Minerve, capitale historique du Minervois

Le site de Minerve est occupé depuis la préhistoire, comme en témoignent des vestiges du Paléolithique, et la présence de nombreux dolmens. Il fut ensuite occupé par la 10ème légion romaine, avant d’être atteint par les invasions barbares. Le Moyen âge, période mouvementée de son histoire, sera portée par la mémoire jusqu’à nos jours.

Perché sur son promontoire rocheux, isolée du causse, Minerve possédait une situation stratégique pour l’édification d’une forteresse défensive.  C’est lors d’une assemblée de justice de 873 que l’on trouve la première mention du château de Minerve sous l’appellatif castrum menerba.

A l’époque carolingienne, le Minervois « suburbium minerbense » était une circonscription administrative du Pays Narbonnais.  Du fait de son importance, il était aussi appelé Pagus Minerbensis.

Quelles étaient ses limites ?

- Au Nord, elles allaient du Pic de Nore à la source de la Cesse, en suivant la ligne de crête, puis la ligne de partage des eaux du bassin de la Cesse et du bassin du Jaur.

- À l’Est, elles suivaient la vallée de la Cessière : St Martial était en Minervois tandis que St  Jean, à 2 km, était en Narbonnais, tout comme Agel, Assignan, Villespassans, Montouliers, Bize, Argeliers, Mailhac, Pouzols, Argens, Tourouzelle, Castelnau, Roquecourbe et La Redorte.

- Au Sud, l’Aude faisait limite entre Arzens et la Redorte (en Narbonnais) ; puis la limite passait au nord de l’étang de Marseillette (encore non asséché), puis au sud de Laure, atteignant la limite du Cabardès vers Sallèles et Villarzel (en - 

À l’Ouest, la vallée de la Clamoux marquait la limite entre Cabardès et Minervois, cependant Castans, Cabrespine et la chapelle Saint Mamès dépendant de Villeneuve, étaient en Minervois."

Edifiés au sommet d'un socle rocheux à 300m d'altitude, les quatre châteaux de Lastours dominent le cours de L'Orbiel et le torrent du Grésilhou. Verrou du Cabardès depuis le Haut Moyen Age, "Cabaret", "Surdespine", "Quertinheux" et "Tour Régine" contrôlaient une des principales voies de pénétration dans le Cabardès et la Montagne Noire  et prirent toute leur importance au moment de la croisade contre les Albigeois.

Des fouilles archéologiques menées depuis 1980 sous la direction de Marie-Elise Gardel, ont mis à jour le village médiéval de Cabaret, haut lieu du catharisme et de la résistance contre les armées croisées. Cet ancien habitat fortifié appelé "castrum", comprenait une centaine de maisons d'habitation ainsi que de nombreuses forges. Ces lieux ont été abandonnés brutalement sans que les habitants aient pu emporter le moindre objet.

L'aménagement du site offre un véritable cheminement paysager, muséographique et archéologique. L'ancienne usine de textile, dont la haute cheminée témoigne d'une vie économique et sociale révolue, constitue l'accueil et le départ de la visite. Elle abrite trois expositions permanentes sur l'archéologie, l'environnement naturel du site et sur les troubadours.

Fondée en 1093, L'abbaye de Fontfroide était Initialement bénédictine. Puis,  elle a été intégrée à ordre cistercien entre 1144 et 1145. Dans la seconde moitié du 12ème siècle, elle a reçu d'importants dons en terres d'Ermengarde de Narbonne puis, au milieu du 13ème siècle, des dons en terres et en nature d'Olivier de Termes qui lui ont permis de réaliser des extensions. Pendant la croisade des Albigeois, elle fut le fer de lance de l'orthodoxie catholique. C'est au 14ème siècle que l'un de ses abbés, Jacques Fournier, fut élu pape sous le nom de Benoit XII. Il est connu pour son rôle comme inquisiteur dans la lutte contre "l'hérésie" cathare. En 1901, les lois de séparation de l’Église et de l’État provoqueront le départ des derniers moines.

En 1908, Gustave et Madeleine Fayet achètent l’abbaye aux enchères et s'attachent à la restaurer. Artiste et conservateur de Musée, Gustave Fayet est surtout connu pour son talent de collectionneur visionnaire et ses commandes d’œuvres symbolistes. Il possédait des œuvres de Degas, Manet, Monet, Pissarro, Van Gogh, Cézanne et surtout Odilon Redon et Paul Gauguin dont il fut l'un des premiers collectionneurs.

Avec Gustave Fayet et son épouse Madeleine d’Andoque, des artistes, appelés « Les Fontfroidiens » participent à partir de 1908 à la renaissance et à l’art de Fontfroide. Parmi eux Odilon Redon, Richard Burgsthal et de nombreux amis dont Déodat de Séverac, Ricardo Viñes, Aristide Maillol, Manolo Hugue… créant en ce lieu une forme de “Villa Medicis” particulière. 

L’abbaye de Fontfroide est empreinte en ses murs de riches témoignages de ces résidences, dont le monumental triptyque d’Odilon Redon “le Jour, la Nuit et le Silence” ainsi que les vitraux de Richard Burgsthal.

Aujourd’hui, les descendants de Gustave Fayet entretiennent toujours avec la même passion l’Abbaye de Fontfroide qui est classée Monument Historique depuis 1862.