La famille Mayerhoffen remonte à Fite Mayerhoffen, seigneur de Raisdorff et bailli de Berneck en Autriche. Bailli seigneurial donc, à distinguer des baillis royaux de l'Ancien Régime, c'est à dire des conseillers ou officiers de justice seigneuriale, comme les prévôts. Son fils Michel Mayerhoffen, dont la noblesse sera confirmée par l'empereur d'Allemagne en 1686, car sa famille avait égaré ces documents pendant la guerre, a une nombreuse descendance dont Jean Georges Ier (1634-1688), fonctionnaire des Fürstenberg alliés du roi de France Louis XIV, qui en échange de services rendus se verront attribuer les évêchés de Strasbourg (François Egon) et de Metz (Guillaume Egon, son frère, ce dernier remplaçant François Egon à Strasbourg en 1682). Jean Georges Mayerhoffen était arrivé dans les bagages du prince-évêque et sera nommé bailli de Saverne et Président de la chambre des comptes. En 1694 l'Alsace introduit la vénalité et l'hérédité de ces deux charges, la branche aînée de la famille qui s'éteindra avec le premier maire républicain de Saverne, François-Léopold, en 1794, en héritera en tant que baillis de Saverne et du Kochersberg. La branche cadette s'établira à Steinbourg et fera carrière dans l'armée.
François-Joseph Ier de Mayerhoffen (1667-1752), second fils de Michel Mayerhoffen, reçoit le château féodal de Steinbourg en fief en 1681, cette branche de la famille prenant désormais le nom de Mayerhoffen de Steinbourg. Il épouse en premières noces Marie Madeleine BEHR de Saverne le 10 janvier 1718 dont naîtront sept enfants. Quatre survivront, dont l'aîné et seul mâle, François Joseph II. François Joseph père s'était remarié en l'église de Steinbourg le 2 juillet 1731 avec Julie DUTRIE, veuve du seigneur de Sanleque, mais n'aura pas d'enfants du second lit. Comme sa première femme, celle-ci mourut au château de Steinbourg, en 1751, suivie de peu par son mari lui-même le 8.11.1752, des suites des fatigues endurées au siège de Prague. En juin 1742 pendant la guerre de Succession d'Autriche les forces françaises sous le commandement du général de Broglie sont encerclées par une armée autrichienne bien supérieure en nombre et les conditions de survie des assiégés sont très difficiles. Une partie des 20.000 hommes parviendra à s'échapper le 16 décembre et par une marche forcée de dix jours à travers les montagnes de Bohême dans des conditions climatiques difficiles, échappe à leurs poursuivants. Les 6.000 blessés ou malades qui étaient restés à Prague négocient les conditions de leur reddition et obtiennent un retrait avec les honneurs de la guerre, Mayerhoffen figurait dans un des groupes. Son neveu, François Félix, fut également blessé à Prague, en août 1742 lors d'une tentative de sortie ; il fera une carrière remarquable par la suite (commandant en chef de l'armée d'Italie en 1748, commandant de la place de Saverne de 1757 à 1780), carrière à laquelle son oncle ne pouvait plus prétendre.
François-Joseph II de Mayerhoffen
Né à Steinbourg le 15 avril 1729 et décédé en 1803.
Cornette au régiment de Nassau en 1745 (le terme de cornette, correspondant à l'actuel sous-lieutenant, était l'équivalent dans la cavalerie de celui d'enseigne dans l'infanterie, l'officier porte-drapeau qui tenait l'étendard de la compagnie dans la bataille), puis capitaine au régiment Royal Nassau Hussard. Fait prisonnier devant le camp du Roi de Prusse à Olendorff en octobre 1757 et grièvement blessé il sera échangé en novembre 1759. Chevalier de Saint-Louis en 1761 il se retira la même année de l'active contre pension. L'ordre de Saint-Louis fut assimilé à une charge anoblissante en 1750 : le fait d'être capitaine et chevalier de Saint-Louis pendant trois générations légitimes et consécutives conférait la noblesse à titre héréditaire. Cette disposition créant une nouvelle noblesse militaire sera cependant remise en cause en 1789. François-Joseph réunit les deux lignées de Saverne et Steinbourg en épousant sa petite cousine, Françoise, le 22 février 1762 à Saverne et aura 5 enfants dont François Joseph Georges (1762-1814) qui hérite des biens à Steinbourg et Georges Louis Léopold (1770-1844).
