Sustainable Economic Models (SEMod)

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Économie Circulaire

Définition du modèle

L'économie circulaire est un terme qui a été inventé pour s’opposer au concept d'économie linéaire, une étiquette généralement utilisée pour les processus d'affaires économiques traditionnels =

1. production/extraction et approvisionnement de matières premières essentielles,

2. Utilisation de ces matières premières pour fabriquer les biens,

3. Consommation (avec éventuellement un entretien) du produit.

4. élimination du produit comme déchet.

ÉCONOMIE LINÉAIRE

Source : Delannoy, E. (2016) [1]

A la dernière étape, la valeur économique des déchets est essentiellement considérée comme négative (le traitement des déchets coûte de l'argent) ou nulle. La chaîne de valeur est donc considérée comme un tuyau, où les matières premières entrent et les déchets se retrouvent à la fin.

Le concept d'économie circulaire a dès lors été établi comme une alternative durable : Le tuyau n’a ni entrée, ni sortie. La circularité illustre l’idée de réduire significativement la production et la consommation de matières premières par la récupération et la réutilisation des ressources issues des déchets.

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Source : ( ???)

La circularité est permise par 9 actions / options de circularité, retrouvable [c1] par la règle dite des « 9 R ». Tout système circulaire s’appuie sur au moins l’une de ces actions.

1. Refus : empêcher l'utilisation de matières premières ;

2. Réduire : réduire l'utilisation des matières premières ;

3. Réutilisation : réutilisation de produits (utilisation de produits d’occasion, partage de produits, etc.) ;

4. Réparation : entretien et réparation ;

5. Remise à neuf

6. Remanufacture : création de nouveaux produits à partir de (parties d') anciens produits ;

7. Réutilisation : réutilisation d'un produit pour un usage différent ;

8. Recyclage : traitement et réutilisation des matériaux ;

9. Récupération d'énergie : incinération des flux résiduels.

Dans les pratiques sociétales actuelles, des mesures importantes ont été prises pour introduire ces processus de réutilisation, de réparation, de recyclage, etc.. Le concept de circularité va cependant beaucoup plus loin. Par exemple, recycler une bouteille en plastique produit des déchets nocifs pour l’environnement (il faut la faire fondre et une partie des composants du plastique s’échappent dans la nature, etc.), et ne répond par conséquent pas au concept d’économie circulaire[2].

Caractéristiques du modèle

· Il se concentre sur la conception de produits de manière à pouvoir être facilement réparés, désassemblés pour une nouvelle utilisation des composants ou à permettre une récupération facile des matières premières.

· Il met l'accent sur la séparation de la propriété et de l'utilisation des produits[3] . De cette façon, les matériaux essentiels restent entre les mains du producteur.

v Objectifs / Avantages du modèle

On peut cette fois-ci les présenter en quatre catégories.

1) Stabilité et durabilité du processus de production : il nécessite beaucoup moins de matières premières nouvellement produites ou extraites. Ainsi, il devient moins sensible à la raréfaction ou à l'incertitude due par exemple à la géopolitique instable et stratégique des pays fournisseurs (comme le pétrole qui sert à produire le plastique).

2) Nouvelles opportunités d'emploi local dans la soi-disant « éco-industrie », et de réorientation géographique des activités externalisées vers les économies nationales. Ce dernier processus est nommé "exploitation minière locale" ou "resourcing". Exprimé plus simplement, les entreprises de l’économie circulaire localisent leur production près du lieu de consommation (où l’on récupère également les « déchets ») et créent ainsi de l’emploi au même endroit où elles s’implantent.

3) Potentiel d’innovation : l’économie circulaire questionne toutes les entreprises de l’économie linéaire, et les pousse à se réinventer. Elle est un nouveau terrain d’expression de créativité entrepreneuriale.

4) Réduction des dommages causés à l'environnement en raison de la diminution de l'extraction des matières premières, de la consommation d'énergie fossile et des problèmes d'élimination des déchets.

v Défis / désavantages du modèle

· Augmentation de l'incertitude liée à l'organisation du processus de la chaîne d'approvisionnement inversée. En effet, si le produit doit revenir du consommateur vers le producteur, le producteur dépend du consommateur pour sa production. Par exemple, un producteur de jus de pommes qui réutilise ses bouteilles en verre ne peut pas produire autant de jus de pommes qu’il le souhaite, car il est limité par le nombre de bouteilles qu’il recevra en retour de ses clients.

