BREILLY

Anciens Etablissements Breilly S.A. Moreuil (1871 à 2005)

Production : mi-bas, jarette, chaussettes, soquette

Fibres : Coton, laine, fibres synthétiques

Effectif maximum : 300 employé(e)s

Localisation : 11 rue Carnot - Moreuil

Les éléments concernant l’usine Breilly proviennent de documents d'Yves Bédier et d'entretiens avec son fils Pierre Bédier qui ont dirigé la société. En ce qui concerne la dernière période, nous sommes en attente des éléments qui ont conduit à la cessation d'activité de l'entreprise.




George Breilly

De la création de l’usine à 1918

La société Lenoir et Breilly est créée, le 25 mai 1871, au lendemain de la guerre de 1870 perdue contre la Prusse et quelques jours avant la fin de l'Insurrection de la Commune de Paris. L’atelier de production est implanté à Moreuil rue de la Fontaine.

Georges Breilly et Charles-François Lenoir, tous deux travaillant déjà en bonneterie, en sont les premiers dirigeants.

La société est en nom collectif, sous la raison sociale Lenoir et Breilly, ayant pour objet la fabrication et le commerce de la bonneterie de coton. Les fonds investis sont de 25 000 francs or, soit environ 10 000 euros, apportés par moitié par les deux associés.

L’usine s’installe ensuite, le 16 avril 1900, au 11 rue Carnot. Deux ans plus tard (25 novembre) la société en nom collectif devient : Breilly père et fils (Georges).

Pendant la première guerre mondiale, après une brève occupation, Moreuil se trouve à l’arrière du front jusqu’au début de l'année 1918. La population entière est évacuée lors de l’offensive allemande de mars. A son retour elle ne trouve que des ruines.





Moreuil -été 1918




Charles Bédier

De la Reconstruction à 1945

La reconstruction des usines est immédiatement entreprise, les habitants trouvent place dans des habitats provisoires (les tonneaux de la vallée Campion) puis dans des maisons de la Cité Nouvelle.

En 1922 Charles Bédier devient directeur de l’usine à 22 ans. Il y était entré comme ouvrier en 1907 à l’âge de 12 ans. Il avait participé activement à la remise en route de la production à son retour de la guerre.

En 1928 la nature de la société évolue, elle devient : la SARL Georges Breilly. Les actionnaires parisiens étant sans descendance Charles Bédier, prend au fil des ans, seul le contrôle de la société.

Productions et métiers

L’usine produit des chaussettes de coton. En 1939, l’atelier dispose de 8 métiers rectilignes de 12 et 24 têtes, ils produisent les bord-côtes, les tiges et les semelles qui doivent être ensuite assemblés (la couture, le remaillage). Il y a également les premiers métiers circulaires qui deviendront ensuite la norme.

Au cours de la dernière guerre, la production n’a pas été arrêtée sauf en 1940 pendant l’évacuation totale de Moreuil. Elle dépendait néanmoins de l’approvisionnement en matières premières et en énergie (charbon et électricité).




Yves Bédier




Pierre Bédier

Du développement continu aux difficultés conjoncturelles (1945-2005)

Transformation juridique de l’entreprise et continuité familiale

En décembre 1952 transformation de la SARL en SA des « anciens établissements Georges Breilly » avec pour Président Charles Bédier et pour Directeur Général son fils, Yves, ce dernier était entré en 1942 comme Directeur Administratif.

En juillet 1968, la Société prend le nom de « Breilly SA », avec la même équipe à sa tête. En 1973 c’est Yves Bédier qui en devient le PDG.

En 1984, changement dans la continuité avec la nomination de Pierre Bédier (fils aîné d’Yves) au poste de PDG. Il était dans l’entreprise depuis 1962, il y assurait les fonctions de responsable de production. Son fils Stéphane Bédier ingénieur textile lui succédera.

L'entreprise Breilly SA a été mise en liquidation judiciaire en 2005 puis radiée du registre du commerce et des sociétés (RCS) d' Amiens le 21/09/2012.


vue de l'usine au début des années 70


Evolution des effectifs et de la production

Développement de l’entreprise

Au cours des années d’après-guerre l’entreprise se développe, elle produit 1,5 million de paires de chaussettes avec 120 employé(e)s, le chiffre d’affaire étant de 230 millions de francs (35 000€). Elle s’étend d’abord en bâtissant sur des parcelles voisines de l’usine historique puis en acquérant les locaux contigus de Barbier-Bédier situé au 13 rue Carnot et aussi les 9, 7 et 5 de la même rue. L’ensemble constitue une entité industrielle de 9000m2 au centre de la ville Moreuil. A partir de 1983 la Société crée une nouvelle entité de production, rue Thiers, sur le site de Bomo, dont la surface couverte, après extension, atteindra 5000 m2.

En 1990, Breilly a absorbé une entreprise amiénoise « la bonneterie des Sainte-Claires » rue Saint Leu.

Pendant plus d’un demi-siècle, pour se développer et résister à la concurrence, la direction de l’entreprise a constamment modernisé son appareil de production :

  • Avant 1950, acquisition d’une centaine de métiers individuels circulaires, d’origine américaine, chaque ouvrier(e) en conduit 2 dits « standards ».

  • En 1971, le nombre de métiers a plus que doublé (253), de plus il y a mécanisation de certaines tâches manuelles répétitives (séparation des articles, contrôle de fabrication, retournage) et également des machines qui assurent le repassage et la finition.

  • Dans les années 90, la révolution informatique a permis aux nouveaux métiers , de changer simplement et rapidement la matière travaillée (coton, soie…), le dessin (plus ou moins fantaisie) et l’article (de la chaussette bébé au collant …).

Cette course à l’innovation a impliqué des engagements financiers toujours plus importants. Le nécessaire renouvellement du matériel était de 3 à 5 ans dans les années 80-90 soit deux fois plus fréquent que lors de la décennie 60.

Les apprentis entraient dans l'entreprise dès l'âge de 14 ans

L'emploi féminin était majoritaire dans le textile