François-Joseph Georges, Révolution oblige, est le premier à franciser son nom en Meyerhoffen Nommé sous-lieutenant au régiment de Bouillon, a fait les campagnes de 1792 à 1795 à l’armée du Nord. Il sera lui aussi capitaine, sous Napoléon, servant notamment durant la campagne d'Espagne (1808-1813). Ayant emménagé à Saverne, il y mourra du typhus en 1814. Entre deux campagnes militaires il avait épousé Marie-Antoinette Léo qui lui donnera descendance le 5 avril 1806 à Saverne avec François Jean-Baptiste Charles. Nous retrouvons Charles de Meyerhoffen en tant que maire de Steinbourg au Second Empire et encore réélu en 1861. Il faut préciser qu'à cette époque, malgré le suffrage universel instauré en 1848, les conseillers sont choisis parmi les contribuables les plus imposés et la nomination du maire relevait non du conseil municipal élu au suffrage universel, mais du représentant du pouvoir central qui choisissait au sein des sortants (ce système restera en vigueur en Alsace jusqu'en 1918, 35 années après son abolition en France) ; au poste de maire certaines personnalités figuraient obligatoirement sur les listes avec 100 % de chances de se faire élire si on n'était pas opposant politique au régime en place. Charles de Meyerhoffen affirmera sa prééminence le 26 novembre 1858 en faisant rectifier son acte de naissance et rajouter la particule de à son nom par un jugement du tribunal civil de l'arrondissement de Saverne. La particule ne figurait pas sur l'acte de naissance ni sur la déclaration de son père mais les lettres de noblesse avaient été confirmées par Louis XIV et enregistrées par le Conseil Souverain d'Alsace. Mais que s'est-il passé après ? En 1860 il vend le château de Steinbourg. Il avait pourtant fait un beau mariage en 1842 en l'église de Steinbourg avec Dame Marie-Elisabeth Collignon, fille du commandant de la place de Phalsbourg, Pierre François Collignon (ce fils du baron Louis-Robert, seigneur de Champigneulles, avait assisté au couronnement de Napoléon Ier en tant que président du canton de Sarrebourg). D'elle nous avons une trace dans le cimetière où elle fit ériger un monument pour sa tante Adélaïde Dugastel décédée en 1855.
A l'heure qu'il est, nous ne savons pas ce qu'il est advenu de Charles de Meyerhoffen, qui n'est ni décédé à Steinbourg, ni à Saverne. Il n'aura pas de postérité, sa femme donnant naissance en 1843 à un bébé qui ne vivra que 27 jours.
Le dernier Meyerhoffen à porter le nom sera le fils de Georges Louis Léopold (1770-1844), François Louis Auguste (Saverne, 1816 - Nancy, 1901). Son fils, le révérend père Auguste était mort en 1891 au Tonkin. Sa soeur, Marie-Félicité mariée Schauenburg, décèdera le 25 janvier 1939 à Nancy et le dernier Schauenburg issu de la lignée, le 20 décembre 2003.
Charles de Mayerhoffen n'aura pas beaucoup connu son père, celui-ci partit en Espagne deux ans après sa naissance et n'en revint qu'en février 1814 pour décéder la même année. Une tombe à Steinbourg (à droite en entrant au cimetière) éclaire cette petite histoire noyée dans la grande, celle du colonel Louis André Delenne ou de Lenne (8.05.1761 à Nîmes - 16.12.1838 à Steinbourg).
Militaire de carrière, celui-ci avait monté successivement les grades durant les campagnes de la Révolution et de l'Empire. Blessé de nombreuses fois (en 1797 en franchissant la frontière austro-italienne à Gradisca avec l'armée napoléonienne et lors du débarquement d'Alexandrie en Egypte), il devint membre de la Légion d'Honneur le 14 juin 1804. Affecté à l'armée d'Espagne en 1807 avec laquelle il participe à la victoire d'Alcolea. Nommé colonel le 13 juillet 1808 sa brigade se trouve encerclée 3 jours plus tard par une armée espagnole de 30.000 hommes ; l'envoi d'une armée de secours de Madrid tourne au désastre : 9.000 morts, 16.000 prisonniers au rang desquels le colonel Delenne et le père de Charles de Meyerhoffen. C'est la défaite de Bailen, première défaite des troupes napoléoniennes. La capitulation de Bailen prévoyait le rapatriement des troupes françaises en France mais ce traité qui déplaisait aux Anglais ne fut pas respecté. Après quatre mois passés à Cadix à même les pontons et les restes des navires français capturés lors de la bataille de Trafalguar, les prisonniers seront déportés sur l'île désertique de Cabrera où la mort frappera 40% des leurs (certains historiens parlent de beaucoup plus, il y eût même des actes de cannibalisme recensés). En 1810 les officiers français furent envoyés en captivité en Angleterre où ils croupiront dans des cachots insalubres jusqu'en février 1814. Meyerhoffen contractera le typhus en captivité. La carrière de Delenne ne s'arrêtera pas tout de suite après l'abdication de l'empereur. Il sera nommé commandant d'armes à Gien, puis commandant du 71ème puis 85ème régiment de Ligne, officier de la Légion d'Honneur le 24 août 1814. Admis à la retraite le 28 avril 1815 il s'établit à Steinbourg où il est permis d'imaginer que, marié à la sœur de la mère de Charles Meyerhoffen il prit en charge l'éducation du jeune Charles. Cet homme habitué à commander (l'effectif théorique d'un régiment à son époque est de 3970 hommes dont 108 officiers) à dû jouer un rôle dans notre commune jusqu'à sa mort. En 1829 il sera nommé chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint Louis (distinction créée par Louis XIV honorant au-moins 20 années de service et dont Louis XVIII voulait qu'elle remplace la Légion d'Honneur - elle sera supprimée en 1830).