· Transitions systémiques majeures demandées pour en faire un modèle économique puissant, avec un haut degré d’incertitude. Il faut un changement de diverses caractéristiques fondamentales et celui-ci n’aura probablement pas lieu naturellement (il y a cependant déjà eu des exceptions). Autrement dit, l’économie circulaire n’est pas un modèle attirant pour la grande majorité des entreprises. Même avec une volonté politique très forte, contrôler de la circularité d’entreprises (obligées légalement) est utopique. L’exemple du producteur du jus est très simple et existe déjà. Mais il est peu probable qu’Apple se lance d’elle-même dans la construction d’iPhones dont toutes les pièces sont réutilisables pour construire de nouveaux iPhones (il est beaucoup moins coûteux de produire un iPhone avec de nouvelles pièces). Il faudrait donc des débats de société intensifs et des régulations.

ð Ces changements systémiques devront probablement être déclenchés par des décisions et des actions délibérées de la part d’acteurs puissants au sein du système, et auront lieu à condition qu’ils leur soient bénéfiques.

v Acteurs

· Tous les citoyens, sociétés,… qui proposent une production et une consommation circulaire

· Les agences et organisations apportant l’expertise et le conseil auprès des collectivités, des entreprises, des associations et du grand public, pour introduire la circularité dans de nombreux domaines.

· L’Union Européenne : les pouvoirs locaux lancent régulièrement des appels à projet autour de thématiques telles que l’efficacité énergétique, l’économie circulaire ou la gestion des déchets.

· Les Etats et Régions : la législation est cruciale pour soutenir l’économie circulaire

v Perspectives

Lors de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, la Belgique avait inscrit dans ses priorités la préparation de l’initiative phare « Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources ». En application de la stratégie Europe 2020, la Commission a présenté le 26 janvier 2011 son initiative phare sur la question. Cette dernière publication invite les Etats membres à définir une stratégie et une feuille de route nationale pour une utilisation efficace des ressources et à faire état de leurs progrès en la matière dans le Programme National de Réforme (PNR)[4]. Afin d’évaluer les performances des Etats membres (dont la Belgique) en matière d’éco-innovation, l’Europe a composé un « Indice de l’éco-innovation ». Avant 2012, la Belgique affichait encore un score supérieur à la moyenne européenne en matière d’éco- innovation et se classait parmi les pays de l’UE-28 présentant de bonnes performances. On observe toutefois un décrochage de la Belgique en matière d'éco-innovation par rapport à la moyenne européenne depuis 2012. Selon l’Eco-Innovation Observatory (2018), ceci n’indique pas que la performance de la Belgique s’est spécialement déteriorée, mais plutôt qu’elle est restée stable avec une évolution positive des autres pays-membres.

Plus alarmant encore, le score de notre pays dans la catégorie « Socio-economic outcomes», qui évalue dans quelle mesure la performance en matière d'éco-innovation génère des résultats positifs pour les aspects sociaux (emploi) et économiques (chiffre d'affaires, exportations), était parmi les plus bas de l’UE-28. Dans cette catégorie, la Belgique se positionne à la 21ième place du classement de l’UE-28[5]. La Belgique, malgré les ambitions affichées, est donc plutôt « mauvais élève » en termes d’innovations favorables à l’économie circulaire.

En Europe par contre, au cours de la dernière décennie, la taille de l'éco-industrie a plus que doublé. Ceci est compliqué à juger comme étant suffisant, étant donné la petite taille initiale et actuelle de celle-ci.

Exemples en Belgique :

1) Lili Bulk

Lili Bulk est un acteur d’économie circulaire proposant des mixs prêts à cuisiner. Les aliments sont sains, bios et consignés dans des bocaux réutilisables. L’objectif de cette marque Bruxelloise est de proposer une façon rapide et simple de manger sainement tout en favorisant le zéro déchet. De fait, la transition vers le zéro déchet peut sembler fatigante et chronophage. En effet, « une fois vendu et les aliments consommés, le contenant est rendu, lavé et réintroduit dans le circuit. » Plus précisément, « ces produits sont vendus sur la boutique en ligne (B2C) et dans des magasins bio (B2B2C). Lili Bulk gère toute la chaîne logistique, du sourcing à la commercialisation, en passant par le nettoyage des bocaux rapportés, en coopération avec son partenaire La Ferme Nos Pilifs. »[6]

2) CYCAD

CYCAD propose des vélos électriques ou non en bambou (le bambou est local, c’est un matériau solide et léger). Ces vélos sont fabriqués en Belgique et ont pour mission de :

- Rendre la ville plus agréable à vivre grâce à une meilleure qualité de l’air, sonore et visuelle.

