no 81 à100

81.   21 août 1901 — La céleste Maman enseigne à Luisa le secret du bonheur. Audio

Poursuivant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps. M'étant mise à la recherche de Jésus, c'est la Maman Reine que j'ai trouvée. Comme j'étais opprimée et fatiguée, je lui ai dit: «Ma très douce Maman, j'ai perdu le chemin pour trouver Jésus, je ne sais plus où aller ni quoi faire pour le trouver.» C'est en pleurant que je disais cela.

Elle me dit: «Ma fille, suis-moi et tu trouveras le chemin ainsi que Jésus lui-même. Je vais même t'enseigner le secret qui te permettra de toujours rester avec Jésus et de vivre toujours contente et heureuse, même sur cette terre. Voici comment: Fixe en toi la pensée que seul Jésus et toi existez dans ce monde et personne d'autre. Retiens que Jésus est le seul à qui tu dois plaire, le seul avec qui tu dois te complaire et le seul que tu dois aimer. De lui seul tu dois t'attendre d'être aimée et contentée en tout.

«En vivant de cette manière, toi avec Jésus, tu ne te laisseras plus impressionner si tu es entourée de mépris ou de louanges, de parents ou d'étrangers, d'amis ou d'ennemis. Jésus seul sera tout ton bonheur et Jésus seul te suffira en tout. Ma fille, aussi longtemps que tout ce qui existe ici-bas ne disparaîtra pas totalement de ton âme, tu ne pourras pas trouver un vrai et perpétuel bonheur.»

Pendant qu'elle disait cela, Jésus sortit comme d'un éclair et se trouva au milieu de nous. Je l'ai saisi et je l'ai emmené avec moi. Après, je me suis retrouvée dans mon corps.

82.   2 septembre 1901 — Jésus parle de l'Église et de la société actuelle. Audio

Ce matin, j'ai vu mon adorable Jésus avec le Saint-Père. Il me semble que Jésus lui disait: «Toutes tes souffrances jusqu'à présent ne sont rien d'autre que tout ce à travers quoi j'ai passé, à partir du début de ma Passion jusqu'à ce que je sois condamné à mort. Mon petit fils, il ne te reste rien d'autre que de porter ta croix jusqu'au Calvaire.» Pendant qu'il disait cela, il semblait que Jésus béni prenait une croix et la plaçait sur les épaules du Saint-Père en l'aidant à la porter.

Jésus ajouta: «Mon Église ressemble à une moribonde, surtout en ce qui concerne les conditions sociales. Il semble que ses ennemis attendent avec anxiété son cri de mort. Mais, courage, mon petit fils, après que tu seras arrivé sur la montagne, lorsque se fera l'élévation de la croix, tous se réveilleront et l'Église se dépouillera de son aspect de moribonde et retrouvera sa pleine vigueur. Seule la croix est le moyen pour cela, comme seule la croix a été l'unique moyen pour combler le vide que le péché avait fait et pour combler la distance infinie qui existait entre Dieu et l'homme. En ces temps-ci, seule la croix permettra à mon Église courageuse et resplendissante de relever le front pour confondre et mettre en fuite ses ennemis.» Cela dit, Jésus disparut.

Peu après, mon bien-aimé Jésus revint. Tout affligé, il dit: «Ma fille, comme la société actuelle me désole! Elle est constituée de mes membres et je ne peux m'empêcher de les aimer. Il m'arrive comme à quelqu'un qui a un bras ou une main infectés et blessés. Haït-il ce membre pour autant? L'a-t-il en horreur? Ah! pas du tout! Au contraire, il lui prodigue tous les soins nécessaires. Qui sait tout ce qu'il dépense pour guérir? Ce membre blessé fait souffrir tout son corps qu'il maintient opprimé et affligé jusqu'à sa guérison.

«Telle est ma situation. Je vois mes membres infectés et blessés, et j'en souffre. À cause de cela, je me sens porté à les aimer davantage. Oh! Comme mon amour est différent de celui de mes créatures! Je suis contraint de les aimer parce qu'elles sont miennes. Mais elles ne m'aiment pas comme l'un des leurs. Et si elles m'aiment, elles m'aiment seulement pour leur propre avantage.» Après cela, Jésus disparut et je me suis retrouvée dans mon corps.

