Tristesse
Tristesse : 1/12
JOURNÉE DE MÉLANCOLIE
L'aube pleure. Le ciel écoule mon chagrin
Sur les toits et les rues de ma ville endormie.
Lassé mon pauvre cœur aussi loin de sa mie
Se plaint de la journée qui s'annonce au matin.
Les heures dérivant notre temps assassin
Vont pendant ce long jour attiser ma folie.
Scandant le rythme fou de cette liturgie
L'infâme sablier navrera l'arlequin.
À midi le soleil fera luminescence
Au travers du brouillard que la voûte à outrance
En épanchant mon spleen inondera mes yeux.
Triste sera le ciel au soir de mon émoi
L'astre lune par nuit me saura malheureux
Quand il m'endormira sur mes rêves de toi.
Tristesse : 2
À MON IVROGNE DE PÈRE
(Repose en paix. Papa !...)
Chaque jour tu buvais à la source du diable
En soiffard aviné accoudé à ton bar
Sans jamais étancher cette soif insatiable
Rejetant ton foyer en faveur du nectar.
Chaque nuit à pleurer dans ses pauvres mains vides
Elle menait combat pour remplacer l'impie
Elle a tant essayé mais son regard candide
S'est détourné de toi et de tes soûleries.
Refrain
Les enfants de l'alcool exècrent les cafés,
Voir son père en guignol, c'est trop lourd à porter !
Les enfants des poivrots grandissent en colère
Avec des yeux sanglots posés sur l'univers.
Chaque jour prisonnier de ta sale bouteille
Enfermé toi-même, tes lèvres entrouvertes
Ne peuvent qu'avaler les jus venant de treilles
Créant à l'énième ce qui fera ta perte.
Chaque nuit elle prie pour que revienne enfin
L'homme sans défaillance à l'horrible maîtresse.
Lui qui un jour a pris sans peur du lendemain
Toute sa confiance en divine promesse.
Refrain
Les enfants de l'alcool exècrent les cafés,
Voir son père en guignol, c'est trop lourd à porter !
Les enfants des poivrots grandissent en colère
Avec des yeux sanglots posés sur l'univers.
Chaque jour tu lui ment à cause de l'alcool
Qui te ronge le sang tel un vampire sournois.
Inexorablement t'attirant sous le sol
Où vont agonisant d'incurables du foie.
Chaque nuit ell' prendra entre ses bras de mère
Pour mieux les protéger tous ses enfants chéris
Afin qu'ils ne voient pas ce ressemblant de père
Ivrogne qui rentrera aviné et meurtri.
Refrain
Les enfants de l'alcool exècrent les cafés,
Voir son père en guignol, c'est trop lourd à porter !
Les enfants des poivrots grandissent en colère
Avec des yeux sanglots posés sur l'univers.
Chaque jour tu riais au nez des non-buveurs
Car ils ne veulent pas de ton breuvage immonde.
Ce ne sont que des Niais !.. Vous êtes les Seigneurs !..
Oui !.. Vous êtes les Rois. Mais de quel triste Monde ?
Refrain
Les enfants de l'alcool exècrent les cafés,
Voir son père en guignol, c'est trop lourd à porter !
Les enfants des poivrots grandissent en colère
Avec des yeux sanglots posés sur l'univers.
Tristesse : 3
À UNE AMIE PLEURANT SA MÈRE
Elle est encore en toi
Vivant ton désarroi.
Essayant d'amoindrir
Ce qui te fait souffrir.
Te criant l'essentiel
De se trouver au ciel.
Au milieu de l'amour
Qu'elle reçoit chaque jour,
De la part de ton cœur
Lui disant ta rancœur.
Calme ton désarroi,
Elle est encore en toi.
Tristesse : 4
ALZHEIMER
Tout a du commencer ainsi,
Seul et perdu sur un trottoir.
Les commissions pourquoi ? Pour qui ?
Le cerveau comme une passoire.
Il ne trouvait plus sa maison.
Il a marché pendant des heures,
Il ne savait plus ce que sont :
Le temps, les minutes les heures.
Un jour ce sera son prénom
Qu'il ne pourra plus prononcer,
Puisque les mots, même les noms,
N'auront plus rien à rappeler.
Subissant le temps à passer,
Regard trop vide, mains tremblantes,
Il ne saura plus ajouter
Des gestes à sa vie indolente.
Mais certains jours ne sachant pas,
Qu'il ne se souvenait de rien !
Il partira à petits pas,
Dans ses récits d'épicurien.
Ils racontent des souvenirs,
À ses enfants tranquillisés,
Qui voient son regard se ternir,
Pour leur demander, qui il est ?