- Une meilleure qualité de vie pour celui qui utilise ce service.

- Une solution pour faire diminuer les émissions et la pollution de l’air en favorisant une mobilité douce accessible à tous.

- Remplacer les moyens de transports trop polluants par un autre moyen confortable et sans tracas.

- Développer une activité économique locale et circulaire créant de l'emploi en Belgique. Les vélos sont loués et donc réutilisés lorsque le consommateur n’en a plus besoin.

- Offrir un service all in : entretien, réparation, dépannage, remplacement en cas de vol.

3) Solange

Solange propose des abonnements sur mesure de langes lavables. Les clients payent un abonnement pour disposer de langes que Solange s’engage à nettoyer. Solange assure également un suivi en retour. De cette manière, l’on évite de nombreux déchets dus aux langes jetables. Ces langes « sont labellisés STANDARD 100 par OEKO-TEX. […] Ce label international garanti que ces langes, du fil au tissu, en passant par le scratch, ne contiennent pas de composantes nocives pour la santé et pour l'environnement. Il contrôle entre autres la présence des produits colorant azoïques (favorisant les allergies et potentiellement cancérigènes) et des métaux lourds. Et comme il s'agit des fesses de bébé, les valeurs limites à ne pas dépasser sont parfois 5 x plus petites que celles dans d'autres textiles ! »[7]

Exemples internationaux :

1) Les vêtements circulaires : Patagonia.

Certaines marques, comme Patagonia, proposent des vêtements à base de produits recyclés, et étant eux-mêmes recyclables. En effet, le secteur du textile est, après le secteur pétrolier, le deuxième secteur économique le plus polluant. Les vêtements sont collectés, puis triés pour la qualité de leurs fibres. Ils sont ensuite recyclés en fibres textiles. En général, lors du tri, le coton est trié par couleur. Cela permet d’éviter de les teindre à nouveau. C’est mieux, mais cela peut conduire à avoir des couleurs moins unies.

Lorsque le coton recyclé est de moins bonne qualité, il est utilisé pour fabriquer des serviettes, du papier, ou au pire des cas, de la matière isolante pour bâtiments.

Dans le secteur du textile, un autre phénomène est encore plus fréquent : celui de l’upcycling. Il consiste à réutiliser les matériaux textiles pour en faire de nouveaux objets. Par exemple, un rideau sera utilisé pour faire une jupe. La différence est qu’il n’y a pas de transformation du matériau, et qu’il n’y a aucune certitude que la jupe sera elle-même réutilisée. L’upcycling n’appartient donc pas à l’économie circulaire.

Patagonia axe le succès de sa marque sur des valeurs de responsabilité environnementale et sociale. Ici, une affiche publicitaire pour un service de réparation de vêtements lancé par la marque.

La marque a également lancé le label « Worn Wear », affiché sur tous les vêtements au textile recyclé/réutilisé.

2) La construction circulaire : Encore heureux

Dans l’histoire de la construction, les matières premières suivent un processus rythmé par quatre étapes : extraction, transport, transformation et assemblage. Les conséquences de ce fonctionnement ne sont pas glorieuses : le bâtiment (la construction) représente environ 40 % des émissions de CO2 des pays développés, 37 % de la consommation d’énergie et 50 % des déchets produits.[8]

« Encore heureux » est un cabinet d’architectes spécialisés dans la réutilisation des matériaux. En effet, plutôt que de puiser sans fin dans des ressources dont on sait qu’elles ne sont pas infinies, pourquoi ne pas réemployer des matériaux de seconde main? Ainsi a lieu ce que l’on appelle la « déconstruction sélective ». Plutôt que de démolir purement certain(e)s tuyauteries, murs, portes et escaliers mais également baignoires, lavabos, etc., ceux-ci sont « sélectionnés » pour être réutilisés dans d’autres constructions. Il y a tout de même plusieurs oppositions que l’on peut faire à ce projet :

1. Il n’est pas entièrement circulaire. En effet, de nombreux matériaux ne peuvent pas être réutilisés, et certains nouveaux matériaux sont tout de même utilisés pour les nouvelles constructions.

2. Pour la plupart d’entre eux, il est nettement plus cher de sélectionner des matériaux et de les transporter plutôt que de les acheter neufs. Ainsi, les clients faisant appel à ces services acceptent de payer plus par conscience écologique. Le modèle n’est donc pas très compétitif.

Les architectes furent responsables de la construction de la majorité des infrastructures acceuillant la COP21 à Paris en 2015. Toutes ces constructions furent réalisées en matériaux réutilisés et réutilisables.

