La grande arête - Les Gaillands 1938 (col. Livanos) "Et maintenant, le stagiaire Livanos nous fait une démonstration d'escalade libre !" (Armand Charlet)
Ayant fait quelques courses "familiales" avec ses parents et la marquise d'Albertas (membre du GHM et "excellente alpiniste marseillaise") en 1939, son père demanda à la marquise de le prendre en charge dans les Calanques avec ses amis (dont Jean Save de Baureceuil, autre membre du GHM) et de ne pas le laisser passer tête. Mais il ne fallut pas longtemps pour que Le Grec désobéisse à son père, comme il l’’écrivit dans son livre Au-delà de verticale : « Un jour, notre leader ayant échoué dans un passage à cause d’un poignet foulé, il redescendit en abandonnant un piton et me demanda de monter le récupérer. Arrivé au piton je vis s’élancer devant moi de belles dalles grises…trop tentantes. Mme d’Albertas s’aperçut de ma fugue lorsque je terminai la longueur de corde. Elle était un peu inquiète, pas trop cependant, car dans la « bande » tout le monde grimpait plus ou moins en premier et les craintes de mon père faisaient sourire. Ce fut une des plus grandes joies de ma vie. Sa carrière de grimpeur de premier ordre commençait.
Dès lors, à partir de là les premières s'enchaînent : 24 en 1941, 28 en 1942 et 15 en 1943, avant qu'au début de l'été il rejoigne les camps de jeunesse et montagne (ce qui lui permettra d'échapper au STO)."
Dans ces premières il y a "La Centrale" (avec Gaston Rébuffat - 1941), qui resta la plus longue voie en 6 des Calanques pendant longtemps, "la paroi jaune" (avec Robert Tanner - 1940), la plus difficile des voies en artif de l'époque et qui le restera pendant encore plus de vingt ans et il répète en 1941 la voie du pilier de Bertagne (la Walker marseillaise) ouverte par son ami Robert Tanner et Suzanne, sa femme, (leur chef d’œuvre avec la Directe), l'entreprise qui restera la plus difficile de la région pendant très longtemps. Comme l'écrira Robert Gabriel dans sa préface d'Au delà de la verticale :
"Il est bien évident que Georges Livanos a été l'un des plus forts pour ne pas dire le meilleur d'entre nous et pourtant, malgré une suffisance qui n'est qu'apparente, il a un immense respect pour les grands noms de l'alpinisme comme Soldà, Cassin et même des plus anciens tels que Knubel ou les frères Lochmatter, ou pour encore certains grimpeurs marseillais tels que Robert Tanner."
Malheureusement après le pilier de Bertagne, Robert Tanner cessera l'escalade l'année suivante, ou plutôt "heureusement" pour Le Grec si l'on lit ce qu'écrit à ce sujet Le Grec, considérant les gros risques qu'ils avaient pris dans la paroi Jaune : "...les circonstances qui par la suite nous empêchèrent de grimper ensemble sont à considérer comme favorables. Nous avions autant de chances d'aboutir au sommet des plus invraisemblables parois qu'aux cimetières de Chamonix ou de Cortina d'Ampezzo."
Le futur Grec avait des parents en or. Comme il l'écrit dans son livre : "Au contraire de la plupart des mères, la mienne a toujours encouragé ma passion pour la montagne, elle ne pouvait être ainsi qu'une seconde fois ma mère. En septembre 1945, elle fit toutes sortes de démarches pour obtenir mon affectation à un camp de montagne à Ailefroide. Après de laborieux échanges de messages officiels, l’État-major de Marseille reçut de celui de Paris les autorisations nécessaires, mon concours ayant été déclaré indispensable au bon fonctionnement d'un camp dont la cérémonie de clôture venait d'avoir lieu..."
En 1945, à 20 ans, il fait la 10ème ascension de la face sud de la Meije (sa première course "sérieuse" en montagne avec Albert Ouannon, "Pépé") ; la 8ème ascension de l'arête ouest du pic sans nom (avec Righetti), la 3ème ascension du pilier sud des Écrins (avec Jean Franco en 5h"30. 4h15 haltes déduites et 7 pitons seulement). L'année suivante en 1946, il enchaîne la 2ème ascension de la face sud du Grand Dru (avec Charles Magol) , la 5ème ascension de la face nord des Grands Charmoz (avec le même), tentative de première à la face ouest des Drus arrêtée par la chute continue de pianos à queues dans le couloir d'attaque ; en 1947, il fait une première à la face ouest du Grépon (avec pour la première fois son compagnon des premières grandes courses dolomitiques, R. Gabriel ainsi que Roger Duchier et Charles Magol) ; la 2ème ascension de la face nord du Requin (avec R. Gabriel et G. Estornel), l'arête de la République (avec R. Gabriel, les 3/4 de la course sans corde) ; en 1948, escapade en Oisans, pour faire la première hivernale de l'arête sud-ouest de la Dibona (avec R. Gabriel). En 1949, il fait la 2ème ascension de la face nord-est de Leschaux (avec R. Gabriel)