Théodore de Banville, Petit traité sur le Sonnet
Le Sonnet est toujours composé de deux quatrains et de deux tercets.
Dans le Sonnet régulier - riment ensemble :
1° le premier, le quatrième vers du premier quatrain ; le premier et le quatrième vers du second quatrain ;
2° le second, le troisième vers du premier quatrain ; le second et le troisième vers du second quatrain ;
3° le premier et le second vers du premier tercet ;
4° le troisième vers du premier tercet et le second vers du second tercet ;
5° le premier et le troisième vers du second tercet.
Si l'on introduit dans cet arrangement une modification quelconque,
Si l'on écrit les deux quatrains sur des rimes différentes,
Si l'on commence par les deux tercets, pour finir par les deux quatrains,
Si l'on croise les rimes des quatrains
Si l'on fait rimer le troisième vers du premier tercet avec le troisième vers du deuxième tercet - ou encore le premier vers du premier tercet avec le premier vers du du deuxième tercet,
Si enfin on s'écarte, pour si peu que ce soit, du type classique,
Le Sonnet est irrégulier.
Le dernier vers du Sonnet doit contenir un trait exquis, ou surprenant, ou excitant l'admiration par sa justesse et par sa force. Lamartine disait qu'il doit suffire de lire le dernier vers d'un Sonnet ; car, ajoutait-il, un Sonnet n'existe pas si la pensée n'en est pas violemment et ingénieusement résumée dans le dernier vers. Le poète des Harmonies partait d'une prémisse très juste, mais il en tirait une conclusion absolument fausse.
- OUI, le dernier vers du Sonnet doit contenir la pensée du Sonnet tout entière.
- NON, il n'est pas vrai qu'à cause de cela il soit superflu de lire les treize premiers vers du Sonnet.
Car dans toute œuvre d'art, ce qui intéresse, c'est l'adresse de l'ouvrier, et il est on ne peut plus intéressant de voir :
- Comment il a développé d'abord la pensée qu'il devait résumer ensuite,
- Comment il a amené ce trait extraordinaire du quatorzième vers qui cesserait d'être extraordinaire s'il avait poussé comme un champignon.
Enfin, un Sonnet doit ressembler à une comédie bien faite, en ceci que chaque mot des quatrains doit faire deviner - dans une certaine mesure le trait final, et que cependant ce trait final doit surprendre le lecteur non par la pensée qu'il exprime et que le lecteur a devinée, mais par la beauté, la hardiesse et le bonheur de l'expression. C'est ainsi qu'au théâtre un beau dénouement emporte le succès, non parce que le spectateur ne l'a pas prévu - il faut qu'il l'ait prévu -, mais parce que le poète a revêtu ce dénouement d'une forme plus étrange et plus saisissante que ce qu'on pouvait imaginer d'avance.
Sonnet 1
Jeune apprenti poète à l'orée de l'écrit,
Découvrant au Parnasse à quelle clé l'aède
Dont la rime s'entasse, guignant le remède
Afin qu'il soit prophète à son jour lui aussi.
Quatorze vers comptés en strophes répartis,
Dont les termes choisis seraient un intermède
A notre frénésie d'indomptable bipède
Nous engendrant versés aux vocables chéris.
Écrire, relire jusqu'à perfection,
La rime retenir au profit d'union,
Maîtriser les patois sans perdre son courage.
Pour la muse aux aguets de la plume en émoi,
Se mettre mille fois, patiemment sur l'ouvrage
Puis, finir le sonnet, comme en un don de soi.
© Gérard SANDIFORT alias Sandipoète
Sonnet 2
La tristesse du monde aurait pourtant voulu
La consolation de l'aède amoureuse
Mais la mélancolie de la sphère piteuse
Aura bien un poète à son spleen dévolu.
Ainsi va l'univers à nos destins cousus,
Il répond à celui à la vie prometteuse
Sans oublier l'humain, l'existence boiteuse
Car il sait que pour eux l'avenir est foutu.
Alors poétesse, mon écrivant jolie
Laisse là ta rancœur, profite du plaisir
Regarde devant toi la merveilleuse vie.
Une étoile au ciel veut admirer grandir
L'amour qu'une maîtresse a accepté ravie
Fusionnant à l'heureux, scellant son avenir.
Sonnet 3
Quand remonte incertain ; rêverie apaisante,
Le parfum de ma Mère, agréable senteur
Mélangée, lavandière à son savon labeur,
C'est ma joie de gamin qui me revient, brûlante.
Non, je n'oublierai pas sa poitrine abondante,
Quand je me tenais fier, au plus près de son cœur,
Comme j'aimais hier, ses baisers cajoleurs,
Qu'éparpillait sur moi sa bouche souriante.
Même si l'image s'efface au fil des ans,
Même si au lavoir l'eau est beaucoup moins vive,
J'ai gardé l'avantage d'un amour si grand.
Quand mon cœur nonchaloir vient sur la douce rive,
Du fleuve mirage que je cache au dedans,
J'y puise au réservoir, ma ressource affective.
Sonnet 4
(Au nom des "Clavardages")
Au nom des "clavardages" dictés du Parnasse !
L'imagination de mon cerveau, déserte !
Auraient-elles raison de ma plume diserte,
Ces sombres atrophies dont l'âge me menace ?
Ah la voilà, ma Muse ! Encore qui rêvasse,
Alors que son Poète agonise à sa perte ;
Ô ! Retrouver le filon de ma divine experte !
J'ai besoin d'entendre ma lyre perspicace.
Inspire-moi veux-tu quelques récits célestes.
Le temps est revenu de versifier un zeste ;
Aie donc pitié de ton Aède infortuné !
Pour que je me délecte en rimes pittoresques
De concert, immortalisons ta renommée
Afin que Melpomène ajoute ses prouesses.
Sonnet 5
Oh muse ! Emmène-moi au pays de mes songes,
Celui que mon cœur porte en lui, si plein de foi,
Où, seule, erre mon âme, y goûtant chaque émoi,
Venant reprendre vie au soir, loin des mensonges.
Ouvre-moi les endroits que borde les oronges,
Quand je ferme les yeux, en cherchant ton chez-toi…
J’y flânerai heureux et je mettrai ma foi,
Dans l’empreinte des pas, aux sentes que tu longes.
Mène-moi sur la rive où dansent les roseaux,
Et permets-moi d’entendre alors tous les oiseaux,
Dont la voix narrative rend fou de tendresse.
Montre-moi les épis formés en blonde mer,
Là où la fraîche sylve, exulte à la caresse,
D’un zéphyr que nenni ne souffle un moindre enfer.
© Gérard SANDIFORT alias Sandipoète
Sonnet 6
Un jour où je venais, ignorant la campagne,
Oubliant le senti des rameaux caressants
Car je m'étais posé où venait ma compagne,
Pour dire l'élégie aux elfes accueillants,
Mon cœur était en larme. Ma peine était si grande.
Tout n'était qu'avanie à mon rêve lointain.
Quand du fond de mon âme, exubérante offrande,
J'ai senti Polymnie me prendre par la main.
Et grâce à la Déesse, à ma lyre pensive,
J'ai pu dire à ma Mie que je chéris toujours,
Moi, l'Aède en détresse à l'orée de la sylve,
À quel point j'apprécie son cœur empli d'amour.
Et jamais je n'ai plus quitté l'aura diffuse,
Du sentiment discret que m'a donné la muse.
Sonnet élisabéthain ou shakespearien - XVI-XVII
Trois Quatrains et un Distique
ABAB-CDCD-EFEF-GG
Sonnet 7
Épie l'épithalame à tes mots retrouvés,
Car se meurt ton calame à ne plus versifier.
Retire-toi au calme aède maladroit,
Il faudrait que ton âme retrouve l'endroit.
Rêverie reviens-lui renouvelle ton rai,
Et toi brume de nuit sois l'effluve à ton spray.
