La Cité du Porion

Auvelais, La cité du Porion

Mr François Sarteel, originaire d'Auvelais, apprit, au travers du livre "Histoire d'Auvelais" des abbés Mauclet et Closset que sa commune était un vaste amphithéâtre de 3.400 mètres carrés et qu'en 1830 elle comptait 1.700 habitants, chiffre presque quintuplé au 1er janvier 1955 avec 8.286 auvelaisiens.

Des chiffres étonnants qui ne pouvaient se comprendre que par le développement de l'industrie locale dont la plus ancienne était certainement la houille. Elle aurait déjà été exploitée au Moyen Age et en 1512. Dans le livre "Histoire d'Auvelais" il découvrit qu'un échevin avait été appelé "Jean le Houilleur", qu'il cita comme un grand "Porion" de l'époque. Et pour fêter le travail et la houille, un géant, "Le Porion", serait le bienvenu.

Namur avait ses "Canaris" de grande tenue, Gembloux avait son "Tchirou" le coutelier brave et honnête. A nul doute, Auvelais aurait son "Porion"

Le Timbre du Porion

Création de ce timbre-ristourne en 1957.

Le principal revenu de ce timbre servait à l'entretien de Jean et de Marie. En période de fête, les commerçants le remettaient en double à leurs clients.

Bavardage avec François Sarteel « Père spirituel de Jean le Porion »

François Sarteel, secrétaire communal à Auvelais, c’est le côté un peu sévère, un peu conformiste de ce Sarthois de naissance.

Mais à l’opposé de ce François Sarteel disons « Administratif », il y a l’homme passionné de folklore, de traditions, d’usages populaires.

Et c’est avec cet homme, qui s’acharne à faire revivre le passé, et qui subitement devient souriant, content et fier de ses découvertes, que nous avons bavardé quelques moments... et quels bons moments !

Oui, Auvelais a son folklore et voilà ce que François Sarteel nous dit :

« J’ai découvert, après bien des recherches, que la première industrie qui vit le jour à Auvelais fut les charbonnages. C’est là un fait certain et indéniable. Un des premiers édiles communaux fut un certain Jean-le-Houilleur ... en 1512 et c’est pourquoi j’ai proposé qu’Auvelais devienne « Cité du Porion ».

A quand remonte cette appellation ?

« Au 12 janvier 1956. Elle fut d’abord critiquée. Il en est d’ailleurs toujours ainsi, mais à présent le slogan « Cité du Porion » semble être adopté ».

Et Jean le Porion, le Géants ?

« Sorti de mon imagination, il vit le jour le 2 septembre 1956. Il y a donc 10 ans, à l’occasion de la braderie, aux accents du chant « Gna’à qu’à Auv’lais » dont Willy Félix écrivit les paroles et Jean Fahy la musique. Vous vous souvenez, c’est Bob Deschamps qui l’interprétait. (Personne mieux que ce chantre wallon ne pouvait interpréter ce chant, lui qui incarne Jacques Bertrand au Tricentenaire de Charleroi ».

Quelles furent les activités de Jean le Porion ?

« Oh ! Il est sorti dans plusieurs villes telles que Lille, Gembloux, Charleroi, Namur, Mons, Couvin et Bruxelles à l’expo de 58 et il se propose de sortie encore au-delà de nos frontières".

La lampe de mineur est devenue, je crois, et avec raison, le symbole de la « Cité du Porion ».

« Oui, nous offrons une lampe de mineur aux visiteurs de marques ; trois ministres récemment, en visite à Auvelais, en ont reçu une ».

Et « Marie d’el Potée » ?

« A vrai dire, j’avais proposé que l’épouse de « Jean le Porion » fut « Jeanne la Hiercheuse » que je voyais avec son panier au bras, revenant de sa journée au charbonnage. Cela me paraissait logique puisque comme je vous le disais tantôt la première industrie fut les charbonnages. J’aurais souhaiter voir associés Jean et Jeanne, mais après des échanges de vues entre les dirigeants de diverses sociétés locales, il fut décidé de symboliser les glaceries et c’est pourquoi Jeanne la Hiercheuse devint « Marie Del’Potée ». Il est vrai que les glaceries rappellent aussi bien des souvenirs... et le folklore..., c’est un peu cela ! ».

Comptez-vous donner à l’union de « Jean le Porion » et « Marie d’el Potée » une progéniture ?

« Et pourquoi pas ! ».

Votre passion pour le folklore qui est en quelque sorte votre « hobby » et qui n’en a pas, vous a-t-elle valu quelques satisfactions ?

« Mais oui, bien sûr, et celle à qui j’attache une certaine importance est ma nomination de membre de la Commission Nationale du folklore ».

C’est à ce moment que François Sarteel est rappelé à ses fonctions et qu’après un shake and , interrompt cet entretien si cordial.

Bravo François Sarteel.

Auvelais est devenue « La cité du Porion »

    • depuis le jeudi 12 janvier 1956.

    • « Une localité de France avait fait une offre alléchante pour exploiter le projet ».

    • C’est dans le « Guetteur Wallons » du deuxième trimestre 1955, revue du service d’études folkloriques et historiques de la Province de Namur, que le secrétaire communal d’Auvelais lança son premier article officiel sur ce qu’il intitule « Auvelais, la cité du Porion ».

On sait que ce service est placé sous le haut patronage de M. R. Gruslin, gouverneur de la province.

    • Pour fêter le travail et la houille, un géant, « Le Porion », serait le bienvenu, disait-il.

Cet appel a été entendu et compris. Quelques six mois après cette publication, l’association des commerçants, le jeudi 12 janvier 1956, a décidé d’harmoniser ce titre saupoudré de poésie et de mystère. Cette année, pour la braderie annuelle vraisemblablement, Auvelais aura son géant. Bien plus, on y vendra des chapeaux, des lampes, des objets divers de porion. Le slogan est lancé et adopté. Voilà une manière d’enrichir le folklore local.

Déjà, l’administration communale,mettant en pratique « l’exemple vient dans haut », a décidé l’achat de quatre motifs décoratifs qui seront placés en ville, lors des festivités et représentant quatre porions en grandeur naturelle. Le « quinquet » ne sera pas oublié et nous apprenons qu’il fonctionnera à l’aide d’une ampoule électrique.

L’idée de rénover la commune à l’aide du géant a fait le tour de la localité. Un artiste a été contacté pour brosser les traits d’un géant à l’image voulue. De cette manière, il pourra devenir un insigne ou blason type que chacun pourra utiliser au mieux. Ce blason trouvera place sur les objets généralement offerts en cadeaux, pochettes, objets ménagers, serviettes, linges et d’ailleurs n’importe quelles marchandises en vente à Auvelais.

La capitale de la Basse-Sambre doit être fière et heureuse d’être en possession de moyens susceptibles de provoquer un regain d’activité commerciale. Sait-on encore, que pour la prochaine braderie, les commerçants seront costumés en « Hiercheuses ».

    • A part cela, il a été moins cinq pour Auvelais : si le projet n’avait pas été adopté, il y a beaucoup de chance qu’il fût parti pour une localité française. En effet, une offre alléchante avait été faite à l’auteur du projet, par une cité ouvrière française à la recherche d’un folklore nouveau et populaire. Toutefois, affirmer pareille chose, ce n’est pas connaître le secrétaire communal d’Auvelais, qui est animé du désir de défendre sa commune natale. Pour elle, il veut une âme. C’est suffisant pour un coup de pousse décisif au moteur qui actionne le commerce, l’industrie, le travail et la vie, d’autant plus que l’idée repose sur un fait historique.