Promotion du Dolphin Watching

L'écotourisme en Tunisie

  • L'écotourisme est le tourisme dont la motivation principale est l'observation, dans leur milieu naturel, de la faune et de la flore.

  • Le tourisme tunisien s'est intéressé à ce volet pour profiter des atouts de la Tunisie dans ce domaine : stabilité politique qui sécurise le touriste, dépaysement joint à la proximité du marché européen, faune ou flore du désert à deux ou trois heures des capitales européennes, grande diversité bio-géographique, un grand nombre d'écosystèmes,

  • La Tunisie possède une façade littorale exceptionnelle de 1.300 km. Jalonnés d'îles, d'îlots et de grands rochers, les rivages s'étendant à perte de vue sur un large plateau continental ainsi qu'au pourtour de grandes lagunes.

  • Aborder la Tunisie par ses côtes, c'est découvrir un patrimoine maritime unique et fascinant.

  • Cette expression d'un tourisme attentif aux valeurs naturelles, et donc instrument d'éducation environnementale, connaît à juste titre un grand succès, et il est donc souhaitable qu'il s'impose dans des conditions garantissant la pérennité et conjurant les effets négatifs.

L'observation des cétacés

· La Baleine grise (Eschrichtius robustus) pourrait être considérée comme le principal acteur d'un phénomène qui est apparu dans les Années 60, et qui aujourd'hui est diffusé dans le monde entier.

· Le passage des baleines tout près des côtes californiennes pendant les migrations annuelles, avec leur comportement « amical », probablement dû à leur curiosité à l'égard de l'homme qui se pousse au large sur des embarcations pour les observer de près, n'a cessé d'intéresser depuis les premières observations fortuites, et l'observation des cétacés est arrivé maintenant à passionner plus de 4 millions de personnes dans au moins 50 Pays.

· La rencontre avec un cétacé, la simple émersion, ou breach, d'un ou de plusieurs spécimens, le son puissant de son souffle, constituent une émotion forte et inoubliable pour les touristes, qui dans le monde contemporain impulsent les activités commerciales liées à l'observation de la nature.

· L'observation des cétacés devient donc une force économique pour les communautés locales et une alternative efficace à des formes courantes d'exploitation des ressources marines, tel que l'a reconnu la Commission Baleinière Internationale (CBI). Après avoir commencé une série d'actes formels en 1983, en 1993 la CBI exprime le désir d'encourager le whale watching pour une exploitation des cétacés dans un esprit d'éco-développement.

· L'observation des baleines, et plus en général des cétacés, comporte cependant des facteurs susceptibles de déranger les populations de ces mammifères ; il est en effet logique que les raisons qui poussent à participer à l'observation des cétacés à l'approche des animaux, la possibilité d'entrer en contact avec eux, et pour certaines espèces, même de nager avec eux.

Un nouveau produit pour le tourisme tunisien ?

L' Écotourisme

Le tourisme étant l'un des secteurs qui connaît le plus fort taux de développement dans le monde, l'écotourisme représente un moyen très puissant pour valoriser la biodiversité.

Il consiste en un tourisme écologique dont l'objectif principal est de profiter de la nature, des paysages ou d'espèces particulières (e.g. lions ou éléphants au Kenya, observation de cétacés). L'activité doit comporter une part d'éducation et d'interprétation, et aider à faire prendre conscience de la nécessité de préserver le capital naturel et le capital culturel. L’écotourisme doit avoir de faibles conséquences environnementales et doit contribuer au bien-être des populations locales.

L'association de l'écotourisme avec les impératifs du développement durable et de la conservation rencontre les faveurs de nombreux organismes internationaux. Il doit satisfaire à plusieurs critères, tels que :

  • la conservation, ainsi que la justification de la conservation, de la biodiversité et de la diversité culturelle, à travers la protection des écosystèmes.

  • L'encouragement du développement durable, en fournissant des emplois aux populations locales et autochtones.

  • le partage des bénéfices socio-économiques avec les communautés locales, en obtenant leur accord et participation dans la gestion de l'activité.

Pour de nombreux pays, l'écotourisme n'est pas tant préconisé comme une activité marginale destinée à financer la protection de l'environnement que comme secteur moteur d'une économie nationale, et le moyen de se procurer des devises. Par exemple, dans des pays tels que le Kenya, l'Equateur, le Népal, le Costa Rica et Madagascar, l'écotourisme constitue la principale source de devises.

