Vers le Kimberley, pays des baobabs

J9 : Lu 07/06/10

C’est avec une journée d’avance que nous quittons Katherine. En effet, comme la nuit dans les gorges a été annulée, il est inutile de passer une seconde journée dans la région. Autant s’avancer pour bénéficier d’une journée supplémentaire plus loin !

C’est un long trajet qui s’annonce : 514 km, six heures prévues jusqu’à Kununurra durant lesquelles nous allons à la fois changer de région géographique et d’Etat… et subir un décalage horaire.

Pour absorber tout ce programme, un départ matinal est bienvenu. A 7 h 30, nous sommes sur la route et bien que soit une nationale, il n’y a pas grand monde… une caravane de temps en temps, car une chose nous frappe d’emblée… les Australiens ont l’air d’être plus branchés caravane que camping-car !

200 km plus loin, la traversée de la Victoria River (sur un pont… ouf… vu la taille du fleuve !) marque une première étape.

A quelques kilomètres de là, nous nous arrêtons à l’aire de pique-nique de Joe Creek… non pas pour déjeuner (il est tôt) mais pour nous dégourdir les jambes. La petite boucle de Nawulbinbin Walk (1,7 km/une heure trente) tombe à pic !

Il s’agit de grimper jusqu’au pied de la falaise, de la longer un moment puis de boucler la boucle après une descente raide.

Paysage en rouge et vert qui ravit la vue !

Les rois du lieu sont sans aucun doute ces palmiers Livistona qui agitent leurs éventails au gré du vent. A l’ombre de leur feuillage et de la paroi, il fait vraiment très bon !

Qui dit falaise dit aussi peintures rupestres ! Ces parois n’ont pas échappé aux ancêtres aborigènes !

Avaient-ils déjà un idéal de fraternité ? En tout cas, ces ribambelles m’évoquent immédiatement le refrain suivant :

"Si tous les gars du monde/ Devenaient de bons copains/ Et marchaient la main dans la main/ Le bonheur serait pour demain".

Après cette petite balade, reprenons la route pour une soixantaine de kilomètres. A Timber Creek, c’est l’heure du pique-nique et il faut absolument consommer tous nos fruits et légumes car ces denrées sont interdites à l’importation en Australie-Occidentale.

Mais pour l’heure, c’est l’entrée sur le territoire des baobabs ! Entre Timber Creek et Kununurra, ces géants ne manquent pas, nous donnant l’occasion de débuter une belle collection d’arbres remarquables !

Siamois, triplé et tentaculaire !

Imposant !

Célèbre ! L’explorateur Auguste Gregory y a laissé sa marque en 1856.

D’un baobab à l’autre, les 200 kilomètres qui nous séparent de notre destination finale passent très vite.

Ça y est, nous voici à la frontière entre les Etats du Territoire du Nord (NT) que nous quittons et de l’Australie-Occidentale (WA) dans laquelle nous nous apprêtons à entrer… après l’inspection en règle de notre véhicule. Les agents sont intraitables, aucun fruit ni légume (entre autres) ne doit passer la frontière.

WA est l’Etat le plus vaste (1/3 de la superficie de l’île continent et cinq fois la France) et le moins peuplé (moins de 10 % de la population australienne)… le Far West australien comme on l’imagine !

Le passage dans cet Etat va entraîner plusieurs changements.

La vitesse maximale autorisée est maintenant ramenée à 110 km/h.

Il y a un décalage horaire d’une heure et demie entre les deux Etats. En réglant nos montres, nous avons l’impression de gagner du temps. Pas vraiment, car jusqu’à présent le soleil se couchait vers 18 h 30 en NT, dorénavant il se couchera vers 17 heures. C’est l’hiver… malgré les températures estivales ! Petites journées en perspective !

Peu après, nous arrivons à Kununurra, la porte d’entrée de la superbe région du Kimberley, un des derniers espaces vierges du pays, offrant parcs nationaux, gorges et côtes sauvages. Seules trois villes dépassent les 2000 habitants.

Notre hôtel, le Kimberley Grande, est à la hauteur de la réputation de la région ! Une très grande chambre, très confortable et meublée avec beaucoup de goût, une vaste salle de bains… et le comble du luxe : une machine à café (celle vantée par George Clooney) et bien sûr les capsules qui vont avec !

Mais si nous voulons profiter un peu avant le coucher du soleil, il ne faut pas traîner. A deux pas de la ville se trouve un joli petit parc national, Mirima NP, dont les formations rocheuses ressemblent, paraît-il, à celles du parc des Bungle Bungles.

A ce propos, le Purnululu NP (Bungle Bungles), un des points forts de notre voyage, prévu demain, a t-il rouvert entre-temps ? Un petit tour sur Internet m’apprendra que oui. En revanche, le Mitchell River NP prévu dans quelques jours ne l’est toujours pas ! Croisons les doigts !

Alors, avec les formations de grès de Mirima, voici un avant-goût de ce que nous découvrirons demain !

