D'une baie à l'autre, de Shark Bay à Cape Peron

J30 : Lu 28/06/10

En ayant fait le choix de prolonger notre séjour à Coral Bay d’une journée, il nous faut aujourd’hui avaler des kilomètres afin de nous rapprocher de Shark Bay, 520 km, six heures.

A une cinquantaine de kilomètres de notre point de départ, nous passons une ligne symbolique : le Tropique du Capricorne. Les Australiens nous avaient tous prévenus qu’au-dessous de cette limite nous risquerions d’avoir froid et de trouver du mauvais temps.

Pour l’instant, grand bleu !

En fin de matinée, nous atteignons la petite ville de Carnarvon réputée pour ses cultures maraîchères et ses arbres fruitiers. Nous espérions trouver des fruits et légumes moins chers qu'ailleurs, mais au supermarché local, le kilo de tomates flirte toujours avec les 3 dollars.

En revanche, les prédictions des Australiens sont bel et bien réelles : en sortant de la voiture et malgré un franc soleil, les températures ont nettement chuté, avoisinant les 18°.

A l’heure du déjeuner, nous cherchons un coin sympa pour casser la croûte. A quelques kilomètres au sud de Carnarvon, une piste mène au bord de mer. A New Beach, nous déjeunons au bord de la mangrove tout en rajoutant une épaisseur. Le froid fait aussi grogner les pêcheurs qui rentrent la besace vide.

200 km plus loin, notre parcours quitte la nationale pour se diriger vers la baie de Shark classée au patrimonial mondial de l’Unesco pour ses plages grandioses, ses vastes champs d’algues et ses nombreuses espèces parfois menacées.

Première curiosité à découvrir : Hamelin Pool, une réserve marine abritant une célèbre colonie de stromatolithes.

Ces formations descendantes de bactéries, vieilles de 1,9 milliard d’années, ont évolué sous forme de biosédiments plus complexes. Elles font partie des structures vivantes les plus anciennes. C’est grâce à elles que l’oxygène est apparu sur terre !

D'une passerelle, on peut les observer sans les endommager, de préférence à marée basse.

La baie réserve encore beaucoup d’autres points d’intérêt, ils seront au programme demain car, pour l’heure, il est temps de nous hâter vers notre hébergement. Le soleil ne va pas tarder à décroître !

La destination la plus proche est Nanga Bay. Nous y avons réservé depuis la veille une « Beachview Villa » pour deux nuits. En arrivant, l’endroit a l’air sympa bien que peu fréquenté.

Nous payons d’emblée les deux nuits retenues et partons confiants en direction du logement. De prime abord, cela nous paraît beaucoup plus rudimentaire que ce que nous avons connu à Coral Bay… mais c’est peu dire… car en entrant, nous avons l’impression que le logement, bien que très vaste, n’a pas été occupé depuis des lustres, les vitres sont si sales que l’on y voit à peine à travers, le mobilier a l’air de dater des années cinquante, la douche est encrassée et la vaisselle préhistorique ! Nous aurions dû nous sauver illico… mais il va bientôt faire nuit, alors…

Pour nous consoler, quelques pas sur la plage confirment que l’endroit est chouette ! Dommage qu’il soit si négligé !

En haut de la colline, on distingue les différents bâtiments abritant chacun plusieurs logements.

Pour préparer le dîner, nous arrivons à échanger la poêle d’un autre âge contre une antiadhésive neuve… mais les carottes sautées polluées par la spatule en plastique (qui commençait à fondre) finiront à la poubelle. C’est vraiment navrant !

Alors, en nous couchant dans des draps à la propreté douteuse, nous n’avons qu’une idée en tête… nous faire rembourser la deuxième nuit pour quitter au plus vite ce logement horrible ! Mais ça, ce n’est pas gagné !

J31 : Ma 29/06/10

A peine réveillée, je rassemble au plus vite toutes nos affaires dans la perspective d’un départ imminent pendant qu’Hervé va aux renseignements auprès du gérant. Prétextant le froid (8,9° ce matin — la température la plus froide de l’année), il n’a finalement aucun mal à se faire rembourser la deuxième nuit (ouf !).

