icelles, cite les arbres exotiques qu'il serait utile, selon lui, d'introduire en France, et il invite le collège des médecins de Paris à fonder un établissement pour l'acclimatation des plantes étrangères. Le premier jardin botanique français n'est créé qu'en 1596, et à Montpellier, plus de trente ans après sa mort.
.
Olivier Ghislain de Busbecq 1522-1592
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogier_Ghislain_de_Busbecq
Ogier Ghislain de Busbecq
Fonction Ambassadeur
Naissance 1522 Comines-Warneton ou Comines
Décès 28 octobre 1592 Rouen
Formation Université de Padoue
Activités Diplomate, écrivain, botaniste
Ogier Ghiselin de Busbecq, en latin : Augerius Gislenius Busbequius et de temps en temps Augier Ghislain de Busbecq, (né en 1522 à Comines, Flandre - mort le 28 octobre 1592 à Saint-Germain près de Rouen) est un diplomate et botaniste flamand.
Biographie
Il est d'abord au service de l'empereur romain germanique Charles Quint, puis de Ferdinand Ier, Maximilien II et Rodolphe II, comme ambassadeur auprès de l'empire ottoman du sultan Soliman le Magnifique en 1555 puis à nouveau en 1556. Emprisonné, il ne revient qu’en 1562. Ensuite, il fut gouverneur des fils de Maximilien II.
Il est l’auteur notamment des Legationis turcicae epistolae quatuor (1589), la relation de son ambassade en Turquie en latin, traduit par S. Gaudon (1646) et par l'abbé Louis-Étienne de Foy (1748). On doit à Busbecq la découverte des Res gestae de l'empereur Auguste à Ancyre et l'introduction en Europe de la tulipe, du lilas commun et du marronnier d'Inde. Il est le premier à s’intéresser aux langues gothiques de la région orientale.
Il meurt en 1592 près de Rouen et son corps est enterré à Saint-Germain-sous-Cailly, tandis que son cœur est embaumé et rapatrié dans son fief familial de Bousbecque.
https://fr.wikisource.org/wiki/Biographie_nationale_de_Belgique/Tome_3/BUSBECQ,_Ogier-Ghislain_DE
BUSBECQ (Ogier-Ghislain DE), diplomate, archéologue, naturaliste, écrivain, né en 1522 à Commines[1], village de la châtellenie d’Ypres, aujourd’hui arrondissement de Lille, mort au château de Maillot, à Saint-Germain, près de Rouen, le 28 octobre 1592. Il était fils naturel de Georges-Ghislain, écuyer, seigneur de Busbecq, et de Catherine Hespel. Son père, lui trouvant d’heureuses dispositions, l’envoya de bonne heure à l’université de Louvain; il y fit des études brillantes. Il alla fréquenter ensuite plusieurs des universités de France et d’Italie. Au mois d’avril 1540, Charles-Quint, sur une requête où le jeune Busbecq lui exposait qu’il avait « volonté et bonne affection de bien faire, vivre et demeurer sous son obéissance, si son plaisir étoit de, sur le défaut de sa nativité, lui impartir sa grâce, » lui accorda des lettres de légitimation. On ignore ce qu’il fit pendant les années qui suivirent, mais on peut supposer qu’il les employa à perfectionner et étendre ses connaissances, à voyager, à se mettre en rapport avec les hommes distingués de son temps. En 1554, pour la première fois, nous le voyons paraître sur la scène politique; il accompagna en Angleterre don Pedro Lasso de Castille, que le roi des Romains, Ferdinand, y envoyait en ambassade, pour complimenter la reine Marie Tudor et le prince d’Espagne, Philippe, sur leur mariage. A l’issue de ce voyage, il revint dans sa famille. Le 3 novembre, il reçut à Lille une dépêche du roi Ferdinand qui l’appelait à sa cour. Il partit le même jour, prenant son chemin par Busbecq, pour voir son père et quelques-uns de ses amis. Arrivé à Bruxelles, il y trouva don Pedro Lasso, qui lui montra des ordres du roi d’après lesquels il devait lui faire tenir des chevaux prêts afin qu’il se rendît en toute diligence à Vienne. Il se mit incontinent en route, voyageant souvent pendant une partie de la nuit, par un temps détestable et d’affreux chemins. Il parvint cependant sain et sauf à sa destination.
Ferdinand avait, en ce temps-là, pour secrétaire, un Belge, Jean Vander Aa[2]. On ne peut guère douter que ce ne fût lui qui avait attiré l’attention du roi sur Busbecq, l’avait engage à l’envoyer en Angleterre en la compagnie de don Pedro Lasso, dans la vue de le préparer à la carrière diplomatique, et venait de le lui proposer pour l’ambassade de Constantinople, en remplacement de Jean-Pierre Malvezzi, auquel le mauvais état de sa santé ne permettait pas de retourner à son poste. Ce fut Vander Aa aussi qui le présenta au roi des Romains. Ferdinand lui donna une longue audience; il lui dit qu’il comptait sur son zèle; qu’il avait mis toute sa confiance en lui; il le pressa d’accepter la mission dont il le chargeait, en lui faisant sentir combien il était important qu’il partît dans un très-court délai. Comment Busbecq eût-il résisté à de telles instances faites en des termes si flatteurs? Douze jours était tout le temps que le roi lui accordait, et pour faire ses préparatifs de voyage, et pour s’instruire du caractère, des mœurs, des usages, de la forme de gouvernement de la nation ottomane, dont il n’avait aucune connaissance. Sur le conseil même de Ferdinand, il se rendit, sans perdre de temps, auprès de son prédécesseur Malvezzi, qui était retiré dans une de ses terres : il espérait avoir de lui beaucoup de lumières, mais il n’en obtint que des informations assez insignifiantes. Revenu à Vienne, il se mit en route pour Constantinople au jour qui lui avait été fixé, traversa la Basse-Hongrie, la Servie, la Bulgarie, la Thrace, et arriva dans la capitale de l’empire ottoman le 20 janvier 1555. Soliman ne s’y trouvait pas; il était à Amasis, dans l’Asie Mineure; Busbecq alla l’y joindre (7 avril).
Des questions d’une importance majeure divisaient en ce moment la cour de Vienne et la Porte Ottomane. Le roi des Romains s’était fait céder la Transylvanie par Isabelle, veuve du vayvode Jean, mort en 1540; il avait, à la faveur des circonstances, pris Waradin et Cassovie ou Caschau en Hongrie. Le sultan exigeait que la Transylvanie fût remise au fils du vayvode, et que Ferdinand restituât les deux villes dont il s’était emparé. Il s’agissait, pour Busbecq, de le faire renoncer à ces prétentions. Soliman, dans l’audience qu’il lui donna, le reçut fort mal; il n’en obtint pour réponse que ces deux mots : « C’est bien, c’est bien, » (Giuzel, Giuzel), et prononcés encore d’un ton assez méprisant; après quoi il fut renvoyé à son hôtel. On lui fît connaître ultérieurement que tout ce que le sultan pouvait accorder était une trève de six mois, pour lui donner le temps d’écrire à son maître et de recevoir sa réponse. L’intention de Ferdinand avait été qu’il restât en qualité de son ambassadeur ordinaire à la Porte, supposé que la paix se conclût : le divan lui signifia qu’il devait s’en retourner avec une lettre du sultan qui lui fut délivrée pour le roi des Romains. Les ministres turcs avaient surtout été excités à tenir cette conduite envers lui par les ambassadeurs de France; ceux-ci auraient voulu même que le sultan ne lui fît pas l’honneur de le recevoir : ils insinuèrent au divan qu’il n’était envoyé que pour épier ce qui se passait, en rendre compte à Vienne, et faire tout le mal possible à la nation ottomane; que d’ailleurs il était espagnol, naturel sujet et serviteur de l’Empereur[3];
Busbecq donc reprit le chemin de Vienne au mois de juillet. Lorsqu’il y arriva, le roi des Romains ne s’y trouvait pas; il tenait la diète à Augsbourg. Aussitôt qu’il y fut de retour, il reçut l’ambassadeur en audience publique, et lui ordonna de se tenir prêt à porter ses réponses au sultan. Cette fois encore, ce fut dans la plus mauvaise saison de l’année, au mois de novembre, que Busbecq dut se mettre en route. Il arriva à Constantinople, harassé de fatigue, au commencement de 1556. La seconde négociation qu’il y allaiy entamer ne dura guère moins de sept années. Nous n’en ferons pas un récit détaillé qui nous mènerait trop loin : bornons-nous à dire que, après s’être vu en butte à des menaces terribles; après avoir été confiné dans une étroite prison, avec défense à qui que ce fût de le visiter; après avoir, dans un moment où la peste sévissait à Constantinople, sollicité vainement la faculté de s’établir dans une autre résidence; après avoir eu à lutter et contre les traverses que, jusqu’à la paix de Cateau-Cambresis, la diplomatie française ne cessa de lui susciter, et contre le mauvais vouloir des ministres de la Porte, il parvint enfin, à force d’habileté, de constance, d’énergie unie à beaucoup de patience et de douceur, à conclure avec le divan, à des conditions avantageuses pour l’Empereur (Ferdinand avait succédé à son frère sur le trône impérial, en 1558), une trève de huit années et qui pouvait se prolonger encore, si dans l’intervalle il ne survenait entre les deux cours quelque sujet de guerre. Il obtint aussi, et ce fut un succès considérable, que le sultan lui remit trois des capitaines principaux que Dragut avait faits prisonniers à l’île de Gerbes, en 1560 : don Alvaro de Sande, don Sancho de Leyva et don Beringuer de Requesens. La France avait fait les démarches les plus instantes auprès du divan pour qu’ils lui fussent délivrés, sans pouvoir y réussir.
Busbecq quitta Constantinople vers la fin du mois d’août 1562; il était accompagné d’Ibrahim Strozzeni, porteur des pleins pouvoirs de Soliman pour expliquer à l’Empereur les clauses du traité qui ne lui paraîtraient pas suffisamment claires et en recevoir la ratification de sa main. Ferdinand était allé à Francfort, pour y faire élire roi des Romains l’archiduc Maximilien, son fils aîné; il manda à Busbecq de l’attendre à Vienne avec Ibrahim, trouvant dangereux de laisser traverser l’Allemagne par le représentant d’une nation aussi ambitieuse, aussi retoutable que la nation ottomane. Ibrahim se montra sensible à cette défiance. Busbecq représenta à l’Empereur que la Porte pourrait s’offenser du retard apporté à la ratification de la trève; que d’ailleurs il était plus à désirer qu’à craindre que l’envoyé turc vît par lui-même combien son empire était florissant. Ferdinand, se rendant à ces raisons, fit savoir à son ambassadeur qu’il pouvait venir le trouver à Francfort avec Ibrahim. Busbecq arriva dans cette ville impériale le 21 novembre; il y précédait de deux jours l’envoyé turc, ayant jugé nécessaire de prendre les devants pour informer l’Empereur de certaines choses dont il importait qu’il eût connaissance. Ferdinand lui fit un accueil distingué : « Vous avez, lui dit-il, rempli ma commission suivant mes intentions, et j’ai pour agréable tout ce que vous avez fait : aussi n’oublierai-je rien pour vous donner des marques de mon affection et de ma bienveillance. » Le titre de son conseiller qu’il lui conféra en fut un premier témoignage. Le 27 novembre, Ibrahim fut reçu en audience solennelle par l’Empereur, en présence des princes et états de l’Empire, et lui présenta les lettres du sultan. La ratification du traité fut expédiée par la chancellerie impériale peu de temps après.
Ayant rempli avec honneur la mission dont il avait été chargé, Busbecq se flattait de pouvoir se retirer dans sa patrie et d’y jouir des douceurs de la vie privée. La gêne, la contrainte, auxquelles on est astreint dans les cours, lui inspiraient du dégoût : « Tout, — écrivait-il à son ami le seigneur d’Indevelde, — tout m’y a toujours présenté des images désagréables. C’est un chaos de misères artificieusement voilées d’un faux éclat, où l’on trouve beaucoup de déguisement; d’où la candeur, la vérité et la probité sont bannies. C’est le siége de l’envie et le trône de la mauvaise foi; qui que ce soit n’y a sa fortune solidement appuyée : on est, à chaque instant, exposé au caprice, et le plus sage fait-il un pas sans être accompagné de la crainte de sa disgrâce? Les princes ne sont-ils pas des hommes? J’en ai vu, dans le nombre des courtisans les plus en faveur, entrer chez le roi, suivis de cent autres courtisans, et s’en retourner seuls sur un regard de colère que le roi avait jeté sur eux. Non, il n’y a point d’amis à la cour, et la cour reconnaît jamais que trop tard les véritables biens; ses principes sont toujours les fausses apparences du vrai. Les fourberies caractérisées d’adresse ou de politique, la renommée, les erreurs populaires y établissent le crédit. Heureux et cent fois heureux ceux qui s’y étaient engagés ou par ignorance ou par une folle ambition, et qui s’en retirent! »
Ferdinand n’accorda à Busbecq la permission de s’éloigner de sa cour, qu’a la condition qu’il y reviendrait aussitôt qu’il lui en donnerait l’ordre. Busbecq, en revoyant son pays, n’eut pas le bonheur d’y retrouver son père; cet homme de bien, qui avait veillé sur sa jeunesse avec tant de tendresse et de sollicitude, était mort en 1559. Son séjour en Flandre fut de courte durée; l’empereur Ferdinand ne tarda pas à l’appeler à Vienne, pour lui confier l’éducation des jeunes archiducs fils du roi des Romains. Il fit partie de la suite de Maximilien, lorsque ce prince alla se faire couronner roi de Hongrie à Presbourg, au mois de septembre 1563; là il fut honoré d’une distinction. qui n’était qu’une juste récompense des services qu’il avait rendus à la monarchie autrichienne : le roi le créa chevalier (equitem auratum) en présence et aux applaudissements de tous les ordres de l’État (publicè inspectantibus et grato applausu probantibus ac suffragantibus prælatis, proceribus, ordinibus et statibus regus). L’empereur Ferdinand, par des lettres du 3 avril 1564[4], conçues dans les termes les plus flatteurs pour lui, le décora à son tour du même titre. En 1570, les deux plus jeunes fils de Maximilien, Albert et Wenceslas, partirent pour l’Espagne avec l’archiduchesse Anne, qui allait épouser Philippe II, devenu veuf pour la troisième fois; Busbecq les y accompagna en qualité de gouverneur et grand maître d’hôtel[5]. Ils allaient remplacer à la cour de Madrid leurs frères aînés, les archiducs Rodolphe et Ernest, qui s’y trouvaient depuis le commencement de 1564. Ceux-ci reprirent le chemin de l’Allemagne au mois de mai 1571; Busbecq, qui y devait retourner avec eux, se démit de la charge qu’il remplissait auprès de leurs frères; à cette occasion, et pour reconnaitre les soins qu’il avait consacrés à l’éducation de ses neveux, Philippe II lui donna huit cents écus de pension, sa vie durant; il lui fit présent, en outre, d’une riche chaîne d’or à laquelle pendait son portrait avec celui de la reine. Le duc d’Albe, à cette époque, chercha à l’attirer à Bruxelles, où il aurait siégé à la fois au conseil d’État et au conseil privé : Busbecq ne put accepter les offres qui lui étaient faites; l’empereur Maximilien, qui depuis plusieurs années déjà l’avait nommé conseiller d’État, venait de l’attacher à la maison de ses fils.