En retrouvant sa muse et ses mots enchantés,
Naîtront je m'en amuse accords et vers choyés,
Seul à son coin si calme où sa tête est au ciel,
En redonnant la palme à son existentiel.
Misérable rimeur amoureux du Parnasse,
Baladin au grand cœur reintègre ta place.
Là, tu pourras enfin revenir à ton art,
Et nous renaître afin d'hisser notre étendard.
4 Quatrains et 1 distique (XVI ème XVII ème siècle)
(Façon Shakespeare)
ABAB CDCD EFEF GG
Sonnet 8
Il était si petit qu'il tenait dans ma main,
Mais mon cœur attendri voulait à peine y croire.
Comme il venait de moi commença une histoire,
À suivre pas à pas ce petit bout d'humain.
Chaque jour est lumière à lui montrer serein,
Les choses, lui dire celles qu'il doit savoir.
Jamais je n'aurais cru qu'il me ferait vouloir,
Que les jours soient plus longs. À deux, on est si bien.
Si la vie me l'a pris, sans moi à ses côtés
J'ai du me résigner il m'a fallu partir
Le chemin s'ouvre à lui ses ailes ont poussées
Mais je tremble à penser qu'il doit aussi bâtir.
Lui avez-vous tout dit ? Lui avez-vous montré ?
Saura-t-il se guider pour vivre et pour construire ?
Sonnet 9
J'aimerais traverser l'Éden de sable chaud
Où ondule alanguie l'infante de tes rêves
Qui me fait altier. Où est donc cette grève ?
Afin d'y déposer mes tumultes de mots.
Laisse-moi retenir le chemin qui me plonge,
Où mon cœur vient poser dans l'empreinte des pas,
D'ineffables bonheurs que j'aime à lire tout bas,
Là où tes souvenirs ont laissé comme un songe.
Et peut-être en secret de ma rive si froide,
Mêlant à tes doux vers sur la page scellée,
Je verrai l'amitié qui tu offres en ballade.
Alors en ce jour cher à mon âme comblée,
Je choisirai d'aimer cette douce accolade,
Que nous aurons offert à nos rives soudées.
Sonnet 10
La peine chaque jour emplit mon désarroi.
Il pleut à gadoue faire infligeant l'avanie
À mon cœur. Ô ! Calvaire privé de ta vie...
Le temps lui, va son cours immuablement froid.
Les heures dérivant notre siècle d'effroi
Vont pendant ce long jour attiser ma folie.
Scandant le rythme fou de cette liturgie
L'infâme sablier navrera mon beffroi.
L'existence vécue ces pénibles années
Ne peut être pourvue de reprises espérées ;
On ne peut revenir sûr ce qui est écrit.
Mais mon âme a besoin de penser il me semble,
À l'attache... Au sentir qui malgré tout nous lit,
Pour être le témoin même sans vivre ensemble.
Sonnet 11
Oh ! Pourquoi faudrait-il que mon cœur amoureux,
Reste à jamais servile au temps qui nous sépare ?
Je n'ai plus d'avenir si loin de notre lare !
Ne peux-tu revenir où se posent mes yeux ?
Alors quand dans ton rêve, Amour si glorieux,
Tu reviens sur la grève où mon cœur est sans phare
Tu remets mon trépas car mon sang à ta gloire
Par le bruit de tes pas coule plus chaleureux
Reviens mon bel Amant dont l'absence inutile
Fait de moi au dedans un Robinson sans île
Qui égrène les mois et les jours et les heures
Le moment est trop loin où enfin câlinée
Je serai contre toi pour oublier mes pleurs
Mon Amour j'ai besoin de ton âme adorée
Sonnet 12
Quand l'un des deux l'autre a quitté
Celui qui reste est en enfer.
Il est long le chemin sur terre
Qui nous fusionne à l'être aimé.
C'est pourquoi ton âme éplorée
Se réchauffe de sa lumière
Quand tu trouves sous une pierre
Un souvenir du doux passé.
Grâce à toi son âme sait vivre
Se nourrissant du moment ivre
Où il peut poser sur ton cœur
Un baiser que tu sens à peine
Source d'un instant de bonheur
Qui vient pour épancher ta peine
Sonnet 13
Qui a-t-il de plus doux qu’offrir ma complaisance
Répondant en promesse au lendemain plus grand
A toi qui souffre ainsi, visage larmoyant
Devant mes yeux mouillés par ta désespérance ?
Ô ! Tu est mon amie dans ce tendre silence !
Ta douleur accueillie par mon cœur bienveillant.
Si le doute est de mise à moi d'être vaillant
Partageant avec toi ma joie, ma confiance.
Si tu es en peine ma détresse est énorme
Mon cœur vacille, pleure, ma douleur sans borne
Voit sa compagne triste alors ma vie va mal.
Et si la joie t'enlace alors je suis prospère
Ajoutant à mes biens un partage amical
Lors je sais m’écarter, te surveillant en frère.
Sonnet 14
Vous êtes arrivé à la fin d'un album
Dont chacun des gamins en garnissent les pages
Emplissant ce bouquin ces richesses d'images
Que vous aimerez lire, un jour, ad-libitum.
Ces souvenirs communs qui vous rendent ravis
Vous les avez construits avec eux cette année
Et s'ils vous ont conduit jusqu'à cette journée
C'est pour dire combien ils sont de vos amis.
Ils n'oublieront jamais leur bon Maître d'école.
Ses leçons de français sur fond de cabriole
Seront gravés en eux quand devenus matures,
Ils parleront de vivre à leurs enfants chéris,
Leur montrant qu'au dessous de toute leur culture,
Pour commencer ce livre il y eut votre acquis.
Sonnet 15
Proférant la douceur à l'horizon pâli,
C'est l'heure où le soleil est posé sur la plaine,
Pour offrir le vermeil d'une contrée lointaine,
Faisant dire, ô bonheur, que l'hiver est fini.
La Nature enchantée au réveil ébloui,
Déverse sa couleur à l'attrait porcelaine
Grâce aux milliers de fleurs à l'odeur souveraine,
Pour mieux me réveiller au plaisir, ébahi.
Mais, me voyant assis sur le banc du jardin,
Les branches étirées du vieux saule ont touché,
L'épaule d'un ami, venu seul ce matin.
Car mon âme est allée vers mes rêves pleurer.
Les feuilles mortes aussi ont vu mon cœur chagrin,
Ma Mie s'en est allée, lors de l'hiver passé.
Sonnet 16
Nous pleurons c'est certain même encore en ce siècle
Le déclin d'un prochain, la mort dans notre cercle
D'un courageux docile, mort avant sa retraite
Pas de pension puisqu'il n'a pas vu l'autre infecte.
Car depuis que la mort sentant des bras serviles,
Afin de mieux pourrir leurs muscles inutiles,
A pactiser l'emploi des patrons honorables,
Remplissant dans la joie leurs poumons vulnérables.
Et même les mineurs qui tiraient le charbon,
N'ont pas pu prévenir les travailleurs d'amiante,
Qu'il leur faudrait des masques pour gagner leur pognon.
L'horrible mort ici n'est pas la plus choquante.
Ceux qui savaient aussi, c'était bien les patrons,
Qui ont bien protégé leur usine malfaisante.
Sonnet 17
La politique entraîne à subir l'avanie.
Le peuple misérable n'y reconnait pas,
L'allégorie bien faite englobant ses tracas,
D'un palabre au ténor, d'une cacophonie.
La société vois-tu qui est à l'agonie,
Après t'avoir élu toi qui la dépeças,
Ne cherche même plus à te régler ton cas.
Elle espère aux vertus de ton apologie.
Je n'irai plus à l'urne et quand je subirai,
Enfermé dans ma turne l'impôt je payerai,
Non je n'en serai plus l'infâme responsable,
Qui a conduit l'esthète en haut de son podium,
Où il pourra encore abîmer, pauvre diable,
Cette vie qui te mène au funérarium.
