Sustainable Economic Models (SEMod)

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Économie du partage

Définition du modèle

Il s’agit d’un nouveau mode de consommation dans lequel les consommateurs se partagent l’ « usage » d’un produit, d’un équipement ou d’un service. En général, ce modèle permet de réduire l’impact écologique et social du modèle classique dans le même secteur d’activité, mais les exemples les plus connus de l’économie du partage ont tout d’abord été développés pour générer du revenu.

Le modèle de l’économie du partage se rapproche quelques peu de l’économie de la fonctionnalité car il annule également le concept de possession privée et se concentre ainsi sur le « service » rendu par le bien partagé. Un critère les différencie toutefois : le fait que les utilisateurs partagent le service/bien.

Ainsi, l’exemple d’Airbnb utilisé dans l’économie de la fonctionnalité est pertinent dans l’économie du partage, les utilisateurs se « partageant » l’appartement loué. En revanche, l’exemple de Nordaq qui propose de filtrer l’eau du robinet des restaurants plutôt que de leur fournir de l’eau en plastique n’a rien à voir avec l’économie partagée.

Caractéristiques du modèle

Aussi appelée « Economie collaborative », l’économie du partage considère :

- Les systèmes de partage de frais : tout le monde paie un petit peu, ce qui réduit le coût que représenterait un achat individuel. >> Par exemple : Lime permet le partage de trottinettes électriques.

- L’économie contributive: le consommateur peut également être producteur. >> Par exemple : ebay, qui permet à tous ses utilisateurs de créer de la valeur. Les acheteurs trouvent des objets à prix bas, les vendeurs peuvent se débarrasser de leurs anciens objets, ebay profite d’une commission pour la mise en relation. Chacun y trouve son compte !

- La création de bien commun. >> Par exemple : la création d’une maison de jeunes pour organiser des évènements dans le quartier : la commune contribuera financièrement, le plombier du quartier installera le chauffage, l’électricien installera la lumière, … etc.

Le Pôle interministériel de Prospective et d’Anticipation des Mutations économiques (Pipame) a par ailleurs classé l’économie partagée dans les catégories suivantes[1] :

Objectifs / Avantages du modèle

· Quand ce modèle existe, c’est parce qu’il réduit les coûts pour ses utilisateurs. Ce modèle permet donc d’accéder pour moins cher à certains services et réduit parfois les inégalités.

· Il renforce les liens sociaux : l’économie partagée pousse les contributeurs à se rencontre, à interagir, à collaborer. Par opposition l’achat de biens personnels augmente l’individualisme.

· En général, l’économie du partage est meilleure pour l’environnement. Le meilleur exemple est le covoiturage, mais on peut aussi penser à tous les biens partagés qui seraient sous-utilisés si chacun préférait posséder le sien.

v Challenges /Désavantages du modèle

· L’économie du partage n’est pas toujours écologique, et parfois même très nocive pour l’environnement. >> Un exemple très connu est celui des trottinettes électrique (Lime, Dott, etc. ), perçues comme des alternatives excellentes à la voiture/la moto, ne polluant pas l’air, en plus d’être partagées et donc utilisées au maximum de leurs capacités. En fait, les trottinettes électriques ont une durée de vie très courte étant donnés leur utilisation publique, trop courte pour être une bonne solution écologique. En effet, la batterie et autres matériaux constituant la trottinette coûtent souvent moins cher à racheter en neuf qu’en les réparant. De plus, les études prouvent que les trajets en trottinette font 1,3 km en moyenne, et ne remplacent donc pas les trajets en voiture, mais bien les trajets à pied et à vélo.

· La professionnalisation : Les plus gros acteurs privés catégorisables dans l’ « économie du partage » ont connu un phénomène de professionnalisation de leur plateforme. En d’autres termes, la plateforme destinée à mettre en contact des individus pour un échange de biens/services a été confrontée à des utilisateurs dépendant de leur plateforme comme source de revenu. >> Un exemple très connu est Airbnb. Initialement, Airbnb était une plateforme pour mettre son logement en location lorsque l’on ne l’habitait pas. Ainsi, les personnes en voyage pour plusieurs semaines pouvaient rentabiliser leur absence. Aujourd’hui, la majorité des appartement loués sur Airbnb seraient en réalité loués par des « multipropriétaires » en charge de plusieurs appartements, et gérant ceux-ci comme des chambres d’hôtels. Dans le cas de Uber, le phénomène est tellement important qu’il a même donné lieu à un nouveau terme : l’ubérisation, définie comme l'utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi instantanée, grâce à l'utilisation des nouvelles technologies. L’ubérisation est extrêmement critiquée socialement, car elle permet aux entreprises (comme Uber) d’exploiter leur « collaborateurs » professionnels en évitant de se plier aux lois de l’emploi. Comme les chauffeurs d’Uber ne sont pas employés par Uber, ils travaillent donc autant qu’ils le « souhaitent », Uber se déresponsabilisant de toute assurance en cas d’accident, de paiement de congés ou de mutuelle, etc.

Il faut d’ailleurs remarquer le changement de ton dans les publicités d’Airbnb et Uber au fil des années : ils sont passés de slogan tels que « rejoins une communauté d’entraide et fais des rencontres» à « ma chambre d'amis paie ma moto vintage ». [2]

· L’augmentation des inégalités sociales : On peut reprocher aux plateformes d’économie du partage d’accroître la rentabilisation du capital, et donc d’augmenter les inégalités patrimoniales. En d’autres termes, les appartements valent plus cher car ils sont louables sur Airbnb (avoir un appartement a donc plus de valeur), et favorise donc ceux qui possèdent un appartement, mais aussi une voiture, un terrain, etc. par opposition à ceux qui n’en possèdent pas.

v Perspectives

« Avec une croissance annuelle à deux chiffres, le poids de l’économie du partage devrait dépasser les 500 milliards d’euros d’ici 2025. »[3]

L’économie du partage est pour l’instant principalement la plus connue dans la mobilité (Uber est devenue une multinationale mais il existe de nombreux exemples à plus petite échelle que nous verrons dans les exemples, et pas seulement pour les voitures) et le logement (de nouveau, Airbnb est l’exemple le plus connu, mais d’autres exemples sont plus intéressants et répondent bien mieux au concept de développement durable).


[1] Ministère de l'économie (2015). Enjeux et perspectives de la consommation collaborative (Rapport Final). [online] Entreprises.gouv.fr. Available at: https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/prospective/Numerique/2015-07-Consommation-collaborative-Rapport-final.pdf [Accessed 23 Dec. 2019].

[2] Thépot, M. (2016). L'économie collaborative n'est pas sociale et solidaire. [online] La Tribune. Available at: https://www.latribune.fr/economie/france/l-economie-collaborative-n-est-pas-sociale-et-solidaire-541099.html [Accessed 23 Dec. 2019].

[3] [online] Available at: http://futuroscopie.org/index.php/economie/158-l-economie-du-partage-ouvre-de-nouvelles-perspectives [Accessed 4 Feb. 2020].


- Note -

Ces fiches ne sont pas encore finalisées, nous les étoffons encore pour l'instant!