Dieu le veut !

AVERTISSEMENT = Les éléments contenus dans ce récit ont été empruntés à divers sites Internet, en l'occurence :

- Archéoprovence

- Sté Scientifique et Littéraire des Alpes de Haute Provence

- La Bibliothéque nationale de Paris

- Divers sites sur la Première Croisade

Les images proviennent elles-aussi du Web.

CETTE HISTOIRE EST ROMANCEE...

SI LA PLUPART DES EVENEMENTS SONT AUTHENTIQUES, TELS QUE LES FAITS DE LA CROISADE, LE RESTE EST LE FRUIT DE MON IMAGINATION...

(Pour l'Histoire réelle de la Croisade d'Allons, voir la page DESTINS CROISES).

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Mon histoire prend sa source au début du Moyen-âge...

En l'An 987, Robert II le Pieux était Roi de France, un tout petit état, entouré et cerné par de grands domaines qui avaient nom : Bretagne, Lorraine, Aquitaine, Toulouse... et dont les Seigneurs étaient à tout prendre plus puissants que lui !

Quant à notre belle Provence, qui n'était pas encore française, elle appartenait alors au Royaume de Bourgogne, hérité des descendants de Charlemagne.

En ces temps-là, elle vivait des heures douloureuses et difficiles....

Des bandes de sarrazins, installés en Espagne, ravageaient le Sud-Est de la France ; incendies, pillages, rapt d’enfants et de jeunes femmes, destruction de villages, de villes, et même implantation des envahisseurs sur ce que vous appelez aujourd'hui la Côte d’Azur ! Cet état de choses dura jusqu’à ce qu’un Seigneur d’Arles, Guillaume II, décida d’en finir. Il consitua une armée, repoussa les étrangers, et finit par les chasser complètement, récupérant au passage les lieux qu’ils avaient investis. Il deviendra Guillaume Ier de Provence, et pour récompenser ceux qui l’avaient suivi et aidé dans cette tâche, il distribuera à ses fidèles les terres reconquises !

Trois générations plus tard, vers le milieu du XIème siècle, je vis le jour à Annot, dans la famille d'un des descendants de ceux qui aidèrent Guillaume le Libérateur à chasser l'envahisseur.

Mon père s'appelait Pons Silvain, et ma mère Césarie. Nobles ils étaient, même sans particule, ce qui n'était pas exceptionnel en ces temps-là. Ce qui ne l'empêchait pas d'être un grand propriétaire terrien, dont les domaines s'étalaient un peu partout dans la région.

Il avait des possessions à Annot, Le Fugeret, Méailles, Thorame et surtout Allons, où les limites de ce domaine s'étendaient du Verdon à la Vaîre, qui est, comme vous le savez certainement, le cours d'eau qui passe à Annot.

N'imaginez pas notre vallée comme vous la voyez aujourd'hui ! Alonz (c'est là son ancien nom !) n'était pas alors à proprement parler un village, mais bien une communauté ; c'est-à-dire que ce nom s'appliquait à tout son terroir et que les habitants commençaient à peine à se grouper dans un minuscule hameau ; et puis se dispersaient un peu partout des manses et des tenures (c'est-à-dire des fermes).

Mon père avait aussi une grande famille, ce qui l'arrangeait bien, car, pour administrer les terres qui lui appartenaient, il « installa » les siens sur différentes parties de ces domaines. C'est ainsi qu'il mit à contribution mon cousin Willem et ma soeur Géronda.

Et il confia la gestion de son plus grand domaine, celui d'Alonz, où il avait une maison noble, à moi, Guillaume, son fils aîné, et à mon frère Vidian. Souvenez-vous... c'est moi qui fut à l'origine de votre Eglise St Martin, celle que vous appelez aujourd'hui Chapelle St Martin, à l'endroit que vous dites "Rampan".

A cette époque-là le système féodal se mettait en place. En Provence, commencèrent à émerger de grandes familles, comme la maison d‘Arles, des Baux, de Forcalquier, et plus près de nous, de Castellane ! Grande maison, noblesse très ancienne, peut-être descendante d’une maison royale de Castille !

Mon destin est tellement lié à cette famille, que je ne peux pas n'en pas parler!

Au temps de mon père, la féodalité est plus officieuse qu'officielle. On en est encore aux prémices, c’est-à-dire qu’il y a bien un « dominant », mais qui ne peut imposer sa loi aux autres. On ne prête pas hommage à quelqu’un de plus puissant, mais ce quelqu’un finira peu à peu et fatalement par dominer les autres !

Et puis tout bascule... Les grands domaines deviennent des fiefs et leurs chefs seront les vassaux de ceux, qui, plus puissants encore, se nommeront les suzerains.

