Traitement des situations d’intimidation et de harcèlement scolaire
Les victimes de harcèlement ne parlent pas parce qu’elles ont peur des représailles, mais aussi parce qu’elles ont honte !
Les élèves harcelés n’évoquent jamais spontanément leurs mésaventures. En s’enfermant dans ce silence, ils donnent libre cours à leurs agresseurs.
Réduite au silence, isolée et ne se plaignant jamais, la victime est trop souvent perçue comme peu sociable par les adultes, ce qui la prive de leur soutien.
1 - Quels signes doivent alerter ?
Ces signes ne sont pas spécifiques et ne suffisent pas à poser un « diagnostic de harcèlement », mais leur intensité et leur durée doivent alerter et inciter à dialoguer avec l'enfant. Le but est de comprendre les causes du changement perçu, celui-ci pouvant avoir de nombreuses origines autres que le harcèlement.
À l'école :
Isolement: il est le signe que quelque chose est en train de changer dans son relationnel, qu'il ne fait plus confiance, qu'il se coupe de ses amis .
Retard: l'enfant traine, trouve des subterfuges pour éviter ses harceleurs.
Affaires oubliées: il est trop absorbé et perturbé par la peur pour être attentif à ses affaires.
Bus raté, réveils tardifs: il fuit peut-être l'endroit où ont lieu les brimades, loin des regards .
Évitement de l'EPS: il évite peut-être le vestiaire parce que c'est un endroit isolé, propice au harcèlement.
Baisse des résultats scolaires: ce qu'il vit envahit son espace psychique et le rend indisponible aux apprentissages; quand la priorité est la survie, l'école devient secondaire.
A la maison :
Fatigue: l'enfant est en état d'hypervigilance tout le temps, donc il se fatigue plus vite.
Signes d'anxiété ou majoration des signes d'anxiété: l'enfant peut développer des tics, des TOC ,se ronger les ongles, se scarifier, avoir des conduites dangereuses ...
Sommeil de mauvaise qualité, endormissement tardif, réveil en pleine nuit, réveil précoce, cauchemars, terreurs nocturnes … : le soir, il a du mal à trouver le sommeil parce qu'il ressasse ce qu'il a vécu dans la journée et appréhende ce qui va se passer le lendemain.
Diminution de l'alimentation: parce que le psychisme est totalement occupé à gérer le stress, le corps se met en état de survie, l'appétit diminue.
Baisse des résultats scolaires: parce que le stress et la peur sont des inhibiteurs de l'attention et de la mémoire, il a de plus en plus de mal à se concentrer sur son travail.
Attitude physique de repli: l'enfant semble plus «tassé », immobile, « recroquevillé», il a du mal à se tenir droit, son regard devient fuyant. Il se réfugie derrière l'écran de la télévision ou dans les jeux vidéo.
Changement de copains ou d'habitudes: l'enfant change ostensiblement. Parfois, quand les parents appellent pour prendre rendez-vous chez le médecin, ils disent:« Je ne sais pas ce qui lui arrive.je ne le reconnais plus. » On peut accorder à un enfant le droit de ne pas avoir un comportement linéaire, mais c'est l'intensité et la radicalisation du changement qui constituent un signe d'alerte.
Habillement de plus en plus passe-partout: il tente de se fondre dans la masse ou bien il néglige son apparence.
Agressivité, pleurs: ce sont les signes qu'il est en train de lutter contre des affects dépressifs. Un enfant qui explose à la moindre parole, qui pleure «pour un rien» a besoin d'aide avant qu'il n'entre dans une réelle dépression réactionnelle.
Idées suicidaires: dans les cas extrêmes, la tentative de suicide devient la seule issue de secours.
Marques physiques: ecchymoses et yeux injectés de sang peuvent être le signe qu'on le force à faire des jeux dangereux (de strangulation notamment) .
Besoin d'argent: s'il demande plus d'argent de poche, si sa tirelire se vide, c'est peut-être qu'il est victime de racket. Le racket est une forme de harcèlement puisque l'enfant est contraint de donner, contre son gré, sous la menace et de manière répétitive (souvent dans une escalade des demandes de plus en plus couteuses) quelque chose qui lui appartient et qu'il n'a pas envie de donner.
2- Les conséquences sur la victime (source RETZ, "Situations de harcèlement entre élèves")
RÉSUMONS:
L'enfant ou l'adolescent victime de harcèlement subit des brimades répétées, sous forme verbale, physique ou indirecte (par le biais du cyberharcèlement).
Son ou ses« bourreaux» (c'est ainsi qu'illes ressent, dans une relation d'emprise) ne lui laissent aucun répit. Même absents, ils envahissent sa vie et son psychisme, le mettant en état de stress permanent avec les répercussions physiologiques et psychologiques inhérentes pouvant aller jusqu'à la dépression et au suicide.
Les conséquences peuvent être graves, à court, moyen et long terme, peuvent durer toute la vie et avoir des répercussions sur sa santé, sa vie professionnelle et sa vie sociale.
ESPT : Etat de stress post-traumatique