La quatrième édition du Concours National d’Éloquence en français des universités de Taïwan – Eloquentia – organisée par l'Association des professeurs de français de Taïwan, avec le soutien du Bureau français de Taipei et de l'Institut français, s'est tenue cette année le samedi 17 décembre 2022 à l’Université Tamkang.
18 étudiants de 10 universités ont présenté cette année, des discours sur le thème de l'écologie dans les trois catégories : déclamation, plaidoirie et joute oratoire.
- Le premier prix de la catégorie « déclamation », le prix de La Bruyère, du nom d’un grand écrivain français, Maître de la déclamation, dont les œuvres étaient écrites pour être lues à haute voix, a été remporté par Éric - 覃厚銘, de l'université catholique Fu-Jen.
Le deuxième prix de la déclamation a été remporté par Sandrine - 耿朵嫻, de l'université Tamkang.
Le troisième prix de la déclamation a été remporté par Jérôme - 黃煌恩, de l'université nationale de Chi Nan.
- Le premier prix de la catégorie « plaidoirie », le prix Démosthène, créateur, durant la Grèce antique, de l’Art de l’éloquence, a été remporté par Cerys - Chan 陳綺琳, de l'université nationale de Taïwan.
Le deuxième prix de la plaidoirie a été remporté par Anaïs - 鄭欣惠, de l'université nationale centrale.
Le troisième prix de la plaidoirie a été remporté par Joëlle - 蔡悅聆, de l'université catholique Fu-Jen.
- Le premier prix de la catégorie « joute oratoire », le prix Voltaire, défenseur enflammé des grandes causes, a été remporté par Sharon - Wongosari 黃偉婷, de l'université nationale de Taïwan.
Le deuxième prix de la joute oratoire a été remporté par Claire - 王浰倫, de l'université nationale centrale.
Le troisième prix de la joute oratoire a été remporté par Martine - 郟婷, de l'université catholique Fu-Jen.
- Enfin, le prix du jury, le prix Cicéron, célèbre orateur romain, a été décerné à Ryan - 林緯翰, de l'université Tamkang.
Nous félicitons tous les participants d'avoir eu le courage de faire entendre leur voix. Pour Simon Landron, l'organisateur du concours, "parler d'écologie, c'est affirmer sa volonté de vivre, ce n'est pas simplement participer à un concours, mais apprendre à protéger ce qui compte pour nous".
Un grand merci aux organisateurs, aux membres du jury, aux professeurs et assistants ayant soutenu les étudiants dans cette grande aventure qu'est l'art de l'éloquence.
Concours National d’Éloquence en français des universités de Taïwan, 2022
Corpus Catégorie 1 - Déclamation
Extrait 1 : Ecologie par Tiken Jah Fakoly
Extrait 2 : Intervention de René Dumont en 1974
Extrait 3 : Un conte haïtien : Les moitiés
Extrait 4 : Vieux Jardins, Jules Breton
Extrait 5 : L’hymne de nos campagnes, Le groupe Tryo
Extrait 6 : Par-delà nature et culture, Philippe Descola
Extrait 7 : Contre les bûcherons de la forêt de Gastine, Pierre de Ronsard
Extrait 8 : Les Misérables, Victor Hugo
Extrait 9 : La planète malade, Marc Alyn
Extrait 10 : Respire, Mickey 3D
Extrait 11 : Vœu, Victor Hugo
Extrait 12 : Jamais seul, Marc André Selosse
Corpus Catégorie 2 - Plaidoirie
Corpus Catégorie 3 – Joute oratoire
Niveau A2
J'ai consulté la mer
Savoir pourquoi elle rejetait tout
Elle m'a dit rien ne m'appartient cela vient de chez vous
J'ai consulté les rivières
Savoir pourquoi cette fade couleur
Elles m'ont dit pas responsable de leur triste malheur
Elles m'ont dit que ce n'était pas le bon chemin
Mais qu'elles n'y étaient pour rien
On vit au jour le jour
Sans se soucier du lendemain
Je veux laisser quelque chose après moi
On construit à grand pas
Sans savoir où l'on va
J'ai consulté le désert
Pour savoir ce qu'il en pensait
J'ai peur pour la nature auriez-vous de bonnes nouvelles
J'ai consulté les étoiles
Savoir si on s'est pas trompé
On a peur pour la nature auriez-vous de bonnes nouvelles
Elles m'ont dit que ce n'était pas le bon chemin
Mais qu'elles n'y étaient pour rien
On vit au jour le jour
Sans se soucier du lendemain
Je veux laisser quelque chose après moi
On construit à grand pas
Sans savoir où l'on va
Je représente ici un programme écologique, un mouvement écologique. Et d'abord ce mot nouveau pour beaucoup d'entre vous, l'écologie, qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas un mot gadget qui a été inventé pour les besoins de cette campagne. C'est un mot, créé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, qui étudie les rapports entre les êtres vivants et les milieux où ils vivent.