Écrit le 30 Mars 2015
Sonnet 18
Septembre va se terminer
L'air frais dans le matin d'automne
Saisit mon jardin qui frissonne
La brume tarde à se lever
Octobre qui va commencer
Gonfle le vent qui s'époumone
Et la feuille rousse abandonne
L'arbre qui l'avait vu pousser
Un tapis de feu qu'on ramasse
Avant que nature n'entasse
Trop de mourantes de saison
C'est chaque année au temps des pommes
Lorsque vient la défeuillaison
Que dansent les pelles des hommes
Sonnet 19
C'est enfin le printemps, bientôt le mois d'avril.
Éveille-toi Nature au départ de l'hiver
Transforme ta parure, à moi mon pull-over,
Il n'est pas là le temps d'ôter le moindre fil.
Il n'y a pas longtemps, le gel au domicile,
Figeait sur la toiture et dans la gouttière
En épaisse voilure une neige éphémère
Qu'a balayé le vent de son souffle gracile.
C'est la douce saison celle des champs en fleur
Si certaines d'entre-elles peinent à s'ouvrir
C'est que la floraison a besoin de chaleur
Car avril sait combien il pourrait vous meurtrir
Faisant la liaison pour que votre Docteur
Cet antimicrobien vienne alors vous guérir
Sonnet 20
C'est juste un "écrivant" qui a ouvert ce site,
Afin que tous les mots avides de bonheur,
Y trouvent loin des maux ce que dicte le cœur,
Mots d'amour, mot d'enfant, d'aède néophyte.
Alors venez plonger le moindre lymphocyte,
Vous pour qui le vocable a encore, splendeur,
La force implacable de conjurer les mœurs,
De cet analphabète, promis prosélyte
Et peut-être qu'un jour, ô ma terre promise !
Verrai-je naître autour de ma langue requise
Mille poètes errants venus se rassembler.
Ils viendront pour écrire aussi à l'atrium
La honte, la terreur ou parler de leur vie,
Mais tout en poésie, sous notre palladium.
Sonnet 21
Dans un sursaut de mots un sonnet somptueux
Vient dire à ma torpeur d'écrivant médusé :
"Il subsiste, bonheur ! Un aède fieffé
Qui sait rire des maux en des vers très pompeux"
Attiré là mon cœur aussitôt est heureux !
En humble baladeur du forum créé,
J'écris au rédacteur amoureux du passé,
Pour qu'il soit jacasseur du site généreux.
S'accommodera-t-il de ma sollicitude ?
Ou se moquera-t-il de ma béatitude ?
Mon sonnet répondant au sien sera-t-il pris,
Autant que je l'espère en un signe d'alliance ?
Hugo si clairvoyant y verrait l'ex-libris
Qui parfois désespère les lettrés de France.
Sonnet 22
Vois-tu je ne suis pas comme le cœur volage,
Cherchant à s'amuser au sujet de l'amour.
Entre moi et celle que j'aimerai toujours,
La vie à nous aimer passerait sans ombrage,
Si je t'offre mon ciel pour y faire un ménage,
C'est que je sens en toi la douceur de mes jours.
Si je veux avec toi cheminer sans détour,
C'est que mon essentiel n'est pas batifolage.
Alors écoute moi, deviens mon quotidien
Car si tu prends ma main pour notre vie entière
J'érigerai un toit dont je serai gardien.
Deviens la Colombine à mon cœur Arlequin
Du fond de ma chaumine au plus joli jardin
J'interdirai demain de côtoyer misère.
Sonnet 23
Les vocables d'amour sont des ressources d'âmes
Que nos cœurs chaleureux exultent au fond de nous.
Les poètes amoureux s'en font des mots bijoux,
Des paroles velours qu'ils habillent de flammes.
Moi je veux en ce jour qu'un poème oriflamme
Soit le plus merveilleux à te dire à genoux.
Lors, j'invoque les Dieux et crie à l’azur doux
De m'envoyer toujours les pensées que je clame.
Mais la voûte céleste n’a pas entendu
Ce que je manifeste en Pater dévolu,
Il me faut revenir à ma lyre pensive.
Muse peux-tu attendre où est mon ex-voto ?
Là où naît mon désir de manière intensive
Et permets-moi d’entendre alors ton vibrato.
Sonnet 24
Ce matin j'ai senti, Aube, ta bienfaisance,
Appelant cette année qui tarde à se lever.
Les fragrances des vents restent à sommeiller,
Nature n'a pas pris la moindre radiance.
L'Empiré aujourd'hui ô ! Année renaissance,
Attend fébrilement ton réveil familier,
Les oiseaux patients prêts à s'époumoner
N'ouvriront pas leurs chants sans ta condescendance.
L'an quatorze est fini ? Bonjour à l'an nouveau.
On jette l'avanie en espérant le beau ;
Changeant le mot misère, on met le mot... Délice.
Deux mille quinze est né. L’aube, l'horizon roux,
Envoie une lumière infiltrer l'interstice
Du rideau mal fermé de mon rêve si doux.
Sonnet 25
Allez, je prends la plume, il faut bien que j'écrive
Mais à un inconnu ! Comment faire ? De quels mots ?
Quel esprit saugrenu quel écrivain cabot
A donné l'amertume à ma plume en dérive ?
Si j'ai pris la coutume au sein de la coursive,
D'ouvrir mon âme à nue pour déverser le flot,
De mes vers contenus sur votre bel ilot,
Faisant fuir l'amertume à mon âme oisive,
C'est pour laisser mon cœur parler, comme jadis,
Pas pour me demander sous quel sombre ex libris,
Ma versification va être présentée !
Mais je suis magnanime. J'aime tant l'écriture,
Malgré l'aberration à ma lyre prêtée,
Je ferai que ma rime soit de l'aventure.
Sonnet 26
Écrire est parfois vain, les mots restent pantois
On a beau les chercher ils ne s'assemblent guère.
Ceux-là qui feraient bien au sein d'une prière
Restent seuls, incomplets, termes en désarrois.
L'âme à l'appel du ciel et la plume aux abois,
Le versificateur fend son cœur de trouvère.
Pour lui donner l'image afin qu'il y adhère,
Ô muse souffle-lui l'essai que tu octrois.
Et naîtra doucement sur sa page trop vide
La forme d'un poème ou d'une éphéméride
Les vocables alors enfin s'imbriqueront
Il ne restera plus quà lire le poème
Pour scander tous les pieds qui s'agglutineront
Afin de versifier chaque vocable au thème
Sonnet 27
Notre crooner jazzy au rire tonitruant
Est parti vers le ciel sur la pointe des pieds
Maintenant au soleil ils vont bien rigoler
Car depuis mercredi il est avec Montant
Sous le pseudo Cording dont il était friand
Ce chanteur rock'n'roll, aux chansons bien tournées
Henry the boys du Roll, nous faisait tournoyer
Débutant par du swing sur des textes à Legrand,
Sa victoire d'honneur en quatre vingt dix huit
Et son prix gagné du disque en l'an deux mille
Il était commandeur de l'ordre du mérite.
Une vie à chanter des morceaux goût vanille
Des chansons goût bonheur, pour égayer l'esprit
Qui resteront graver dans mon cœur camomille.
Sonnet 28
Femme tes bras sont pleins de souffrance, d'amour.
Que tu sois une Dame ou que tu sois l'Amie,
Prés de Dieu est mon âme quand elle est blottie,
Que tu prends sur ton sein l'enfant, le troubadour.
Mes peines mes chagrins ont parsemé les jours
Du malheureux quidam espérant l'accalmie.
Parfois l'épithalame en une allégorie
Toute en alexandrins rendait mon cœur velours,
Ou l'haleine du soir endormait ma torpeur,
Et mon cœur nonchaloir oubliait sa terreur,
Là où poète heureux, je fuyais le funeste.
Femme, tout prés de toi, fuit ma douleur féconde.
Je peux combler mes yeux sous l'empire céleste,
Oubliant mon émoi... Ma misère faconde.