C'est ce qui arriva à mon père et à beaucoup de ses confrères, lesquels furent bien obligés d'accepter les nouvelles règles, et se retrouvèrent inféodés.

Le système était simple : « vous me servez ; je vous protège ; nous sommes alliés, mais c’est moi qui commande et vous me devez obéissance si vous voulez continuer à exister ; et pour resserrer nos liens, je vous propose de m‘envoyer vos fils, afin que je les éduque ! »

C’est ainsi que la plupart des jeunes hommes de l’époque vont quitter leur foyer pour aller faire « leurs classes » et apprendre le métier des armes chez le suzerain de leur père.

Et bien entendu, je n'échappais pas à la règle; A ce moment-là, je m'appelais encore Guillaume Silvain. Plus pour longtemps...

Tout comme mon père, je n'étais pas ignorant du métier des armes ; à tout prendre, même, je me défendais bien ! Il n'empêche que pendant quelques années, j'ai passé plus de temps à Castellane qu'à Alonz ! Et lorsque plus tard, je revins au pays, je n'ignorais plus rien du maniement de l'épée, de la hâche, de la masse d'armes, et de la lance ! J'étais prêt à servir mon Suzerain sans réserve, sans condition, avec détermination et fidélité. C'était là ce que l'on attendait de moi, et je me consacrais à cette tâche avec la fougue de la jeunesse et la témérité qui allait de pair, sans pour autant négliger les affaires de mon fief ! Quelques années plus tard, je franchissais un autre cap, et c'est avec orgueil et fierté que je fus adoubé Chevalier !

Aussi, bien des années après, lorsque Pierre de Castellane, mon Suzerain, décida en 1096, de se croiser , et qu'il convoqua tous ses vassaux, Guillaume Silvain n'existait plus ! J'étais devenu, par sa volonté, Guillaume de Réquiston, et c'est ce nom qui devait se transmettre au cours des siècles à mes descendants.

C'est ce cri de foi et de ferveur qui fut le début de ce que vous appelez aujourd'hui La Première Croisade. Qui n'a entendu parler de Godefroy de Bouillon, qui en était le chef ? Dans le Sud, ce fut Raymond de St Gilles, comte de Toulouse, qui prit la tête des Provençaux ; et c'est son emblême, la Croix de Toulouse, qui devient notre signe de ralliement.

CROIX DE TOULOUSE

Bien des Seigneurs du Midi se rassemblèrent pour s'en aller délivrer le Tombeau du Christ ! Et des noms prestigieux répondirent à l'appel : d'Agoult, Sabran, d'Orange, des Porcelets, des Baux..etc...

CROIX DES CROISES

Pierre de Castellane, pour sa part, leva un contingent de chevaliers et de piétons dans tous ses fiefs. Et dans notre région, c'est sous sa bannière que je pris la croix, en tant que capitaine, à la tête d'un compagnie de cent croisés, qui représentaient les communautés d'Annot, du Fugeret, de Méailles, de Thorame, et bien sûr, d'Alonz.

BLASON DE CASTELLANE

BLASON DE ALLONS

Laissant mon épouse au pays, mais avec le ferme espoir de la revoir, j'emmenais avec moi notre fils Jean, qui fut mon lieutenant pendant ces trois années d'aventures, de foi et d'espérance, mais aussi de privations, de souffrances et d'incertitude ! Nous partimes de Lyon, et de 1096 à 1099, nous fûmes de toutes les batailles et de tous les sièges !

Nicée, en mai 1097 ;

Dorylée, en juillet de la même année...

Fin 1097, nous avons mis le siège devant Antioche pendant près de sept mois et la citée est tombée début juin 1098, mais par un coup du sort, d'assiégeants, nous nous sommes retrouvés assiégés et bloqués dans la ville, affamés par un blocus impitoyable. Jusqu'à ce qu'à la mi-juin, un miracle se produisit, l'un de nos Provençaux ayant exhumé la Sainte Lance qui perça le flanc de notre Seigneur Jésus, sous le dallage d'une des églises d'Antioche. C'est grâce à ce miracle que nous pûmes enfin mettre fin à ce blocus et à cette terrible famine qui nous décimait. Et c'est seulement en Janvier 1099 que nous pûmes enfin reprendre la route de Jérusalem !

CHEVALIER CROISE

En juin de cette année-là, nous voici enfin devant la Ville Sainte ! Entre temps, hélas, nous avions laissé derrière nous plusieurs des nôtres, notamment mon Suzerain, Pierre de Castellane, qui n'arriva jamais à Jérusalem...

