Mitchell Plateau, la piste infernale

J14 : Sa 12/06/10

Kalumburu Road et Mitchell Falls Track ne nous ont été signalées par le loueur ni comme des pistes autorisées ni comme interdites. Dans ces conditions, nous savons pertinemment que nous les parcourons à nos risques et périls. Un guide nous dira plus tard que les frais de dépannage sur ce type de piste reculée sont de l’ordre de 10 AUD par kilomètre. En sachant que les dépanneurs les plus proches sont à plus de 500 kilomètres, faites le calcul ! Il paraît que certains Australiens préfèrent, dans ce cas, abandonner leur véhicule plutôt que de le faire remorquer !

Après avoir récupéré notre pneu au garage ce matin (94 AUD, la note est salée dans l’outback), nous espérons ne pas revoir le garagiste de sitôt… et quittons la station à 8 heures, excités par l’aventure qui s’annonce !

Nous avons expérimenté hier la première portion de la Kalumburu Road déjà bien endommagée. On s’attend donc au pire aujourd’hui.

En fait, c’est une alternance de parties roulantes et de portions de tôle ondulée, de parties aussi larges qu’une autoroute et d’autres rétrécies à une seule voie de circulation, tout cela sur 100 kilomètres.

Au bout de deux heures soit une moyenne de 50 km/h, nous atteignons l’intersection. La piste de Mitchell Falls se dégrade nettement à partir d’ici, avec une succession de virages et de crêtes… et bientôt le passage d’un gué important : celui de la King Edward River !

Un 4x4 se présente sur la berge en face, nous donnant l’occasion d’illustrer la scène (à défaut de photographier notre propre passage).

En voyant la couleur rouge foncé du véhicule, on peut se demander quel enfer nous attend… et si notre Toyota sortira indemne de l’aventure !

Au fil des kilomètres, le paysage change. Sur le plateau, les eucalyptus laissent la place à une forêt de palmiers Livistona !

A Lawley Lookout, vers 11 h 30, nous faisons une pause en compagnie d’autres baroudeurs, la preuve qu’il y a du monde devant nous et derrière nous, tant mieux !

D’ailleurs, les occupants de ce 4x4 garé sur le bas-côté n’ont pas eu de chance : la tente plantée, les outils déballés… ils attendent… probablement depuis hier qu’on vienne les dépanner !

Le trajet a dû sembler long à quelque malin qui a laissé le message suivant sur une pancarte : « Are we there yet ? » Heu ! Pas encore, nous sommes encore loin d’être arrivés et les trente derniers kilomètres sont ardus, tout particulièrement les dix derniers. La vitesse moyenne chute à 20 km/h.

La piste très endommagée par les dernières pluies est sur le point d’être empierrée. Se succèdent des portions très boueuses et d’autres très rocailleuses. La prudence est de tous les instants.

Avant l’entrée dans le parc national de Mitchell River, un dernier arrêt est consacré au ramassage du bois pour le feu de camp. Nous en collectons un gros stock que nous attachons sur la galerie… en pensant déjà au bon barbecue de ce soir.

Enfin, le camping est en vue. Il est près de 15 heures. 7 AUD par personne et par jour dans une enveloppe pour ce camping très rudimentaire : toilettes sèches et un seul point d’eau (non potable) avec pompe manuelle… à l’ancienne.

Nous trouvons un petit coin où dresser la tente… oups, à côté de "l’hélipad"… et filons pour l’instant jusqu’à la rivière proche.

La baignade après une telle journée est un pur bonheur !

En sortant de l’eau, nous évitons de justesse la toile de cette araignée, et nous nous apercevons après coup qu’un varan a partagé notre bain !

De retour au camping pour le coucher du soleil, Hervé s’empresse de trouver une grille pour le barbecue. Il trouve très rapidement un arrangement avec nos voisins. Peter et sa femme de Sydney ont une grille mais pas de bois, nous avons du bois mais pas de grille. Nous sommes par conséquent faits pour nous entendre.

Très bonne soirée autour du feu, riche en échanges sur nos modes de vie réciproques… et côtelettes d’agneau parfaitement grillées ! Une réussite !