Sceau et logo de l'association créé par Ivan Bilibine, l'un de ses membres fondateurs et du mouvement dit "école iconographique russe de Paris".
Icône de saint Jean Damascène, théologien défenseur des images durant la période iconoclaste, saint patron de l'association.
Oeuvre de la princesse Hélène Lvoff.
Eglise de l'Institut de Théologie Saint-Serge, Paris : fresques, iconostase et mobilier
créés par Dmitri Stelletsky.
Ancien iconostase de la chapelle Saint-Georges de l'ancien Centre d'Etudes Russes de Meudon (actuel Potager du Dauphin)... Elle se trouve désormais à l'abbaye de Sylvanès.
Oeuvre de la princesse Hélène Lvoff et de Georges Morozoff.
Eglise de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu, Sainte-Geneviève-des-Bois,
plan et peintures murales d'Albert et Marguerite Benois,
iconostase de Pierre Fiodoroff.
Iconostase de l'église Saint-Séraphim-de-Sarov, Paris, architecture d'Istselenoff, oeuvre picturale de Fiodoroff (registre de place) et Morozoff (Déisis) malheureusement détruit dans l'incendie du 18 avril 2022.
Skit du Saint-Esprit, Mesnil-Saint-Denis, peintures murales du père Grégoire Krug.
A la fin du XIXe siècle, la Russie redécouvrait avec enthousiasme ses arts anciens traditionnels et sacrés.
Le prince philosophe Eugène Troubetzkoï publiait les premiers essais sur l'icône...
Parallèlement, les artistes du "Mir Iskousstva" ("Le Monde de l'Art", dernier mouvement artistique en Russie avant la révolution d'octobre) suivaient la mouvance du panslavisme et du symbolisme et manifestaient un retour aux styles ancestraux. Parmi eux, Nicolas Roerich, Ivan Bilibine et Dmitri Stelletsky ont été présentés, en 2005-2006, à l'exposition du Musée d'Orsay "L'art russe en quête d'identité".
Exilés à Paris par la révolution d'octobre, ces trois artistes s’unirent, entre 1925 et 1927, au diplomate Grégoire Troubetzkoï (frère d’Eugène, décédé pendant la guerre civile russe) et à des intellectuels dont les membres de la famille de mécènes Riabouchinsky et les historiens d’art et écrivains Serge Makovsky et Paul Mouratov. Ensemble, ils créèrent l’association « L'Icône » et inaugurèrent le mouvement artistique dit "école iconographique russe de Paris".
Rapidement, l’association regroupa des spécialistes en icônes : théologiens, antiquaires, peintres, restaurateurs, conservateurs de musées, historiens...
Le but de l'association fut l'étude et la préservation de l'art sacré canonique, condamné en Russie par le gouvernement soviétique.
Les éminents chercheurs, théologiens et byzantinologues de l'Association "L'Icône" firent grandement avancer la connaissance et la compréhension de l'art chrétien oriental alors ignoré en Occident.
Le byzantinologue et membre de l'association le plus célèbre est André Grabar (1896-1990), qui fut professeur d'archéologie byzantine au Collège de France et l'un des fondateurs de l'histoire de l'art byzantin au XXe siècle.
Les théologiens les plus connus sont l'iconographe Léonid Ouspensky (auteur du premier ouvrage sur la théologie des icônes), et l'archiprêtre mitré Nicolas Ozoline (doyen et professeur de la chaire d'iconologie à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge à Paris et qui a été longtemps producteur artistique de l'émission "Orthodoxie" de la chaîne de télévision France 2).
Répondant à la demande des fidèles orthodoxes réfugiés après la guerre civile, les architectes et iconographes de l'Association conçurent les plans et réalisèrent les iconostases et le décor mural des églises de la diaspora russe.
Ce fut le début de "l'Ecole Iconographique Russe de Paris". Le rayonnement de ce mouvement fut mondial, ces églises étant situées en France, dans le reste de l'Europe (Suisse, Belgique, Angleterre, Finlande, Bulgarie, Tchéquie) et à l'étranger (Afrique, U.S.A., Amérique Latine, Australie).
Se référant aux oeuvres les plus accomplies de l'âge d'or de la peinture russe, ces iconographes ont ainsi perpétué l'art des icônes hors de Russie.
Désireux de maîtriser d'avantage les techniques anciennes et surmontant les difficultés de l'époque, ils sont entrés en contact avec les iconographes Schneider et Fedorov qui oeuvraient dans la clandestinité en Russie. Ceux-ci, issus de la dernière école d'iconographie de Palekh et du milieu des Vieux-Croyants conservateurs des anciennes traditions, leur ont transmis leur savoir.