83.   4 septembre 1901 — Les ardeurs du Coeur de Jésus pour la gloire de la Majesté divine et le bien des âmes. Audio

Mon adorable Jésus continue de venir. Ce matin, dès que je le vis, j'éprouvai l'envie de lui demander s'il m'avait pardonné mes péchés. Je lui dis: «Mon doux Amour, combien je désire ardemment que tu me dises de ta propre bouche si tu m'as pardonné tous mes péchés!» Jésus s'approcha de mon oreille et, de son regard, il sembla me scruter dans tout mon intérieur. Il me dit: «Tout est pardonné et je te remets tous tes péchés. Il ne te reste que quelques peccadilles commises hâtivement et sans ton consentement. Je te les remets aussi.»

Après cela, il me semble que Jésus se soit placé derrière mon dos et, en me touchant les reins, il les fortifia totalement. Qui pourrait décrire ce que j'ai éprouvé à la suite de ce toucher? Je peux seulement dire que j'ai éprouvé un feu rafraîchissant et une pureté accompagnés d'une grande force. Après qu'il m'eut touché les reins, je le priai de faire de même pour mon coeur. Pour me contenter, il le fit.

Ensuite, il me sembla que Jésus béni était fatigué à cause de moi et je lui dis: «Ma douce Vie, tu es fatigué à cause de moi, n'est-ce pas?» Jésus répondit: «Oui. Sois au moins reconnaissante pour les grâces que je suis en train de te donner, car la gratitude est la clef permettant d'ouvrir pour son propre plaisir les trésors de Dieu. Sache, cependant, que ce que j'ai fait te servira pour te préserver de la corruption, te fortifier, et disposer ton âme et ton corps à la gloire éternelle. »

Après cela, il me semble qu'il me transporta hors de mon corps. Il me fit voir une multitude de gens, le bien qu'ils auraient pu faire mais n'ont pas fait et, par conséquent, la gloire que Dieu aurait dû recevoir mais n'a pas reçue. Tout affligé, Jésus dit: «Ma bien-aimée, mon coeur brûle pour ma gloire et pour le bien des âmes. Le bien que les gens omettent de faire crée des vides par rapport à ma gloire et à leur âme. Même s'ils ne font pas de mal, en ne faisant pas le bien qu'ils pourraient faire, ces gens ressemblent à ces chambres vides qui, bien que belles, n'ont rien qui attire l'admiration ou frappe le regard. Par conséquent, le propriétaire n'en reçoit aucune gloire. S'ils font une bonne action et en négligent une autre, ces gens sont comme ces chambres dépouillées dans lesquelles on aperçoit à peine quelques objets disposés sans ordre.

«Ma bien-aimée, entre en moi pour prendre part aux souffrances des ardeurs de mon Coeur. Il les vit pour la gloire de la Majesté divine et pour le bien des âmes. Cherche à combler ces vides de ma gloire. Tu pourras le faire en ne laissant passer aucun moment de ta vie qui ne soit uni à ma vie. En d'autres mots, à toutes tes actions, qu'il s'agisse de la prière ou de la souffrance, du repos ou du travail, du silence ou de la conversation, de la tristesse ou de l'allégresse, ou même de la nourriture que tu prends, en somme, à tout ce qui peut t'arriver, tu adjoindras l'intention de me donner toute la gloire qui devrait m'être donnée à travers ces actions. Tu y ajouteras l'intention de suppléer pour le bien que les âmes devraient faire, mais ne font pas, et de suppléer pour la gloire non reçue à cause de cela.

«Si tu fais cela, tu combleras en quelque sorte les vides dans la gloire que je dois recevoir des créatures, et mon Coeur en éprouvera un rafraîchissement dans ses ardeurs. De ce rafraîchissement découleront des ruisseaux de grâces au bénéfice des mortels, ce qui leur infusera une plus grande force pour faire le bien.» Ensuite, je revins dans mon corps.