Sonnet 29
Un matin, notre femme, arriva sur le globe.
Regardant l'horizon d'un regard enjôleur,
Et cherchant vainement le signe, prometteur,
Afin d'être guidée vers un compagnon probe.
Elle se résigna car l'infecte microbe,
Ne voulait pas aimer l'être fait de candeur,
Lui ayant préféré, l'autre blasphémateur,
Ce diable qui déjà, lui suçotait le lobe.
C'est la nuit qu'elle pleure, étouffant sa tendresse,
Implorant ses demains d'alléger sa détresse,
Mais nul écho, jamais, ne répond à son cri !
Aucun humain n'entend sa sombre nonchalance
Rien ne viendra aimer son jardin défleuri !
Ève, garde son miel... et son brûlant silence !
Sonnet 30
Il aurait fallu que mon verre
Soit rempli du nectar Amour
Et de l'effluve au goût velours
Pour que je sois heureux sur terre.
De Loire, Bordeau ou Sancerre
Je n'ai pas bu ce vin beau jour
Qui me rendrait l'envie de cour
Alors doucement je m'enterre.
Ô ! Je veux vider des bouteilles
Ou mieux encor boire à la treille
Recherchant l'âme à cajoler.
Aujourd'hui je n'ai plus la force
De poursuivre à me demander,
Où es-tu, feu de mon écorce ?
Sonnet 31
Il est cher à mon cœur cet endroit où la plume,
Fait écrire à l'auteur ce qu'il découvre en rêves,
Pour suivre ce navire là bas sur d'autres grèves,
Nous faisant parcourir en lui sa mer d'écume
Il est cher à mon âme ce forum où je laisse,
Vous faisant découvrir pourquoi la bouche en fleur,
J'aurais voulu mourir plutôt qu'être sans coeur,
Vous ouvrant le sésame de ma tendre jeunesse.
Il est cher à ma main ce site où des poètes
Sans se croire écrivain glorifiés d'épithètes
Aiment à laisser la trace de leurs mots sur ma bouche.
Il est cher au poète souvent perdu dans l'ombre
De trouver cet espace où il dit ce qu'il touche
En tenant bien secrète son histoire sombre
Sonnet 32
Le soleil qui se cache et caresse le gris
C'est Landrecies le jour, la Sambre se promène.
Mon chant de troubadour si le vent me l'emmène
N'aura pas le panache d'aller à Paris.
Alors dans la chambrée d'un aède où j'écris
Je veux chanter l'amour grâce aux mots que j'égrène
Et si mon alentour n'oit pas mon cantilène
Je le conserverai, dans mon âme, à l'abris.
Ainsi va mon tempo tel un ermite adulte.
L'altruiste convaincu sur la trace d'Hugo
Écrit incognito pour que son cœur exulte.
Je construis mon recueil qui sera l'ex-voto
Du poète inconnu qui restera auculte
Écrire sans orgueil tel est mon vibrato.
Sonnet 33
L'aube pleure. Le ciel écoule son chagrin
Sur les toits et les rues de ma ville endormie.
Lassé mon pauvre cœur aussi loin de sa mie
Se plaint de la journée qui s'annonce au matin.
Les heures dérivant notre temps assassin
Vont pendant ce long jour attiser ma folie.
Scandant le rythme fou de cette liturgie
L'infâme sablier navrera l'arlequin.
À midi le soleil fera luminescence
Au travers du brouillard que la voûte à outrance
En épanchant mon spleen inondera mes yeux.
Triste sera le ciel au soir de mon émoi
L'astre lune par nuit me saura malheureux
Quand il m'endormira sur mes rêves de toi.
Sonnet 34
À me déshabiller le cœur
Chaque nuit j’ôtais une écaille
Mais doucement, sans faire d'entaille
Pour ne pas cotoyer la peur.
À voir l'âme d'un rimailleur
Vous apparaissait ma grisaille.
Il valait mieux que je défaille
Avant de vous parler douleur.
À vous montrer chaque brisure
Qui se trouvait sous mon armure
Je m'approchais un peu du ciel.
Macha ! Maintenant je supporte
Le triste sort d'un sans-sommeil
Avant que la mort ne m'emporte.
Écrit le 09/01/2012
Sonnet 35
Il manquait à mon cœur pour attiser mon âme,
La lumière à mes nuits, le soleil à mes jours.
Le carburant bonheur pour allumer sa flamme,
Afin qu'épanouit je puisse aimer toujours.
Mon combustible acteur, mon remède, ma came,
Je l'ai trouvé depuis sa survenue secours.
Je bous avec ardeur au brasier de l'orgasme,
Mais tant mieux si je cuis ! Je suis riche d'amours.
C'est auprès de ma Mie que je fonds de tendresse,
J'aime flamber ma vie dans la tendre allégresse,
Au feu si chaleureux de son bûcher intense.
Tant mieux si son aura me surprend, m'époustoufle,
Elle est mon merveilleux sous notre voûte immense,
Sa Flamme grandira jusqu'à mon dernier souffle.
Sonnet 36
Il me faut revenir, j'étais encore enfant,
Et ma main sur ma joue se souvient de l’œdème,
De la gifle taboue source du stratagème,
Qui tombait pour construire un bon futur parent.
Cet ancien militaire muté enseignant,
Excédé de me voir rédiger un poème,
Sans même apercevoir mon très gros érythème,
Venait de m'en extraire sans discernement.
Et quand je suis entré tout penaud et honteux
D'avoir à expliquer le pensum souffreteux
La taloche à mon père ulcéra l'autre joue.
C'est ainsi qu'autrefois j'appris par correction
D'adultes qui voulaient m'apprendre je l'avoue
L’intérêt du savoir et de l'éducation.
Sonnet 37
Pour atteindre la clef donnant l'apesanteur
Chacun fuira la nuit vers son île affective.
Le poète aujourd'hui cherchant la supplétive,
A jeté son filet où va le mot bonheur.
Le soir est installé pour endormir le cœur,
De l'aède assoupi à la lyre pensive.
Une étoile a écrit de sa plume oisive,
Le rêve composé. Ô la douce faveur !
Il ferme la chambrée abritant ses poèmes,
Fuyant ce qu'il méprise et loin de ceux qu'il aime.
Sur un coin de banquise sous un ciel nouveau,
Il va dire alangui le texte que la lune,
A composé pour lui sur la page nocturne,
Pour ne pas oublier ce sonnet, en cadeau.
écrit le mercredi 18 janvier 2006
Sonnet 38
C'est comme peindre avec des mots
Pour toucher celui qui regarde
Lorsque ses yeux fermés s'attardent
En écartant le voile aux maux
C'est écouter ce qui est beau
Lorsque Dame Nature farde
L'œil du poète qui musarde
En campagne près d'un ruisseau
C'est se noyer de conjoncture
Quand on est en villégiature
Au sein d'un livre paradis
C'est profiter de la magie
De tous ces beaux tableaux écrits
En lisant de la poésie
Sonnet 39
Faire partie de l'aventure
Entre la plume et le papier
Quand l'âme cherche à versifier
Écrire sans demi mesure
Parfois l'idée n'est qu'un murmure
Griffonné sur un vieux cahier
Abandonné dans un grenier
Qu'on retrouve par la lecture
L'aède alors finit sa tâche
Trouvant chaque mot qu'il arrache
À son esprit pour terminer
Son sonnet arrêté naguère
Faute d'avoir su marier
Sa muse à son cœur de trouvère.
Sonnet 40
Chaque fois que j'écoute une douce musique
Ma pensée va très loin afin d'accompagner
La tendre mélodie qui me sert à réver
À des endroits précieux venus du fantastique
Et me voilà parti dans un songe idyllique
Grâce à tous les accords qui ont su me bercer
Je plane sur les champs dont je suis le berger
L'harmonie complétant ma pensée bucolique
Dans mon vol orchestré dont je suis vagabond
Face à tant de beauté je reste pudibond
Attaché à l'écho de la douce harmonie
Enfin, quand je reviens d'écouter ce concert
Mon âme a conservé la douce symphonie
Qu'aussitôt je transcris par le songe entrouvert
Écrit le 03/06/2014
Sonnet 41
La peur, en aucun cas n'épargne le chétif.