Pourquoi développer le tourisme d'observation

des dauphins en Tunisie :

Le développement d'activités touristiques spécifiquement centrées sur l'observation des dauphins présents dans les eaux côtières tunisiennes peut se justifier de deux façons :

- Il peut potentiellement fournir des ressources économiques supplémentaires sans porter atteinte à l'intégrité du milieu naturel.

- En conférant une valeur économique aux dauphins, on peut potentiellement améliorer l'image de ces animaux aux yeux des pêcheurs qui sont victimes de leurs déprédation et donc potentiellement favoriser leur conservation.

Définition de l'activité : Un opérateur prenant la mer avec à son bord des personnes dont l'objectif est l'observation de cétacés dans un but de divertissement, que ce soit à titre commercial, associatif ou récréatif, pratique ce qu'on appel communément dans le monde le « Whale Watching ».

Les dauphins des côtes tunisiennes

· Les espèces de dauphins se distinguent par leurs exigences en matière d'habitat, les caractéristiques des bandes et leur biologie. Les dauphins sont généralement reconnus comme les cétacés ayant la plus grande capacité cognitive (Herman, 1980), en raison de leur aptitude supérieure à apprendre et des liens sociaux étroits entre les individus d'une espèce.

· Sur les six espèces de dauphin citées à ce jour par Ktari-Chakroun.1980 et 1982 et Chakroun.1994, trois ont été reconnues comme présentes sur les côtes tunisienne. Le grand dauphin est à chaque fois facilement identifié par les pêcheurs alors que les deux autres espèces aussi identifiées ( le dauphin commun et le dauphin bleu et blanc) sont le plus souvent confondus à cause de leur ressemblance.

· La description, faites par les professionnels locaux de la mer, du comportement de ces dauphins ne correspond cependant pas de façon typique au comportement généralement manifesté par les Tursiops. Il est donc possible, comme cela est le cas en de nombreuses régions de Méditerranée, qu'une population de dauphins appartenant à une autre espèce : le dauphin bleu blanc (Stenella coeruleoalba) ou des dauphins communs (Delphinus delphis) fréquentent les côtes tunisiennes.

· Selon toute vraisemblance, et comme cela est souvent le cas en Méditerranée, il doit exister une population côtière de Tursiops et une autre population se tenant plus au large : nous ignorons à ce stade à quel point les dauphins « du large » pourraient renforcer les populations de dauphins « côtiers » à certaines périodes de l'année.

· Les dauphins aperçus lors des différentes sorties en mer semblent être des animaux territoriaux fréquentant en règle générale une aire restreinte.

· Le comportement journalier des dauphins semble être le même : la matinée est consacrée à la recherche de la nourriture, tandis que les périodes d'interaction sociale semble plus fréquente durant l'après midi. Il est fort probable que ce rythme soit influencé par le jeu des marées et les conditions météorologiques , et qu'il varie d'une saison de l'année à l'autre.

· Les dauphins semblent être plus nombreux durant l'été à proximité immédiate des côtes. Nous ne pouvons pas cependant déterminer au stade actuel s'il s'agit réellement d'une augmentation du nombre d'individus ou plutôt d'une augmentation du nombre d'observations résultant du nombre plus important de bateaux fréquentant les zones côtières.

· Les dauphins qui ont été observés lors des sorties en mer, en petits groupes comptant généralement de deux à quatre ou cinq individus, parmi lesquels on peut noter la présence de juvéniles ou / et de sub-adultes.

· Selon les pêcheurs, les vents dominants du N-E qui prévalent durant l'hiver tiendraient un certain nombre de dauphins, de même que les principales espèces de poissons dont il se nourrissent plus au large, tandis que les vents dominants du Sud qui prévalent en été ramèneraient ces dauphins, en même temps que leur proies principales, vers les côtes.

· Les dauphins bénéficient d'une protection totale de la loi dans toutes les eaux territoriales de la Tunisie.

Les pêcheurs et les dauphins :

  • La perception négative qu'ont les pêcheurs vis à vis des dauphins est le résultat des dégâts occasionnés par ces derniers sur leurs installations de pêche (filets, nasses,.. ).

  • Il n'y a pas eu de quantification des pertes subies par les pêcheurs à cause des dauphins, mais il est évident que celles ci représentent un dommage important dans le cas des pêcheurs artisanaux dont les revenus demeurent très modestes.