84.   5 septembre 1901 — Le véritable amour supplée à tout. Audio

Lorsque mon bien-aimé Jésus revint, j'éprouvai presque la crainte de ne pas correspondre aux grâces que le Seigneur me fait, à la suite de cette parole qu'il m'a dite antérieurement et qui s'était imprimée en moi : «Au moins, sois reconnaissante.»

En me voyant avec cette crainte, Jésus me dit: «Ma fille, courage, ne crains pas. L'amour suppléera à tout. D'ailleurs, en appliquant vraiment ta volonté à faire ce que je veux, même si tu manques quelquefois, je suppléerai. Donc, ne crains pas. Sache cependant que le véritable amour est ingénieux et que le vrai génie parvient à tout. Quand un amour aimant se trouve dans une âme, un amour qui se désole des souffrances de la personne aimée comme si ces souffrances étaient siennes, un amour qui en vient à prendre sur soi de souffrir ce que devrait souffrir la personne aimée, cet amour-là est le plus héroïque: il est celui qui ressemble le plus à mon amour. De fait, il est très difficile de trouver quelqu'un qui soit prêt à livrer sa propre vie.

«Si, dans tout ton être, il n'y a rien d'autre que de l'amour, alors, si tu n'arrives pas à me plaire d'une façon, tu arriveras à le faire d'une autre. Je te dis de plus que, si tu es en possession de ces trois amours, il m'arrivera comme il arrive à quelqu'un qui est injurié, offensé et outragé par tous, bien que, parmi tant de gens, il y en ait un qui l'aime, qui a pitié de lui et qui fait réparation pour tous. Que fait cette personne? Elle fixe son regard sur la personne aimée et, trouvant en elle la réparation, il oublie tous les outrages et il donne ses faveurs et ses grâces à ceux-là mêmes qui l'outragent.»

85.   9 septembre 1901 — La puissance de nos intentions dans nos actions. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus ne venait pas. Alors que mon esprit était occupé à considérer le mystère du couronnement d'épines, je me suis souvenue qu'en d'autres occasions, pendant que je méditais sur ce mystère, le Seigneur s'était plu à enlever de sa tête la couronne d'épines et à l'enfoncer sur la mienne, et je me suis dit intérieurement: «Ah! Seigneur, je ne suis plus digne de souffrir tes épines!»

Jésus vint tout à l'improviste et me dit: «Ma fille, quand tu souffres de mes propres épines, tu me soulages. Et, pendant que tu en souffres, je me sens tout à fait libéré de ces souffrances. D'autre part, quand tu t'humilies et que tu te crois indigne de les souffrir, alors tu me fais réparation pour tous les péchés d'orgueil qui se commettent dans le monde.»

Je lui dis: «🙏 Ah! Seigneur, pour toutes les gouttes de sang et les larmes que tu as versées, pour toutes les épines dont tu as souffert, pour toutes les blessures que tu as reçues, je veux te donner autant de gloire que celle qu'auraient dû te donner toutes les créatures si le péché d'orgueil n'avait pas existé. Je veux aussi te demander pour toutes les créatures toutes les grâces nécessaires pour la destruction du péché d'orgueil.🔥»

Pendant que je disais cela, j'ai vu que Jésus contenait en lui le monde entier, de la même façon qu'une machine contient en elle toutes ses pièces. Toutes les créatures se remuaient en Jésus, et Jésus se déplaçait vers elles. Il semblait que Jésus recevait la gloire de mon intention et que les créatures revenaient vers lui pour pouvoir recevoir le bien que j'avais invoqué pour elles. J'étais stupéfaite. En voyant mon étonnement, Jésus me dit: «Tout cela te semble surprenant, n'est-ce pas? Ce que tu as fait semble insignifiant mais, pourtant, il n'en est pas ainsi. Que de bien on pourrait faire si on répétait cette intention, mais on ne le fait pas!» Cela dit, il disparut.

