Gibb River Road, de Mt Elizabeth Station à Imintji via Manning Gorge

J16 : Lu 14/06/10

Notre Toyota reprend du service aujourd’hui. La journée est consacrée au retour sur la Gibb River Road, ce qui signifie refaire les 185 kilomètres de piste et plus encore, selon notre destination finale. Départ 7 heures. Sacrée journée en perspective !

Bon, là, on connaît le terrain et on adapte la conduite en conséquence.

Après la zone la plus difficile, je prends le volant et Hervé s’occupe de la navigation : carte et GPS en main, il m’indique régulièrement les vitesses réelle et moyenne ainsi que le kilométrage parcouru. On n’avance pas vite : 30 km/heure, à peine !

Quand on voit la couleur des troncs et des buissons qui bordent la piste, on comprend pourquoi certains véhicules sont couverts de boue rouge.

Ils s’amusent à foncer à tombeau ouvert dans la moindre flaque. Et nous ? Euh, nous avons préféré rester raisonnables. D’ailleurs notre Land Cruiser est à peine éclaboussé.

Je ne suis pas une conductrice efficace. Sur la tôle ondulée, je crains d’accélérer, on avance comme des tortues. Hervé, à bout de patience, finit par reprendre le volant. En appuyant un peu sur le champignon, on ressent beaucoup moins les ondulations du terrain.

Lors du trajet aller, nous n’avions pas pris le temps de voir la galerie d’art aborigène près de la King River. C’est prévu aujourd’hui. Beaux exemples de rock art.

Au bout de trois heures trente, on rejoint Kalumburu Road, soit une vitesse moyenne de 30 km/h sur le tronçon effectué. Sur la portion à venir, cette moyenne passe à 50 km/h pour une moyenne générale de 40 km/h.

Arrivés vers 13 heures à Drysdale River Station, on est ravis de pouvoir mettre les pieds sous la table : le bar sert d’excellents en-cas !

Après deux nuits en camping, un peu de confort pour la nuit prochaine est souhaitable. L’hébergement le plus proche est à 160 kilomètres. Un petit coup de téléphone permet de nous assurer qu’il y a des disponibilités. Dans l’affirmative, nous poursuivons.

La piste est pourrie jusqu’à l’intersection avec la Gibb, mais ça, ce n’est pas nouveau. En revanche, après toutes ces heures sur de la piste rugueuse, nous trouvons la Gibb très lisse et filons à près de 100 km/h vers notre destination finale.

Mt Elizabeth Station, isolée au bout d’une piste de 30 kilomètres (encore une !) est un DB&B (Dinner Bed & Breakfast) familial dans une exploitation authentique de 100 000 acres élevant bétail et chevaux. La propriété offre quatre chambres rustiques qui se partagent deux salles de bain, le tout très bien tenu, dans un beau jardin fleuri et calme. Un véritable havre de paix !

Nous partageons les lieux avec deux couples australiens : Jane et Ronald de Melbourne, Margareth et Hilton de Perth. Quand nous arrivons, ils en sont déjà à l’apéro et, bien sûr, nous invitent à trinquer avec eux. Entre autres sujets abordés, celui de notre président de la République, connu jusqu'au pays des kangourous, non pas pour ses décisions politiques mais surtout pour son mariage avec la belle Carla.

Fin d’après-midi conviviale dans le jardin.

Le dîner est servi à 18 h 30. En voyant les rondeurs de la cuisinière, on pouvait espérer faire un bon repas… finalement, il sera plutôt décevant. En revanche, l’ambiance est très sympathique autour de la table, les contacts faciles et chaleureux avec nos nouveaux amis australiens.

J17 : Ma 15/06/10

De bonne heure, les chiens de la maison sont ravis de faire le tour de la propriété avec nous. Les animaux ne manquent pas : vaches et chevaux bien sûr, mais aussi wallabies, paons, perroquets roses et gris… une véritable arche de Noé !

Le petit déjeuner, servi à 7 h 30, est, contrairement au dîner d’hier, copieux et complet (œufs, toasts, céréales). Nos amis australiens insistent pour que nous goûtions le « vegemite », une spécialité typiquement australienne.