Tapie au fond de lui elle se fait terreur,
Car elle touche autrui de sa main de frayeur,
Faisant fi, de ce bras qui n'est pas combatif.
Et plus on est fragile, et plus elle est prospère.
Elle nous épie du haut de ses vastes éthers,
Et sombre en un sursaut sur notre humble univers,
Où elle trouve un asile à sa faim de cerbère.
Ô Peur ! Ton vitriol marche inlassablement.
Peur d'un vol ! Peur d'un viol ! Peur de chaque moment.
Peur tu est fidèle tu fais partie de nous.
Mais Peur tu ne pourras perdre un esprit poète.
Ton plus faible infidèle fuira tes remous.
Derrière un cadenas. L'esprit... anachorète.
écrit le 28/08/2006
Sonnet 42
Tu es comme moi promeneur
Coutumier de la belle sente.
Tu l'empruntes, comme j'arpente
Comblé de joie et de bonheur.
Peut-être qu'un jour butineur
Nous irons sur la même pente
Partager la marche indolente
Source du poète flâneur.
En nous voyant Dame Nature
Accompagnant notre aventure
Nous comblera d'un air léger,
Et chaque arbre, chaque brin d'herbe
Se diront nous voyant passer
Ce sont nos amoureux du verbe.
Sonnet 43
Je viendrai seul demain debout face à la mer
À l'heure où Hélios est au bout de sa course
Et là face au cosmos attendant la grande ourse
Je supplierai l'humain de laisser Lucifer
Comment avez-vous pu les deux mains en enfer
Construire du pouvoir au profit de la bourse
Oubliant que l'espoir de votre folle course
Ne serait qu'un début de mort à l'univers ?
Nos enfants n'auront pas à connaître la chance
La joie ne sera pas dans leurs yeux à outrance
Ils ne goûteront pas comme nous au bonheur
La fièvre de l'argent aura raison du monde
L'humanité s'en va dans la désespérance
Arrêtez c'est urgent la terre est moribonde
Sonnet écrit le 29 Juin 2013
Sonnet 44
Le silence est un son qui ressemble à ta voix,
Dont l'écho que j'ouïs confirme ta présence.
Quand me vient ton esprit ô ! douce récompense,
J'ouvre ma déraison en me parlant de toi.
Chaque fois ce rappel à ma vie d’autrefois
Est un cri de désir que mon âme en souffrance,
Hèle à mon souvenir. Dans ma désespérance,
J'acquiesce à la cruelle évocation de toi.
Un jour je quitterai mon trop vieux champ de peine,
Par la sente j'irai au pays de ma reine,
Au delà des nuées pour vivre auprès de toi,
Et lorsque nous aurons à jamais retrouvé
L'endroit où nous irons vivre notre passé
Nous pourrons à jamais nous aimer toi et moi.
Sonnet 45
Ils m'ont laissé sur cette grève
Simplement car je suis fumeur
Mon psychotrope est mon malheur
Fumer peut-il nu/ire au rêve ?
Bien sûr il faudrait que j'achève
De m'enfumer tuant mon cœur
L'obstination du sauveur
Aura-t-elle raison de ma crève ?
Depuis si longtemps que je fume
Près de moi rien ne s'accoutume
À cette odeur de tabac froid
Et s'ils m'en font la remontrance
Je voudrais dans mon désarroi
Qu'on m’ôte cette dépendance
Sonnet écrit le 07 Juillet 2015
Sonnet 46
Avec une vitesse à me laisser l'envie
Maintenant que les jours ont fui ma dévotion
Aux goûts des mets velours emportant ma raison
Je suis pris d'une ivresse à voir mon hérésie
Ah ! Laissez à mon sort un beau morceau de vie
Que je puisse goûter à nouveau ma passion.
À force de manger sans compromission
J'ai tant de choses, ô ! Mort d'encore inassouvie.
Il faudrait à ma table en guise d'aliment
Remplaçant tous les mets, jusqu'à mon grand voyage
Me mettre un équitable approvisionnement
L'estomac satisfait du plus humble dosage
Maintenant que je sais ce qui nourrit vraiment
C'est l'amour, l'amitié, qui me manque à mon âge
Sonnet 47
(pourquoi la pierre n'aurait pas d'âme ?)
Maintenant qu'il est là grâce au fameux Rodin !
A quoi peut bien penser ce gabarit mastoc,
Dans cette forme d'homme en position ad-hoc ?
Moi, je vois un poète alarmé et lointain !
Avant que vos outils m'arrachent à mon terrain,
Éclatant les morceaux qui firent de moi un roc,
Afin que je devienne ce ressemblant de bloc,
J'avais l'âme bien née sur ce monde divin !
Pourquoi donc ce sculpteur m'a fait à son image ?
Il aurait pu me faire autrement qu'une forme,
Qui ne pense qu'à lui et à son avantage.
Me voici là, posé, car un artiste en somme,
Voulant montrer aux autres après son découpage,
Qu'il restait un penseur pour faire un décorum
© Copyright : Gérard SANDIFORT alias Sandipoète
Sonnet 48
Vous êtes le soleil au ciel des rêves blancs,
Lorsque vos gais rayons qui me touchent le vers,
Vont de leur couleur miel irisés de torrents,
Colorer les crayons de mon plaisir amer.
Vous êtes le soleil au ciel de mon printemps,
Que mon corps engourdi par un trop long hiver,
Espère à chaque éveil en souvenir du temps,
Où ma peau cramoisie brava même un cancer.
Râ est fait pour aimer, il apporte chaleur,
Comment pourrions-nous croire, il fait mourir aussi ?
Qu'il est doux de bronzer ! De changer de couleur !
Le soleil est l'espoir à celui qui brunit !
Mais le soleil d'été peut porter la douleur,
Car le soleil mouroir, lui... Ne fait aucun bruit.
Sonnet 49
Je suis enraciné depuis déjà longtemps,
Trop de sève est passée dedans ma vieille écorce,
Mais dans mes branches encore il y a tant de force,
Qu'il faudra me couper pour arrêter mon temps.
Ô ! Faites moi la grâce et venez au printemps,
A l'heure où le pécheur vient jeter son amorce.
Dans un ultime effort je crierai mon divorce,
En libérant la berge à qui depuis cent ans,
J'ombrage les abords jusqu'à l'eau qui me mire.
Protégeant de mes bois le frêle oisillon,
Il y eut tant de nids, je ne pourrais le dire.
Aujourd'hui je suis las, entendez ma raison,
Envoyez ma supplique à qui la peut ouïr,
Afin que l'on m'envoie, enfin, le bûcheron.
Écrit le 30/09/2010
Sonnet 50
Un parfum se répand, léger et volubile,
S'élevant de cette onde submergeant l'endroit.
L'orage de soirée gronde au loin son effroi,
Le feu presque effacé sur l'horizon défile.
Je m'accroche au filin du délice subtile
A l'envol d'un oiseau, au sang frais des sous-bois
Qui coule sur ma peau et que mon désir boit
Comme un élixir fin perlé d'une atrabile.
Juste une brume pâle effleurant l'empyrée.
Et le temps d'un soupir mon âme est transportée
Mon esprit se disperse en un souffle divin
Ah ! Quel gracieux élan ! Quel périple aérien !
Au-dessus des brouillards de l'humaine odyssée.
La nuée diaphane intimement m'étreint.