86.   10 septembre 1901 — Unir nos actions à celles de Jésus, c'est continuer sa vie sur la terre. Audio

Je continue de faire ce que Jésus béni m'a enseigné le quatrième jour de ce mois, bien que, parfois, je suis distraite. Lorsque j'oublie, il me semble que Jésus veille dans mon intérieur et le fait pour moi. Alors, je rougis et, immédiatement, je m'unis à lui et je fais l'offrande de ce que je suis en train de faire. Qu'il ne s'agisse que d'un simple regard ou d'une parole, je le fais en disant:

«🙏Seigneur, toute la gloire que les créatures devraient te donner avec leur bouche et ne te donnent pas, je veux te la donner avec ma bouche, en unissant ma bouche à la tienne, et j'implore pour les créatures la grâce de faire un bon et saint usage de leur bouche.🔥»

Pendant que je faisais cela pour tout, Jésus vint et me dit: «Voici la continuation de ma vie qui était pour la gloire du Père et le bien des âmes. Si tu persévères dans cela, tu formeras ma vie et je formerai la tienne, tu seras ma respiration et je serai la tienne.»

Après, Jésus se plaça sur mon coeur pour se reposer, et moi sur le sien. Il me sembla que Jésus tirait son souffle de moi et que je tirais mon souffle de lui. Quelle félicité, quelle joie, quelle vie céleste j'expérimentais! Que grâce soit toujours rendue au Seigneur, que le Seigneur soit toujours béni, lui qui use de tant de miséricorde envers la pécheresse que je suis.

87.   14 septembre 1901 — L'amour de Dieu doit être le principe et la fin de nos actions. Audio

Après avoir vécu plusieurs jours dans l'absence de Jésus, aujourd'hui, pendant que je m'apprêtais à faire ma méditation, mon esprit a été occupé par autre chose. Par le moyen d'une lumière intérieure, j'ai compris que quand l'âme sort du corps, elle entre en Dieu. Dieu étant très pur amour, l'âme entre en lui quand elle est totalement amour. Dieu ne reçoit personne en lui qui ne soit en tout semblable à lui. En trouvant une âme qui est tout amour, Dieu l'accueille et la fait participer à tous ses dons. Sans être dans le Ciel, nous pouvons demeurer en Dieu comme nous demeurons ici-bas dans notre chambre.

Il me semble qu'on peut faire cela même pendant notre vie terrestre, ce qui nous épargne de souffrir et nous épargnera du feu du purgatoire. Ainsi, au terme de notre vie terrestre, nous serons introduits immédiatement, sans aucun délai, en Dieu notre plus grand Bien.

Il me semble comprendre la chose ainsi: les bûches sont l'aliment du feu, et c'est quand on s'aperçoit qu'elles ne produisent plus de fumée qu'on est sûr qu'elles sont totalement transformées en feu. Le principe et la fin de toutes nos actions doivent être le feu de l'amour de Dieu. Les bûches qui doivent alimenter ce feu sont les croix et les mortifications. La fumée qui s'élève au milieu des bûches et du feu est formée de nos passions et nos penchants mauvais qui refont souvent surface. Le signe que tout en nous est consumé par le feu, c'est quand nos passions demeurent en place et que nous n'éprouvons plus de penchant pour tout ce qui ne regarde pas Dieu. Il semble que grâce à ce feu de l'amour de Dieu, nous sommes libérés pour habiter en notre Dieu sans aucun obstacle. Nous arriverons ainsi à jouir du paradis dès cette terre.

88.   15 septembre 1901 — Celui qui fuit la croix est dans l'obscurité. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu tout glorieux, avec ses plaies resplendissantes plus que le soleil, et avec une croix dans la main. Je voyais aussi une roue avec quatre angles en saillie. Il semblait que la lumière s'échappait d'un de ces angles et que le côté d'où la lumière s'échappait était dans l'obscurité. Il y avait des gens qui se trouvaient dans cette obscurité, comme abandonnés par Dieu. On voyait des guerres sanglantes qui se succédaient contre l'Église et entre les gens eux-mêmes. Ah! il me semblait que les choses dont Jésus le béni m'avait parlé auparavant concernant l'avenir s'approchaient d'un pas rapide!