L’archiduchesse Élisabeth avait épousé, en 1570, le roi de France Charles IX; ce prince étant, mort en 1574, elle retourna, l’année suivante, à Vienne. Est-ce alors que Busbecq fut revêtu de la charge de grand maître de sa maison? Cela est probable; mais nous manquons de renseignements certains à cet égard[6]. Nous sommes dans la même incertitude sur la date de l’envoi de Busbecq en France, pour y administrer les domaines sur lesquels avait été assigné le douaire d’Élisabeth[7]. N’est-il pas surprenant que, de tant d’écrivains qui se sont occupés de cet homme illustre, pas un n’ait éclairci des faits qui pourtant occupent une place assez marquante dans l’histoire de sa vie? La plupart de ses biographes avancent qu’en 1582 il fut nommé par Rodolphe II son ambassadeur à la cour de Henri III; nous avons de fortes raisons de douter de l’exactitude de ce fait[8] : les lettres de Busbecq, des années 1582 à 1585, sur lesquelles on l’appuie, nous paraissent être plutôt d’un nouvelliste que d’un diplomate revêtu d’un caractère officiel[9]. Busbecq resta en France tant que vécut la reine Élisabeth. Cette princesse étant morte en 1592, il n’avait plus rien à y faire; il sollicita et obtint de l’Empereur la permission d’aller finir ses jours dans sa patrie. Ayant commencé son voyage par la Normandie, et quoiqu’il se fût muni de passeports aussi bien des chefs de la Ligue que du roi, il fut assailli par un parti de ligueurs dans le village de Cailly, à trois lieues de Rouen. Les assaillants, à la vérité, dès qu’il leur eut exhibé ses passe-ports, lui laissèrent continuer sa route; mais la secousse qu’il avait éprouvée de cet événement lui donna une fièvre violente. Il se fit transporter au château de Maillot, à Saint-Germain, près de Rouen, où, après huit jours de maladie, il mourut, comme nous l’avons dit, le 28 octobre 1592, à l’âge de soixante-dix ans. Son corps fut enterré avec pompe dans l’église du lieu; Juste-Lipse, qui lui avait dédié ses Saturnales, fit l’épitaphe qu’on grava quelque temps après sur sa tombe. Son cœur, précieusement renfermé en une boîte de plomb remplie d’arômes, fut porté dans son pays natal, et déposé dans le caveau de sa famille, à l’église de Saint-Martin, à Bousbecque. On voit encore, en cette église, le somptueux mausolée que, après la mort de son père, Busbecq fit ériger, pour recevoir sa dépouille mortelle.
Busbecq passe, à juste titre, pour un des négociateurs les plus habiles de son temps; c’est à lui, à Corneille Scepperus, de Nieuport, et à Charles Rym, de Gand, que faisait allusion l’empereur Maximilien II, lorsqu’il disait : « Les ambassadeurs flamands sont presque les seuls dont les négociations aient été utiles à l’empire d’Allemagne. » Il n’était pas seulement un diplomate consommé; il était aussi un des hommes les plus doctes d’une époque féconde en savants illustres; il parlait sept langues, le latin, l’italien, l’espagnol, le français, l’allemand, le flamand, l’esclavon; aucune des branches des connaissances humaines ne lui était étrangère; il voulait tout savoir, tout approfondir. Pendant son séjour en Turquie, il rassembla près de deux cent cinquante manuscrits grecs dont il donna une partie à la bibliothèque impériale érigée dans le palais du Burg, à Vienne; il recueillit aussi des médailles antiques qu’il offrit en présent à l’empereur Ferdinand Ier, et quantité d’inscriptions grecques qu’il communiqua à André Schott, à Clusius, à Juste Lipse et à Gruter; enfin il eut l’honneur de retrouver l’inscription du fameux monument d’Ancyre, que Schott, à qui il l’envoya, fit insérer dans le Suétone de Grevius.
Busbecq compte aussi parmi les naturalistes dont la Belgique s’honore. On lui doit l’introduction en Europe du lilas, des tulipes, du marronnier d’Inde et de plusieurs autres plantes et arbustes qu’il avait vus à Constantinople et dans l’Asie Mineure.
Comme écrivain, la pureté, l’élégance de son style, lui assignent un rang distingué parmi les hommes marquants du xvie siècle. On a de lui : I. Quatre lettres où il fait le récit de ses deux ambassades en Turquie; elles sont adressées a Nicolas Micault, seigneur d’Indevelde, conseiller au conseil privé des Pays-Bas[10]. Les deux premières, consacrées à son premier voyage, furent publiées, sans sa permission, à l’imprimerie Plantinienne, à Anvers, en deux éditions différentes, 1581 et 1582, in-8°, sous ce titre : Itinera Constantinopolitanum et Amasianum, et de re militari contra Turcas instituenda consilium. Sept années plus tard, elles parurent ensemble à Paris, sous les yeux et par les soins de l’auteur; elles étaient intitulées : A. G. Busbequii legationis Turcicæ Epistola IV, etc., in-8°. Elles obtinrent un grand succès, par la profondeur, la clarté avec lesquelles y étaient analysés la politique ainsi que les éléments de force et de faiblesse de l’empire ottoman : « Ces quatre lettres seules, dit un biographe, en apprennent autant que tous les livres composés depuis sur la Turquie, et elles n’ont pas peu contribué à détruire la terreur qu’inspirait en Europe le nom des Ottomans. » Hotman les cite, dans son Traité de l’office d’un ambassadeur, comme des modèles à suivre; Scaliger, qui n’aimait guère à louer, en parle avec de grands éloges. Aussi eurent-elles plusieurs éditions (Hanovre, 1605 et 1629; Munich, 1620), et furent-elles traduites en allemand (Francfort, 1596, in-8°); en français (Paris, 1646, in-8°); en hollandais (Dordrecht, 1652, in-8°); en anglais (Londres, 1694, et Glascow, 1761; in-8°). II. Lettres à l’empereur Rodolphe II sur les affaires de France; elles parurent à Louvain en 1630 sous ce titre : Epistolæ ad Rudolphum II Imper. à Gallia scriptæ, éditæ à J. B. Houwaert, in-8°, et à Bruxelles, en 1631, in-8°, sous le titre de A. G. Busbequii Cæsaris apud regem Gall. legati epistolæ ad Rudolphum II Imperat., è bibliotheca J. B. Houwaert, etc. L’abbé Buchet, chanoine d’Usez, en donna une traduction française, Amsterdam, 1718, in-12, et Continuation des Mémoires de littérature et d’histoire, t. XI, 2e partie, 1731. Ces lettres jettent un grand jour sur ce qui se passait à la cour de France, sur le caractère de Henri III, de Catherine de Médicis, du duc d’Anjou, du roi de Navarre, de Marguerite de Valois et sur les événements du temps. Une édition complète des deux ouvrages que nous venons de citer, comprenant aussi l’opuscule De re militari contra Turcas, et l’allocution adressée à Ferdinand Ier, en 1562, par l’envoyé du sultan, Ibrahim Strozzeni, sortit des presses des Elzévirs, à Leyde, en 1633, in-12, et fut reproduite à Bâle par Brandmuller, 1740, in-8°, sous ce titre : Augerii Busbequii Omnia quæ exstant. Louis-Étienne de Foy, chanoine de Meaux, traduisit le tout, et y ajouta de nombreuses notes historiques et géographiques; son livre, publié à Paris en 1748, 3 vol. in-8°, est intitulé : Lettres du baron(!) de Busbec, ambassadeur de Ferdinand I, roi des Romains, etc., auprès de Solimon II, empereur des Turcs, nommé ensuite ambassadeur de l’empereur Rodolphe II à la cour de France sous Henri III, etc.
Busbecq laissa en manuscrit deux ouvrages qui ne sont point parvenus jusqu’à nous; l’un portait pour titre : De vera nobilitate historia; l’autre : Historia Belgica trium fere annorum quibus dux Alençonius in Belgio est versatus. On doit surtout regretter la perte du second : Busbecq y avait vraisemblablement développé et complété les indications que fournissent ses lettres sur la politique de Henri III et de Catherine de Médicis envers les Pays-Bas.
Gachard.
Voyages de Lambert Wyts, malinois (Ms. de la Bibliothèque impériale à Vienne). — Guichardin, Description des Pays-Bas. — De Thou, Histoire universelle, liv. LX et CIV. — Buzelinus, Gallo-Flandria sacra et profana. — Swertius, Athenæ Belgicæ. — Moréri, Biographie Michaud. — Biographie Didot. — Bulletins de la Commission royale d’histoire de Belgique, 1re série, t. IX. — Lanz, Correspondenz des Kaisers Karl V, t. III. — Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. I et II. — Charrière, Négociations de la France dans le Levant, t. II. — Un Diplomate flamand du seizième siècle à la cour de Constantinople ('Revue nationale de Belgique, t. XII, 1844). — De Saint-Genois, Les Voyageurs belges, t. II. — Rouzière ainé, Notice sur Auger de Busbecq, etc. Lille, 1860, in-8°. — Albert Dupuis, Etudes sur l’ambassade d’Auger de Bousbecques en Turquie (Mémoires de la Société impériale des sciences de Lille). — Heffner, Notice sur Auger-Ghislain de Busbeck (Bulletins de l’Académie royale de Belgique, Annexe, 1853-1854).
Sur le lieu et la date de la naissance de Busbecq nous nous conformons à ce que rapportent tous les biographes, sans avoir eu le moyen d’en vérifier l’exactitude.
Il quitta, l’année suivante, le service de Ferdinand, pour passer à celui de Charles-Quint. Par des lettres patentes du 18 avril 1555, l’Empereur le nomma secrétaire de son conseil privé, servant en son conseil d’État, à Bruxelles. Il prêta serment le 3 juillet suivant.
Lettre de Ferdinand à Charles-Quint du 20 août 1555, dans Lanz.
Elles sont dans Buzelinus, Gallo-Flandria.
Ces deux titres lui sont donnés par Wyts.
Tous les biographes rapportent que Busbecq accompagna Elisabeth en France en 1570; qu’elle l’y chargea de la gestion de ses affaires, et l’y laissa, pour l’administration de ses domaines, quand elle retourna en Allemagne. Nous avons établi, d’après des documents authentiques, qu’en 1570 Busbecq alla en Espagne et non en France, et que, l’année suivante, il repartit pour Vienne. On voit par là comme les erreurs s’accréditent et se perpétuent. Quant à la charge de grand-maître de la maison d’Élisabeth, elle ne put évidemment être donnée à Busbecq qu’après que la reine eut quitté la cour de France; on n’aurait pas admis à cette cour qu’un étranger fut revêtu d’une telle dignité.
De Thou, si bien informé en général et si judicieux, nous parait être tombé, à ce propos, en une contradiction : il dit (livre LX) qu’en partant pour l’Allemagne, la reine Élisabeth commit le soin de ses affaires à Busbecq, et plus loin, qu’elle choisit Pierre de Gondy, évêque de Paris, pour lui confier, avec quelques autres personnes, l’administration des terres sur lesquelles était hypothéqué son douaire.
Dans sa relation de France faite au sénat de Venise le 5 juin 1582, Lorenzo Priuli, après avoir dit que la cour de France ne tient pas grand compte de l’Empereur à cause de sa faiblesse, qu’elle l’aime peu, parce qu’il est sous la dépendance de l’Espagne et qu’il donne la préséance aux ambassadeurs de cette couronne sur tous les autres, ajoute : « De manière qu’au jourd’hui le roi de France a seulement un agent près l’Empereur, et l’Empereur n’a en France ni ambassadeur ni agent» « Di modo che il re di Francia tiene ora solamente un suo agente presso Pimperatore, et l’imparatore non tiene in Francia nè ambasciatore nè agente » (Relazioni degli ambasciatori Veneti al Senato. I, t. IV, p.442). Cet état de choses existait déjà depuis plusieurs années, comme nous l’apprend la relation de 1579 de Girolamo Lippomano (Ibid., Append., p 67), et il se prolongea probablement longtemps encore. Ajoutons que, dans dès lettres de sauvegarde pour les terres et seigneuries de Busbecq données par Alexandre Farnèse le 15 octobre 1588 et que M. Rouziére a publiées, lettres où sont cités les titres de Busbecq ainsi que les services rendus par lui à la maison d’Autriche, il n’est pas dit qu’il soit ou ait été ambassadeur de l’empereur Rodolphe en France, mais seulement qu’il l’a servi « en diverses charges et qualités, ainsi qu’il fait encore à présent à la royne douairière Elisabeth; » enfin que, dans les patentes des Archiducs du 30 septembre 1600 portant érection en baronnie de la terre de Busbecq, ces princes rappellent seulement que Busbecq fut « conseiller de l’empereur. Maximilien, grand maître d’hôtel de la reine douairière de France, et par deux fois ambassadeur de l’Empereur vers le Turc. »
Il suffit de les parcourir pour s’en convaincre. Dans aucune il n’est question d’affaires que Bubecq aurait traitées avec Henri III ou avec ses ministres.
Et non au conseil privé de Ferdinand, comme le disent tous les biographes. Micault avait été appelé à faire partie du conseil privé des Pays-Bas par lettres patentes de Charles-Quint données à Bruxelles le 28 janvier 1554 (1555, n. st).
http://www.bousbecque.fr/ghislain-de-busbecq/
C’est Ghislain de Busbecq, diplomate du seizième siècle, qui a importé en Europe le lilas ; c’est aussi cet amant passionné des fleurs et des beaux livres qui a enrichi les parterres des palais et des châteaux de son temps par l’envoi de tulipes variées à Fuchs, le surintendant des jardins impériaux de Vienne. N’eût-il pas rendu d’autres services, ce serait assez pour qu’il y eut plaisir à défendre son nom de l’oubli.
Né en 1522 à Comines et fils du seigneur de Bousbecque, Augier Ghislain de Busbecq appartenait à la Flandre par sa naissance ; il était en réalité sujet de Ferdinand et de Charles-Quint (Comines faisant alors partie des Pays-Bas autrichiens). Ferdinand Ier, empereur d’Allemagne, roi de Bohême et de Hongrie, dont l’éducation s’était faite dans les Pays-Bas, où il avait reçu des leçons d’Érasme, avait deviné dans le jeune Busbecq toutes les qualités qui pouvaient lui préparer un négociateur habile, un diplomate plein de fermeté. Il l’envoya d’abord en Angleterre, avec Pierre de Lassa, pour y occuper ce que l’on appellerait aujourd’hui le poste de secrétaire d’ambassade, et en l’année 1555, ou peut-être à la fin de 1554, il l’expédia comme chef de mission vers le terrible Soliman le Magnifique, qui faisait trembler alors la chrétienté.
Dès le début de sa carrière diplomatique, le jeune ambassadeur se rendit utile aux sciences et aux lettres : il découvrit d’admirables manuscrits latins et grecs qu’il expédia aux savants de l’Europe, et il adressa des épîtres empreintes d’une latinité élégante à l’un de ses amis, Micault, seigneur d’Indevel, membre du conseil secret de l’empereur des Romains. Ce premier ouvrage de Busbecq était d’un intérêt tel, qu’on le lisait encore avec admiration près d’un siècle après sa première apparition en l’année 1581. Au dix-septième siècle, S.-G Gaudon en donna une version française. Il intitula son livre : Ambassades et voyages en Turquie et Amasie de M. Busbequius. Cet intérêt s’était si bien conservé jusqu’au milieu du dix-huitième siècle, qu’un digne chanoine de l’église de Meaux, l’abbé de Foy, en fit aussi une traduction qu’on recherche encore aujourd’hui.
Constantinople, dont les savants s’éloignaient avec douleur pour chercher un asile dans les autres cités de l’Europe, offrait alors un étrange spectacle aux hommes de science ou d’investigations historiques. Les Turcs, qui avaient pillé tant d’églises et qui avaient dispersé tant de bibliothèques, accumulaient dans leurs bazars les manuscrits les plus précieux, gisant sans ordre au milieu des étoffes resplendissantes ou des meubles les plus coûteux : c’était là que nos savants nomades, tels que les Gilius et les Postel, les allaient recueillir pour quelques sequins. Personne mieux que Busbecq ne connaissait la valeur de ces trésors, et si son caractère d’ambassadeur ne lui permettait pas de les marchander lui-même, ses serviteurs affidés les allaient acheter pour lui : il en acquit, grâce à ses relations, environ deux cent quarante, parmi lesquels on cite encore un admirable Dioscorides.