Les bagages sont aussitôt chargés et nous quittons avec soulagement ce taudis. Une fausse note regrettable dans notre voyage ! Forts de cette expérience malheureuse, nous nous jurons de ne plus rien réserver et surtout de demander à voir la chambre avant.

Bon, maintenant, reprenons nos visites… en direction de la péninsule de Peron.

Plusieurs panneaux insolites nous indiquent que la région est riche en animaux !

Premier arrêt de la matinée : Shell Beach est formée de coquillages empilés sur dix mètres d’épaisseur.

Pour la suite de la journée, nous devons prendre une décision en arrivant à l’entrée de la petite ville de Denham : d’abord aller voir les dauphins sur la plage de Monkey Mia puis pousser jusqu’au Cap Peron, ou l’inverse.

D’après notre documentation, les dauphins sont surtout présents le matin, c’est la première option qui est retenue.

La plage de Monkey Mia doit sa renommée mondiale à ses dauphins souffleurs qui s’en approchent tous les jours à la même heure. Ils sont nourris par les rangers lors de leurs trois premières visites matinales. Du coup, c’est devenu un véritable business et la plage est payante ! Bon, comme nous ne pensons rester qu’une heure ou deux, on nous accorde le « Concession Fee » soit 6 AUD par adulte. Sinon, c’est 8 AUD/pers ou 15 pour une famille, valable vingt-quatre heures.

Voici la fameuse plage !

En attendant que les dauphins se montrent, ce sont les pélicans à lunettes (Pelecanus conspicillatus) qui font l’attraction !

Mais bientôt, les dauphins souffleurs (Tursiops truncatus) leur ravissent la vedette pour le plus grand plaisir des touristes !

Nous ne nous attardons pas davantage, vous l’aurez remarqué à notre tenue, il fait frisquet. Retour à Denham où l’aire de pique-nique abritée du vent est bienvenue.

Un détour par l’Heritage Resort. La chambre à laquelle nous ne manquons pas de jeter un œil avant de nous installer nous convient parfaitement : grande chambre, micro-ondes, frigo et petit déjeuner inclus, que demander de plus ? On y dépose nos valises avant de repartir en direction du cap Peron.

Il est déjà 14 heures. Certes, il n’y a que 40 km jusqu’au bout de la péninsule mais c’est oublier que les kilomètres de piste ne se parcourent pas à la même vitesse que des kilomètres de route !

Résultat : une heure trente pour ce trajet ! De longues lignes droites sableuses alternent avec des zones de gypse trouées de nombreux nids-de-poule ! Tangage et secousses inévitables ! 4WD obligatoire !

En plus, au beau milieu de nulle part, voilà qu’un petit imprudent traverse la piste !

On l’a d’abord pris pour un porc-épic, mais en réalité c’est un échidné australien (ou à nez court, Tachyglossus aculeatus) et bien que ressemblant au porc-épic ou au hérisson, il n’est pas apparenté avec eux mais présente un mélange de caractères reptiliens et mammifères.

Après toute cette série de secousses, la récompense est au bout du cap… les couleurs rouges des falaises et des dunes tranchent avec le bleu profond de l’océan ! Que c’est beau !

Malgré l’heure déjà tardive, une petite balade nous mène à Skipjack Point en un peu plus d’une heure.

Skipjack Point, c’est ce point de vue qu’on voit, à droite, sur la photo. Il paraît que depuis cette avancée, on peut apercevoir, en été, quantité de dauphins, de dugongs et de raies Manta !

A défaut de ces espèces prestigieuses, c’est une colonie de cormorans qui assure le spectacle.

A notre retour, nous sommes les derniers à quitter le cap (sur trois voitures en tout et pour tout) ! Nous profitons de cette solitude à proximité d’un ancien lac salé avant de rejoindre Denham juste avant la nuit. Sacrée journée !