Mon atelier d’iconographie a été créé en 2000, au sein de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Meudon (près de Paris, dans les Hauts-de-Seine), sur la demande de son recteur, le révérend-père Ronald Cosic.
Cette fondation s'est faite en connaissance et avec l’agrément apparent du père jésuite Egon Sendler. Ce dernier fut mon premier maître et le fondateur d’un atelier d’iconographie, qui dura de 1963 à 1999, dans le centre russe Saint-Georges de Meudon (centre fermé définitivement en 2002).
Croate réfugié en France et placé dans le milieu de la diaspora russe, le père Cosic a baigné, depuis son enfance, dans les contextes catholique romain et orthodoxe russe. Il a désiré, dans un esprit oecuménique, l’ouverture et l’initiation de l’icône aux fidèles de sa paroisse.
Je tiens, ici, à rendre hommage au défunt père Cosic, véritable homme de Dieu, et à ma défunte amie Lucienne Leboeuf-Evain (grande iconographe qui fut assistante du père Egon Sendler pendant plus de vingt ans), pour leur générosité à mon égard en ce qui concerne l'exercice de ma sainte profession. "Mémoire éternelle" !
L'enseignement de l'atelier a d'abord été centré sur l'initiation aux icônes anciennes russes (des icônes archaïques kiéviennes et novgorodiennes des XIe-XIIe siècle - dîtes pré-mongoles - aux icônes novgorodiennes, iaroslavliennes et moscovites du XVIe siècle). Une observation plus pointue des modèles a permis aux élèves de percevoir les différences stylistiques et techniques de ces écoles.
Parallèlement et momentanément, un atelier de la grande iconographe grecque de bien heureuse mémoire Eva Vlavianos a assuré la transmission des icônes byzantines.
L'enseignement s'est progressivement élargi à l'art des icônes byzantines du IXe siècle au XVe siècle et des icônes post-byzantines (crétoises et italo-grecques des XVIe et XVIIe siècles) survivance des icônes grecques après la prise de Constantinople par les Turcs...
Puis - tout en choisissant des modèles respectant le canon byzantin - à des écoles russes plus tardives aux techniques plus précieuses :
- Prestigieuses et raffinées icônes des Stroganov (XVIe-XVIIe siècle) ;
- Icônes du Palais des Armures et de l'école de Nieviansk (XVIIe-XIXe siècle) peintes sur or ;
- Ecole de Palekh (du XVIIe au début du XXe siècle) qui - dans une recherche spirituelle - pousse à un point extrême la technique picturale du plav (mélanges transparents en fondus directs sur le support et recouvrements successifs pour de nouvelles phases d'éclaircissement).
Enfin, à l'école iconographique russe de Paris (XXe siècle) dont les représentants - en reprenant l'étude des icônes anciennes - ont assuré la survivance des icônes russes après leur condamnation en territoire soviétique, ont permis leur diffusion et leur transmission en Occident et ont trouvé une expression contemporaine de l'art canonique (cf. page "Association "l'Icône" et l'école iconographique russe de Paris").
Ces études ont fait découvrir aux élèves des techniques autres que celles qui sont généralement enseignées dans la plupart des ateliers en France et les ont ouverts à une compréhension de l'évolution stylistique et technologique des icônes à travers les siècles et les pays.
Depuis son ouverture, l’atelier a regroupé des disciples catholiques - dont un chevalier du Saint-Sépulcre et un membre du Chemin néocatéchuménal - et des disciples orthodoxes, d’origine grecque et slave, venus de la région parisienne et de la province comme de l’Etranger (Pologne, Russie, Australie).
A la suite de la mise en retraite du père Cosic et de la programmation de travaux dans la salle paroissiale, l'atelier s'est trouvé en quête d'un nouvel asile.
En octobre 2019, il s'est installé dans le local paroissial de l'église-cathédrale orthodoxe russe de la Résurrection-du-Christ (église située aussi à Meudon et qui vient de fêter son centenaire le 17 mai 2025).
Fragilisé par la perte de son premier local, ayant subi, dès 2003, divers désagréments et attaques puis les conséquences des grèves et manifestations récurrentes des transports en commun et des gilets jaunes et, enfin, les confinements dû à l'épidémie de Covid19, l'atelier a fermé ces portes en février 2020.
Je n'enseigne actuellement plus, mais je laisse visibles les oeuvres et le programme de cet atelier afin d'en montrer la qualité et l'originalité... Je suis fière de pouvoir dire que certains de mes élèves orthodoxes en ont suffisamment bénéficié pour poursuivre brillament leur chemin en écoles supérieures d'arts anciens ou, professionnellement, en tant qu'iconographes de qualité.
Une relance des cours destinés aux enfants de l'église russe est plus ou moins envisagée... Un projet de stages se profile pour l'Etranger.
Merci pour votre intérêt.
L. Kh.