BOULY

Nouvelle Société des Anciens Etablissements Bouly (1830 à 1978)

Production : Bas, mi-bas, collants

Fibres : coton, soie puis fibres synthétiques

Effectif maximum : 600 employé(e)s

Localisation : 5 à 9 rue Gambetta -Moreuil

Trois générations de Bouly - De la création de l'usine à la Grande Guerre

En 1830, création, à Moreuil, d’une usine de bonneterie qui prend le nom de Société Bouly-Lepage. Son fondateur est François, Barthélémy Bouly (1806-1887)

En 1854, sous le second empire, la direction est transmise à son fils Olivier, François, Alfred Bouly (1829-1902); la société devient Maison Bouly-Lepage et Lavallard fréres.

L’usine est proche de l’église dans la rue qui mène au château, qui prendra le nom de Gambetta à la fin du XIXème siècle.

La société est dynamique. Elle investit dans des métiers modernes. La force motrice est produite par la vapeur d’eau d’où les grandes cheminées que l’on peut voir sur les photos d’époque.

Elle se développe et crée, vers 1860, une usine à Harbonnières.

Pour le personnel, les conditions de travail sont difficiles. Elles sont aggravées par les crises qui remettent en cause les salaires déjà faibles. En témoigne une lettre des ouvriers bonnetiers de Moreuil du 7 avril 1870, adressée directement à l’Empereur Napoléon III, déposée en Préfecture, protestant contre la réduction des salaires, de 30 à 40%, imposée par l’industriel Bouly-Lepage.

La marque B et L (Bouly-Lepage) est déposée en 1875.

En 1899, Bouly emploie 450 ouvriers, produit 7000 douzaines de chaussettes (bonneterie de coton, laine et mérinos anglais).

En 1895 est créée une nouvelle société en nom collectif « « Alfred Bouly et fils » (capital 702720 francs, siège :5 à 9 rue Gambetta Moreuil, maison de vente 16 rue du Pont Neuf Paris).

Logotype de la marque B&L
Alfred Gustave Louis Bouly

Elle sera gérée par son fils Alfred, Gustave, Louis (1872-1920) à la mort de son père en 1902.

Juridiquement la Société passe en commandite sous l’appellation : Bouly Alfred et Compagnie (Siège 61 rue de Rivoli Paris, production Moreuil).

Pendant la première guerre mondiale, la société bénéficie de marchés publics pour l’équipement du soldat (comme d’autres entreprises de la Somme : Boilleau, Cosserat, Hubaulte, Lechevallier, Séminal).

L’usine de Moreuil, comme la ville, est totalement détruite lors des combats de 1918.


Dans son édition du 5 octobre 1912, le Cri du peuple (Organe de la fédération socialiste de la Somme) rapporte que le 28 septembre 1912, sur le quai de la gare de Moreuil, un inspecteur départemental du travail est pris à parti par un groupe d'ouvriers de la maison Bouly. Ils lui font vertement savoir que leur patron vient d'arrêter le travail en disant aux ouvriers: « l'inspecteur trouve que l'usine est sale et manque d'hygiène, allez vous en ! L'inspecteur eut beau rétablir la vérité, les ouvriers renvoyés signèrent à la mairie 4 pétitions.

L'usine entre les deux guerres à remarquer la grande cheminée et le château d'eau

1920/1978 - Aléas de l'actionnariat


En 1920, à la mort d'Alfred Gustave Louis Bouly, la Société devient Anciens Etablissements Bouly (Siège 6 rue de Hanovre Paris). L’activité industrielle reprend d’abord à Harbonnières en 1921, puis à Moreuil en 1923. La production s’accroît rapidement et une annexe s’ouvre à Longueau en 1923 (stockage et broderie).

En 1926, la société est reprise par Tissage et Bonneterie de Troyes.

Entre les deux guerres, c’est l’usine la plus importante de la cité. Elle produit des bas et des chaussettes, elle travaille le coton, la laine, la soie ainsi que la rayonne (soie artificielle). Elle possède sa propre teinturerie. Elle fera néanmoins faillite en 1932 mais l’activité ne sera que suspendue (en 1936 : Société Nouvelle des Anciens Etablissements Bouly S.A)

Après une interruption en 1940, suite à l’évacuation de la totalité de la population moreuilloise, l’usine reprend malgré les restrictions en matières premières.

En 1942, les biens sont saisis en vertu des lois antisémites de Vichy. Ils seront rendus à leur propriétaire à la Libération.

En 1945 elle prend le nom de : Nouvelle Société Bouly. L’activité se développe avec l’arrivée de nouvelles fibres (nylon) mais elle est arrêtée par une faillite en 1949. Elle reprend en 1951 (Nouvelle Société des Anciens Etablissements Bouly), avec des équipements en particulier venus des USA.


Le musée de la Bonneterie occupe les 2 travées de droite

L’usine tourne à plein régime en 3 huit, même le dimanche (d’où le nom des bas produits ce jour-là, la marque sera repris par un autre groupe). Elle compte plusieurs centaines de travailleurs.

Une nouvelle faillite a lieu en 1965. L’usine est occupée un temps par Bomo qui l'utilise comme dépôt.

Une activité chaotique reprend ainsi se succèdent différentes sociétés :

  • Nomi Baruch (1967-1968) ;

  • SABO (1968-1969) ;

  • Etablissement Bouly SA (1970-1973) ;

  • SOBIS SRL (1973-1978) ;

qui emploient de moins en moins de personnel.

Après plus d’un siècle, le rideau est tombé sur ce qui fut l’usine textile emblématique de Moreuil.

Les locaux ont ensuite été occupés par une teinturerie industrielle (S.A. Teinturerie de Moreuil.), une usine de papiers peints (GP décors).

Actuellement, les bâtiments qui donnent sur la rue Gambetta sont dans un état de délabrement avancé. En revanche ceux près des écoles (Rue du Général Leclerc Maréchal de France) ont été rénovés par la municipalité. La plus grande partie est dédiée au Périscolaire. Depuis 2019, une autre aile abrite la collection de machines textiles rassemblée par l’association Mémoires du Santerre.

Le personnel





1918 : La tenue de travail des ouvrières de l'usine

1936 : le personnel en grève devant l'entrée de l'usine