C’était bien le moins que le monde intellectuel profitât, en Europe, d’une mission qui avait eu des résultats si négatifs en politique. Dès l’année 1554, en effet, lorsque Busbecq avait exposé en audience solennelle, devant Soliman, les droits d’Isabelle, veuve de Jean Zapoli, souverain de la Hongrie, et que, protégeait Ferdinand, un C’est bien, c’est bien, prononcé avec un sourire ironique, avait été la seule réponse que l’ambassadeur chrétien eût reçue ; et à son second voyage, en 1555, lorsque, chargé d’une mission nouvelle, il s’était présenté à Amasieh, la patrie de Strabon, pour discuter avec Soliman les intérêts que Jean Sigismond pouvait avoir encore dans la Transylvanie et la Hongrie convoitées si ardemment par les Turcs, Busbecq avait eu à souffrir une sorte de captivité parfois des plus injurieuses.
Après la recherche des livres antiques, c’est surtout la zoologie et la botanique qui occupaient Busbecq. Il avait autour de sa demeure des jardins habilement plantés ; son palais d’ambassadeur à Andrinople était une véritable ménagerie ; c’était son arche de Noé, comme il le dit avec une bonhomie naïve :
Ghislain de Busbecq. Dessin d'Edouard Garnier, d'après un portrait du seizième siècle (1557)
Ghislain de Busbecq.
Dessin d’Edouard Garnier,
d’après un portrait
du seizième siècle (1557)
« Quel goût est le mien ! dit-il à son savant correspondant ; je ne me contente pas de tous les animaux que le pays me fournit amplement, j’en remplis ma maison d’étrangers ; mes domestiques et moi, nous nous occupons à les nourrir. Le plaisir qu’ils nous donnent nous fait supporter plus facilement l’éloignement de notre patrie… Parmi ceux-ci, les singes tiennent le premier rang ; leur adresse, les éclats de rire qu’ils font, et leurs malices, leur attirent toujours grand nombre de spectateurs ; mes domestiques se passeraient volontiers de manger pour les regarder. J’ai encore des ours, des chevreuils, des cerfs, des lynx, des rats d’Inde, des martes zibelines, jusqu’à un cochon. Celui-ci est de tous les animaux de ma ménagerie le plus curieux pour le pays ; il me procure la visite de tous les Asiatiques qui savent que je l’ai. Cette nation, ainsi que les Turcs, a cet animal en horreur…« J’ai, en oiseaux, des aigles, des corbeaux, des chouettes, des canards de Barbarie, des grues des îles de Mayorque, et des perdrix… Indépendamment de l’amusement que ces différentes espèces d’animaux me donnent, j’ai encore le plaisir de vérifier en eux mille choses qui me paraissaient extraordinaires et que je ne pouvais croire. J’ai lu, par exemple, dans plusieurs auteurs, qu’il y a certains animaux qui deviennent épris de l’amour le plus violent pour certains hommes : ceci me paraissait une fable et je ne voulais en rien croire, jusqu’à ce que j’aie vu un lynx que j’ai fait venir d’Assyrie et qui, deux jours après qu’il eut vu un de mes domestiques, s’attacha tellement à lui que l’on ne peut nier que ce ne fût la tendresse même qui agissait dans cet animal ; dès qu’il l’apercevait, c’était mille caresses, mille embrassades… Lorsque cet homme sortait de la chambre, le lynx prenait doucement et avec timidité le pan de son habit avec ses pattes et voulait le retenir ; s’il partait, cet animal tenait ses yeux fixés vers la porte et ne reprenait sa gaieté que lorsqu’il le voyait revenir ; sa joie alors éclatait en mille manières différentes…
« La passion enfin de ce lynx était si violente, qu’ayant emmené ce domestique avec moi en Asie, il est tombé en langueur et est mort de chagrin, ce qu’il a marqué par ses pleurs et par son obstination à ne vouloir ni boire ni manger. Ceci m’a d’autant plus fâché que je m’étais proposé d’en faire un présent à Ferdinand. Sa peau était de la dernière beauté ; c’était sans doute de celles de cette espèce qui étaient autrefois si fort estimées à Babylone et dont il est parlé dans le droit romain. »
Il semble, en vérité, que le malheureux ambassadeur de l’empereur d’Allemagne ait cherché à se consoler des preuves d’odieuse ingratitude dont il avait à se plaindre journellement de la part des humains. Sa charité, presque toujours cruellement trompée, se montrait si constante, en effet, qu’il était rare qu’on ne s’adressât pas à lui pour sortir du rude esclavage dans lequel Soliman le Magnifique maintenait les chrétiens pris les armes à la main ; mais plus d’un esclave libéré, se jouant de ses promesses, oubliait de payer une rançon promise les larmes aux yeux et la main sur le coeur. Busbecq perdit ainsi généreusement une notable partie de sa fortune.
Avec un homme tel que Soliman, dont l’ambition ne connaissait point de bornes, les années s’écoulaient et l’ambassade n’avait point de conclusion. Le Grand Seigneur, en ce temps, parlait en maître aux États voisins de la Turquie, lorsqu’il ne menaçait pas d’un prompt envahissement. Durant le long espace de temps qui s’écoula entre l’année 1555 et l’année 1562, époque où il signa un dernier traité, Busbecq eut l’occasion de déployer des talents diplomatiques qu’on a parfaitement oubliés, mais qui firent l’admiration de son siècle. Dégoûté outre mesure d’une politique barbare à laquelle il avait opposé une si longue patience ; presque toujours menacé de la peste, qui s’attaquait à ses serviteurs et lui enlevait ses amis, il n’aspirait qu’à revenir en pays de chrétiens, comme il le dit, et à trouver enfin quelque repos dans sa terre natale. Il fut toujours la dupe de ses espérances, comme il l’avait été de sa charité. Ghislain de Busbecq n’eut pas plutôt obtenu son audience de congé, après avoir signé, le 27 novembre 1562, un traité avantageux pour le pays qu’il représentait, qu’on le vit s’éloigner sans regret de la Turquie.De retour à Vienne, il voulait immédiatement quitter la cour. Ferdinand l’avait trop bien étudié et connaissait trop bien sa vaste instruction pour le laisser partir ; il le chargea de l’éducation de ses deux petits-fils Rodolphe et Mathias, qui succédèrent à l’empire après la mort de leur noble père Maximilien II. Malgré ses projets de retraite, dont on connaissait la sincérité à la cour, Busbecq fut donc contraint de consacrer les meilleures années de sa vie à l’instruction de ces jeunes princes ; puis Maximilien, qui l’avait vu à l’œuvre et qui l’avait apprécié au moins à l’égal de son père, lui donna une mission nouvelle dont il sentit vivement l’amertume, puisqu’elle éloignait à tout jamais, on l’eût dû prévoir, les jours de repos après lesquels il aspirait.
Il fallait conduire en France cette infortunée princesse Élisabeth, que la politique du temps condamnait à être l’épouse de Charles IX ; ce fut Ghislain de Busbecq qui fut chargé de l’amener au sein de cette cour dissolue où elle eut tant à souffrir, et où elle ne put que donner des larmes comme spectatrice de la plus affreuse des tragédies politiques.
En France comme en Allemagne, Busbecq s’acquit l’estime de tous ceux dont il fut connu. Il fuyait les courtisans, mais il recherchait avec une sorte de passion la société des savants, auxquels il révélait tant de faits nouveaux ignorés avant lui. Nous nous figurons, en effet, Busbecq comme un prédécesseur de Fabri Peiresc, ne voulant rien publier par lui-même, mais ouvrant ses conseils à tous ceux qui voulaient publier, et répandant les trésors de sa science en faveur des voyageurs, des archéologues et des naturalistes. En l’année 1581, Louis Carrion donna au public, presque à son insu, ses lettres sous le titre d’Itinera Constantinopolitarum Amazianum.
C’était dans cette France si agitée et qu’il éclairait d’une si vive lumière, qu’il devait mourir vingt ans après la Saint-Barthélemy, et par conséquent longtemps après la mission délicate qui l’y avait amené. On était au fort de la Ligue ; il avait à régler quelques intérêts particuliers dans les Flandres, où sa terre avait été érigée en baronnie par l’archiduc Albert, lorsqu’il traversa la Normandie avec l’intention probable de s’embarquer dans quelque port. Arrivé à trois lieues de Rouen, il fut rencontré par une troupe de ligueurs qui molestèrent sa personne et pillèrent ses bagages. Il parla avec énergie et se fit rendre une partie de ce qui lui appartenait ; mais il ne put réprimer en lui l’effet qu’avaient produit ces violences. Recueilli par une dame qu’il avait connue sans doute à la Cour, il fut saisi au bout de deux jours par une fièvre ardente, et cette maladie l’emporta, le 29 octobre 1592. On l’enterra dans le petit village de Saint-Germain, à trois lieues de Rouen ; son cœur fut transporté à Busbecq.
Bernardin de Saint-Pierre, qui s’était pris d’admiration pour les lettres latines de notre voyageur, aurait voulu qu’on élevât un tombeau à cet amant de la nature et qu’on l’entourât d’une plantation de lilas. C’était peut-être à lui qu’il pensait lorsqu’il écrivait cette phrase aimable et vraie : « Le don d’une plante utile me parait plus précieux que la découverte d’une mine d’or, et un monument plus durable qu’une pyramide. » L’austère de Thou, qu’on ne peut pas accuser de prodiguer la louange à ses contemporains, a dit à propos de notre voyageur : « C’était un grand homme, qui avait une connaissance profonde des grandes affaires ; il était d’une candeur et d’une probité rares. »
Francois 1° 1494-1547
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Ier_(roi_de_France) 0 lilas,
François Ier (né sous le nom de François d'Orléans le 12 septembre 1494 à Cognac et mort le 31 mars 1547 à Rambouillet) est sacré roi de France le 25 janvier 1515 dans la cathédrale de Reims. Il règne jusqu’à sa mort en 1547. Fils de Charles d’Angoulême et de Louise de Savoie, il appartient à la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne.
François Ier est considéré comme le roi emblématique de la période de la Renaissance française1. Son règne permet un développement important des arts et des lettres en France. Sur le plan militaire et politique, le règne de François Ier est ponctué de guerres et d’importants faits diplomatiques.
Il possède un puissant rival en la personne de Charles Quint et doit compter sur les intérêts diplomatiques du roi Henri VIII d'Angleterre toujours désireux de se placer en allié de l’un ou l’autre camp. François Ier enregistre succès et défaites mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves, dont la réalisation toucherait l’intégrité du royaume. L'antagonisme des deux souverains catholiques entraîne de lourdes conséquences pour l’Occident chrétien : il facilite la diffusion de la Réforme naissante et surtout permet à l'Empire ottoman de s'installer aux portes de Vienne en s'emparant de la quasi-totalité du royaume de Hongrie.
Sur le plan intérieur, son règne coïncide en effet avec l'accélération de la diffusion des idées de la Réforme. La constitution de la monarchie absolue et les besoins financiers liés à la guerre et au développement des arts induisent la nécessité de contrôler et optimiser la gestion de l'État et du territoire. François Ier introduit une série de réformes touchant à l'administration du pouvoir et en particulier à l'amélioration du rendement de l'impôt, réformes mises en œuvre et poursuivies sous le règne de son successeur Henri II.
Sommaire
1 Biographie
1.1 Jeunesse et éducation
1.2 Un prince de la Renaissance
1.2.1 Le mécène et les artistes
1.2.2 Le protecteur des Lettres
1.2.3 Le bâtisseur
1.2.4 Les fêtes
1.3 Politique extérieure
1.3.1 Conquête du Milanais (1515)
1.3.2 Rivalité avec l'empire des Habsbourg
1.3.2.1 Charles de Habsbourg
1.3.2.2 La compétition pour la couronne impériale (1519)
1.3.2.3 Du camp du Drap d’Or à la paix des Dames
1.3.2.4 Nouvelles alliances : les princes protestants et l'Empire ottoman
1.3.2.5 Les deux derniers conflits
1.3.2.6 Les relations personnelles avec Charles Quint
1.3.3 L'Amérique du Nord
1.4 Politique intérieure
1.4.1 Le gouvernement de François Ier
1.4.2 La religion
1.4.3 Le français comme langue administrative et juridique officielle
1.4.4 La politique financière
1.4.5 Fiefs réunis à la couronne
1.5 Mort du Roi
2 Portrait de François Ier
2.1 Physionomie de François Ier
2.2 Psychologie de François Ier
3 Titulature complète
4 Ascendance
5 Mariages
6 Descendance
6.1 Généalogie simplifiée
7 Emblème
8 Blasons
9 Toponymie
10 Citations
11 Notes et références
11.1 Notes
11.2 Références
12 Annexes
12.1 Sources primaires
12.2 Bibliographie
12.2.1 Biographies
12.2.2 Monographies
12.2.3 Bande dessinée
12.3 Cinéma
12.4 Articles connexes
12.5 Liens externes
Biographie
Article détaillé : Arbre généalogique des Valois.
Jeunesse et éducation
François Ier nait le 12 septembre 1494 au château de Cognac en Angoumois2. Son prénom lui vient de saint François de PauleNote 1. Il est le fils de Charles d'Orléans (1459-1496), comte d'Angoulême, et de la princesse Louise de Savoie (1476-1531), le petit-fils de Jean d'Orléans (oncle du futur roi Louis XII), comte d'Angoulême (1399-1467), et de Marguerite de Rohan (nc-1496), l'arrière-petit-fils du duc Louis Ier d'Orléans (frère cadet du roi Charles VI), et de la fille du duc de Milan Valentine Visconti. Il descend directement du roi Charles V par la branche cadette de Valois, dite d'Angoulême.
François appartenant à la branche cadette de la maison royale de Valois, n'est pas destiné à régner. En 1496, son père meurt et sa mère, Louise de Savoie, veuve à dix-neuf ans, se consacre à l'éducation de ses deux enfants. Le testament du défunt lui en confie la tutelle, mais le futur roi Louis XII estime qu'elle n'a pas la majorité requise pour l'assumer seule et décide de partager cette tutelle3. Faute d’héritier mâle (aucun des fils qu'il a eu avec son épouse Anne de Bretagne n'a survécu plus de quelques jours), Louis XII fait venir en avril 1498 à la cour, François d'Angoulême, son petit cousin au 4e degré, accompagné de sa sœur aînée Marguerite et de sa mère, Louise de Savoie. François devenu comte d'Angoulême à la mort de son père, Louis XII le fait duc de Valois en 1499. Il est l'héritier présomptif de la couronne, en qualité d'aîné de la maison de Valois dans l'ordre de primogéniture, en vertu de la loi salique. C’est dans le château d'Amboise et sur les bords de la Loire que François grandit. Mère autoritaire et possessive, Louise doit composer avec le maréchal de Gié, gouverneur du duc d'Angoulême et commandant du château d'Amboise qui exerce un grand pouvoir sur ses enfants. Se forme alors la « Trinité d'Amboise » composée de la mère et des deux enfants, François se trouvant, au sein de ce trio soudé, adoré par les deux femmes, comme le relate le Journal de Louise4.
Le jeune François d'Angoulême s’entoure de compagnons qui demeurent influents dans sa vie adulte tels Anne de Montmorency, Marin de Montchenu (1494-1546), Philippe de Brion et Robert de La Marck, seigneur de Sedan5, à qui on doit une description de leurs jeux et exercices physiques en alternance avec l'apprentissage des humanités. Le 25 janvier 1502, François fait une chute de cheval et se retrouve dans un état critique. Sa mère en tombe malade et ne vit que pour la guérison de celui qu’elle appelle son « César »6. Il a comme précepteurs Artus de Gouffier et François Desmoulins de Rochefort, nommé plus tard grand aumônier du roi7. Le 31 mai 1505 par testament, Louis XII montre sa volonté de marier sa fille Claude et François d'Angoulême, la cérémonie de fiançailles a lieu le 21 mai 1506 dans le château de Plessis-lèz-Tours, clôturant la session des états généraux de Tours. Dès lors, François s'installe au château de Blois8. En janvier 1512, Anne de Bretagne, très affaiblie par une dizaine de couches en une vingtaine d'années, accouche à nouveau d'un fils mort-né. Louis XII va alors se résoudre à traiter François en prince héritier, le fait entrer au Conseil du Roi et le nomme commandant en chef de l'armée de Guyenne le 12 octobre 15129.