Vivre l'instant comme une grâce,
Ne rien savoir des bruits du monde,
Ne plus compter les jours qui passent,
Être une plante, un souffle, un songe...
Les gens ne veulent plus vieillir,
Alors le cerveau dit assez !
Les pensées et les souvenirs.
Alzheimer les fait oublier.
Écrit le 21/09/2016
Tristesse : 5
DANS LA MAISON DE MON ENFANCE
Dans cette maison ma jeunesse
S'est écoulée tout doucement
Une famille au goût tendresse
Pour se forger durablement
Mais un jour devenu fragile
J'ai laissé là ma parentèle
Sauvegardant en moi l'asile
Qu'aujourd'hui mon âme recèle
De temps en temps quand la torture
Remonte en mon cœur ma ruelle
J'y vais puiser dans ma fracture
L'évocation jouvencelle
Là, je vois mes frères, ma sœur
Dans cette impasse où l'on jouait
J'embrasse un instant de bonheur
Qui s'estompe après tant d'années
Il me reste c'est curieux
Cette maison de ma jeunesse
Mes souvenirs capricieux
Font le tri depuis ma détresse
Tristesse : 6
LE GRAND OISEAU S'EST ÉCRASÉ
Pas un "mayday" pendant sa chute,
Le grand oiseau s'est écrasé,
Sur une montagne escarpée,
Monts aux gigantesques abruptes.
Dans un fracassement de brute,
Sans avoir le temps d'y penser,
Les cent cinquante passagers,
Ont vécu l'ultime minute.
Dois-tu, dès leurs jeunes années,
Briser de telles destinées,
Rompre la chaîne de leurs jours ?
Dévaster leur vie éphémère ;
Dieu, n'as-tu donc pas de mère ?
Pour briser ainsi leurs amours ?
Écrit le : 25/03/2015
Tristesse : 7
L'HOMME ENDORMI
(le calme est revenu)
En ce matin d'octobre alors que tout s'éveille,
Couché sur la verdure, silencieusement,
L'homme attend sagement le retour du soleil,
Qui viendra le chauffer de ses rayons ardents !
Et dans cette accalmie un vieux cerf solitaire,
Appelant l'azur bleu de son bramement fort,
Allume la nature sans se laisser distraire,
Et pénètre en forêt puisque voici l'aurore.
L'homme allongé là bas en habits de chasseur,
Le regard bleu fixé vers le ciel de l'automne,
Semble encore endormi dans sa nuit sans chaleur,
Son long fusil en croix sur une branche d'orme.
Éternellement froid, chez lui plus rien ne bouge ;
Il est comme un granit qui forme les murailles.
Une larme de sang sortie de son poitrail,
Dessine sur son cœur comme une rose rouge.
Pourtant hier encore, les yeux remplis de haine,
Ajoutant à la mort les cris de son courroux,
Il lançait devant lui les semences de la peine,
Car il savait tuer puisqu'il était debout.
Le calme est revenu. Il dort paisiblement.
Si bien qu'on l'imagine rêvant dans l'extase.
Assoupi à jamais, il dort loin des tourments.
Tandis qu'au loin là bas, l'horizon bleu s'embrase.
Tristesse : 8
LORSQUE LE TEMPS SERA VENU
J'aimerais percevoir cette flûte céleste
Au moment de quitter à jamais cette vie
Elle serait le chant de mon doux manifeste
Aidant à retirer de l'instant le funeste
Quand vous lirez les mots de mon vieux palimpseste
J'aimerais percevoir cette flûte angélique
Au temps de m'en aller sur la verte prairie
Loin du tohu-bohu du désordre tragique
J'emprunterai serein ma route bucolique
Lorsque j'irai chercher mon Éden idyllique
J'aimerais percevoir cette flûte divine
À l'instant de laisser mon âme inassouvie
Vous qui savez combien la peau se parchemine
Quand l'écorce a connue la caresse câline
Il est dur d'arracher de sa terre sa racine
Écrit le : 04/08/2012
Tristesse : 9
QUAND UN POÈTE MEURT
Quand un poète meurt l'océan est moins vaste
Car il ne reçoit plus les larmes de son cœur
Qu'il venait déposer, mots doux ou cri néfaste,
Ô ! Comme ils manqueront son rire ou bien sa pleure.
Ce sont d'autres Aèdes qui viennent maintenant
Déverser leur chagrin pour en faire un cours d'eau
Afin d'y déposer malheureux mais confiant
Des vers qui finiront dans la mer en cadeau.
Écrit pour l'avenir,
Trouvère ou troubadour !
Rien ne pourra tarir,
Cette marée d'amour.