· De toutes les espèces de dauphins (6 espèces) présentées sur photos aux pêcheurs pour identification, seul le Grand dauphin a été identifié comme étant la principale cause des dégâts infligés aux filets. Le dauphin commun et le Dauphin bleu et blanc sont bien acceptés et paraissent même être à l'origine de quelques bonnes pêches.

· Les dauphins sont des animaux intelligents et adaptables et donc capables de développer un comportement « opportuniste » et chercher leur nourriture dans les filets de pêche. Cependant, dans de nombreuses régions du monde où les attaques de dauphins contre les installation de pêche ont connu une augmentation sensible et rapide, des études scientifiques ont attribué ce phénomène à l'appauvrissement des ressources halieutiques.

· D'ailleurs, lors de nos embarquements avec des opérateurs organisant des sorties en mer, on a pu constater plusieurs fois la présence d'un banc de deux à quatre dauphins à proximité de filets de pêche.

Les réactions des dauphins par rapport à l'observation

· On a constaté que les dauphins évitent les bateaux à quelque 10 km de distance, mais leur réaction dépend de ce que fait la bande, les animaux au repos peuvent les éviter, les animaux à la recherche de nourriture les ignorent et les animaux sociaux s'en approchent.

· Durant leur période de chasse active, les dauphins ne manifestent en général pas le moindre intérêt envers le bateau, et sont très mobiles. Par contre pendant leurs périodes de détente, les dauphins semblent s'intéresser davantage au bateau et ne manifestent aucune crainte visible. Il peuvent offrir de superbes ballets, effectuant des bonds spectaculaires et répétés hors de l'eau.

· Janik et Thompson (1996) ont noté que les dauphins à gros nez qu'ils observaient remontaient à la surface nettement moins souvent pendant 70 % des interactions après que des bateaux d'observation se soient approchés d'eux, même si cette population avait déjà été observée à maintes reprises.

· Lorsqu'il existe un risque, ou lorsqu'il peut exister un risque d'incidence négative sur la conservation des cétacés, l'approche prudente peut déplacer le fardeau de la preuve de sorte qu'une activité doit se révéler inoffensive avant qu'elle puisse être autorisée. Il faut élaborer des règlements pour réduire au minimum les activités des bateaux d'observation des dauphins qui sont le plus susceptibles de perturber ou de prévenir l'exécution des fonctions vitales.

Le « Principe de Précaution »

pour un développement durable

· Le bruit, la pollution et le dérangement occasionné aux dauphins peuvent être considérable. Des études ont révélé que les cétacés affectés éprouvent par la suite des problèmes réduisant leur capacité de reproduction.

· En réponse à cet état de fait, plusieurs organisations internationales ont formulé des lignes directrices visant à fournir une base aux législations locales et nationales.

· La Commission baleinière internationale (CBI) a reconnu le besoin de mettre en œuvre des mesures de précaution afin d'assurer que le développement soutenu et l'expansion prévue des activités d'observation des baleines ne portent pas atteinte aux populations de cétacés, aux animaux individuels ou à leur environnement, ou aggravent sensiblement le risque posé à la survie ou aux fonctions écologiques de ces populations (IWC 1997; 1997b).

· L'approche prudente exige que l'exploitation de toute ressource progresse à la même vitesse que les études portant sur les effets de ces activités sur les animaux et que ces dernières soient entreprises avec précaution de manière à éviter les dommages à l'environnement. Des recherches sont donc requises pour prouver qu'une activité particulière ne constituera pas une menace pour une ressource si elle est entreprise (FAO, 1995 b).

· Le comité scientifique de la CBI a établi des principes pour l'observation des baleines reposant sur l'opinion de spécialistes scientifiques (Annexe1).

· Les lignes directrices établies par l'EUCC (Annexe2) constituent des exigences minimales. Il est possible, dans certains cas, d'ignorer les consignes sans que cela n'ait d'impact négatif, cela ne devrait toutefois pas les discréditer de façon générale. Des consignes strictes, sans zones grises, permettent une évaluation transparente de la situation et incitent à la précaution; elles rappellent que le non-respect des règles peut avoir des conséquences fâcheuses. Parfois, mêmes le respect de ces lignes de conduites est insuffisant, pour cause de circonstances particulières. Dans pareilles situations, des règles plus strictes doivent être appliquées.

Potentiel de développement en Tunisie

· En Tunisie, l'observation des dauphins est actuellement intégrée au niveau des sorties et des excursions en mer dont la durée varie entre quatre et six heures.