La salamandre de François Ier et sa devise : « Nutrisco et extingoNote 2 » (château d'Azay-le-Rideau).
Quand François accède au trône en 1515, il a 20 ans et la réputation d’être un humaniste. Il est sacré à la cathédrale de Reims le 25 janvier 1515, date retenue à cause de sa guérison jugée miraculeuse survenue treize ans plus tôt le même jour que la conversion de Paul10. Il choisit comme emblème de reprendre celui de ses aïeux, la salamandre11. Son entrée royale dans Paris le 15 février 1515 (rite politique majeur au cours duquel il accorde des grâces12), donne le ton de son règne. Vêtu d’un costume en toile d’argent incrusté de joyaux, il fait cabrer son cheval et jette des pièces de monnaie à la foule13. Il participe avec fougue et éclat à un pas d'armes (joute à cheval avec lances selon un scénario élaboré)14. Alors que ses deux prédécesseurs Charles VIII et Louis XII ont consacré beaucoup de temps à l’Italie sans saisir le mouvement artistique et culturel qui s’y développait, ils ont néanmoins planté le décor qui permet l’épanouissement ultérieur de la Renaissance en France.
Écu d'or au soleil François Ier.
Le contact entre les cultures italienne et française pendant la longue période des campagnes d’Italie introduit de nouvelles idées en France au moment où François reçoit son éducation. Nombre de ses précepteurs, notamment François Demoulin, son professeur de latin (langue que François assimilera avec beaucoup de peine), l’Italien Giovanni Francesco Conti, et Christophe de Longueil inculquent au jeune François un enseignement très inspiré de la pensée italienne. La mère de François s’intéresse également de près à l’art de la Renaissance et transmet cette passion à son fils qui, durant son règne, maîtrise la langue italienne à la perfection. Vers 1519-1520, François Demoulin réalise ainsi pour lui des Commentaires de la guerre gallique, une adaptation des Commentaires sur la Guerre des Gaules dans lequel il imagine un dialogue entre le jeune roi et Jules César lui racontant ses campagnes militaires15. On ne peut affirmer que François ait reçu une éducation humaniste ; en revanche, plus que tout autre de ses prédécesseurs, il a bénéficié d'une éducation qui le sensibilise à ce mouvement intellectuel.
Un prince de la Renaissance
Le mécène et les artistes
À l’époque où François Ier accède au trône, les idées de la Renaissance italienne se sont diffusées en France et le roi contribue à cette diffusion. Il commande de nombreux travaux à des artistes qu’il fait venir en France. Plusieurs travaillent pour lui, dont les plus grands comme Andrea del Sarto, Benvenuto Cellini et Léonard de Vinci.
Jeton sur le règne de François Ier.
François Ier manifeste une véritable affection pour le vieil homme, qu’il appelle « mon père » et qu’il installe au château du Clos Lucé, à Amboise, à quelques centaines de mètres du château royal d’Amboise. Vinci apporte, dans ses malles, ses œuvres les plus célèbres tels La Joconde, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, Saint Jean Baptiste. Le roi lui confie de nombreuses missions comme l’organisation des fêtes de la Cour à […], la création de costumes ainsi que l’étude de divers projets. Vinci reste en France de 1516 jusqu’à sa mort en 1519 dans les bras du roi selon une légende battue en brèche par certains documents historiquesNote 3.
On peut citer aussi l’orfèvre Benvenuto Cellini et les peintres Rosso Fiorentino et Le Primatice16, chargés de nombreux travaux dans les différents châteaux de la couronne. François Ier emploie de nombreux agents, comme Pierre l'Arétin, chargés d’amener en France les œuvres de maîtres italiens comme Michel-Ange, Titien et Raphaël. C’est pendant le règne de François Ier que la collection d’œuvres d’art des rois de France, aujourd’hui exposée au Louvre, commence réellement. En 1530, il crée la collection des Joyaux de la Couronne17.
Le protecteur des Lettres
Imprimerie du xve siècle. Grâce à François Ier, les imprimeries françaises se perfectionnent et atteignent une importance de premier ordre dans l’univers intellectuel.
Les progrès de l'imprimerie favorisent la publication d’un nombre croissant de livres. En 1518, François Ier décide la création d’un grand « cabinet de livres » abrité à Blois et confié au poète de la Cour Mellin de Saint-Gelais18. En 1536, une interdiction est faite de « vendre ou envoyer en pays étranger, aucuns livres ou cahiers en quelques langues qu’ils soient, sans en avoir remis un exemplaire ès mains des gardes de la Bibliothèque Royale »19, bibliothèque dont il nomme intendant l’humaniste Guillaume Budé avec mission d’en accroître la collection. C’est en 1540 qu’il charge Guillaume Pellicier, ambassadeur à Venise, d’acheter et de faire reproduire le plus possible de manuscrits vénitiens.
Demi-teston à l'effigie de François Ier le Restaurateur des Lettres, Bourges.
Guillaume Budé par Jean Clouet, portrait datant de 1536, Metropolitan Museum of Art, New York.
À l’instigation de Guillaume Budé, il fonde en 1530 le corps des « Lecteurs royaux », abrité dans le « Collège royal » (ou « Collège des trois langues », futur « Collège de France ») afin d'en faire un pôle de culture moderne opposé à la Sorbonne alors conservatrice et sclérosée20. Bien que décidée par François Ier, la construction du bâtiment, confiée à l’architecte Jean-François Chalgrin, ne se concrétise pas avant la régence de Marie de Médicis, près d’un siècle plus tard. Parmi les lecteurs royaux, on compte Barthélemy Masson21, qui enseigne le latin, et le géographe et astronome Oronce Fine, chargé des mathématiques. Il favorise le développement de l’imprimerie en France et fonde l’Imprimerie royale dans laquelle œuvrent des imprimeurs comme Josse Bade et Robert Estienne. En 1530, il nomme Geoffroy Tory imprimeur du roi (pour le français), charge qui passe en 1533 à Olivier Mallard, puis en 1544 à Denys Janot. Grâce au graveur et fondeur Claude Garamond, l’imprimerie royale innove dans une écriture à caractères de type romain plus lisible.
De nombreuses bibliothèques privées voient ainsi le jour : Emard Nicolaï, président de la Chambre des comptes possède une vingtaine d’ouvrages, 500 volumes appartiennent au président du parlement, Pierre Lizet, 579 livres constituent la bibliothèque de son confrère André Baudry, 775 chez l’aumônier du roi, Gaston Olivier, 886 pour l’avocat Leferon, au moins 3 000 chez Jean du Tillet et plusieurs milliers chez Antoine Duprat.
François Ier subventionne des poètes tels Clément Marot et Claude Chappuys et compose lui-même quelques poésies — bien que Mellin de Saint-Gélais soit soupçonné d’être l’auteur de certains poèmes dont François Ier s’attribue la paternité19 — publiées ainsi que quelques-unes de ses « Lettres »22.
Sa sœur aînée, Marguerite, mariée au roi de Navarre, se montre également une fervente admiratrice des lettres et protège de nombreux écrivains comme Rabelais et Bonaventure Des Périers. Elle figure aussi dans la liste des lettrés de la Cour, étant l’auteur de nombreux poèmes et essais tels La Navire, et Les Prisons. Elle publie également un volumineux recueil intitulé Les Marguerites de La Marguerite des princesses qui reprend l’ensemble de ses écrits. Mais son œuvre maîtresse reste l’Heptaméron, un recueil de contes inachevés publiés après sa mort.
Le bâtisseur
L'escalier monumental du château de Blois.
François Ier se montre un bâtisseur acharné et dépense sans compter dans la construction de nouveaux bâtiments. Il poursuit le travail de ses prédécesseurs au château d’Amboise, mais surtout au château de Blois23. Par des travaux qui durent dix ans, il fait ajouter deux nouvelles ailes à ce dernier, dont l’une abrite le fameux escalier, et modernise son intérieur avec des boiseries et des décorations à base d'arabesques propres à la nouvelle mode italienne. Au début de son règne, il entame la construction du château de Chambord sur un domaine de chasse acquis par Louis XII. Bien que Léonard de Vinci participe vraisemblablement à ses plans, ainsi que l’architecte italien Boccador, Chambord reste un château Renaissance très ancré dans l'héritage de l'architecture médiévale française.
François Ier tente de reconstruire le château du Louvre, faisant détruire la tour médiévale de la sombre forteresse de Philippe Auguste. Il demande la construction d’un nouvel hôtel de ville pour Paris dans le but d’influencer les choix architecturaux, qui seront d’ailleurs mis en œuvre par Boccador et Pierre Chambiges. En 1528, dans le bois de Boulogne, il fait édifier le château de Madrid, sous la direction de Girolamo della Robbia, qui évoque par sa structure la demeure que François Ier a occupée pendant son emprisonnement en Espagne. Il fait également construire, sous la direction de Pierre Chambiges, le château de Saint-Germain-en-Laye ainsi qu’un château de chasse, le château de la Muette, dans la forêt de Saint-Germain : celui que l'on surnomme le « roi des veneurs » peut s'y adonner à sa passion la chasse à courre. Il fait aussi ouvrir les chantiers des châteaux de Villers-Cotterêts vers 1530, de Folembray en 1538, et de Challuau en 1542. En tout, près de sept châteaux sont construits et remaniés en 15 ans24.
La galerie François Ier du château de Fontainebleau.
Le plus grand des projets de François Ier consiste en la reconstruction quasiment complète (seul le donjon du château antérieur est conservé) du château de Fontainebleau, qui devient rapidement son lieu de résidence favori. Les travaux s’étendent sur une quinzaine d’années pour constituer ce que François Ier veut être l’écrin de ses trésors italiens (tapisseries dessinées par Raphaël, bronze d’Hercule réalisé par Michel-Ange, décoration de la galerie François Ier par Rosso Fiorentino, autres décorations de Giovanni Battista Rosso et Le Primatice autour desquels s’est formée la prestigieuse école de Fontainebleau).
Il confie également à Léonard de Vinci l’élaboration des plans du nouveau château de Romorantin dans lesquels l’artiste reprend les plans de sa cité idéale de Milan. Le projet est néanmoins abandonné en 1519, les auteurs mettent en cause une épidémie de paludisme alors présente dans les marais de Sologne, frappant les ouvriers du chantier, ou la mort de l'artiste florentin cette année-là25.
Chacun des ambitieux projets royaux bénéficie de somptueuses décorations tant extérieures qu’intérieures. Il décide en 1517 de la fondation d’un nouveau port, initialement appelé « Franciscopolis » mais que l’existence d’une chapelle sur le site choisi pour sa construction fera renommer « Le Havre de Grâce ».
Les fêtes
Sous François Ier, la vie à la cour est rythmée par un ensemble d'évènements festifs constitués de tournois, de danses, et de bals costumés. Les bals costumés se fondent le plus souvent sur des thèmes mythologiques. Le Primatice, à la suite de Vinci, fait partie des artistes italiens qui ont contribué à la réalisation des costumes26.
Politique extérieure
La politique extérieure de François Ier s’inscrit dans la continuité des guerres d’Italie menées par ses prédécesseurs. Pendant toute la durée de son règne, le roi n’a de cesse de revendiquer ses droits sur le duché de Milan reçu en héritage de son arrière-grand-mère. Son règne est également dominé par sa rivalité avec le duc de Bourgogne, Charles de Habsbourg, devenu roi d’Espagne puis empereur du Saint-Empire sous le nom de Charles Quint. Leur rivalité se concrétise par quatre guerres au cours desquelles François Ier enregistre succès et défaites, mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves de recouvrer le duché de Bourgogne.
Le premier conflit (1521-1526) est marqué par la défaite de Pavie au cours de laquelle le roi est fait prisonnier, d'abord en Italie, puis transféré en Espagne. Pendant ce temps, la mère du roi de France, Louise de Savoie, demande l'aide du sultan ottoman, Soliman le Magnifique, qui répond avec l'envoi de la fameuse flotte de Khayr ad-Din Barberousse — laquelle représente une grande menace pour l'empire des Habsbourg. C'est le début d'une alliance franco-ottomane qui durera les siècles suivants. Après presque un an de captivité, le roi se voit réduit à faire des concessions importantes en vue d'être libéré (traité de Madrid). François est autorisé à rentrer en France en échange de ses deux fils, mais à son retour, le roi prétexte un accord obtenu sous la contrainte pour rejeter le traité. Cela conduit à la guerre de la Ligue de Cognac (1527-1529).
La troisième guerre (1535-1538) se caractérise par l’échec des armées de Charles Quint en Provence et l’annexion par la France de la Savoie et du Piémont. La quatrième guerre (1542-1544) voit l’alliance de l’empereur et du roi d’Angleterre. François Ier parvient à résister à l’invasion mais perd la ville de Boulogne-sur-Mer au profit des Anglais.
Pour lutter contre l'empire des Habsbourg, François Ier a mis en place des alliances avec des pays considérés comme des ennemis héréditaires de la France ou des alliances jugées contraires aux intérêts chrétiens dont le roi est censé être le garant : le roi d'Angleterre Henri VIII, les princes protestants de l'Empire et le sultan ottoman, Soliman.
Conquête du Milanais (1515)
François Ier à la bataille de Marignan.
Par son arrière-grand-mère Valentina Visconti, François Ier détient des droits dynastiques sur le duché de Milan. Dès la première année de son règne, il décide de faire valoir ces droits et monte une expédition pour prendre possession de ce duché. Pour lui, c'est aussi l'occasion de venger les défaites françaises de la précédente guerre italienne ; deux ans avant son avènement, tous les territoires occupés par ses prédécesseurs en Italie avaient été perdus. La conquête du Milanais par François Ier s'inscrit totalement dans la continuité des guerres d'Italie commencées vingt ans plus tôt par le roi Charles VIII27.
Par plusieurs traités signés au printemps 1515, François Ier parvient à obtenir la neutralité de ses puissants voisins28,29. L’opposition à ses visées se limite au duc de Milan Maximilien Sforza, officiellement mais faiblement soutenu par le pape Léon X et son allié le cardinal Matthieu Schiner, artisan de l’alliance entre les cantons suisses et le pape, et futur conseiller de Charles Quint.
Au printemps 1515, François Ier ordonne la concentration des troupes à Grenoble et une armée de 30 000 hommes marche sur l’Italie. Cependant, solidement établis à Suse, les Suisses tiennent la route habituelle du Mont-Cenis. Avec l’aide technique de l’officier et ingénieur militaire Pedro Navarro, l’armée, y compris les chevaux et l’artillerie (60 canons de bronze), franchit les Alpes par une route secondaire plus au sud, par les deux cols, Vars 2 090 m (Ubaye) et Larche 1 900 m, puis débouche dans la vallée de la Stura. C'est au prix d'efforts très importants qu'ils élargissent les chemins correspondants pour y passer l'artillerie. Ces efforts rapides sont récompensés, car ils provoquent une très grande surprise. Dans la plaine du Piémont, une partie de l’armée suisse prend peur et propose, le 8 septembre à Gallarate, de passer au service de la France. Schiner réussit à regagner les dissidents à sa cause et s’avance à leur tête jusqu’au village de Melegnano (en français, Marignan), à 16 kilomètres de Milan. La bataille qui s’engage reste longtemps indécise, mais l’artillerie française, efficace contre les fantassins suisses, les forces d’appoint vénitiennes et la furia francese finissent par faire pencher la balance du côté de François Ier qui emporte cet affrontement décisif.
