2007 - Asile de nuit

Que les parlés parlent.

« Asile de nuit, 50 rue Brâncoveanu »

Exposition de photographies à l'asile de nuit "Pater Jordan", 50 rue Brâncoveanu à Timisoara. Présentation de 40 photographies légendées par les personnes photographiées.

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Lors d'un voyage à Timisoara en décembre 2006, j'ai souhaité retrouver des personnes que j'avais eu l'occasion de photographier lors d'un précédent projet d'exposition en novembre 2004 et juin 2005 à la Maison des clowns, une association française travaillant à Timisoara auprès d’enfants et de jeunes adultes en grande difficulté sociale a travers une action d’animation culturelle et sportive (cirque, ateliers artistiques) et d’assistance sociale (école adaptée, soutien médical, etc).

Mes recherches m'ont permis de retrouver au moins trois de ces personnes et toutes les trois se trouvaient être accueillies à l'asile de nuit « Pater Jordan ». J'ai réalisé à nouveau leur portrait et étendu mes prises de vue à une partie de la population de l'asile. Celle-ci m'a réservé un accueil chaleureux, sensible au fait que je ne travaillais pas pour un organe de presse et que ma volonté n'était pas d'offrir d'eux une vision stigmatisante. Une de ces personnes avait notamment découvert le portrait qu'avait fait d'elle un journaliste dans un article consacré à l'alcoolisme.

"Que les parlés parlent", Michel Foucault

Par la suite, l'idée est venue de donner la parole à ces images, d'où le projet de mettre en oeuvre un atelier d'expression orale afin de faire créer aux personnes photographiées la légende de leur propre image. L'orientation de l'atelier était d'une nature double, tendant à la fois vers l'autobiographie (Qui suis-je ? Que puis-je dire de moi ? Comment libérer une parole me concernant ?), et vers la réflexion sur la représentation (Comment je me vois en photo ? Qu'est-ce qu'un bon portrait ? Quel serait mon portrait idéal ? Qu'est-ce que cela signifie pour moi d'être photographié ? Qu'est-ce que cela signifie d'avoir mon portrait ?).

L'exposition a été également un prétexte pour réaliser de nouveaux portraits et filmer les interactions entre les visiteurs de l'exposition, les photos et les personnes représentées physiquement présentes. Le choix d'une exposition In situ visait à faire se rencontrer des mondes qui s'ignorent et désamorcer les risques de voyeurisme.

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În timpul unei călătorii la Timişoara în decembrie 2006, am dorit să reîntâlnesc persoane pe care le-am fotografiat cu ocazia unei expoziţii anterioare, în noiembrie 2004 şi iunie 2005 la „Casa de clovni” din parcul Rozelor. Cercetarile mele mi-au permis să regăsesc cel puţin trei dintre aceste persoane şi toate trei găzduite la Azilul de noapte „Pater Jordan”. Le-am realizat din nou portretul dar am continuat să fotografiez şi o parte din rezidenţii azilului. Aceştia mi-au rezervat o primire foarte călduroasă, încântaţi fiind de faptul că eu nu lucram pentru un organ de presă şi că scopul meu nu era de a oferi o viziune stigmatizată a lor. De prea multe ori imaginea lor a fost utilizată pentru a ilustra „teme de societate”: mizeria, sărăcia, alcoolismul... Rămânea deci teama că vorbim încă o data în locul lor.

 "Să vorbească cei despre care se vorbeşte.", Michel Foucault

Apoi a venit ideea de a da cuvântul persoanelor, de unde punerea în practică a unui atelier de exprimare verbală cu scopul de a crea persoanelor fotografiate legenda propriei lor imagini. Orientarea şedinţelor a avut o dublă natură, reieşind în acelaşi timp din autobiografie (Cine sunt eu? Ce pot spune despre mine? Cum să exprim un cuvânt care mă priveste?), şi din reflecţia asupra reprezentării (Cum mă vad eu în fotografie? Ce înseamnă un portret bun? Care ar fi portretul meu ideal? Ce înseamnă pentru mine faptul de a fi fotografiat?).

Expoziţia se doreşte a fi şi un pretext de a facilita întâlniri şi poate, de a permite schimburi între lumi care se ignoră. Alegerea unei expoziţii in-situ în prezenţa persoanelor fotografiate se înscrie în acest context şi dezamorsează riscurile voyeurismului.”

 

Exposition In situ :

Vernissage :

Ana montrant le portrait d'elle que j'avais réalisé au printemps 2005 à la Maison des Clowns.

Le directeur de l'asile de nuit "Pater Jordan" s'exprimant devant la caméra de la chaîne nationale, TVR.Ro,