Sonnet 51
À l'orée de la sylve au brouillard matinal
Près du lac où l'oiseau aime à glisser sur l'onde
Lui, le vilain canard qui se cache dans l'ombre
Vient aussi admirer le cygne triomphal
Un jour en se mirant dans l'eau berçant son bal
Le beau prince du ciel sous la lune si blonde
S'envola vers la voûte céleste du monde
Il faisait admirer son beau corps impérial
Mais il n'oubliait pas tout la haut dans les nues
Le canard qu'il était avant que soient venues
Les fées du temps vouées à sa métamorphose
Quand il vit apeuré ce petit palmipède
Il descendit sur l'eau pour la petite chose
Qu'il couvrit de son aile protectrice et tiède
Sonnet 52
Les souvenirs dans ma mémoire
Ce sont des bornes à passer
Qui jalonnent pour mieux marquer
Ma promenade migratoire.
Souvent un cas rédhibitoire
M'oblige à retourner flâner
Dans mon vestige à qualifier
Ô ! Liberté compensatoire.
Les jeunes trouvaient des emplois.
Âge tendre et tête de bois,
On dansait le twist à outrance.
Pour une obole on achetait
La "parisienne" au goût trop rance
Qu'en cachette on allait fumer.
Sonnet 53
En plongeant mon regard dans la suie de tes yeux
Je ne vois que l'amour qui n'est jamais aride.
Exubérant de foi, ces élans merveilleux
Me séduisent encore effaçant chaque ride.
Chérie je ne vois plus cet outrage des ans
Qui te courbe le dos et flétri ton visage.
Puisque mon âme seule, au fond, te dévisage,
Non rien ne servirait ces regards complaisants
Je vois dans ces moments de tendresse infinie
Où j'exulte de joie pour l'Amour de ma vie
Celle à qui j'ai promis la passion et l'amour.
Tu effaces le gris, tu es mon arc-en-ciel,
Ta jeunesse éternelle embellit mes vieux jours,
Près de toi quand je suis je m'approche du ciel.
Sonnet 54
Ils quittent un à un leur Pays
Pour aller suivre une autre route.
Bien sûr ils sont emplis de doute !
Mais se savoir bien à l'abris.
Les femmes, les enfants aussi,
Amalgamés à leur déroute,
Bravent les mers coûte que coûte ;
Ailleurs ils seront mieux qu'ici.
Les émigrés à la peau grise
Habitués d'un monde en crise
Ne demandent qu'un peu de pain.
Que l'humanité toute entière
Capable de tendre la main
Me rejoigne dans la prière !
Sonnet 55
Un fiacre retardé par sa démarche impure,
Au bout du cimetière accompagnait un mort.
Des amis de naguère, une famille, un corps,
Allaient, convoi formé, jusqu'à la sépulture.
Dans l'ennui printanier du matin déchirure,
En plombant l'atmosphère alourdie du décor,
La veuve qui naguère adulait son senior,
Pleurait sur son entier devenu sa fracture.
Camarde, spectre vil, méprisable odieux,
Pourquoi couper le fil du lien si précieux
Qui soudait son Pierre à sa coexistence ?
En attendant demain, son retour au caveau,
Elle restera fière apaisant sa souffrance,
Ayant déjà la main sur le bord du tombeau.
Écrit le 19/11/2012
Rimes à la française ABBA ABBA CCD EDE
j'ai respecté l'alternance des rimes féminine/masculine y compris aux hémistiches
Sonnet 56
Les mots que j'ai crient en silence
Depuis mes rêves de papier
Que mon calame vient griffer
Font une ronde à mon absence
Les mots que j'ai crient l'abstinence
Si je n'ai pas su retrouver
L'effervescence d'un sonnet
Qui venait de ma confidence
Alors je retourne à mon rêve
Afin de chercher sur la grève
Les mots déposés par la mer
Mais les mots d'elle fondent. Face
À l'aquarium aride, amer
J'ois la nature et les remplace.
Sonnet 57
C'est un morceau de temps réservé, rien qu'à nous.
Que l'on voudrait présent à l'année, tant c'est doux,
Enfin se prélasser sans penser aux tracas
Ah ! Se laisser bronzer, se reposer les bras.
Ne plus se souvenir des obligations
Et laisser s'endormir les opérations
Ne plus savoir compter oublier les factures
Ah ! Se laisser aller loin des manufactures
Oser prendre la voie des chemins de travers
Ne plus être la proie de cet argent pervers
Ah ! Flâner tout son saoul jusqu'au bout de sa vie
Une vie de travail à prendre des vacances
Aurait été un bail parfait pour mes errances
Même si sans-le-sou j'aurais eu moins d'envie
Sonnet 58
L'horizon dans le feu du ciel
Laissait éclater ses dorures
Hélios lançait des zébrures
Sous le calme d'un arc-en-ciel
La mer au soleil couleur miel
Dorait ses vagues de marbrures.
On aurait dit des chevelures
Sur le sable providentiel
J'utilisais la douce brise
Dont Hélios à la maîtrise
Afin de me sécher un peu
J'étais si bien sur ma lagune
Que j'errais entre terre et Dieu
Sûr de toucher la plénitude
Sonnet 59
J'entends frapper les mots. Résonnant à ma porte,
Ils viennent envahir mes divagations.
Pour ne plus retenir ces inattentions,
Je ne veux plus des maux, que le diable les sorte.
Non, ne plus écrire ce que mon âme porte.
Mes rêves les plus fous, mes tribulations,
Ma folie est partout, sortez, tentations,
L'amour fou du désir ne prête plus main-forte.
Mon écriture en crève à jouer l'inconscient !
Je cacherai mon rêve au calame indulgent,
Masquerai la démence à mon esprit poète.
J'interdirai ma plume à mes mots de dément.
Quand viendra l'hérésie puisque je suis aède,
Ces vocables folie seront mon traitement !
Sonnet 60
Ce matin, l'aube au ciel se pleur'.
Mère Nature endolorie,
Donne grisaille à toute vie,
Ma larme coule dans mon cœur.
J'ai vu Paris dans la douleur.
À coups de guerre et de folie.
Ma France a subi l'avanie
D'un furieux persécuteur.
Vendredi des bêtes en armes
Ont fait parler le prix du sang
Laissant mon Pays tout en larmes.
Mais demain en flot populaire
Mon peuple rassemblé en rang
Chassera ce patibulaire
Sonnet 61
Mon cœur, oh ! Mon cœur est en larme...
Il ne souffle plus à ma main ;
Elle est absente de mon train.
L'amour, le plaisir, ô ! Ma femme
Quand la maladie met sa trame
Dans le tissu de notre entrain
Perdu d'avoir perdu la faim
On s'enlaidi je le proclame
Pour aider mon pauvre conjoint.
Je fais des gestes mal-en-point,
Alors je vais vers la prière,
Guérissez-la mon bon Docteur
Et faites vivre ma lumière
Encore un mois, un jour, une heur' ?
Sandipoete, triste et perdu
Sonnet 62
Quand j'ai ouvert ce livre, tel un ingénu,
Mon instinct curieux découvrait la structure
D'un ouvrage précieux à belle couverture
Dont le cuivre intriguait sûr tout son contenu.
Quand je lus son exorde en mot de bienvenu
Qui mettait le lecteur avide d'aventure
En position d'acteur de son infrastructure
Surpris du prologue mon cœur fut ému.
Car mon père en effet qui avait découvert,
Mon goût très prononcé se rapportant aux vers,
Avait réalisé sur couverture de cuivre,
Un livre à blanches pages avec juste en prélude
- S'il te faut versifier pour le style de ce livre
Écris ! Que ton adage soit béatitude.
Écrit le 05 juin 2007
Sonnet 63
Pourquoi pouvoir penser poursuivre
En parlant de mon avenir ?
Devoir désormais dépérir,
Être fait de chair mais sans vivre.
Dieu, je voudrais qu'on me délivre
Avant de devoir obéir.
Alors qu'il n'est rien de mourir,
Il est affreux de ne pas vivre.
Je voudrais les yeux vers le ciel
Vous confier mon essentiel,
Toucher une âme charitable.