En 1525, plusieurs auteurs évoquent l'adoubement du roi par Bayard sur le champ de bataille de Marignan. Cette histoire est considérée désormais comme un mythe : elle aurait été montée à la demande royale, afin notamment de faire oublier que celui qui a adoubé François Ier lors de son sacre (c'est-à-dire le connétable de Bourbon) s'est rangé en 1523 du côté de Charles Quint. Pire, le connétable serait l'artisan de la future défaite de Pavie, et donc de l'emprisonnement de François Ier. La légende a donc été donc inventée afin de faire oublier les liens « filiaux » qui liaient le roi et son traitreux sujet, tandis qu'elle aurait renforcé un lien (inexistant au départ) entre le souverain et le symbole du courage et de la vaillance, mort en 152230. Cette invention pourrait également être liée à la volonté du roi de France de se montrer le parfait exemple, chevaleresque entre tous, alors qu'il était prisonnier31.
Article détaillé : Bataille de Marignan.
Cette victoire apporte renommée au roi de France dès le début de son règne. Les conséquences diplomatiques sont nombreuses :
François Ier prend rapidement le contrôle de la Lombardie.
Il signe la paix perpétuelle de Fribourg le 29 novembre 1516 avec les cantons suisses. Ce traité restera en vigueur jusqu’en 1798.
Le 13 août 1516, François Ier et le jeune roi des Espagnes Charles Ier, futur Charles Quint, signent le traité de Noyon qui confirme à François Ier la possession du Milanais, restitue la Navarre à Henri d’AlbretNote 4, et promet à Charles la main de la fille aînée du roi de France, Louise, alors âgée d’un an (mais qui ne survit pas à son troisième anniversaire). La dot de la future mariée inclut les droits sur le royaume de Naples.
Antoine Duprat signe en son nom le concordat de Bologne le 18 août 1516. Ce concordat régit les relations entre le royaume de France et la Papauté jusqu’à la Révolution française. Désormais, le roi nomme les évêques, archevêques et cardinaux, par la suite confirmés par le pape.
Rivalité avec l'empire des Habsbourg
Portrait du jeune Charles de Habsbourg futur empereur Charles Quint vers 1515, l’éternel rival de François Ier ; peint par Bernard van Orley, Paris, musée du Louvre.
Carte du Royaume de France au début des années 1520 La carte inclut la zone d'influence de la France en Italie.
Charles de Habsbourg
Charles de Habsbourg est à la tête d’un véritable empire :
Par son père Philippe le Beau, lui-même fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire), il possède les pays héréditaires de Habsbourg et les États bourguignons.
Par sa mère Jeanne la Folle (fille des Rois catholiques), il hérite des Espagnes (union dynastique de la couronne de Castille et de la couronne d'Aragon), ainsi que de leurs dépendances en Italie (Naples, Sicile, Sardaigne) et aux Amériques.
À la mort de son grand-père Maximilien Ier en 1519, Charles est le favori pour sa succession au titre d’empereur des Romains. En vertu d'une convention passée entre Maximilien et Vladislas Jagellon, il reste, en outre, avec son frère Ferdinand, un des deux seuls héritiers de son beau-frère, Louis II Jagellon, roi de Bohême et de Hongrie, tant que celui-ci n'a pas d'enfants.
Ascendance de Charles Quint
Charles Quint Père :
Philippe Ier de Castille Grand-père paternel :
Maximilien Ier du Saint-Empire Arrière-grand-père paternel :
Frédéric III du Saint-Empire
Arrière-grand-mère paternelle :
Aliénor de Portugal
Grand-mère paternelle :
Marie de Bourgogne Arrière-grand-père paternel :
Charles le Téméraire
Arrière-grand-mère paternelle :
Isabelle de Bourbon
Mère :
Jeanne Ire de Castille Grand-père maternel :
Ferdinand II d'Aragon Arrière-grand-père maternel :
Jean II d'Aragon
Arrière-grand-mère maternelle :
Jeanne Enríquez
Grand-mère maternelle :
Isabelle Ire de Castille Arrière-grand-père maternel :
Jean II de Castille
Arrière-grand-mère maternelle :
Isabelle de Portugal
Une fois empereur (1519), Charles s'anime de deux ambitions complémentaires :
Une ambition dynastique lui tient particulièrement à cœur depuis sa jeunesse flamande, la récupération du duché de Bourgogne, possession de son arrière-grand-père Charles le Téméraire. Il n'en obtiendra jamais satisfaction pour des raisons de réalisme politique: si l'annexion de la Bourgogne par le roi à la mort du Téméraire était indiscutablement un coup de force peu fondé en droit32, cet état de fait s'était suffisamment installé pour qu'en 1526, malgré la promesse de restitution du duché, les États de la province s'opposent au changement de suzeraineté33.
Une ambition impériale et chevaleresque de paix entre les chrétiens autour de l'empereur et du pape afin de mener la réforme de l’Église romaine et la croisade contre les Turcs, héritée à la fois de la tradition impériale allemande, du messianisme monarchique castillan et du rêve de croisade bourguignon.
Ces deux ambitions ne pouvaient que se heurter à l’hostilité de François Ier, qui nourrit très exactement le même type d'aspirations. Réformateur de l’Église dans son royaume avec le concordat de Bologne, le Très-chrétien doit s'allier aux luthériens et aux Turcs pour contrer l'empereur et retarder autant que possible la tenue d'un concile universel. Le roi de France convoite en outre des droits lointains au royaume de Naples, appartenant à l'empereur comme roi d'Aragon, et au duché de Milan, fief d'Empire vital à Charles Quint pour des raisons géopolitiques. Continuant la politique italienne de Charles VIII et Louis XII, François Ier ne cesse de tenter de garder pied en Italie au prix de l'occupation indue des États de son propre oncle, le duc de Savoie, par ailleurs beau-frère de l'empereur, ce qui exacerbe encore leur rivalité.
Article détaillé : Guerres d'Italie.
La compétition pour la couronne impériale (1519)
Le 12 janvier 1519, la mort de Maximilien ouvre la succession à la couronne impériale. Cette couronne, si elle n’ajoute aucun contrôle territorial, apporte en revanche à son titulaire un surcroît de prestige et un poids diplomatique certain. Charles Ier d’Espagne, élevé dans cette perspective, s'avère le candidat naturel à la succession de son grand-père et doit affronter le roi Henri VIII d'Angleterre, le duc albertin Georges de Saxe, dit le Barbu, et François Ier. La candidature de ce dernier répond à une double ambition :
Éviter que le souverain qui contrôle déjà plus de la moitié de l’Europe et le Nouveau Monde ibérique se voie auréolé d’un prestige diplomatique supplémentaire et parvienne à réaliser son rêve avoué de constituer un nouvel empire de Charlemagne.
Revendiquer ce surcroît de prestige pour lui-même, comme l’ont tenté avant lui Philippe le Hardi et Charles de Valois.
La compétition se résume vite à un duel François contre Charles. Pour convaincre les sept princes-électeurs allemands, les rivaux vont user tour à tour de la propagande et d’arguments sonnants et trébuchants. Le parti autrichien présente le roi d’Espagne comme issu du véritable « estoc » (lignage), mais la clef de l’élection réside essentiellement dans la capacité des candidats à acheter les princes-électeurs. Les écus français s’opposent aux florins et ducats allemands et espagnols mais Charles bénéficie de l’appui déterminant de Jakob Fugger, richissime banquier d’Augsbourg, qui émet des lettres de change payables après l’élection et « pourvu que soit élu Charles d’Espagne ». Pour tenir les engagements de ses ambassadeurs qui promettent des millions d'écus, François aliène une partie du domaine royal, augmente la taille, émet des emprunts accumulés en promettant des intérêts toujours plus forts34.
Charles qui a massé ses troupes près du lieu de l'élection à Francfort, est finalement élu à l'unanimité à 19 ans Roi des Romains le 28 juin 1519 et sacré empereur à Aix-la-Chapelle le 23 octobre 1520Note 5. Sa devise « Toujours plus oultre » correspond à son ambition de monarchie universelle d’inspiration carolingienne alors qu’il est déjà à la tête d’un empire « sur lequel le soleil ne se couche jamais » mais néanmoins, pour son malheur, très hétérogène.
Du camp du Drap d’Or à la paix des Dames
Bien entendu, l’élection impériale n’apaise en rien les tensions continuelles entre François Ier et Charles Quint. D’importants efforts diplomatiques sont déployés pour constituer ou consolider le réseau d’alliance de chacun.
Le camp du drap d’or, gravure de James Basire de 1774, d’après une peinture à l’huile du xvie siècle.
En juin 1520, François Ier organise la rencontre du camp du Drap d'Or avec Henri VIII mais échoue, vraisemblablement par excès de faste et manque de subtilité diplomatique, à concrétiser un traité d’alliance avec l’Angleterre14. De son côté, Charles Quint, neveu de la reine d’Angleterre, avec l’aide du cardinal Thomas Wolsey à qui il fait miroiter l’élévation au pontificat, obtient la signature d’un accord secret contre la France au traité de Bruges; comme aime à le souligner Henri VIII, « Qui je défends est maître ».
Toujours avec pour objectif de conquérir la Bourgogne, les armées de l’empereur mènent l’offensive au nord et au sud. En 1521, Franz von Sickingen et le comte Philippe Ier de Nassau obligent Bayard à s’enfermer dans Mézières assiégée qu’il défend sans capituler malgré les canonnades et les assauts35. Le sort des armes se montre moins favorable sur le front italien où les troupes du maréchal Odet de Foix sont décimées par l’armée commandée par François II Sforza et Prospero Colonna lors de la bataille de la Bicoque. Toute la province se soulève alors en réaction au gouvernement oppressif du maréchal : la France perd le Milanais en avril 1522.
L’année 1523 est également le théâtre d’une affaire initialement franco-française mais dont les conséquences dépassent les frontières du royaume. Le connétable Charles de Bourbon, en butte depuis son veuvage (1521) aux manœuvres de François Ier pour satisfaire les revendications de Louise de Savoie sur le Bourbonnais et la vicomté de Châtellerault36, et s'estimant mal récompensé par François Ier, s’accorde avec Charles Quint au service duquel il passe, pour devenir lieutenant général de ses armées.
Article détaillé : Sixième guerre d'Italie.
Charles III de Bourbon, gravure de Thomas de Leu.
[afficher]
Détails de l'image
Cette défection retarde la contre-offensive de François Ier sur Milan . En 1524, Guillaume Gouffier de Bonnivet prend la tête de l’armée qui doit reconquérir Milan mais trouve Charles de Bourbon sur son chemin, et doit se retirer sur la Sesia. Blessé, il confie son arrière-garde à Bayard, qui succombe lui-même le 30 avril 1524. La voie est ouverte aux armées impériales pour une invasion par la route de Lyon, offensive préconisée par Charles de Bourbon. Charles Quint préfère attaquer par la Provence et, en août et septembre 1524, fait mettre le siège devant Marseille, qu’il échoue à prendre. François Ier en profite pour reprendre l’initiative et conduit lui-même son armée au-delà des Alpes pour arriver le 28 octobre sous les murs de Pavie. La ville défendue par Antonio de Leiva, reçoit les renforts du vice-roi de Naples, Charles de Lannoy. Mal conseillé par Bonnivet et malgré l’avis de Louis de la Trémoille, François Ier engage la bataille dans la hâte. L’artillerie, mal placée, doit cesser le feu sous peine de tirer dans les rangs français. L’armée ne peut résister aux troupes impériales ; Bonnivet, La Palice et La Trémoille sont tués. La défaite de Pavie, le 24 février 1525, s'avère grave pour François Ier qui, blessé au visage et à la jambe, remet son épée à Charles de Lannoy et se voit retenu prisonnier dans la forteresse de Pizzighettone puis transféré à Gênes et à partir de juin 1525 dans différentes résidences espagnoles, Barcelone, Valence et enfin l'Alcázar de Madrid37. Il reste prisonnier jusqu’à la signatureNote 6, le 14 janvier 1526, du traité de Madrid. François Ier compte comme le 3e souverain français capturé sur un champ de bataille38.
Aux termes de ce traité, François Ier doit céder le duché de Bourgogne et le Charolais, renoncer à toute revendication sur l’Italie, les Flandres et l’Artois, réintégrer Charles de Bourbon au sein du royaume de France, restituer les terres de celui-ci, et épouser Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint. François est libéré en échange de ses deux fils aînés, le dauphin François de France et Henri de France (futur Henri II). François Ier, lors de sa captivité à Madrid, a fait le vœu d’un voyage de dévotion à Notre-Dame du Puy-en-Velay et à la basilique Saint-Sernin de Toulouse, s’il obtenait sa délivrance. En 1533, il honore sa promesse et se voit accueilli avec liesse dans de nombreuses villes de provinces39.
Charles Quint ne tire pas grand profit de ce traité, que François avait d’ailleurs jugé bon de déclarer inexécutable la veille de sa signature. Le 8 juin, les états de Bourgogne déclarent solennellement que la province entend rester française. De surcroît, Louise de Savoie n’étant pas restée inactive pendant sa régence, une ligue contre l’empire est scellée à Cognac, à laquelle participent la France, l’Angleterre, le pape et les principautés italiennes (Milan, Venise et Florence). Le 6 mai 1527, Charles de Bourbon est tué dans l'assaut qu'il donne à Rome. Ses troupes vengeront sa mort en mettant à sac la cité de Rome.
Une suite de défaites et de victoires des deux camps en Italie amène Charles Quint et François Ier à laisser Marguerite d’Autriche, tante de l’empereur, et Louise de Savoie, mère du roi, négocier un traité qui amende celui de Madrid : le 3 août 1529, à Cambrai, est signé la « paix des Dames », ratifiée ensuite par les deux souverains. François Ier épouse Éléonore, veuve du roi du Portugal, sœur de Charles, recouvre ses enfants moyennant une rançon de 2 000 000 écus et garde la Bourgogne ; en revanche, il renonce à l’Artois, à la Flandre et à ses vues sur l’Italie.
Article détaillé : Septième guerre d'Italie.
Nouvelles alliances : les princes protestants et l'Empire ottoman
Article détaillé : Alliance franco-ottomane.
François Ier (à gauche) et Soliman le Magnifique (à droite) scellant l'alliance franco-ottomane. Tous deux ont été peints par Titien séparément en 1530, le peintre qui ne les a pas rencontrés prenant probablement pour modèle leurs profils sur des médailles40.
En 1528, François Ier fait appel à Soliman le Magnifique afin de restituer aux chrétiens de Jérusalem une église que les Turcs avaient transformée en mosquée. Le pacha accepte cette demande au terme de cette alliance franco-ottomane et dans la suite des Capitulations de l'Empire ottoman.
En fait, François Ier n’abandonne pas ses prétentions et s’ouvre à de nouvelles alliances quelque peu surprenantes pour un roi très chrétien.
François Ier entend profiter des dissensions internes de l’Empire et signe, le 26 octobre 1531 à Saalfeld, un traité d’alliance avec la ligue de Schmalkalden. La France ne rejoint pas la ligue mais promet une aide financière.
À l’extérieur de l’Empire, François Ier s'allie aux Ottomans de Soliman le Magnifique pour combattre Charles Quint qui lui-même prend les Turcs à revers en s'entendant avec les Perses. Aucun traité d’alliance proprement dit n’est signé entre la France et les Ottomans, mais une coopération étroite permet aux deux puissances de combattre efficacement la flotte espagnole en Méditerranée au grand scandale de l’Europe chrétienne. François Ier use d’un intermédiaire pour discuter avec le sultan : il s’agit d’un des premiers cas connus de l’usage d'un diplomate pour négocier et non transmettre un simple message. Celui-ci, par précaution, demeure quand même emprisonné pendant un an à Constantinople41.