3) Le Festival circulaire : We Love Green

Dans le monde le plus éphémère qu’il soit, celui de la fête, We Love Green est un festival parisien qui s’engage dans la circularité, avec pour objectif d’atteindre la circularité totale d’ici 2025. Pour cela le Festival devra : 1) utiliser uniquement des matériaux (matériel de scène/stands/son/lumière/… etc) réutilisés et réutilisables ; 2) utiliser 100% d’énergie renouvelable ; 3) des écocups et des gourdes consignées distribuées aux festivaliers ; 4) revaloriser tous ses déchets (actuellement ils sont à 81%), y compris les déchets amenés par les festivaliers, 5) rendre l’accès au festival uniquement accessible en transports en commun non-polluants.

L’objectif est de taille, mais ne semble pas démotiver les 85.000 festivaliers de l’édition 2019 venus apprécier Vald, Christine and The Queens, Aya Nakamura, Tame Impala, Booba, Rosalia, Metronomy, 13Block, Hamza et bien d’autres encore.

v Questions ou activités pour ouvrir la discussion

Il est possible de reprendre les mêmes types de questions/d’activités que pour les autres modèles, mais en adaptant à ce modèle en particulier :

Exemple :

« Présenter une société ne fonctionnant pas selon ce modèle économique et poser la question suivante aux élèves : Comment cette société pourrait-elle transiter vers un fonctionnement plus durable tel que le système de l’économie sociale et solidaire économie circulaire ? »

Idées supplémentaires :

- Poser la question suivante aux élèves : Ce modèle économique adhère-t-il aux trois piliers du développement durable ? Justifiez votre réponse. Si non, quel comportement ajouter pour que ce soit le cas ?

Variante : Poursuivre la discussion en donnant des exemples d’entreprises d’économie circulaire: les élèves doivent repérer quels comportements correspondent à quel pilier du développement durable.

- Quelles différences ou ressemblances y a-t-il entre ce modèle économique et le dernier vu en cours ?

- De quel modèle, ce modèle-ci se rapproche/se différencie-t-il le plus ? En quoi ?

v Pour aller plus loin

Vidéos

Explication : https://www.youtube.com/watch?v=evjGT35-4LU

Débat : https://www.youtube.com/watch?v=WNNfHXSH8nc

A regarder en classe (TEDx) : https://www.youtube.com/watch?v=vUCI-fGCuk4

Mêmes conseils que pour l’ESS ou l’économie de fonctionnalité.


[1] Selecteo (2016). [image] Available at: https://www.selecteo.fr/le-blog/39-l-economie-circulaire-produire-autrement-et-penser-reemploi [Accessed 4 Feb. 2020].

[2] Guesdon, J. (2020). Pourquoi le recyclage, à lui seul, ne va pas nous sauver du plastique. [online] France Inter. Available at: https://www.franceinter.fr/environnement/pourquoi-est-ce-si-complique-d-en-finir-avec-le-plastique [Accessed 4 Feb. 2020].

[3] Tukker, Arnold. "Product Services for a Resource-efficient and Circular Economy – a Review." Journal of Cleaner Production 97 (2015): 76-91. Web.

[4] Delporte, J. and Cuypers, D. (2014). vers une belgique pionnière de l'économie circulaire - Google Search. [online] Google.com. Available at: https://www.google.com/search?client=safari&sxsrf=ACYBGNSKSONxN3yJ2XYyIoYYrHfdx45QeA%3A1570646778233&source=hp&ei=-iqeXZ7jC83HwQLG-7mwBw&q=vers [Accessed 9 Oct. 2019].

[5] Conseil Central de l'Economie (2019). Emploi et compétitivité : Les progrès de l’économie circulaire en Belgique. [online] Ccecrb.fgov.be. Available at: https://www.ccecrb.fgov.be/p/fr/668/les-progres-de-l-economie-circulaire-en-belgique [Accessed 9 Oct. 2019].

[6]Lili Bulk: https://www.lili-bulk.com/fr/

[7] Solange, retrieved from : www.Facebook.com/Solange-Service-de-couches-lavables-281877639392001

[8] Deshayes Philippe, « Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable : logiques d'innovation et/ou problématiques du changement », Innovations, 2012/1 (n°37), p. 219-236. DOI : 10.3917/inno.037.0219. URL : https://www.cairn.info/revue-innovations-2012-1-page-219.htm

[c1]identifiable ?


- Note -

Ces fiches ne sont pas encore finalisées, nous les étoffons encore pour l'instant!