Mais nous, les écologistes, on nous accuse d'être des prophètes de malheur et d'annoncer l'apocalypse. Mais l'apocalypse, nous ne l'annonçons pas, elle est là parmi nous, elle se trouve dans les nuages de pollution qui nous dominent, dans les eaux d'égouts que sont devenues nos rivières, nos estuaires et nos littoraux marins. On espérait tirer de ces eaux de la mer des ressources importantes, on pensait que ce serait le grenier de l'humanité de demain. Ces eaux, ces estuaires, ces plateaux continentaux, ce sont aujourd'hui nos poubelles, là où on jette tous nos détritus.
Le sixième petit matin de la Création, Papabondieu, accoudé au balcon du ciel, considère avec une certaine satisfaction les étoiles.
Il baisse les yeux et admire les océans, les fleuves, les lacs. Il admire de même la terre. Papabondieu trouve que tout cela est beau.
Il décide alors de créer l'humanité. Il prend de l'argile et fait trois boules, deux petites pour deux têtes et une grosse pour un ventre. Avec un long boudin, il fait quatre bras et quatre jambes.
L'humanité fraîchement créée se met à rouler à grand fracas, s'appuyant tantôt sur les mains tantôt sur les pieds. Mais la vitesse avec laquelle la créature androgyne se reproduit le laisse pantois.
Il est à craindre qu'au rythme où ça va, il n'y aura, d'ici peu, plus de place pour tout ce monde sur Terre.
Papabondieu dégaine sa machette. Raaaa, coupe son œuvre en deux moitiés.
Pour la première fois, l'humanité divisée en mâle et femelle se retrouve debout sur ses pieds, et se met aussitôt à courir, courir, courir. Chacun cherche la moitié qu'on lui a enlevée.
Qui n’aime ces jardins des humbles dont les haies
Sont de neige au printemps, puis s’empourprent de baies
Que visite le merle à l’arrière-saison ;
Où dort, couvert de mousse, un vieux pan de maison
Qu’une vigne gaîment couronne de sa frise,
Sous la fenêtre étroite et que le temps irise ;
Où des touffes de buis d’âge immémorial
Répandent leur parfum austère et cordial ;
Où la vieillesse rend les groseilliers avares ;
Jardinets mesurant à peine quelques ares,
Mais si pleins de verdeurs et de destructions
Qu’on y suivrait le fil des générations ;
Où près du tronc caduc et pourri qu’un ver fouille,
Les cheveux allumés, l’enfant vermeil gazouille ;
Où vers le banc verdi les bons vieillards tremblants
Viennent, sur leur béquille appuyant leurs pas lents
Et gardant la gaîté, – car leur âme presbyte
Voit mieux les beaux lointains que la lumière habite, –
D’un regard déjà lourd de l’éternel sommeil,
Tout doucement sourire à leur dernier soleil ?
Assieds-toi près d'une rivière
Écoute le coulis de l'eau sur la terre
Dis-toi qu'au bout, il y a la mer
Tu comprendras alors que tu n'es rien
Comme celui avant toi, comme celui qui vient Que le liquide qui coule dans tes mains
Te servira à vivre jusqu'à demain matin !