Parmi les iconographes et architectes de l'Ecole de Paris, l'on peut citer ;
- Dmitri Stelletsky (1875-1947) : décors du mobilier, des murs et iconostase de l'église de l'institut de théologie Saint-Serge de Paris (en collaboration avec la princesse Lvoff pour les visages), iconostase de l’église de la Mère-de-Dieu-du-Signe (1927) ;
- Ivan Bilibine (1876-1942) : fresques d'églises au Caire et à Sophia ;
- Boris Zvorykine (1872-1942 ou 1945) : icônes en l'église du Christ-Sauveur d'Asnières-sur-Seine ;
- Pierre Fiodoroff (1878-1942) : registre de place de l'iconostase de l'église Saint-Séraphim-de-Sarov de Paris (détruite par un incendie attentoire en avril 2022), iconostase de l'église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois ;
- Albert et Marguerite Benois (1888-1960 et 1891-1974) : plans architecturaux et décoration murale de l'église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu du cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, fresques de la crypte de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Paris ;
- Nicolas Istselenoff (1891-1981) : conception et construction de l’église Saint-Job-le-Miséricordieux à Bruxelles et fresque de la Mère de Dieu dans l’abside (1934), église Saint-Alexandre-Nevski à Luik en Belgique (1950), clocher de l’église Saint-Serge-de-Radonège à Paris (1950)... Plans architecturaux des iconostases de l’église de la Mère-de-Dieu-du-Signe (1927), de l’église Saint-Séraphin-de-Sarov à Paris (1932), de l’église de la Sainte-Trinité à Montbéliard (1955-1957)... Fonte de cloches de plusieurs églises ;
- La princesse Hélène Lvoff (1894-1971) : iconostase de l'église de la Résurrection-du-Christ de Meudon et iconostase de la chapelle Saint-Georges du Potager du Dauphin à Meudon (en collaboration avec Georges Morozoff), iconostase de l'église Notre-Dame-du-Signe à Paris ;
- Georges Morozoff (1899-1993) : iconostase de la chapelle Saint-Georges du Potager du Dauphin à Meudon (en collaboration avec la princesse Lvoff), icônes de la chapelle de Publier en Haute-Savoie, iconostase de la chapelle byzantine du Sanctuaire des Apparitions de Fatima (Portugal) ;
- Tamara Eltchaninoff (1897-1981) : icônes en l'église de la Présentation-de-la-Très-Sainte-Mère-de-Dieu-au-Temple à Paris, iconostase de l'église de campagne de l'Action Chrétienne des Etudiants Russes ;
- Pimen Sofronov (1898-1973) : iconostase de l'église gréco-catholique des Trois-Saints à Ansonia (Connecticut USA) ;
- Soeur Yoanna Reitlinger (1898-1988) : peintures murales de l'église disparue Saint-Jean-le-Guerrier de Meudon (désormais conservées à Moscou), peintures et icône en l'église de la Présentation-de-la-Très-Sainte-Mère-de-Dieu-au-Temple à Paris ;
- Le moine Grégoire Krug (1908-1983) : iconostase et décors muraux de la cathédrale des Trois-Saints-Docteurs de Paris (en collaboration avec Léonid Ouspensky), icônes de l'église de la Sainte-Trinité de Vanves, peintures murales du skit du Saint-Esprit au Mesnil-Saint-Denis ;
- Léonid Ouspensky (1902-1987) : iconostase et décors muraux de la cathédrale des Trois-Saints-Docteurs de Paris (en collaboration avec le père Grégoire Krug) ;
- L'archiprêtre Georges Drobot (1925-2011) : construction et iconostase de la chapelle du skit de Tous-les-Saints-Russes à Mourmelon-le-Grand).
Par leurs publications, leurs conférences, leurs expositions et leurs ateliers d'iconographie, les membres de l'association "L'Icône" ont été les premiers à faire connaître et promouvoir l'art des icônes en France.
Les représentants de l'église latine qui, par la suite, ont enseigné sur le territoire, leur doivent leurs notions de l'iconographie.
De plus, en enseignant l'iconographie à des artistes coptes, grecs, libanais, ils ont contribué, dans les années 60, à la renaissance des icônes en Egypte, en Grèce et au Liban.
Lorsque la pratique de l'iconographie se libéralisa en Russie, l'association y apporta sa contribution à la création d'ateliers et à la décoration d'églises.
Depuis, des filiales se sont créées en Russie : Khabarovsk, Irkoutsk, Iaroslavl, Zagorsk (redevenu aujourd'hui Serguiev-Possad), Saint-Pétersbourg, Moscou...
Actuellement, l'association poursuit toujours sa mission de transmission et de perpétuation des arts canoniques byzantins et slaves. Régulièrement, ses membres organisent des ateliers, des expositions et des conférences et publient des livres, des études et des articles sur l’iconographie et l’architecture ecclésiale.
L. Kh.
Eglise des Trois-Saints-Docteurs, Paris, iconostases et peintures murales
du père Grédoire Kroug et de Léonid Ouspensky.