En 1536, la France devient la première puissance européenne à obtenir des privilèges commerciaux, dits capitulations, en Turquie. Ceux-ci autorisent les navires français à naviguer librement dans les eaux ottomanes sous le pavillon fleurdelisé et chaque navire appartenant aux autres pays a l’obligation de battre pavillon français et demander la protection des consuls français pour commercer. Outre cela, la France obtint le droit de posséder une chapelle d’ambassade42 à Constantinople dans le quartier Galata. Ces privilèges assurent également une certaine protection de la France sur les populations catholiques de l’Empire ottoman.
Les deux derniers conflits
François Ier et Charles Quint se réconcilient sous l’impulsion du pape Paul III. Peinture de Sebastiano Ricci, 1687, huile sur toile, 108 × 94 cm, Plaisance, musée municipal.
L’empereur et le pape finissent par aplanir leur différend : en 1530, à Bologne, Charles Quint reçoit la couronne impériale des mains de Clément VII. Le 7 août, François Ier épouse la sœur de Charles Quint, Éléonore de Habsbourg, veuve du roi Manuel Ier de Portugal.
En 1535, à la mort du duc de Milan François II Sforza, François Ier revendique l’héritage du duché. Au début de 1536, 40 000 soldats français envahissent le duché de Savoie et s’arrêtent à la frontière lombarde, dans l’attente d’une éventuelle solution négociée. En juin, Charles Quint riposte et envahit la Provence mais se heurte à la défense du connétable Anne de Montmorency. Grâce à l’intercession du pape Paul III, élu en 1534 et partisan d’une réconciliation entre les deux souverains, le roi et l’empereur signent le 18 juin 1537 la paix de Nice et se réconcilient lors de l'entrevue d'Aigues-Mortes le 15 juillet 1538, promettant de s’unir face au danger protestant. En signe de bonne volonté, François Ier autorise même le libre passage à travers la France afin que Charles Quint puisse aller mater une insurrection à Gand.
Charles Quint ayant refusé, malgré ses engagements, l’investiture du duché de Milan à un des fils du roi, une nouvelle guerre éclate en 1542. Le 11 avril 1544, François de Bourbon-Condé, comte d’Enghien, à la tête des troupes françaises, défait le marquis Alfonso de Avalos, lieutenant général des armées de Charles Quint à la bataille de Cérisoles. Cependant, les troupes impériales, avec plus de 40 000 hommes et 62 pièces d’artillerie, ont traversé la Lorraine, les Trois-Évêchés et franchi la frontière. Mi-juillet, une partie des troupes assiège la place forte de Saint-Dizier, tandis que le gros de l’armée poursuit sa marche vers Paris. De graves problèmes financiers empêchent l’empereur de solder ses troupes, où se multiplient les désertions. De son côté, François Ier doit également faire face au manque de ressources financières ainsi qu’à la pression des Anglais qui assiègent et prennent Boulogne-sur-Mer. Les deux souverains, s'en remettant aux bons office du jeune duc François Ier de Lorraine, filleul du roi de France et neveu par alliance de l'empereur, finissent par consentir à une paix définitive en 1544. Le traité de Crépy-en-Laonnois reprend l’essentiel de la trêve signée en 1538. La France perd sa suzeraineté sur la Flandre et l’Artois et renonce à ses prétentions sur le Milanais et sur Naples, mais conserve temporairement la Savoie et le Piémont. Charles Quint abandonne la Bourgogne et ses dépendances et donne une de ses filles en mariage, dotée du Milanais en apanage, à Charles, duc d’Orléans et deuxième fils du roi.
Les relations personnelles avec Charles Quint
François Ier, Charles Quint et le cardinal Farnèse à Paris en 1540, fresque de Taddeo Zuccaro, achevée en 1565-1566, représentés sur une fresque du château de Caprarola.
Bien que François Ier et Charles Quint ne s’apprécient guère, ils se témoignent en public tout le respect qui s’impose lors de visites officielles. Ainsi, François Ier reçoit plusieurs fois Charles Quint, notamment au Louvre, juste avant que les travaux du nouveau Louvre ne commencent. En janvier 1540, Charles Quint demandant à François Ier de le laisser traverser la France pour mater une révolte en Flandres, est reçu par le roi et, accompagné de celui-ci, fait une entrée à Paris, après être passé par Bordeaux, Poitiers, et Orléans. Il visite ainsi Fontainebleau, où François Ier lui fait découvrir la nouvelle galerie récemment achevée. La communication politique et la diplomatie s'érigent en outil de parade dans le but d'impressionner l’adversaire.
Les deux chefs d’État cherchent aussi à créer des liens familiaux pour donner un sentiment de paix et d’entente. François Ier offre sa fille Louise (qui meurt en bas âge) en mariage à Charles Quint, et ce dernier est à l’origine du mariage de sa sœur Éléonore avec François Ier en 1530.
L'Amérique du Nord
Lorsque François Ier accède au pouvoir, la France ne s’intéresse guère aux grandes découvertes et limite ses périples maritimes aux actions de contrebande et aux actes de piraterie sur la côte africaine. Pourtant, la France possède tous les atouts d’une grande puissance coloniale et navale : elle est dotée d’une longue façade maritime, de nombreux ports et de marins de qualité. Néanmoins, les prédécesseurs de François Ier avaient privilégié les conquêtes méditerranéennes.
Jacques Cartier.
lithographie du xixe siècle.
C’est donc sous le règne de celui-ci que naît le premier engouement français pour les Amériques. Le roi de France s'attache à desserrer le contrôle du Nouveau Monde mis en place par les royaumes ibériques avec l'appui de la papauté (bulle pontificale de 1493 Inter Cætera modifiée par le traité de Tordesillas de 1494) en limitant la portée de la bulle aux territoires déjà découverts à cette date, limitation qu'il n'obtient que sous la forme d'une déclaration de Clément VII en 1533. François Ier peut donc pousser ses envoyés vers les territoires demeurant encore hors tutelle ibérique43. Les protestations espagnoles nées de cette politique sont à l'origine de la répartie du roi de France : « Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde »44.
Giovanni da Verrazzano.
estampe du xviie ou xviiie siècle.
Ainsi, les navires de l'armateur dieppois Jean Ango reconnaissent les côtes de Terre-Neuve, descendent en Guinée puis au Brésil, et contournent le Cap jusqu’à Sumatra. En 1522, l’un de ses capitaines, Jean Fleury, intercepte deux caravelles espagnoles venant de la Nouvelle-Espagne et transportant les trésors offerts par Cortès à Charles Quint. Cette découverte fait prendre conscience à la cour de France de l’importance du Nouveau Monde et des richesses qu’il peut contenir. En 1523, François Ier commence à encourager les explorations en Amérique du Nord. Il prend sous son égide le Florentin Giovanni da Verrazano et met à sa dispositions le vaisseau royal La Dauphine, laissant à Jean Ango et aux capitaux florentins le soin de financer l’expédition. Verrazano atteint l’Amérique du Nord et la Floride (qu'il baptise du nom de Franciscane), cartographie Terre-Neuve, puis fonde la Nouvelle-Angoulême (la future Nouvelle-Amsterdam, rebaptisée New York en 1664), en hommage à la famille du roi de France, avant de poursuivre vers le Brésil et les Antilles. Son objectif consiste à trouver un passage vers le nord-ouest menant directement aux Indes. Ses conclusions s'avèrent éloquentes : « C’est une terre inconnue des anciens, […] plus grande que l’Europe, l’Afrique et presque que l’Asie ». En 1534, Jean Le Veneur, évêque de Lisieux et grand aumônier du roi, conseille à François Ier d’envoyer le Malouin Jacques Cartier en expédition pour découvrir « certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver grande quantité d’or et autres riches choses ». C’est la naissance de la Nouvelle-France et du Canada en tant que colonie française.
Parti de Saint-Malo le 20 avril 1534, Cartier traverse l’Atlantique en seulement trois semaines. Le 24 juillet, il prend possession de la côte de Gaspé, puis revient à Saint-Malo le 5 septembre. Soutenu par François Ier, il repart le 15 mai 1535 à la tête de trois navires. Il découvre l’embouchure du Saint-Laurent, remonte le fleuve et fonde le poste de Sainte-Croix (future Québec), puis atteint un village sur une colline, Hochelaga, qu’il rebaptise en Mont-Royal (future Montréal). En août 1535 Cartier fut la toute première personne de l'histoire à écrire dans son journal le mot "Canada" qui correspondait alors à un pays amérindien situé un peu au nord de l'actuelle ville de Québec et qui lui avait été indiqué par ses guides Domagaya et Taignoaguy. Cartier y annonçait également son départ vers le "chemyn de Canada". Et le 7 septembre il atteint selon ses dires "le commancement de la terre et prouvynce de Canada". Il y rencontre Donnacona, seigneur de l'endroit. Remontés à Sainte-Croix, les Français y restent bloqués par les glaces entre novembre 1535 et avril 1536. Cartier repart, pour la France, considérablement affaibli et arrive à Saint-Malo le 16 juillet 1536. La guerre avec Charles Quint ne facilite pas la mise en place d’une nouvelle expédition. À l'automne 1538 François Ier prend néanmoins connaissance du "Mémoire des hommes et provisions nécessaires pour les Vaisseaux que le Roy voulait envoyer en Canada". Pour gouverner cette province d’outre-mer, François Ier choisit le Languedocien Jean-François de La Rocque de Roberval, militaire expert en fortification. Jacques Cartier quitte Saint-Malo le 23 mai 1541 à la tête de cinq navires chargés de vivres pour deux ans et transportant plusieurs centaines d’hommes. Ceux-ci sont "de bonne volonté et de toutes qualitez, artz et industrie". Sa mission est de se rendre aux pays de "Canada et Ochelaga et jusques en la terre de Saguenay, s'il peult y aborder". Il fonde une colonie qu’il nomme Charles-Bourg à une quinzaine de kilomètres de l'île de Sainte-Croix. Après des complications avec les populations amérindiennes et un hivernage difficile, Cartier décide de regagner la France. Le 8 juin, il croise, à Terre-Neuve, Roberval qui arrive seul à la colonie en juillet. En octobre 1543, il est de retour en France.
Sous l'influence des écrits de Cartier, c'est durant le règne de François Ier que les cartes géographiques illustrant l'Amérique du Nord commencent à afficher en toute lettre "Canada" sur le territoire de la vallée du Saint-Laurent: 1541 (Nicolas Desliens, Dieppe), 1542 (carte Harleyenne) et 1543 (anonyme).
Cette tentative française en Amérique du Nord se solde donc par un échec, mais la prise de possession de territoires nord-américains remet en cause le monopole colonial espagnol et ouvre des perspectives pour l’avenir, notamment pour Samuel de Champlain au début du xviie siècle.
Politique intérieure
Le jeune prince Henri forme à la cour de son père un parti d’opposition contre la maîtresse en titre, Anne de Pisseleu.
Tableau de Corneille de Lyon, vers 1536, 16 × 14 cm, Galleria Estense, Modène.
Alors que le roi érige en France de nombreux châteaux, il déséquilibre sérieusement le budget du royaume. À la fin de son règne, Louis XII s’inquiétait déjà d’un François très dispendieux. Le beau-père du roi avait laissé une France en bonne santé économique avec une monarchie au pouvoir renforcée sur le pouvoir des féodaux. François Ier continue de consolider l’emprise de la couronne sur le pays mais, en même temps, détériore la situation économique du royaume.
Lorsque François Ier accède au trône de France, son royaume compte environ 18 millions d’habitants45, ce qui constitue le pays unifié le plus peuplé d’Europe. 85 % de la population française est paysanne, mais la productivité de l’agriculture, basée essentiellement sur la polyculture et les céréales, demeure faible (5 quintaux par hectare), et la pénurie, fréquente. En revanche, l’horticulture progresse avec notamment la culture des carottes, betteraves, artichauts, melons, choux-fleurs et mûriers. Quant aux villes, leur croissance suit le développement de l’artisanat.
Le gouvernement de François Ier
Le règne de François Ier voit un renforcement de l’autorité royale jetant les bases de l’absolutisme tel que pratiqué plus tard par Louis XIV46. Le défenseur le plus ardent de la suprématie royale s'avère le jurisconsulte Charles du Moulin47. Pour lui, le roi seul, et aucun autre seigneur ou officier, bénéficie de l'imperium.
La cour (estimée entre 5 000 et 15 000 personnes48) toujours itinérante forme le véritable cœur du pouvoir. Bien qu’entouré de conseils — le Grand Conseil, le Conseil des parties ou Conseil privé et le Conseil étroit, ce dernier chargé des décisions importantes de l’État —, le roi, apparaît de plus en plus comme la source unique de l’autorité, arbitrant en dernier ressort les initiatives de l’administration judiciaire et financière, choisissant et disgraciant ses favoris, ses ministres et ses conseillers.
Au début de son règne, François Ier maintient en faveur plusieurs serviteurs de son prédécesseur : La Palisse et Odet de Foix, seigneur de Lautrec, font passer à quatre le nombre de maréchaux. La Trémoille prend de hautes responsabilités militaires. Il confirme également Florimond Robertet comme étant le « père des secrétaires d’État ». La Palisse cède l’office de grand maître à Artus Gouffier de Boissy, ancien gouverneur du roi. Guillaume Gouffier de Bonnivet devient amiral de France en 1517 ; Le cardinal Antoine Duprat, magistrat d’origine bourgeoise, chancelier de France ; enfin, Charles III de Bourbon reçoit l’épée de connétable. La mère du roi, Louise de Savoie exerce une influence non négligeable sur les affaires du pays. Élevée au rang de duchesse, elle fait partie du conseil privé du roi et se voit nommée par deux fois régente du royaume. Jusqu’en 1541, Anne de Montmorency, nommé premier gentilhomme de la chambre du roi, connaît la faveur royale et une carrière politique éclatante. François Ier compte aussi sur ses conseillers l'amiral de France Claude d'Annebaut et le cardinal de Tournon pour l’exécution des décisions financières.
La religion
François Ier et sa sœur, Marguerite de Navarre, peinture de Richard Parkes Bonington, 1827, 46 × 34 cm, Londres, Wallace Collection.
François Ier est considéré comme un roi très chrétien et bon catholique49. Bien qu’il ne soit peut-être pas aussi pieux que sa sœur Marguerite, il prie chaque matin dans sa chambre, se rend bien sûr à la messe après le Conseil des affaires et communie régulièrement sous les deux espèces. François Ier prend également part aux pèlerinages : dès son retour d’Italie en 1516, il se rend à la Sainte-Baume en Provence sur le tombeau de Marie-Madeleine. Plus tard, il part à pied avec ses courtisans rendre hommage au Saint-Suaire à Chambéry.
Après plusieurs décennies de crise entre la papauté et le royaume de France, François Ier signe avec le pape Léon X le concordat de Bologne (1516).
Alors que les idées de la Réforme commencent à se répandre en France, François Ier garde initialement une attitude plutôt tolérante, sous l’influence de sa sœur Marguerite de Navarre, portée sur l’évangélisme, sans rupture avec l’Église catholique. Le roi protège les membres du groupe de Meaux, persécutés durant son absence par les théologiens de la Sorbonne et, sur les conseils de sa sœur, nomme même précepteur de son fils Charles, Lefèvre d’Étaples, auparavant exilé à cause de ces persécutions.
En revanche, dès 1528, l’Église de France entreprend des actions contre le développement de la nouvelle religion et propose aux réformés le choix entre l’abjuration et le châtiment. L’influence de Marguerite de Navarre se trouve contrariée par celle de deux puissants conseillers proches du roi : les cardinaux Antoine Duprat et François de Tournon.
Devant les actes de vandalisme perpétrés contre les objets du culte romain, François Ier se montre implacable et favorise la poursuite en justice des réformésNote 7. Face aux actes iconoclastes, le roi participe personnellement aux cérémonies destinées à effacer ce qui est considéré pour l’époque comme un crime. Survient en octobre 1534 l’affaire des Placards, dans laquelle François Ier estime l’autorité royale bafouée et qui accélère en réaction le processus de persécution des protestants et l’amorce des guerres de Religion en France.