C'est l'hymne de nos campagnes
De nos rivières, de nos montagnes
Assieds-toi près d'un vieux chêne
Et compare-le à la race humaine
L'oxygène et l'ombre qu'il t'amène
Mérite-t-il les coups de hache qui le saignent ? Lève la tête, regarde ces feuilles
Tu verras peut-être un écureuil
C'est l'hymne de nos campagnes
De nos rivières, de nos montagnes
Peut-être que je parle pour ne rien dire
Que quand tu m'écoutes tu as envie de rire
Mais si le béton est ton avenir
Dis-toi que c'est la forêt qui fait que tu respires
J'aimerais pour tous les animaux
Que tu captes le message de mes mots
Car un lopin de terre, une tige de roseau
Servira à la croissance de tes marmots !
C’est dans l’aval du Kapawi, une rivière de la haute Amazonie, que j’ai commencé à m’interroger sur l’évidence de la nature. Rien de particulier, pourtant, ne distinguait l’environnement de sa maison d’autres sites d’habitat que j’avais visités auparavant dans cette région de l’Équateur limitrophe du Pérou. Selon la coutume des Achuar, la demeure couverte de palmes était édifiée au cœur d’un essart où dominaient les plants de manioc et que bordaient sur un côté les eaux tourbillonnantes de la rivière. Quelques pas à travers le jardin et l’on butait déjà sur la forêt, une sombre muraille encerclant la lisière plus pâle des bananiers. Le Kapawi était une échappée tortueuse et interminable puisqu’il m’avait fallu une journée entière de pirogue pour venir. Dans l’intervalle, des dizaines de milliers d’hectares d’arbres, de mousses et de fougères, des dizaines de millions de mouches, de fourmis et de moustiques, des troupes de singes, un ou deux jaguars peut-être ; en bref, une prolifération inhumaine de formes et d’êtres livrés en toute indépendance à leurs propres lois de cohabitation…
(…)
Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière,
(…)
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix;
Tu deviendras campagne et, en lieu de tes bois
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletants d'effroi
Ni Satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
(…)
Adieu, chênes, couronne aux vaillants citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnâtes à repaître !
Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître
Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers
De massacrer ainsi nos pères nourriciers !
Ces tas d’ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boue cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé vous cache, savez-vous ce que c’est ? C’est de la prairie en fleur, c’est de l’herbe verte, c’est du serpolet et du thym et de la sauge, c’est du gibier, c’est du bétail, c’est le mugissement satisfait des grands bœufs le soir, c’est du foin parfumé, c’est du blé doré, c’est du pain sur votre table, c’est du sang chaud dans vos veines, c’est de la santé, c’est de la joie, c’est de la vie. Ainsi le veut cette création mystérieuse qui est la transformation sur la terre et la transfiguration dans le ciel.
Rendez cela au grand creuset ; votre abondance en sortira. La nutrition des plaines fait la nourriture des hommes.
Vous êtes maîtres de perdre cette richesse, et de me trouver ridicule par-dessus le marché. Ce sera là le chef-d’œuvre de votre ignorance.
Je ne sais pas ce qui se passe,
Dit la Terre : j'ai mal au cœur !
Ai-je trop tourné dans l'espace
ou bu trop d'amères liqueurs ?
Les boues rouges, les pluies acides,
Le vert-de-gris dans l'or du Rhin,
Les défoliants, les pesticides,
N'en voilà des poisons malins !
C'est si fort que j'en perds la boule,
J'en ai les pôles de travers,
Ma tête à tant rouler se saoule :
Je vois l'univers à l'envers !
Je songe à ma rondeur de pomme
Dans le commencement des temps,
Juste avant que la dent de l'homme
Ne vienne se planter dedans.
J'étais rouge et bleue, j'étais verte :
Air pur, eau pure, oh ! mes enfants !
La vie partout, la vie offerte
A profusion, à cœur battant !
