Jean-Marc Chouvel et Marie-Noëlle Masson

Jean-Marc Chouvel et Marie-Noëlle Masson

Épistémologie de l’analyse et de la théorie musicales


L’analyse musicale est-elle une discipline autonome ? Cette question était posée d’emblée, en juin 2017, à l’ouverture du dernier congrès européen d'Analyse musicale (Euromac) de Strasbourg. Les réponses à cette interrogation sont cruciales pour la définition même de l’analyse musicale et stratégiques quant à la place de cette pratique dans les territoires de la musicologie. Depuis l’émergence de l’analyse musicale, son champ s’est considérablement élargi, il est aussi devenu profondément hétérogène. Cette donnée risque d’hypothéquer la possibilité d’un travail commun et coordonné sur le musical. Cette dispersion demande en effet qu’on définisse la spécificité des méthodes de l’analyse musicale, la possibilité d’en asseoir et d’en élargir les fondements épistémologiques. Parmi ces assises, le legs structural et plus précisément le modèle linguistique ont représenté pour les sciences humaines en général, et pour la théorie et l’analyse musicales en particulier, des figures de proue qu’il convenait de suivre ou, à l’inverse, d’abattre. Faut-il interroger à nouveau frais ce legs important ? Faut-il imaginer de nouveaux horizons, notamment celui tracé par les sciences cognitives ? Les algorithmes cognitifs fournissent une modélisation précise des mécanismes de l’écoute et de la recognition musicale. Ouvrent-ils les pistes d’une analyse des spécificités du donné musical ? Permettraient-ils de créer, autour d’un axe fort, un lieu de recherche et de débat commun à la discipline de l’analyse musicale ?