Ce Paradis au goût amer
Il me serait désagréable
Qu'il ne se transforme en enfer
Écrit le : 28/03/2013
Sonnet 64
L'inspiration désire aujourd'hui flemmarder.
Les vocables d'amour oublieront leur élève.
Le chant du troubadour attendra que s'achève,
L'apathie qui inspire un aède à flâner.
Si mon cœur en délire à la rime fermait,
L'humble bonheur-du-jour où je pose mon rêve,
Si mon âme un beau jour m'obligeait à la trêve !
Ô ! Si l'envie d'écrire soudain me quittait ?
Comment pourrais-je vivre où l'ombre de ma nuit,
N'emplirait plus mon livre. Ma main qui te suit,
Chercherait ta couleur, Nature, Ô ! Triste Dame !
Souffle-moi Seigneur Dieu, de ton céleste endroit,
Ce qui fera vibrer mon modeste Calame,
Des songes merveilleux que ma plume perçoit !
Sonnet 65
La poussière aujourd'hui rend la terre lugubre
Elle est là... retombée des guerres, des combats
Notre plancher souillé nous montre les constats
Que catapulte en fou nôtre monde insalubre
Qu'est devenu l'éden qu'on incita au stupre ?
Ô ! Nature fleurie d'ubac aux cent dégâts
Qui laisse aussi l'adret supportant des climats
Où seul l'arachnéen encore y élucubre
L'humain s'est laissé prendre un instant son sourire
Il faut qu'une embellie Dieu vienne lui prescrire
Pour qu'il revoit un jour ses jardins resplendis
Si l'homme à la Nature se réconcilie
Notre globe souillé retrouvera la vie
Et la terre à nouveau sera un paradis
Sonnet 66
Il n'a plus de pays et son cœur est en peine.
Un geste d'amitié peut arrêter son pleur,
Chaque enfant dans le monde a le droit au bonheur,
Serait-il trop humain de stopper sa déveine ?
S'il faut vous supplier, écrire à perdre haleine,
Afin que ce sonnet comme un accroche-cœur,
Soit le seul plaidoyer d'un poète aboyeur,
Je dois l'écrire avant que la coupe soit pleine.
Pourquoi parler pouvoir puisqu'en patriotique
Pour prendre position par pamphlet poétique
Frères, Français friqués, fédérant fabuleux !
Afin d'annihiler l'armure analphabète,
Faites fièrement factotum fastueux,
Aux autres attirés d'ataraxie ascète.
Sonnet 67
Oui ! Notre vie durant tu nous protégeras
Grâce à tes bras si tendres où nous pouvons aller
Nous blottissant et prendre un moment dispensé
Par ton gros cœur aimant d'adorable Papa.
Sur nos chemins trop grands où tu nous guideras
L'amour n'est pas à vendre et tu veux nous donner
L'expérience si grande qui vient de Pépé
Ce relais abondant de tendresse et de joie
Mais une fois par an, c'est à nous de t'offrir
Pour ta fête Papa ce bouquet d'allégresse
Et notre cœur d'enfant est empli de plaisir
Car ce jour est pour nous le plus beau de l'année
Pour les baisers si doux que l'on peut te donner
En te disant Papa toute notre tendresse
Sonnet écrit le 16 juin 2007
Sonnet 68
Quand je cherche sans fin au fond de mon beffroi,
L'idée qui fera naître un poème à écrire,
J'ai beau tonitruer mes rêves et mon délire,
Je suis abandonné, la plume au désarroi.
Alors j'essaie d'atteindre mes pensées de toi,
Là où ton âme chante il y a tant à lire,
Chaque fois que je touche à ce que tu viens dire,
Dans ce havre de paix où se trouve ma foi.
Quand j'approche l'entrée de ce pays si riche,
Sur la berge du fleuve où personne ne triche,
Le feuillet de mon livre allume au firmament,
Une étoile qui nait dans ma nuit solitaire,
Pour me montrer la rive où je pourrai longtemps,
Puiser nos temps d'amour en notre abécédaire.
Écrit le 10 Février 2016
Sonnet 69
Dans la lueur blafarde un respectable espoir
Semble allumer au loin la traînée de lumière.
Ces chants psalmodiés sont la réponse entière
À la montée de l'ire, voix en purgatoire
Nos divergences un jour viennent au promontoire
Dans un saut de détresse, excuse plénière
Afin que soient venus tous de chaque hémisphère
En portant la chandelle allumée dans le noir
Musulmans, Chrétiens, Juifs ouvrez votre âme
Nous empruntons je crois les mêmes chariots
Et n'avons pas besoin ni du feu ni de larme
Pourquoi ce froid tourment fait l'amitié en glace ?
Qui se joue trop souvent des plus simples idiots ?
La guerre, le vent divin, ont rendez-vous sur place.
Écrit le : 17/02/2015
Sonnet 70
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! *
Mes chênes centenaires, mes hêtres vigoureux,
L'automne et ses grands vents dénudent vos ramures,
Les faisant apparaître aux brouillards vaporeux.
Vous me voyez passer comme chaque matin
Moi, le calme rêveur à vos pieds de géant,
Je viens me reposer du fracas citadin,
Plus près du créateur qui vous fit triomphant.
Et mon pas nonchalant rencontre le bolet,
Un écureuil, transi, engrange pour l'hiver,
Hop ! Le voilà parti, là bas, dans le bosquet.
Et dans cette accalmie un vieux cerf solitaire,
Appelant l'azur bleu de son bramement fort,
Allume la nature sans se laisser distraire.
Ecrit le : 19/09/2007
* Vers emprunté au poème L'automne de Alphonse De Lamartine (1790-1869)
Sonnet 71
C'est un jour enchanté que la belle est venue,
À l'heure où le Printemps réveille la nature.
Je venais grâce au vent de voir sa chevelure,
Dans mon désert caché laissant mon âme nue.
Elle allait tel un ange. Ô ! Sa marche menue,
Ne traçait pas à terre un pas, je vous le jure.
Si le cœur à l'envers j'admirais sa cambrure,
Notre sol c'est étrange ignorait l'ingénue.
Tous les mois de l'Été je l'ai cherché en vain.
Mes rêves j'ai fouillé sans y trouver la trace,
Du sentiment secret d'avoir touché sa main.
Mais quand revient l'Automne et que mon cœur se lasse,
Je ne la cherche plus, pour moi, elle est trop loin.
Lors, c'est pendant l'Hiver qu'enfin, je la remplace.
Sonnet 72
Je mettrai dans ma barque un grimoire amourette
Et laisserai le vent l'emporter jusqu'au ciel.
À l'heure où notre lune estompe le soleil
Sous son rayon mourant nous lirons ma bluette.
Chaque mot de mes vers dont j'aurai fait cueillette
Gâtera nos deux âmes grâce au goût du miel,
Que nous parsèmerons sur notre existentiel,
Jusqu'à l'éclosion d'un amour midinette.
Quand nous aurons enfin rassasié notre cœur,
Nous pourrons nous saisir de notre gai bonheur,
Et revenir émus de notre si doux rêve.
Deux amoureux transis auront vu grâce aux vers,
Sous la voûte céleste, enlacés sur la grève,
Que la nuit prend aussi des sentes moins amers.
Sonnet 73
Quelle chance de vivre ici
Où Dame Nature éclatante
Fait de ma plume souriante
Une poésie sans-souci
J'aimerais habiter aussi
À ta montagne bienveillante
Où pousse l'herbe luxuriante
Offrant toujours d'épais tapis
Nous y inventerions ensemble
De tels vocables qu'il me semble
Ne les avoir jamais trouvé
De la beauté que l'on consulte
À deux on se sent bien plus près
Quand l'inspiration exulte
Sonnet 74
Les roses vous diront si vous savez rêver,
Que nous étions amis, combien j'étais modeste.
La campagne attendrie s'endormait sous la sieste,
Combien pour Marion j'ai crié que j'aimais.