Puis vint la guerre : chasse à l'homme,
Puis la chasse : guerre à la bête.
A bas l'oiseau ! Mort à l'énorme !
Il faut mettre au pas la planète !
A présent, la chimie me ronge,
Je compte mes baleines bleues,
Mes pandas, mes oiseaux de songe
Qui ferment un à un les yeux.
Au secours, les enfants des hommes !
Le printemps perd son goût de miel.
Redonnez sa fraîcheur de pomme
A la terre, fruit du soleil !
Approche-toi petit, écoute-moi gamin
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
Au début y avait rien, au début c'était bien
La nature avançait, y avait pas de chemin
Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups de pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s'est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées
Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En deux temps trois mouvements l'histoire était pliée
C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à polluer les déserts
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
(…)
Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassins, ici bien incapables
De regarder les arbres sans se sentir coupables
À moitié défroqués, cent pour cent misérables
Alors voilà petit l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin
Si j’étais la feuille que roule
L’aile tournoyante du vent,
Qui flotte sur l’eau qui s’écoule,
Et qu’on suit de l’œil en rêvant ;
Je me livrerais, fraîche encore,
De la branche me détachant,
Au zéphyr qui souffle à l’aurore,
Au ruisseau qui vient du couchant.
Plus loin que le fleuve, qui gronde,
Plus loin que les vastes forêts,
Plus loin que la gorge profonde,
Je fuirais, je courrais, j’irais !
Plus loin que l’antre de la louve,
Plus loin que le bois des ramiers,
Plus loin que la plaine où l’on trouve
Une fontaine et trois palmiers ; (…)
Comme par un charme attirée,
Je m’arrêterais au matin
Sur Mykos, la ville carrée,
La ville aux coupoles d’étain.
J’irais chez la fille du prêtre,
Chez la blanche fille à l’œil noir,
Qui le jour chante à sa fenêtre,
Et joue à sa porte le soir.
Enfin, pauvre feuille envolée,
Je viendrais, au gré de mes vœux,
Me poser sur son front, mêlée
Aux boucles de ses blonds cheveux ; (…)
Et là, sur sa tête qui penche,
Je serais, fût-ce peu d’instants,
Plus fière que l’aigrette blanche
Au front étoilé des sultans.
Notre cheminement commence dans les îles du Pacifique, de nuit. La Lune illumine le bord de mer, et l’onde, qui est claire, laisse passer la lumière. On devine le fond. Un petit calmar, chasse à la lueur lunaire. La pénombre propice lui permet d’échapper à ses propres prédateurs… Mais il lui faut quand même un peu de lumière pour entrevoir ses proies. Vue de dessous, sa chasse tourne au problème : en effet, ses proies ou ses prédateurs, lorsqu’ils sont situés plus en profondeur, peuvent facilement repérer l’animal à cause de l’ombre projetée. Or, la nuit, le calmar luit faiblement par en dessous, compensant ainsi son ombre ! Le jour, en revanche, il reste inactif et caché, et son ventre est devenu terne.
Ce calmar abrite en fait des bactéries luminescentes. Ce sont ces bactéries qui, la nuit, transforment une partie de leur énergie cellulaire en lumière. Dans sa pêche nocturne, le calmar n’est pas seul ; c’est aidé de bactéries qu’il peut se nourrir et qu’il est protégé. Ce sont elles qui lui apportent la lumière… Jamais seul, cet accompagnement microbien façonne les êtres vivants.
-----------------
Niveau B1
(le candidat tirera au sort deux sujets parmi les six et en choisira un)
· La gestion de l’eau
· Économie et écologie
· Transports et écologie
· La gestion des déchets
· La (sur)consommation
· Le tourisme vert
---------------
Niveau B2+
(le sujet de la joute sera tiré au sort parmi les six sujets)
· L’énergie nucléaire
· La climatisation
· Le végétarisme
· Avoir des enfants
· Les voyages en avion
· L’interdiction des véhicules à moteur dans les centres-villes