En voyant tout cela, Notre-Seigneur était ému de compassion. Il s'est approché de la partie obscure de la roue et il a jeté dessus la croix qu'il tenait dans sa main en disant d'une voix sonore: «Gloire à la croix!» Il me semblait que cette croix rappelait la lumière, alors que les peuples, en se réveillant, imploraient aide et secours. Jésus répéta: «Tout le triomphe et la gloire viendront de la croix. Autrement, les remèdes aggraveront les maux eux-mêmes. Donc la croix, la croix!» Qui pourrait décrire combien je fus affligée et inquiète de ce qui pourra arriver?

89.   2 octobre 1901 — Jésus amène Luisa au Ciel. Les anges demandent à Jésus de la montrer au monde entier. Luisa nage en Dieu et essaye de comprendre l'intérieur divin. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu et m'a transportée hors de mon corps au milieu des gens. Qui peut décrire les maux, les horreurs qu'on voyait? Tout affligé, Jésus me dit: «Ma fille, quelle puanteur transmet la terre, elle qui ne devrait faire qu'un avec le Ciel! Comme, dans le Ciel, on ne fait rien d'autre que de m'aimer, me louer et me rendre grâce, l'écho du Ciel devait absorber l'écho de la terre, les deux échos ne formant qu'un. Mais, la terre est devenue insupportable. Toi, unis-toi avec le Ciel et, au nom de tous, donne-moi satisfaction.»

En un instant, je me suis retrouvée au milieu des anges et des saints. Je ne peux expliquer comment, j'ai perçu ce qu'ils chantaient et disaient. Tout comme eux, je fis ma part au nom de toute la terre. Après cela, tout heureux et en se tournant vers tous, mon doux Jésus dit: «Voici, venant de la terre, une note angélique. Comme je me sens satisfait!»

Pendant qu'il disait cela, comme pour me récompenser, Jésus me prit dans ses bras. Il m'embrassait sans arrêt en me montrant à toute la cour céleste comme l'objet de ses plus chères complaisances. En voyant cela, les anges dirent: «Seigneur, nous te prions de montrer au monde entier ce que tu as opéré dans cette âme par un signe prodigieux de ta toute-puissance. Pour ta gloire et pour le bien des âmes, ne tiens plus cachés les trésors que tu as déversés en elle. Ainsi, en voyant et en touchant du doigt l'oeuvre de ta Toute-Puissance opérée dans un des leurs, ce témoignage sera source de repentir pour les mauvais et un plus grand stimulant pour ceux qui veulent être bons.»

En entendant cela, je me suis sentie saisie par une certaine crainte et, en m'annihilant totalement, au point que je me voyais comme un petit poisson, je me suis jetée dans le Coeur de Jésus en disant: «Seigneur, je ne veux rien d'autre que toi et d'être cachée en toi. Cela, je te l'ai toujours demandé et je te prie de le confirmer.» Cela dit, je me suis enfermée dans l'intérieur de Jésus comme si je nageais dans les très vastes océans de l'intérieur de Dieu.

Jésus dit à tous: «Ne l'avez-vous pas entendue? Elle ne veut rien d'autre que moi et d'être cachée en moi. Cela est son plus grand bonheur. Moi, en voyant une intention aussi pure, je me sens davantage attiré vers elle. Et, en voyant son dégoût de se montrer au monde comme un signe prodigieux opéré par moi, pour ne pas la contrister, je ne vous concède pas ce que vous me demandez.»

Il me semblait que les anges insistaient, mais je n'ai plus prêté attention à personne. Je ne faisais rien d'autre que de nager en Dieu pour essayer de comprendre l'intérieur divin. Ce faisant, il me sembla être comme un petit enfant tentant d'étreindre dans sa petite main un objet de grandeur démesurée ; pendant qu'il cherche à le saisir, l'objet lui échappe. C'est à peine s'il arrive à le toucher, de sorte que l'enfant ne peut ni dire combien il pèse, ni quelle est sa grandeur. Ou encore, je suis comme cet autre enfant qui n'est pas parvenu à faire des études avancées. Avec anxiété, il essaye de tout apprendre en peu de temps, mais il arrive à peine à apprendre les premières lettres de l'alphabet.

