"La vraie bénédiction du relief,
c’est qu’il rassemble sur peu d’espaces
tout ce qui, sans lui, serait dispersé »
Jules Blache « L’homme et la Montagne »
La Montagne Noire
Le Minervois est situé sur le versant méridional de la "Montagne Noire", dernier contrefort du Massif Central avant la plaine du Languedoc. Ce massif se dresse à l’Ouest au-dessus de la plaine du Lauragais et du seuil de Naurouze alors qu’il se prolonge à l’Est par les Monts du Pardailhan jusqu’à la Vallée de l’Orb qui en est la limite naturelle.
Malgré la modestie de son altitude, 800m en moyenne avec les sommets du "Pic de Nore" (1210m), du Pic de Montaud (1031m) et du "Roc de Peyremaux" (1008m), elle est couramment appelée « la montagne » par les habitants de la plaine qui en sont souvent issus et ont gardé des liens forts avec cet espace montagnard où ils possèdent quelquefois encore une maison, des terres ou une partie de leur famille.
Climatiquement, la Montagne Noire est l’objet d’une double influence : ses flancs Nord et Ouest sont soumis aux influences océaniques alors que ses flancs Sud et Est connaissent un climat méditerranéen qui pénètre assez haut dans le massif par le jeu des vallées.
La ligne de partage des eaux chemine sur sa crête avant de poursuivre sa route vers les Monts de l’Espinouse, le grand escarpement des Cévennes et du Vivarais.
Les contrastes du climat sont amplifiés par ceux du sol et diversifiés par le relief. A mesure que l’on pénètre à l’intérieur des terres en s'élevant depuis la plaine du Languedoc, l’influence méditerranéenne décroit et les derniers ceps de vignes s’arrêtent au sud de Cassagnoles. L’olivier, quant à lui, a cessé d’apparaitre dans le paysage depuis plusieurs kilomètres ; En effet, « La où s’arrête l’olivier, cesse la Méditerranée ».
Ces éléments contribuent à multiplier les associations végétales,
à en compliquer la distribution et à réaliser une étonnante marqueterie
où l’on passe en quelques kilomètres du thym à la myrtille,
d’un paysage méditerranéen à un paysage vosgien.
Le Minervois offre un tableau de cette exceptionnelle diversité qui s’étage, du Sud au Nord en trois ambiances paysagères marquées et qui en font toute l’originalité :
La plaine (où, avec les vignes, alternent de plus en plus de céréales) et les coteaux (où, avec les vignes, alternent de plus en plus d’oliviers voire d'amandiers).
Le causse calcaire où les vignes – de moins en moins nombreuses - voisinent avec de grands espaces de garrigue en voie de fermeture (pin d’Alep, chêne vert, chêne kermès, genévrier, cade). C’est l’ancien territoire des troupeaux qui transhumaient de la montagne ou même de l’Andorre et des activités d’extraction (meules de moulin de St Julien, Carrières de marbre de Caunes Minervois, fours à chaux).
La partie montagnarde avec ses châtaigniers et chênes blancs en alternance avec les prairies, puis, en crête, les pâturages extensifs et les landes de bruyères et genêts voisinant avec les forêts de hêtres et de résineux.
Cette particularité environnementale a, de tous temps, été exploitée par les habitants de la région qui, en circulant le long du versant en fonction des saisons et des exigences agropastorales, ont historiquement uni et conjugué ces espaces complémentaires. Par sa sociologie, son économie et son histoire, le Haut Minervois est indissociablement lié à la zone des causses et à la plaine viticole.