L’épisode le plus douloureux de cette répression, qui ternit la fin de règne de François Ier, s'avère le massacre des Vaudois du Luberon, ralliés aux thèses de Calvin, des villages de Cabrières, Mérindol et Lourmarin, villages situées sur les terres de l’Église. Après publication d’un édit du Parlement d’Aix en 1540, resté lettre morte, François Ier décide de réprimer dans le sang les désordres de cette communauté. Grâce aux galères de Paulin de La Garde qui amènent des troupes du Piémont, Jean Maynier, président du Parlement d’Aix, et Joseph d’Agoult, baron d’Ollières, exécutent les ordres royaux avec un tel enthousiasme que même Charles Quint en exprime son émotion.
Le durcissement de la politique de François Ier à l’égard de la religion réformée ressort aussi, vraisemblablement, en liaison avec les accords secrets passés avec Charles Quint à l’occasion de la signature du traité de Crépy-en-Laonnois, accords qui obligent le roi de France à participer activement à l’éradication de la menace protestante en Europe et donc en France. Nonobstant ces accords, François Ier persiste dans sa politique de soutien aux princes protestants d’Allemagne.
Le français comme langue administrative et juridique officielle
Article détaillé : ordonnance de Villers-Cotterêts.
Extrait de l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts.
Dans son château de Villers-Cotterêts dans l'Aisne, en 1539, François signe l'ordonnance royale, élaborée par le chancelier Guillaume Poyet, qui fait du français la langue officielle exclusive de l'administration et du droit, en lieu et place du latin. Le même document impose aux prêtres d’enregistrer les naissances et de tenir à jour un registre des baptêmes. C’est le début officiel de l’état civil en France et les premiers enregistrements avec filiation du monde.
La politique financière
Les constructions se révèlent constituer un gouffre financier alors que l’effort de guerre contre Charles Quint mobilise des sommes énormes.
Pour faire face à la situation, le roi augmente les taxes : la taille, payée par les paysans, est plus que doublée, et la gabelle, payée sur le sel, est tripléeNote 8. François Ier généralise la douane et la traite foraine, augmentant ainsi la part dans les ressources du Trésor des taxes générées par les importations et les exportations de marchandises. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, en particulier pour les décisions à caractère fiscal, François Ier ne convoque pas les états généraux durant son règne.
Il met en place trois mesures douanières protectionnistes. Il impose des droits de douane sur les importations de soie dans le but de protéger l'industrie de la soie de Lyon. Les deux autres mesures visent l'imposition de denrées alimentaires à l'exportation, motivé par la crainte d'une pénurie dans le royaume.
L'accroissement des différentes traites rend inopérant le système de recouvrement en usage jusqu'alors. François Ier pallie cette insuffisance administrative par l'extension à la gabelle du système de perception par la ferme. De même, le roi entend améliorer l'efficacité de l'emploi des fonds levés et l'adéquation des prélèvements avec la création en 1523 du Trésor de l'Épargne, caisse unique où doivent être apportées toutes les finances et réalisées toutes les dépenses générales de l'État. Cette nouvelle institution centralise l'activité des dix recettes générales préexistantes, qui opéraient de façon indépendante et sans coordination, laissant se développer erreurs et doubles emploisNote 9.
Chambre des comptes du roi sous François Ier.
François Ier use aussi de nouveaux moyens pour lever des fonds. Il se sépare de pierres précieuses appartenant à la couronne et aliène des territoires royaux qui lui apportent les fonds nécessaires au financement de sa politique.
Enfin, le roi innove avec la vénalité des charges et offices. Ainsi, de nombreux bourgeois et nobles de grandes familles accèdent aux plus hautes charges de l’État par leur seule fortune. Les postes les plus prisés sont les notaires et secrétaires de la Chancellerie de Paris, qui rédigent et authentifient les lois. Bien qu’il n’abuse pas de ce dernier moyen, c’est certainement le début d’un phénomène destiné à s’amplifier et donc à affaiblir plus tard l’administration du pays malgré un pouvoir de plus en plus centralisé.
Par l’édit de Châteauregnard (21 mai 1539), François Ier crée également la première loterie d’État, sur le modèles des blancques existant déjà dans plusieurs villes italiennes.
Enfin, comme lors de l’affaire du connétable Charles de Bourbon, François Ier ne recule pas devant les procédés douteux pour résoudre les problèmes financiers de la couronne. L’exemple le plus frappant en est le procès intenté à Jacques de Beaune, baron de Semblançay, principal intendant des finances depuis 1518 et accusé lors d’un procès intenté par le roi en 1524, de détournement des fonds destinés à la campagne d’Italie. Bien qu’ayant réussi à se justifier lors de ce procès, il est arrêté en 1527, accusé de concussion, condamné à mort et exécuté au gibet de Montfaucon. Lors de sa réhabilitation, il apparaît qu’il avait surtout eu le tort d’être un créancier important de François Ier ; d'autres personnages, créanciers moins importants comme Imbert de Batarnay, n'avaient pas été inquiétés.
Fiefs réunis à la couronne
Le domaine royal sous François Ier, ses acquisitions et les demeures royales.
La majeure partie des acquisitions du domaine royal se limite aux fiefs de la famille de François Ier et de son épouse réunis à la couronne lors de son sacre, tel le comté d’Angoulême, érigé en duché et offert à Louise de Savoie, qui retourne à la couronne à sa mort en 1531. En 1523, le domaine du roi s’étend au duché de Bourbonnais, au comté d’Auvergne, de Clermont, de Forez, de Beaujolais, de la Marche, de Mercœur et du Montpensier (la plupart de ces terres étant confisquées au connétable de Bourbon en 1530 après sa trahison36). En 1525, la couronne acquiert le duché d’Alençon, les comtés du Perche, d’Armagnac, du Rouergue et, en 1531, le Dauphiné d’Auvergne.
La Bretagne se trouvait déjà en cours de rattachement au domaine royal 1491, la duchesse de Bretagne Anne ayant épousé Charles VIII puis Louis XII, cependant la mort de Louis XII le 1er janvier 1515 mettait fin à l'union personnelle qui n'était pas une Union réelle. il dépouille et spolie la légitime héritière, Renée de France, mineure âgée de 4 ans. Le duché entre alors dans une ère assez prospère, dont la paix n’est perturbée que par quelques expéditions anglaises, telle celle de Morlaix en 1522.
Article détaillé : Bataille de Morlaix (1522).
François Ier en devient l'usufruitier en épousant la fille d’Anne de Bretagne, Claude de France, duchesse de Bretagne, qui décède en 1524. François 1er n'étant pas propriétaire du Duché car Louis XII avait réservé les droits de Renée de France, fille d'Anne de Bretagne, en 1514, il y envoie Antoine Duprat qui devient chancelier de Bretagne en 1518 , en plus du titre de Chancelier de France. En 1532, année de la majorité du duc-dauphin, François Ier réunit les états de Bretagne à Vannes, début août, en demandant une union perpétuelle moyennant le respect de leurs droits et privilèges fiscaux. Menacés, d'usage de la force, par le lieutenant du Roi Montejean et malgré l'opposition et protestation officielle des députés Nantais julien Le Bosec et Jean Moteil, les états de Bretagne n'abandonnent que la souveraineté mais pas la libre administration du Duché par les états, Assemblée nationale des Bretons. Le 13 août, il signe l’édit d’union du duché à la couronne de France. La Bretagne, jusque-là principauté du Royaume, donc disposant d'une très large autonomie, devient propriété de la couronne, et symbolise la réussite de François Ier dans son agrandissement territorial du domaine royal. Le 14 août, à Rennes, il fait couronner son fils qui devient François III de Bretagne.
Claude de France, lors de son mariage, apporte également en dot le comté de Blois, le Soissonnais, les seigneuries de Coucy, Asti et le comté de Montfort.
À part les conquêtes du Milanais au début du règne de François Ier et l’acquisition temporaire de la Savoie et du Piémont, le règne de François Ier se révèle pauvre en conquêtes étrangères, en particulier après l'échec de ses revendications sur le royaume de Naples.
Mort du Roi
Tombeau de François Ier et de Claude de France.
Urne contenant le cœur de François Ier à la basilique de Saint-Denis, France.
À la fin des années 1530, François Ier s'est considérablement épaissi, et une fistule entre l'anus et les testicules, cet « abcès au génitoire » le contraint à abandonner le cheval au profit d'une litière pour effectuer ses déplacements. Au cours des années suivantes, la maladie empire et la fièvre devient pratiquement continue50.
François Ier meurt le 31 mars 1547 au château de Rambouillet. Selon le diagnostic paléopathologique établi d'après le compte-rendu de son autopsie, la cause de sa mort est une septicémie (évolution de sa fistule vésico-périnéale) associée à une insuffisance rénale grave due à une néphrite ascendante51. Lors de son agonie il aurait fait venir son fils pour lui livrer son testament politique et aurait été capable de gouverner jusqu'à son dernier souffle52. Après des cérémonies de funérailles à Saint-Cloud, il est enterré le 23 mai, en même temps que les restes de ses fils Charles II d'Orléans et François III de Bretagne, au côté de sa première épouse Claude de France à la basilique Saint-Denis. Son deuxième fils Henri II lui succède.
Anne de Pisseleu, sa maîtresse, se voit contrainte de quitter la cour.
Un cardiotaphe53 réalisé sous forme d'une urne sur un haut socle, sculptée entre 1551 et 1556 par Pierre Bontemps — placé à l'origine dans l'abbaye des Hautes-Bruyères (Yvelines, détruite) — est aujourd’hui conservé à Saint-Denis, non loin du monument au corps où le roi repose aux côtés de Claude de France, monument funéraire commandé par Henri II. Le mausolée, qui évoque un arc de triomphe, est conçu par l'architecte Philibert Delorme, et l'ensemble sculptéNote 10 entre 1548 et 1559, l'œuvre de François Carmoy, puis de François Marchand et Pierre Bontemps54.
La tombe de François Ier est profanée pendant la Révolution, le 20 octobre 1793, en même temps que celles de sa mère et de sa première épouse, leurs corps jetés dans une fosse commune. Alexandre Lenoir sauve en grande partie le monument restauré et conservé dans une rotonde du Musée des monuments français en 1795 avant d'être restitué à la basilique royale sous la Seconde Restauration le 21 mai 181955.
Portrait de François Ier
Physionomie de François Ier
L’image la plus courante de François Ier, visible dans ses nombreux portraits tels celui de Jean Clouet de 1530, présente un visage calme avec un nez proéminent tout en longueur. Un autre portrait de profil réalisé par Titien confirme cette silhouette, avec une petite bouche lançant un sourire malicieux et des yeux en amandes. D'après un soldat gallois, présent au camp du Drap d’Or en 1520, François Ier est grand et :
« …Sa tête est bien proportionnée, malgré une nuque fort épaisse. Il a des cheveux châtain, bien peignés, une barbe de trois mois d’une couleur plus foncée, un nez long, des yeux noisette injectés de sang, le teint laiteux. Ses fesses et cuisses sont musclées, mais, au-dessous des genoux, ses jambes sont maigres et arquées, ses pieds longs et complètement plats. Il a une voix agréable mais il a la manie « peu royale » de rouler ses yeux continuellement vers le ciel… »
Les chroniqueurs médiévaux évoquent un changement de physionomie suite à un pas d'armes à Romorantin, le 6 janvier 1521. Alors que le roi simule l'attaque de l'hôtel du comte de Saint-Paul, un des assiégés (identifié selon la tradition à Jacques de Montgomery), dans l'exaltation du jeu, lance sur les assiégeurs un tison brûlant. Ce projectile aurait blessé le roi à la tête, ce qui aurait contraint son médecin à couper ses cheveux pour soigner la plaie. François Ier décide alors de porter la barbe, qui masque la blessure, et de garder les cheveux courts. La longue barbe serait donc revenue à la mode à la cour pendant plus d'un siècle56.
L'armure d'apparat de François Ier, fabriquée sur mesure, et actuellement exposée au musée de l'Armée à Paris, permet d'évaluer quelle était la taille du souverain : il mesurait entre 1,95 m et 2 mètres57 (sa taille exacte serait de 1,98 m58) ce qui s'avérait tout à fait inhabituel pour l’époque. Les étriers (en or) ainsi que les armes richement décorées de François Ier, en revanche exposées au musée national de la Renaissance d'Écouen, témoignent également de la robustesse du Roi.
Armure aux lions de François Ier (musée de l'Armée).
François Ier : yeux en amande, long nez, moue souriante (anonyme, vers 1515, Chantilly, musée Condé).
François Ier portant le grand manteau de l'ordre de Saint-Michel, dans une représentation idéalisée du Roi réalisée après sa mort. Vitrail, 1555, musée national de la Renaissance, Écouen.
Psychologie de François Ier
D’après les différents portraits de ses contemporains, par son éducation rigoureuse et par sa correspondance avec sa famille, on sait d’ores et déjà que François Ier se montre assez intelligent, curieux et largement ouvert d’esprit, s’intéressant à tout sans ressortir pour autant érudit, prêt à discuter de toutes sortes de sujets avec une assurance souvent mal fondée, et très courageux, se rendant lui-même sur le champ de bataille et combattant avec bravoureNote 11. Il fait toutefois preuve d’un égoïsme caractéristique d’un enfant gâté, d’un manque d’implication et d’un tempérament impulsif qui lui valent certains déboires dans l’art militaire. Tout en sachant l’autorité qu’il doit à Dieu et l’image qu’il représente, François Ier marque un certain rejet pour un protocole souvent trop rigoureux et prend quelques libertés, ce qui permet à la Cour de France de se vivre comme un lieu assez détendu. Il impose parfois des conventions mais peut passer outre l’étiquette59.
La légèreté de François Ier dans sa vie curiale ne doit pas occulter un véritable sens de ses responsabilités royales. Marino Cavalli, ambassadeur de Venise de 1544 à 154660, insiste, dans un rapport au sénat, sur la volonté du roi français : « Pour ce qui est des grandes affaires de l’État, de la paix et de la guerre, Sa Majesté, docile en tout le reste, veut que les autres obéissent à sa volonté ; dans ces cas-là, il n’est personne à la Cour, quelque autorité qu’il possède, qui ose en remontrer à Sa Majesté »Note 12.
Dans la victoire comme lors des revers militaires, François Ier se distingue par un courage vif mais mal maîtrisé ; médiocre stratège, il tire mal parti des innovations techniques de son temps. L’exemple de la bataille de Pavie se montre édifiant : François Ier place dans la hâte son artillerie, pourtant l’une des meilleures d’Europe, derrière sa cavalerie, et lui ôte ainsi une grande part de son efficacité.
Françoise de Foix.
Durant son règne, François Ier ne cache pas son goût pour les plaisirs courtois et l’infidélité. Selon Brantôme, son goût pour les femmes lui vaut d'être atteint de syphilis contractée dès 1524 avec une de ses maîtresses, la femme de l’avocat parisien Jean Ferron, surnommée « la Belle Ferronière »61. On prête au roi cette phrase : « Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs », montrant à quel point le roi compte sur la présence féminine à la cour de France, imitant ainsi les cours italiennes dans lesquelles le féminin atteste d'un symbole de grâce. Parmi ses maîtresses, on peut citer Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant, supplantée par Anne de PisseleuNote 13, duchesse d’Étampes et demoiselle d’honneur de Louise de Savoie au retour de François Ier après sa captivité espagnole. On peut aussi citer la comtesse de Thoury et même une dame inconnue, dont le roi aura un fils, Nicolas d’Estouteville.
Certaines de ces femmes ne jouent pas seulement le rôle de maîtresse du roi. Quelques-unes d’entre elles exercent également une influence politique, telle Anne de Pisseleu ou encore la comtesse de Thoury, à l’origine de la construction du château de Chambord.