Le pot, la couleur et l’aspect du contenu rappellent ceux du Nutella. Mais la comparaison s’arrête là : il s’agit d’une pâte à tartiner relativement salée, brun foncé, à base de levure de bière. Autant dire que c’est infect, surtout au petit déjeuner !

Après cette expérience gustative inédite, notre périple reprend, toujours sur la Gibb River Road.

Au programme de cette matinée : rallier Mt Barnett Roadhouse à 70 kilomètres pour accéder au bout d’une piste de 7 kilomètres au trail menant à la cascade et aux bassins de Manning Gorge.

La balade commence de façon originale par une baignade obligatoire. En effet, il faut absolument traverser la rivière à la nage. Pour les effets personnels, des boîtes en polystyrène sont prévues sauf que ce matin, elles sont toutes sur la berge opposée. Bon, je me dévoue pour en ramener une !

Une fois la berge traversée, Lower Manning Gorge avec ses affleurements rocheux, son sable blanc et son eau claire laisse présager le meilleur. C’est déjà un petit coin idyllique !

Un petit prospectus nous indique qu’il y a 2 kilomètres jusqu’à la Upper Manning Gorge… on part dans cette optique mais le chemin nous paraît vraiment plus long. Une documentation ultérieure précise que ce sont bien 3 kilomètres et une heure quinze de trajet… ce qui semble correspondre à notre ressenti.

Mais la gorge vaut bien ce petit effort ! Bientôt, plusieurs bassins naturels dans lesquels se jette une belle cascade s’offrent à nous.

Nous ne résistons pas à un petit bain rafraîchissant après la marche sous un soleil de plomb.

Le retour est prétexte à dénicher fleurs, fruits et feuilles remarquables.

Après le pique-nique sur la terrasse ombragée de la roadhouse, nous continuons toujours sur la Gibb River Road en direction de la destination du soir : Imintji, 100 km. Mais les attractions ne manquent pas sur ce trajet : Galvans Gorge mérite bien un petit détour.

La gorge est jolie mais déjà à l’ombre.

L’endroit est infesté de mouches. Je comprends pourquoi certains randonneurs portent un filet à mouches : ici elles sont vraiment collantes !

Cette fois-ci, c’est vraiment parti. Certes, si on avait voulu, il y avait aussi Adcock Gorge ! Quand je vous dis que la GRR est ponctuée d’attractions… mais à ce rythme, il aurait fallu prévoir le double de jours.

A 16 h 30 nous atteignons Imintji où nous expérimentons le « Wilderness Camp », à l’image des camps de safari en Afrique. Cette formule a été inventée par le tour opérateur APT (Australian Pacific Touring) pour loger avant tout ses groupes de touristes en voyage organisé, dans cette région du Kimberley. Nous avons eu l’occasion de croiser à plusieurs reprises leurs cars 4x4 prévus pour de petits groupes de personnes déjà d’un certain âge. Les étapes se font en camping amélioré.

En effet, le camp propose en tout inclus (dîner, petit déjeuner et boissons) des « tented cabins » pour deux personnes, avec deux lits simples. Les sanitaires sont partagés mais de qualité (toilettes à chasse, robinetterie et faïence nickel, installation pour handicapés).

Pour le dîner, il y a deux services, deux groupes arrivant dans le camp à des heures différentes. On nous a intégrés au premier groupe pour le dîner à 18 heures. Nous nous attendions à nous sentir un peu à l’écart mais pas du tout, nous avons partagé la table avec un jeune couple de Hollandais venu comme nous en indépendants, un couple d’Australiens d’un certain âge voyageant avec le groupe (lui souffre de Parkinson) et une dame d’origine irlandaise, coquette, excentrique et bavarde avec qui nous avons passé une très agréable soirée.

En plus, le dîner est d’une rare qualité !

Bref, une formule qui permet d’être proche de la nature tout en bénéficiant de confort. Bien sûr, le prix est en rapport avec la qualité.