· Les dauphins ne sont généralement pas recherchés bien que plusieurs spécimens sont observées au passage. Pourtant, leur présence et la possibilité de les observer constituent les principaux arguments de vente des opérateurs.

· Soumise à une réglementation stricte, l'essentielle de l'activité est concentrée dans les marina de Yasmine Hammamet, d'EL Kantaoui à Sousse avec de grands bateaux (sorte de voiliers retapés) en bois ou en acier ayant chacun une capacité d'embarquement de plus de 200 passagers.

· Des sorties en mer sont aussi organisées par des opérateurs ayant des bateaux de moindre tailles et sont localisées aussi au niveau des ports des zones touristiques de Monastir, de Mahdia, d'El Attaya (aux îles Kerkennah) et de Djerba.

· Aucune indication sur le Chiffre d'Affaires engendré par cette activité n'est actuellement disponible. Mais sur la base des résultats de notre étude, on peut avancer, sans trop nous tromper, le chiffre d'un million de dinars.

Lors de notre étude nous avons noté :

· L'absence de promotion au niveau international : Par exemple sur le net, aucune information ni de messages publicitaires concernant le tourisme tunisien ne mentionne qu'il existe la possibilité de prendre part à une activité de « Dolphin Watching » en Tunisie. On ne mentionne que l'organisation de sorties en mer.

· Même constat au niveau national : Un manque flagrant de tout outil de promotion de l'image des dauphins, d'informations sur leur vie et leur statut d'espèce protégée par la loi tunisienne.

· Absence de formation adéquate sur les cétacés et pour l'équipage et pour le pilote du bateau. Leurs seules informations sont celles que se racontent les pêcheurs au port sur leurs « histoires » avec les dauphins.

· Certains pilotes manœuvrent violemment et s'approchent de trop prés et à grande vitesse des dauphins. Ces comportements condamnables par la loi ont soulevé l'indignation de certains touristes avertis.

Aspects favorables au développement de l'activité

d'observation des dauphins

- Un nombre suffisant de dauphins évoluent dans des zones restreintes, et qui sont bien connues des pilotes de bateaux.

- Dans certaines régions, la présence de ces dauphins sédentaires offre la quasi garantie de pouvoir les observer lors de chaque sortie.

- Les zones dans lesquelles évoluent les dauphins pendant l'été sont peu éloignées, et ne nécessitent donc pas de déplacement longs et coûteux.

- La qualité des observations est comparable à celles qui prévaut sur d'autres sites de la Méditerranée (Croatie, Grèce, ) et donc parfaitement suffisante pour satisfaire le visiteur moyennement intéressé par les dauphins.

- Les conditions de la mer sont sereines pendant la haute saison touristique.

- Les bateaux des excursions en mer sont bien équipés et suffisamment confortable.

- Les équipages et les pilotes sont compétents et repèrent assez bien les dauphins.

Aspects défavorables

- Les zones fréquentées par les dauphins aisément observables sont restreintes ou peu connues, ce qui doit limiter le nombre de bateaux pouvant potentiellement être impliquer dans cette activité.

- La saison la plus propice à l'observation des dauphins est limitée dans le temps : de mi-juin à mi-septembre. En dehors de cette période les conditions météorologiques sont nettement moins favorables aux sorties en mer.

- Pas d'informations disponibles au sujet des dauphins pour les visiteurs participants aux sorties en mer.

Recommandations

  • Dans le cadre du programme de mise à niveau environnemental du secteur du tourisme en Tunisie, imposer aux opérateurs l'adhésion à une charte pour une observation responsable des cétacés (exemple voir annexe 1 et 2).

  • Recensement des populations de cétacés et étude des sites et zones d'observations les plus favorables au développement d'une activité d'observation des dauphins. Entamer une action pilote aux Îles Kerkennah (avec une institution de recherche (INSTM) et une association locale de développement durable).

  • Promotion internationale de l'activité (en faire mention dans les brochures de l'ONTT) dans le milieu des professionnels du tourisme (Agences spécialisées, Tours Opérateurs, etc.).

  • Promotion de l'activité auprès des associations internationales et autres organismes spécialisées dans l'étude et la sauvegarde des cétacés (préparer un texte présentant la possibilité d'observation des dauphins et l'envoyer aux éditeurs des principaux guides de voyage).

Favoriser la formation des opérateurs (des excursions en mer).