Titulature complète
Roi de France (1515-1547)
Comte d’Angoulême (1496-1515)
Duc de Valois (1498-1515)
Duc de Romorantin (1498-1515)
Duc de Milan, Seigneur de Parme et de Plaisance (1515-1521, 1524-1525, 1527-1529)
Comte de Civray-en-Poitou (1498-1515)
Baron de Fère-en-Tardenois (1507-1515)
Ascendance
[afficher]
Ascendance de François Ier de France
Mariages
Éléonore de Habsbourg par Joos van Cleve, vers 1530, 35,5 × 29,5 cm, Vienne (Autriche), Kunsthistorisches Museum.
Le 18 mai 1514, il épouse Claude de France (1499-1524), fille du roi Louis XII et d’Anne de Bretagne. Elle apporte en dot le duché de Bretagne, les comtés de Blois, Coucy, Ast et Monfort ainsi que les droits à la succession du duché de Milan et une cassette de 100 000 écus d’or62. Elle est sacrée reine de France à Saint-Denis le 10 mai 1517.
Le 7 août 1530, il épouse en secondes noces au Frêche63 Éléonore de Habsbourg (1498-1558), sœur de Charles Quint, veuve du roi Manuel Ier de Portugal et fille de Philippe Ier de Habsbourg et de la reine Jeanne Ire de Castille. Sacrée à Saint-Denis en 1531, elle ne donne pas d’enfants à François Ier.
Descendance
Claude de France, première épouse de François Ier, donne naissance à sept enfants dont deux meurent en bas âge :
Louise (1515-1518), promise en mariage à Charles Quint (1500-1558) ;
Charlotte (1516-1524) ;
François (28 février 1518 - 10 août 1536), premier dauphin dit « de Viennois », duc de Bretagne ;
Henri (31 mars 1519 - 10 juillet 1559), second dauphin, il succède à son père sous le nom de Henri II ;
Madeleine (10 août 1520 - 2 juillet 1537), elle épouse Jacques V, roi d’Écosse (1512-1542) ;
Charles (22 janvier 1522 - 9 septembre 1545), duc d'Angoulême puis duc d'Orléans ;
Marguerite (5 juin 1523 - 14 septembre 1574), elle épouse en 1559 Emmanuel-Philibert (1528-1580), duc de Savoie.
Certains évoquent un huitième enfant, Philippe, né en 1524 et mort en 1525, ce qui laisse penser que Claude de France serait morte en couches[réf. nécessaire].
Descendance illégitime
De Jacquette de Lanssac, il a :
Louis de Saint-Gelais (1513-1589), épouse en premières noces Jeanne de la Roche-Landry († 1563) puis en 2e noces le 8 octobre 1565 Gabrielle de Rochechouart ; sa postérité s'éteint avec les mâles à la troisième génération en 1636.
François Ier a également d’une dame inconnue un fils qui n'est pas légitimé par la suite : Nicolas d’Estouteville, seigneur de Villecouvin64[réf. nécessaire].
Généalogie simplifiée
[afficher]
Généalogie simplifiée
Emblème
Article détaillé : Salamandre (créature fantastique).
La salamandre, emblème de François Ier et son chiffre au château de Chambord.
Plusieurs sources diffèrent quant à l’origine de la salamandre comme symbole de François Ier65 : une tradition voudrait que François ait reçu cet emblème de son précepteur, Artus de Boisy, qui avait observé dans son élève, « un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus, qu’il fallait tantôt aviver, tantôt amortir ». Mais c’est oublier qu’on trouve déjà une salamandre dans l’emblème du comte Jean d’Angoulême, frère cadet de Charles d’Orléans et grand-père de François Ier, et qu’un manuscrit exécuté pour Louise de Savoie en 1504, porte lui aussi une salamandre66. La thèse selon laquelle l’animal fut apporté à François Ier par Léonard de Vinci est une version romancée. Toujours est-il que François Ier, devenu roi, garda cet emblème hérité de la salamandre souvent surmontée d'une couronne ouverte ou fermée, selon les hésitations de l'époque dans la représentation du premier insigne du pouvoir67.
La salamandre symbolise généralement le pouvoir sur le feu, donc sur les hommes et sur le monde. La devise Nutrisco & extinguo (« Je m’en nourris et je l’éteins »), qui accompagne parfois cet emblème, prend tout son sens lorsqu’on se réfère au pouvoir sur le feu. Cette salamandre couronnée à l'impériale se retrouve sur énormément de plafonds et de murs du château de Chambord et de celui de Fontainebleau, et sur les armes de la ville du Havre et sur celles de Vitry-le-François, ainsi que sur le logo du département de Loir-et-Cher. Le nœud à double boucle (cordelière en huit) symbolise la concorde. Cet animal un peu magique est censé éteindre les mauvais feux et attiser les bons.
Blasons
Le blason de François, comte d’Angoulême.
Le blason de François Ier, roi de France. François retire les caractéristiques de la famille de Valois-Angoulême en haut du blason, lors de son couronnement.
Toponymie
La côte de Floride, reconnue lors de l’expédition de 1523 de Giovanni da Verrazano est initialement baptisée Franciscane par Jean Ango.
La ville de Vitry-le-François conserve le souvenir de François Ier qui la fit rebâtir, d’où son nom68.
Franciscopolis est le premier nom donné à l’actuelle ville du Havre, dont François Ier décida la construction.
Il existe de nombreux lycées François-Ier ainsi que collèges du même nom en France.
Il y a, à Cognac, sa ville natale, une place François Ier avec une statue équestre à son effigie (il s'agit de la place centrale de la ville), ainsi qu'une rue François Ier qui borde le château Otard, château où il est né en 1494. Le grand parc au nord de Cognac porte également son nom.
Citations
« Souvent femme varie. / Bien fol est qui s’y fie ».
« Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde. »
« Je peux faire un noble, je ne peux faire un grand artiste. »
« Tout est perdu, fors l’honneur. »Note 14
« Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs »Note 15.
« Votre Majesté » : il reprend cette formule jusque-là utilisée pour les empereurs, formule utilisée par ses successeurs.
« Parce que tel est notre bon plaisir. » apposée au bas des ordonnancesNote 16
« Car tel est notreNote 17 plaisir » : il termine ses lettres patentes, édits et ordonnances royales par ces mots. Cette expression lui est attribuée à tortNote 18 car elle est utilisée par ses prédécesseurs69.
Notes et références
Notes
↑ D’après Antoine Roullet (chargé de travaux dirigés à l’université de Paris-IV-Sorbonne) dans Historia mensuel, no 727 : « Son nom lui vient déjà d’Italie, en référence à François de Paul, ermite italien arrivé en France en 1482 » qui avait prophétisé à Louise de Savoie la naissance d'un fils qui monterait sur le trône.
↑ Salamandre au milieu des flammes, retournant la tête à gauche et regardant le ciel, l'extrémité de la queue repliée sur elle-même. La devise mi-latine, mi-italienne se traduit par : « Je nourris (le bon feu) et j'éteins le mauvais » ou « Je me nourris du bon feu et j'éteins le mauvais ». Ces attributs ont longtemps été interprétés comme une allusion à l'ardeur amoureuse du roi mais il les a hérités de son père et ils symbolisent sa volonté de soutenir les bons et exterminer les méchants. Source : Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane, Librairie Droz, 1997 (lire en ligne [archive]), p. 389.
↑ Dans une exposition de peinture du début du xixe siècle, on a vu un tableau de Gigoux, représentant Léonard de Vinci expirant dans les bras de François Ier, sujet déjà traité, en 1781, par François-Guillaume Ménageot. La tradition à laquelle le peintre a emprunté son sujet repose uniquement sur une épitaphe latine conçue en termes fort amphibologiques. Elle est, il est vrai, rapportée par Vasari, mais jamais vue sur aucun monument. Léonard de Vinci meurt au château de Cloux, à Amboise, le 2 mai 1519. Or, à cette époque, la Cour est à Saint-Germain-en-Laye, où la reine accouche du roi Henri II de France le 31 mars, et les ordonnances royales données le 1er mai sont datées de cet endroit. De plus, le journal de François Ier ne signale aucun voyage du roi jusqu’au mois de juillet. Enfin, l’élève de Léonard de Vinci, Francesco Melzi, auquel il lègue ses livres et ses pinceaux, et qui est dépositaire de son testament, écrit au frère du grand peintre une lettre où il raconte la mort de son maître. Pas un mot ne fait allusion à la circonstance mentionnée plus haut, qui, si elle eût été vraie, n’aurait certainement pas été oubliée. Source : John Grand-Carteret, L'Histoire, la vie, les mœurs et la curiosité par l'Image, le Pamphlet et le document (1450-1900), Librairie de la curiosité et des beaux-arts, 1927.
↑ La Navarre avait été envahie en 1512 par Ferdinand le Catholique avec la complicité du pape Jules II, qui avait excommunié la famille régnante au motif qu’elle entretenait des liens coupables avec le protestantisme qui se répandait au sud de la France. La Haute-Navarre ne sera pas restituée, mais intégrée au royaume de Castille
↑ Le pape Clément VII le sacrera pour sa part le 2 mars 1530 à Bologne, une fois apaisés ses différends avec Charles Quint.
↑ >Jusqu’au commencement du xixe siècle, on a imprimé et réimprimé que François Ier, après la bataille de Pavie, écrivit immédiatement à sa mère cette seule phrase : Tout est perdu, fors l’honneur et l’on ne manquait pas de se récrier sur la simplicité et sur l’énergie de cet apophtegme à la laconienne, comme le dit le docteur Pancrace. On montre longtemps à la Chartreuse de Pavie, la table sur laquelle François Ier aurait écrit ce billet. Il est juste de dire que cette table est d’époque. Par malheur pour la mémoire du « roi chevalier », on a retrouvé, dans les registres manuscrits du Parlement, le texte de la lettre adressée par ce prince à Louise d’Angoulême. La voici telle qu’elle est rédigée : « Pour vous advertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne m’est demouré que l’honneur et la vie, qui est sauve ; et pour ce que, en nostre adversité, cette nouvelle vous peu de resconfort, j’ay prié qu’on me laissât vous escripre ces lettres, ce qu’on m’agréablement accordé. Vous suppliant de volloir prendre l’extrémité de vous meismes, en usant de vostre accoustumée prudence ; car j’ay espoir en la fin que Dieu ne m’abandonnera point ; vous recommandant vos petits-enfans et les miens, vous suppliant de faire donner seur passage et le retour pour l’aller et le retour en Espaigne et à ce porteur, qui va vers l’empereur, pour savoir comme il faudra que je sois traicté. Et sur ce très humblement me recommande à vostre bonne grâce. » Registres manuscrits du Parlement, 10 novembre 1525.
↑ La répression déclenchée par François Ier commence bien avant l’affaire des Placards. Depuis le mois d’août jusqu’au 15 septembre 1534, soit deux mois avant cette affaire, le Roi diligente une commission afin de poursuivre les réformés sous la conduite de Bonaventure Thomassin, conseiller au parlement de Paris depuis 1521 et qui sera nommé en 1534, président du Parlement de Grenoble. L’action de cette commission créée par des lettres patentes du roi données à Arles le 19 septembre 1533, plus d’un an avant l’exécution, aboutira à plusieurs condamnations à mort et à diverses autres peines. Le registre criminel du Parlement de Paris (cote 72) est malheureusement incomplet les vingt dernières feuilles ayant été arrachées (probablement à cause de l’implication de certains familiers de la Reine de Navarre, son aumônier Caroli et Michel d’Arande devenu précepteur du fils cadet du roi) ; le registre original a disparu, subsiste les extraits ; les lettres patentes ne sont mentionnées nulle part ailleurs. Cette commission fut envoyée et procéda à Alençon, fief de la « bonne sœur du Roi », de sa « mignonne », duchesse d’Alençon par son premier mariage. François Ier usurpe ainsi le pouvoir de la justice locale qu’il trouve trop molle à son goût. Références disponible via Gallica :
Extraits inédits des registres du Parlement de Paris dans Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, 1859 (An 8), p. 62 et s.
ibidem dans Bulletin historique et littéraire de la Société de l’histoire du protestantisme français, 1884, t. 33 (An 3), p. 162 et s.
B. Robert, La réforme à Alençon dans le Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 1934 (An 83), p. 92 et s.
↑ Provoquant des émeutes, notamment à La Rochelle en 1542.
↑ François Ier se félicite des conséquences de cette nouvelle institution : « Sans l'ordre établi par un nouveau système, il nous eut fallu ordonner une crue de la taille ou, au moins, charger nos officiers et nos sujets d'emprunts généraux et particuliers, retranchement de gages et pensions et autres sacrifices non moins pénibles. » (cité dans Système financier de l'ancienne monarchie par Léon Bouchard (1891).
↑ Les transis de François Ier et de sa femme sur les sarcophages dans la chambre funéraire reposent sur une estrade (ornée d'une frise en relief représentant la bataille de Marignan et de Cérisoles) et sous une voûte sculptée soutenue par 16 colonnes cannelées et rudentées au tiers d'ordre ionique. La voûte est ornée notamment de génies funéraires éteignant les torches de la vie, de l'allégorie du Christ ressuscité et des quatre prophètes de l'Apocalypse, Isaïe, Jérémie, Ezechiel et Daniel. L'entablement de marbre noir est recouvert d'une plate-forme en marbre gris sur laquelle figurent cinq priants, le roi et la reine devant un prie-dieu et leurs enfants Charlotte, François et Charles.
↑ Brantôme donne une explication des traits de caractères du roi : « Le grand roy François, ce nom lui fut donné, non tant pour la grandeur de sa taille et corpulence, qui estoit très belle, et majesté royale très riche, comme pour la grandeur de ses vertus, valeurs, beaux faicts et hauts merites, ainsi que jadis fut donné à Alexandre, à Pompey et à d’autres ».
↑ À noter que Marino Cavalli était un fervent admirateur de François Ier : « Et si le roi de France n’avait pas rencontré dans sa route un prince aussi puissant (…) que l’est Charles Quint (…) la dignité impériale appartiendrait derechef a la France. »
↑ La légende raconte que le monarque et Anne de Pisseleu se rencontraient à Blois, au pied d'un orme qui a donné son nom à un lieu de cette ville des Yvelines : « l'Orme à la Blonde ».
↑ D’après la phrase originale « Madame, pour vous avertir comme se porte le reste de mon infortune, de toute chose ne m’est demeuré que l’honneur et la vie qui m’est sauve. » à sa mère Louise de Savoie, après la défaite de la bataille de Pavie (fors signifiant sauf, en dehors, extra).
↑ D’après Nicolas Le Roux, maître de conférences à Paris IV-Sorbonne, dans son article « La cour devient le théâtre de sa majesté ».
↑ On lui prête cette formule qu’il redira à maintes reprises durant son règne, mais on sait désormais qu’il n'est pas le premier à l'avoir exprimée : en effet, l’expression trouve son origine dans le droit romain : quod principi placuit legis habet vigorems = « ce qui plaît au prince a force de loi ». Là ou François Ier innove, c’est qu’il le rédige en français et d’une manière plus familière. Le roi s’exprime à la première personne du pluriel, ce qui est l’usage depuis les débuts de la royauté.
↑ Comprendre : « Car telle est ma volonté ». Cette formulation a été transformée au xixe siècle en « Car tel est mon bon plaisir » pour condamner l'absolutisme, l'ancien régime étant qualifié par les républicains de « régime du bon plaisir » mais Napoléon, Louis XVIII et Charles X se réattribuent la formule.
↑ Charles VI signe une ordonnance du 10 août 1381 par la formule « Car ainsi nous plaît-il être fait », Louis XI en 1461 par « Car ainsi le voulons et nous plaît-il être fait » et en 1464 par « Car tel est notre vouloir et franche volonté ». En 1472, la formule « Car tel est notre plaisir » est fixée.