2013 - Huaqiao

Résidence au sein des Lycées professionnels Montesquieu et Victor Hugo de Valence, conception et réalisation de deux ateliers dans le cadre de la commande passée par le Centre du Patrimoine Arménien de Valence sur la diaspora chinoise en Drôme.

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"Dans le cadre de ma résidence d'artiste à Valence, j'ai été amené à travailler au sein des lycées professionnels Montesquieu et Victor-Hugo avec pour principal objectif de partager ma démarche artistique avec les élèves.

Pendant les ateliers, se confrontant à la pratique du portrait, les lycéens ont été amenés à réfléchir à la relation entre photographe et « photographié », question cruciale qui nous recentre sur le rapport à l’autre et sur ses représentations.

Comment puis-je connaître et montrer l'Autre ? Comment aller au-delà des stéréotypes et des écueils qu'ils génèrent : l'idéalisation et la stigmatisation ?

Il s'agissait aussi d'évoquer en filigrane des questions autour de la notion d'identité et de son instrumentalisation. Qu'est-ce que l'identité ? Quels sont les rapports entre identité et représentations photographiques ? Quels sont les rapports entre les représentations identitaires et la politique ?

Les ateliers se sont aussi concentrés sur la lecture d'images. Nous avons appris à regarder et à critiquer les images mais surtout à nous en méfier.

Dans la pratique, les lycéens se sont essayés au portrait. Ils ont appris à construire leurs images. Sans trop entrer dans le détail du fonctionnement de l'appareil photo, nous avons travaillé sur le regard. Il s'est agi d’apprendre à repérer les sources de lumière et les apprécier, observer avec attention un sujet, trouver par rapport à lui son point de vue, sa distance, son cadrage...

Je remercie les élèves et les équipes pédagogiques pour leur engagement dans ce projet artistique. Qu'il sache tout le plaisir que j'ai eu à travailler avec eux."

Emmanuel Sapet, photographe

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"Faire découvrir l'Asie à Valence, tel un explorateur ou un voyageur, relève a priori de la gageure pédagogique. C'est pourtant le pari que nous avons tenu avec nos élèves de Seconde professionnelle Métiers d’Art option Marchandisage Visuel du lycée professionnel Victor-Hugo.

Armés de leur appareil photographique et de leur téléphone portable, ils ont porté un regard neuf sur la ville qui leur a révélé ses mystères asiatiques. Magasins, influences, objets, rencontres... les élèves sont partis de « clichés », d'idées reçues, pour accéder peu à peu à l'autre, à la différence. À la fin du périple, ils ont appréhendé une autre culture avec ses codes et sa part d'étrangeté au sein de leur propre ville.

En feuilletant les carnets de voyage, vous naviguerez au cœur de cartes, de devantures de magasins, de récits, d'impressions graphiques, d'images et de témoignages. Le travail d'Emmanuel Sapet a permis d'enrichir la pratique de la photographie et de travailler sur le concept d'identité. L'accompagnement des enseignants a guidé les élèves de la pratique professionnelle à l'imaginaire.

C'est toujours un peu de soi qu'on laisse dans un voyage. Ici, Manon, Audrey, Melissa, Lara, Charly, Lucie, Maelle, Amandine, Tiffany, Florette, Ansfati, Mylène, Dylan, Alexia et Laura vous livrent un peu d'eux-mêmes dans ces carnets afin que vous ayez un autre regard sur la ville, ses habitants, sur l'Asie si proche finalement."

Sandrine Ferreira, Chantal Krieger, Christelle Thelliez, enseignantes au lycée Victor-Hugo.

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"Nous sommes la classe de Première Bac Pro Electrotechnique du lycée professionnel Montesquieu de Valence. Nous avons participé au projet qui a pour thème la diaspora chinoise de Valence et qui a pour objet cette exposition au Centre du Patrimoine Arménien.

Une diaspora est un mot grec qui fait référence à la dispersion des juifs après la prise de Jérusalem par les Babyloniens dans l’Antiquité. Par extension, ce mot désigne une dispersion de grande ampleur d’une population exclue de son territoire. Ce thème pose la question de l’identité.

Ont été associés à ce projet Emmanuel Sapet, photographe professionnel, Claire Xing, professeur de chinois, les ateliers de chaudronnerie et d’électricité, le Centre de documentation et d’information, ainsi que les professeurs d’Arts appliqués, de français et d’histoire géographie de notre établissement.

Nous avons découvert de nombreux aspects de la tradition chinoise, notamment la notion de Clair-Obscur, le yin et le yang : la passivité et le mouvement. Notre projet photographique devait donc s’inscrire dans cette tradition chinoise et nous tenions également à mettre à l’honneur notre formation professionnelle.

La notion de Clair-Obscur nous a paru intéressante et appropriée pour illustrer le thème de la diaspora, parce qu’elle parle de dualité : celle de l’exil, celle de la quête d’identité. Aussi, afin de créer l’effet clair-obscur, nos portraits sont imprimés sur papier Duratrans, qui est serti d’une pièce de ferronnerie, dans lequel s’enchâsse un système électrique à basse tension. Nous avons associé à nos photographies nos prénoms que nous avons réalisés à l’encre de Chine et d’un seul trait, afin de préserver l’énergie selon la tradition des idéogrammes chinois, dont nous avons pu comprendre la portée symbolique et philosophique. Le mot idéogramme contient sa définition : chaque idée est représentée par un signe différent, c’est le signifié (sens) qui est mis en avant, plus que le signifiant (signe).

Nous tenons à remercier particulièrement Claire Xing et Emmanuel Sapet pour leurs interventions ainsi que le Centre du Patrimoine Arménien qui expose nos créations."

L’équipe pédagogique du lycée Montesquieu de Valence

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Restitution sous forme de luminaires pour les élèves de la section électrotechnique du lycée Montesquieu et sous forme de Carnets de voyages pour les élèves de la section Marchandisage visuel du lycée Victor Hugo

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Avec le soutien de la DRAC Rhône-Alpes.