Les blés vous parleront s'ils sont encor' entiers.
Devenus des amants sous la voûte céleste,
C'est l'été maintenant le témoin de ce geste,
Combien pour Marion j'ai donné de baisers.
Les années sont passées depuis qu'en ce beau jour,
Mes lèvres embrassées on rencontrées l'amour.
Combien pour Marion j'ai voulu me donner.
Chaque été d'union auprès de ma compagne,
Je reviens Marion en ce lieu rechercher,
Combien pour Marion j'ai aimé la campagne.
Quatrains et tercets XVI s - XIX s
Rimes dites à la françaises
ABBA ABBA CCD EDE
Sonnet 75
L'eau d'une perle de rosée
Venue du domaine floral
Coule sur le tombeau glacial
Comme une larme déposée.
La sépulture caressée
Par ce geste dominical
Reçoit le don cérémonial
Dans cette automnale journée
Sur la dalle au marbre poli
Le vent enlèvera la trace,
De la stèle frappée d'oubli.
Le rosier lentement se meurt
Dans le cimetière où la place
Est aussi faite pour la fleur
Sonnet 76
Qu'y a-t-il de plus doux qu'offrir ma complaisance
Aux rais des yeux profonds qui me dardent d'amour
Au détour des photos faites de toi un jour
Quand je cherche partout ta belle souvenance
Jamais je ne pourrai oublier l'espérance
Que nous mettions ensemble à chacun de nos jours
Malgré tous les ciels gris et les orages lourds
Nous savions envoyer loin de nous la souffrance
Et voilà que la mort est venue mettre fin
Camarde reviens donc arrêter le destin
De ce pacte d'aimer pour qui seul je respire
Mes jours n'ont plus de goût et je vis sans raison
Être seul aujourd'hui m'est un malaise pire
Sans ma mie je ne suis qu'un mourant en prison
Sonnet 77
Un être à la figure blanche
A entouré ses tristes yeux
De cercles noirs cadavéreux
Montrant son âme qui s'épanche
Fignolant la grimace étanche
Autour de son rire plâtreux
La banane façon joyeux
Cache son pleur qui se retranche
Le clown supporte sa tristesse
Car nôtre Mort scélératesse
A pris la moitié de son cœur
Le cirque aujourd'hui est en fête
Alors l'artiste enfoui son pleur
Sous un masque cachant sa tête
Sonnet 78
Un ange issu du ciel venu croiser le fer
Sur la terre où l'ardeur est au mal et au vice
Brave notre laideur. Souillant le duvet lisse,
Il étale son aile affrontant Lucifer.
L'azur nous a prêté cet esprit de l'éther,
Afin qu'on ne voit plus l'infâme préjudice.
Dans l'antre des abus d'ordure et de supplice,
Notre sol est souillé. L'archange voit l'enfer.
Si l'Éden en témoin garde l'exubérance,
Notre voûte céleste a envie de vomir,
L'infecte que nos mains lui envoient à outrance.
Au nom de Dieu, un geste. Ô ! Ne plus te salir,
Nature tu as faim de notre bienveillance,
L’Univers manifeste une envie de gémir.
Sonnet 79
Depuis le mois de mai sans arrêt il gambade
Animal fou de vie au soleil du matin
Sans jamais oublier de sauter le mutin
Recherche le cours d'eau où boire une rasade
Mais depuis quelque temps le ciel devient maussade
Où est donc la chaleur des printemps pleins d'entrain
Qu'accueillait fièrement notre jeune lapin
Dès qu'il sortait confiant tout seul de sa brigade
On eut dit que plus rien n'éclairait le dehors
Où tant de cumulus assombrissaient encore
La campagne alentour n'était plus que pleurée
Revoici que s'installe un matin automnal
Qui placera l'hiver jusqu'à une autre année
Alors nous reviendra le printemps triomphal
Sonnet 80
La Pivoine au petit jardin
Me fait sentir comme elle est belle.
L'odeur suave et jouvencelle
Réveille mon petit matin.
Le géranium adamantin
Me montre aussi son aquarelle
Son enveloppe naturelle
Faite de rose et de carmin.
La fenêtre de ma cuisine
Voit la nature qui dessine
Comme un peintre fou de couleurs
Tandis qu'émerveillé j'admire
L'œuvre créée par le Seigneur.
Dieu ! Comme j'aime son délire.
Sonnet 81
Ah, bénis soient le jour, et le mois, et l'année,
La saison, le moment, l'heure et l'instant précis,
Et accessoirement, l'endroit où je fus pris.
Où l'âme troubadour, par la rime affectée,
Je venais, oh ! Douceur, sur la page trouvée,
Me faisant doux rêveur dont les yeux ébahis,
À l'endroit où jamais, mes souhaits si ravis,
Ne pourraient désormais oublier l'empirée.
Que béni-soit celui, celle qui fit ces pages,
Préservant en étui, d'aussi beaux paysages,
Où j'aime tant aussi poser mon escarpin.
Afin qu'un autre cœur se dit lisant ma rime,
Que ce poète aussi, grâce à l'alexandrin,
Lui offre du bonheur, en chassant sa déprime.
Sonnet 82
Les sous-bois se parent de graciles clochettes
J'attends le cœur patient que vienne la cueillette
Qui offre au premier mai le moment d'être heureux
À l'orée de la sylve en urbain curieux
Venant chercher au bois la timide fleurette
J'aperçois en chênaie les têtes guillerettes
Toutes habillées de blanc sur un tapis herbeux
Émerveillé d'abord par le jardin nature
Et tous ces petits pieds d'improbable culture
Je pose mon panier avide à le remplir
Je saisis le muguet dont le parfum s'exhale
En pensant simplement à qui faire plaisir
Afin de lui offrir l'hédonisme nasale
Sonnet 83
Mon regard est posé sur la lande inconnue
D'un pays si lointain qu'il ne verra jamais,
Qu'au travers d'un écrit, sur écran composé,
Le moindre bout de pied de ma plume ingénue.
Bâtie tout prés de l'eau la maison bienvenue,
Avec son toit d'ajoncs sur les murs charpentés,
Dont sèche à la fenêtre des habits posés ;
Je pense à la famille au travail retenue.
Au fond du paysage des monts verdoyants,
Plus près du créateur qui les fit triomphants,
Défendent le village aux ventesques assailles
Plus loin une rizière où des chapeaux de pailles
Protègent le labeur de ces Vietnamiens
Parentèle ouvrière absorbée aux semailles
Sonnet 84
La nuit se pose à peine ouatant notre voûte.
À cette heure tardive où mon cœur plein de toi
Dans sa contemplative rêverie d'émoi
Voit mon âme sans gêne t'aimer sans un doute.
Alors ma pauvre peine entame sa déroute
Je sens la douce rive où souvent je m'assois
Retiens la positive évocation de toi
Où sans honte ton règne m'ôte un moindre doute
Chaque rêve de nous attise ma passion
Qui se nourrit de toi sans compromission
Dans nos si doux jardins où poussent mes je t'aime
La soie de ton regard où je plonge serein
M'offre le doux parfum d'une île souveraine
Où j'aime reposer mon bât de pèlerin
Sonnet 85
Comme la feuille au vent aujourd'hui s'abandonne
Au pied de son tronc nu se laissant décharner
Ses longs bras vermoulus vers le ciel vont pleurer
Et l'arbre doucement s'envahit de l'automne
Mais la neige déjà recouvre tout et prône
Que le froid de l'hiver arrive pour geler
Le manteau blanc du ciel las de s'abandonner
Sur la nature en pleur au vent qui s'époumone.
Alors dans le matin qui s'englue de sa nuit
Essuyant la buée de la baie qui sommeille
J’aperçois le pinson qui vers son nid s'enfuit
L'air de cette journée me promet d'être froid.
Dans sa cacophonie ma ville se réveille
Le fleuve Sambre au loin s'étale maladroit.
Composé le 30/10/2018