Paris - Meaux via Claye-Souilly

Chronique de la 8ème cycloscapade - dimanche 11 octobre 2020

Un canal ... des canaux... qui posent questions

Trouver un titre à cette chronique fut difficile, les questions se cumulant au gré des échanges post-cycloscapade. Trancher étant difficile, les voici.

Enigmatique : "Ourcq, y-es-tu ?"

Curieux : "Vous avez dit canal de l'Ourcq ?"

Naïf : "L’Ourcq? Est-ce un animal préhistorique ?"

Pédant : "Le canal de l’Ourcq, de Riquet à l’Empereur", oui, "mais lequel ?"

Inquisiteur : "Etes vous certain que ce canal contient uniquement de l'eau de l'Ourcq ?"

Dubitatif : "A quoi sert-il ? aux Parisiens ou aux mariniers?"

Emphatique : "Ne serait-ce pas le précurseur du canal de Suez et de celui de Panama?"

Bourguignon : "N'est-il pas, parfois, aussi riant que le canal du Nivernais?"

Erudit ou bon connaisseur du site VPC: "Vous avez bien titré Un canal... des canaux...? Ne pensez-vous pas aussi au canal de Chalifert à Meaux et à ses ouvrages d'art ?"

Et, enfin, affirmatif, à la Mac Mahon : "Que d'eau ! Que d'eau !" et sa réplique un peu moins célèbre : "Et encore, Monsieur le Président, vous n'en voyez que le dessus".

Ces questions font écho à celles que nous nous sommes posés en chemin. Grace à Wikipedia, JC nous avait apporté des informations essentielles sur l'Ourcq et son canal mais l'une d'entre elles m'avait laissée perplexe : un canal pour apporter de l'eau potable aux Parisiens ou pour naviguer? Jean Paul et moi nous sommes repenchés sur cette rivière ou plutôt sur l'ouvrage "Un canal ... des canaux...". L'Ourcq est un affluent de la Marne qui prend sa source dans la forêt de Retz. Elle rejoint la Marne à Lisy après un parcours de 63 km environ. L'idée de dériver cette rivière vers Paris est ancienne. Pierre-Paul Riquet, auquel nous devons le canal du Midi, avait, en 1676, proposé de l'amener jusqu'à ... l'actuelle place de la Nation. C'était une très bonne idée pour les VPCistes. L'eau aurait eu des usages non potables, comme l'entretien des jardins publics.
En 1802, Napoléon ordonna par décret l'ouverture d'un canal de dérivation, la rivière étant amenée dans un bassin près de la Villette. Entre Riquet et Napoléon, il y eut d'autres projets et les usages changèrent. En 1802, l'Ourcq devait servir à amener de l'eau potable et/ ou à permettre la navigation. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées, écologistes avant l'heure, se demandaient si les deux usages étaient compatibles. Napoléon, plus expéditif, opta pour le oui.

Autre question qui a surgi en pédalant : que signifie l'indication "Elévateur d'eau du canal d'Ourcq", que l'on peut lire alors que l'on s'approche de la Marne et du canal de Chalifert à Meaux? Wikipedia nous indique qu'il s'agit de l'usine élévatoire de Trilbardou, une machine hydraulique pour alimenter le canal en eau... de la Marne. Et oui, l'été, le débit de l'Ourcq peut être très faible, d'où l'idée de puiser dans la rivière mère. La machine hydraulique qui permettait le pompage des eaux date de 1865. Aujourd'hui, elle est remplacée par des pompes électriques.

Et pour conclure, pourquoi le canal de Chalifert à Meaux ? Nous avions trouvé la bonne réponse : il a pour fonction de raccourcir le parcours des péniches. Une précision, les 12 km du canal permettent d'éviter les méandres qui étirent la Marne sur environ 30 km. Au XXIème siècle, ce serait bien de penser à un passage permettant aux cyclistes d'éviter la montée de l'allée Jean de la Fontaine à Chessy. Un petit tunnel cyclable, latéral à celui de Chalifert à Meaux, ferait l'affaire.

D.