Une lointaine parenté avec quelque formation rocheuse de l'Ouest américain, n'est-ce pas ?

Bon, pour le restaurant, ce sera sur place pour ne pas changer : nouilles, légumes et crevettes sautées pour moi et pièce de bœuf pour Hervé.Très bon et copieux.

L’hôtel a accueilli en 2008 l'équipe de tournage du film « Australia » alors Hervé se prend-il à rêver qu’il dort dans les draps de Nicole Kidman ?

En tout cas, moi, je rêve au Purnululu et… à ses cônes pointus !

J10 : Ma 08/06/10

Nous n’avions pas retenté de camping depuis la nuit mémorable à Ubirr, mais pour profiter du parc des Bungle Bungles, de son nom aborigène Purnululu, camper est incontournable, il n’y a aucun hébergement à proximité.

Connu depuis très longtemps des Aborigènes, ce parc national de 3000 km2, n’a été révélé au grand public qu’en 1982 grâce à un reportage télévisé, puis classé parc national en 1987 et, depuis 2003, le massif des Bungle Bungles figure au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Depuis, 40 000 visiteurs par an viennent découvrir ce site, unique au monde. Nous n’allions pas manquer ça !

C’est avec le plein de provisions (car nous ne verrons pas de supermarché avant dix jours) que nous quittons Kunu, très impatients de voir les fameuses tours striées du Purnululu.

Il nous faudra presque la journée pour atteindre ce parc reculé : d’abord 250 kilomètres sur la Great Northern Highway… une nationale certes, mais en allant vers le sud, elle ressemble davantage à une départementale de chez nous et plusieurs ponts à voie unique ralentissent la progression. Trois heures pour faire le trajet est une bonne moyenne, d’autant que tout du long quelques baobabs méritent un arrêt.

Celui-là est vraiment énooooorme !

Après la Highway, 53 km de piste nous attendent.

Hervé met le véhicule en mode 4x4. Spring Creek Track est noté « rough » dans toutes les documentations.

La piste serpente dans un paysage vallonné couvert de touffes de spinifex laissant la place çà et là à quelques eucalyptus et aux emblématiques termitières.

Le parcours s’avère délicat par endroits en raison de nombreux fossés, virages serrés, crêtes sans visibilité, trous dans la chaussée et passages de gués. Sans parler de la poussière qui réduit la visibilité !

Nous voici devant le premier véritable gué depuis le début de notre voyage : c’est impressionnant car on ne sait pas trop à quoi s’attendre mais ça passe haut la main !

Deux heures sont nécessaires pour négocier la piste jusqu’à l’intersection appelée « Three Ways » où se trouve le Visitor Center. C’est là qu’il nous faut régler les droits pour le camping (11 AUD/pers/j) et comme ce parc est le premier que nous visitons en WA, il nous faut aussi payer le pass (Holiday Pass = 40 AUD valable un mois pour un véhicule et 8 passagers maximum dans tous les parcs nationaux de l’Etat).

C’est également à cette intersection qu’il nous faut décider : nord ou sud ? Une rapide analyse du rapport entre les sites et le meilleur ensoleillement nous fait pencher pour le sud. La ranger confirme.

C’est donc vers le camping de Walardi, à 12 km, que nous nous dirigeons, un camping rudimentaire pourvu d’eau et de toilettes sèches, pas de douche.

Comme le soleil va bientôt se coucher, nous décidons de reporter les visites au lendemain et de nous installer tranquillement.

Les emplacements ne sont pas clairement délimités comme aux USA ou au Canada. Le camping est divisé en plusieurs petites aires circulaires partagées à plusieurs selon l’affluence. Là, ça va, nous partageons un grand espace avec un petit camping-car.

Nous regrettons très vite de ne pas avoir acheté ou loué de chaises pliantes car il n’y a pas de table de pique-nique à tous les emplacements. En attendant que nos voisins reviennent, nous squattons les leurs… et quand ils nous délogent, nous en profitons pour aller attendre le coucher de soleil au point de vue voisin.

Un petit jus et des chips en guise d’apéro tout en contemplant la vue sur le massif avec ses colonnes et dômes de grès… au loin !

Demain, nous les verrons de près… enfin !

La nuit tombe rapidement après 17 heures. Nous avons repéré une table de pique-nique située à côté de l’emplacement prévu pour le feu de camp. C’est là que nous mangeons notre repas froid… alors qu’il n’est même pas 18 heures. Bientôt, un groupe d’Australiens se rassemble autour du feu, la soirée sera très conviviale, les contacts faciles et chaleureux.

En plus, en observant les Australiens, nous mettons au point notre future organisation : dès qu’il fait nuit, les campeurs se regroupent autour du feu avec un petit verre (voire plusieurs !) puis, plus tard dans la soirée, chacun va chercher son dîner, préparé à l’avance tant qu’il faisait jour (hé, hé, en voilà une bonne idée) et revient le déguster près du feu. Nous prenons acte !

La nuit s’annonce bien, il fait très frais et les moustiques sont raisonnables, tant mieux !