BOMO

Société BOMO - Bonneterie de Moreuil (années 30 à 1968)

Production : chaussettes, bas, pull-over

Fibres : coton, soie, rayonne, nylon et autres fibres artificielles

Effectifs maximum : 700 employé(e)s

Localisation : 51 rue Thiers Moreuil

Les éléments concernant l’usine BOMO proviennent d’un entretien avec Xavier Fauchille qui dirigeait la société avec son frère Dominique.

Création de l'entreprise Cordonnier au milieu des années 30

A l’origine de cette usine, qui allait disputer la place de numéro un à Bouly après la seconde guerre mondiale, il y a Monsieur Cordonnier. Dans les années 30, ce dernier était acheteur de fibres pour la société Bouly. Il était en relation commerciale avec Guy Fauchille qui travaillait comme représentant du groupe cotonnier Crépy de Lambersart.

Bouly ayant fait faillite, Cordonnier monta, rue Thiers (maintenant rue de la République), une petite structure de tissage avec sa femme qui y travaillait comme bobineuse. Pour développer son entreprise, il s’associa à Guy Fauchille qui apporta des fonds. En 1940, plus de la moitié de l’usine ayant été détruite la recapitalisation fût assurée par son associé.

Durant l’occupation qui était très dure à Lille, un des fils Fauchille : Dominique étant susceptible d’avoir des ennuis, en raison de son caractère entier, fût donc envoyé à Moreuil où il devint l’adjoint de Cordonnier sans avoir effectué de formation particulière.

Après la guerre, l’usine comptait seulement une trentaine d’ouvriers. Les locaux du 51 rue Thiers étaient restreints. En 1948, Guy Fauchille propose à Xavier, un autre de ses 11 enfants, qui a étudié dans une école de Commerce de Lille, de rejoindre Moreuil.



Dominique Fauchille



Xavier Fauchille

Développement de l'usine par les frères Fauchille à partir de 1948

Cordonnier n’ayant pas d’enfants, ce sont les deux frères Dominique et Xavier Fauchille qui deviennent les patrons de l’entreprise et qui vont s’attacher à la développer. Avec la caution de leur père ils obtiennent des crédits auprès des banques. Ils doublent la surface des locaux et acquièrent du matériel moderne et performant. L’usine est à la pointe de l’innovation, c’est la première en Picardie à tisser des bas fins.

Dans cette période, qui suit la guerre, se font sentir les prémices de la société de Consommation. En 1948, mise en place du plan Marshall d’aide, pas totalement désintéressée, des Etats-Unis, pour la reconstruction de l’Europe. Le premier décembre 1949 voit la fin du rationnement. L’accès aux matières premières devient plus facile.

Illustration de l'usine (catalogue 1965)
Linéaire Reading 24 têtes

Pour rester dans la course vis-à-vis de la concurrence, il est nécessaire de s’étendre, d’acheter de nouvelles machines et donc de recourir à l’emprunt auprès des Banques puisque la Société n’a que peu de fonds propres, et donc de payer des agios.

La demande de textile est forte, le secteur est en plein essor de plus favorisé par des taxes douanières qui restreignent les importations.

Pendant près de 20 ans, la Société s’est agrandie constamment ;

- achat de nouvelles machines,

- extension massive des bâtiments,

- construction du château d’eau qui deviendra le symbole de la marque BOMO (bonneterie de Moreuil),

- création d’ateliers spécialisés telle la teinturerie en 1953,

- embauche massive d’ouvrières et d’ouvriers (l’effectif dépassera les 500) ainsi que de cadres intermédiaires, avec une politique salariale généreuse qui attire les compétences et retient les meilleurs (c’est le cas aussi chez Bouly),

- diversification de la production, chaussettes et bas d’abord avec couture puis sans couture, collants, pull-overs…

- ouverture d’une usine à Albert.



Volonté d'affirmer la marque dans les années 60

Parallèlement les services de commercialisation et de création ont été développés à Moreuil (une quinzaine de personnes), ainsi qu’à Paris avec une activité de négoce et aussi mise en place de dépôts régionaux et d’antennes hors de France. Un budget de plus en plus conséquent a été consacré à la publicité (buvards, porte-clefs, voitures miniatures, disques 45 tours), la campagne la plus marquante étant celle « des bas Miss France ».


Aujourd'hui, la marque BOMO appartient à CSP Paris fashion group. Les bas BOMO renaissent épisodiquement à l'occasion de la sortie de séries limitées vintage.



L'emprise du site aujourd'hui

Fin brutale en 1968

Néanmoins la Société BOMO est fragile. Elle manque de fonds propres, elle s'est très fortement endettée auprès des banques. Aussi quand la concurrence intérieure mais également extérieure s’est intensifiée, l’entreprise n’a pas résisté et a déposé le bilan fin 1968.

La suite se confond avec Bouly, jusqu’en 1978. Cette dernière avait fait faillite en 1965 laissant ses locaux de la rue Gambetta à BOMO.

Le site a été réindustrialisé par la CCI d’Amiens, en 1982, sous forme d’usine-relais mis à la disposition de Breilly, qui l’a racheté en 1992.

Ensuite après la cessation de l’activité textile au début des années 2000, les locaux ont été occupés par diverses sociétés comme entrepôt de stockage.

En 2012, une partie des bâtiments a abrité la collection de métiers textiles réunie par l’association Mémoires du Santerre et ce jusqu’en 2019.

Actuellement, c’est la Société Parisud enchères qui utilise la totalité locaux.

LE PERSONNEL