Après plusieurs tentatives, la citée tombera le 15 juillet 1099... Au soir de cette même journée, beaucoup d'entre nous durent battre leur coulpe, car malgré l'intervention de St Gilles qui tenta de s'interposer, les Musulmans furent massacrés par milliers, et bien des Juifs pareillement..

PRISE DE JERUSALEM EN 1099

Et puis... et puis le but était atteint ; Jérusalem était délivrée des Incroyants, la Terre Sainte reconquise...

Je fus l'un de ceux qui, sagement, estimant leur devoir et leur tâche accomplis, préférèrent laisser aux "grands barons" le soin de continuer l'ouvrage...

Laissant derrière nous ceux qui ne voulaient plus partir, et ceux qui avaient péri au cours de cette pieuse expédition, noux rentrâmes au pays, pour la plus grande joie de ceux et celles qui nous y attendaient...

Quelques années plus tard, le siècle suivant étant déjà bien entamé, c'est à Alonz que je quittais ce monde après une vie bien remplie, espérant ne pas y avoir laissé trop de mauvais souvenirs....

Certaine personne de votre siècle et de ma connaissance pense que je fus inhumé au cimetière de l'Eglise St Martin...Cela semble logique, n'est-ce-pas ? Alors si vos pas vous dirigent parfois, au cours d'une promenade, sur ce lieu antique, et même si tout cela vous semble très loin, n'oubliez pas ceux qui vous ont précédés dans votre village et qui ont bâti son avenir...

Que Notre Seigneur Jésus garde notre vallée en Sa Sainte Protection !

Guillaume de Requiston

Seigneur D'Alonz,

Par la Grâce de Dieu et de son Suzerain

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Centrée sur des faits réels, cette histoire pourrait être véridique. En effet, je me suis basée pour l'écrire sur un document dans lequel est mentionnée la famille Silvain d'Annot et je suis partie du principe que Guillaume était bien le fils de Pons, comme il est mentionné sur ledit document, et ce dont personnellement je ne doute pas.

ELEMENTS HISTORIQUES :

* Pons Silvain était propriétaire de : Allons, Méailles, Annot, Le Fugeret et Thorame.

* Guillaume Silvain, son fils, est cité sur des actes en 1070 pour l'Eglise St Martin d'Allons.

* Guillaume de Requiston était, pendant la Première Croisade, "capitaine" de Pierre de Castellane pour les communautés de : Allons, Méailles, Annot, Le Fugeret et Thorame. (Il est flagrant que ces deux Guillaume n'en font qu'un !)

* Son fils Jean était son lieutenant.

* Pierre de Castellane était "Lieutenant général" pour Raymond de St Gilles.

Il mourut au cours de la Coisade, avant Jérusalem ; mais "ses Provençaux" continuèrent

l'aventure à la suite de Raymond de St Gilles.

* Les armes de Castellane et d'Allons portent le même emblême du château à trois tours, ce qui tend à prouver qu'Allons était bien vassale de Castellane.

* La prise de Jérusalem, en 1099, fut suivi d'un massacre général de la population

musulmane et juive de la ville par les Croisés ; triste à dire, mais c'est là la vérité !

* Le siège d'Antioche fut long et pénible ; les Croisés furent soumis à une terrible famine, qui les força à manger leurs propres chevaux pour subsister ! Puis se déclencha une épidémie, due sans doute à l'ingestion de plantes non commestibles, à cause de la famine !

* La découverte de la Ste Lance à Antioche fut effectuée par un prêtre qui accompagnait Pierre de Castellane (lequel était encore en vie à cette date).

* Parmi les vassaux de ce dernier, figurait Hugues de Bagaris, qui, 19 années plus tard,

devenait le Premier Grand Maître de l'Ordre du Temple !

* Pendant la prise d'Antioche, St Gilles étant tombé malade, ce fut Pierre de Castellane

qui prit le commandement de toute l'armée des "Provençaux" !

* Le terme "provençaux" ne désigne pas seulement les croisés du Midi, mais aussi ceux de

Toulouse, bien entendu, du Centre de la France (Auvergne), du Languedoc, de la région

du Forest, vers Lyon ; et bien sûr, ceux de la "vrai Provence" ! Leur armée était là plus

importante de la Première Croisade !

Et malgré toutes mes recherches sur Internet, j'ai été très déçue de ne pas trouver, du moins pour l'instant, le nom de l'épouse de Guillaume ! Mais je ne désespère pas.... Mon petit doigt me dit en effet que je n'ai peut-être pas fini de faire des découvertes....

Pour le reste, j'ai laissé la responsabilité du récit que vous venez de lire à son narrateur ; et si sa mémoire des siècles passés lui fait par instant défaut, nul doute que nous saurons lui pardonner ces quelques lacunes !

Soulanjo