Ainsi, la créature ne peut dire autre chose que: «Je l'ai touché. Il est beau. Il est immense. Il n'y a pas de biens qu'il ne possède pas. Quel est son degré de beauté? Quelle est sa grandeur? Combien de biens possède-t-il? Je ne peux pas le dire.» Ainsi, la créature ne peut dire de Dieu que les premières lettres de l'alphabet, et elle doit laisser tomber toute étude avancée. Même au Ciel, en tant que créatures, mes très chers frères les anges et les saints n'ont pas la capacité de tout comprendre au sujet de leur Créateur. Ils sont comme autant de récipients remplis de Dieu mais, lorsqu'on veut les remplir davantage, ces récipients débordent. Je crois que je suis en train de dire beaucoup de sottises; c'est pourquoi je m'arrête.

90.   3 octobre 1901 — Luisa s'offre au Seigneur d'une façon spéciale. La volonté humaine est le plus grand obstacle à l'union à Dieu. Audio

Ayant reçu l'Eucharistie, je me demandais comment je pourrais faire une offrande plus spéciale à Jésus, comment lui témoigner mon amour et comment lui plaire davantage. Alors, je lui ai dit: 🙏 «Mon très bien-aimé Jésus, je t'offre mon coeur pour satisfaire envers toi et pour chanter tes louanges éternelles. Je t'offre tout mon être, même les moindres parcelles de mon corps, comme autant de murailles que j'érige devant toi pour empêcher toute offense d'être commise contre toi. Si c'est possible, je prends sur moi toutes ces offenses pour ton plaisir, jusqu'au jour du jugement.

«Et comme je veux que mon offrande soit complète et te donne satisfaction pour tous, mon intention est que toutes les souffrances que je vivrai en prenant sur moi les offenses qu'on te fait te procurent toute cette gloire que les saints qui sont dans le Ciel auraient dû te donner quand ils étaient sur la terre, toute cette gloire que devraient te donner les âmes du purgatoire, et toute cette gloire qui te revient provenant de tous les hommes passés, présents et futurs. Cette offrande, je te l'offre pour tous en général et pour chacun en particulier.»🔥

À peine avais-je fini de parler que Jésus béni, tout ému par cette offrande, me dit: «Ma bien-aimée, tu ne peux pas comprendre le grand bonheur que tu m'as donné en t'offrant de cette façon! Tu as pansé toutes mes blessures et m'as donné une satisfaction pour toutes les offenses passées, présentes et futures. Pendant toute l'éternité, je considérerai ton offrande comme une pierre des plus précieuses qui me glorifiera éternellement. Chaque fois que je la regarderai, je te donnerai une nouvelle et plus grande gloire éternelle.

«Ma fille, il ne peut y avoir de plus grand obstacle qui empêche l'union entre moi et les créatures et qui s'oppose à ma grâce que la volonté propre. Toi, en m'offrant ton coeur pour me donner satisfaction, tu t'es vidée de toi-même, et moi, en te voyant vidée de toi-même, je me suis déversé totalement en toi. De ton coeur m'est parvenue une louange m'apportant les mêmes notes de louanges que, de mon Cœur, je donne continuellement à mon Père pour satisfaire à la gloire que les hommes ne lui donnent pas.»

Pendant qu'il disait cela, je voyais que, en vertu de mon offrande, beaucoup de petits ruisseaux sortaient de toutes les parties de mon être et se déversaient sur Jésus béni. Ces ruisseaux, devenant plus impétueux et plus abondants, Jésus les déversait ensuite sur toute la cour céleste, sur le purgatoire, et sur le monde entier.

Oh! Bonté de mon Jésus! Accepter une si misérable offrande et la récompenser avec autant de grâces! Oh! Merveille des saintes et pieuses intentions! Si nous nous en servions dans toutes nos oeuvres, même banales, quel sublime commerce ne ferions-nous pas? Que de biens éternels n'acquérions-nous pas? Combien de gloire additionnelle ne donnerions-nous pas au Seigneur?

91.   8 octobre 1901 — Lorsque l'âme opère en union avec Jésus, ses actes ont les mêmes effets que les actes de Jésus. La valeur de l'intention. Audio

Ce matin, j'avais beaucoup de mal à attendre mon adorable Jésus. Pourtant, pendant que je l'attendais, je faisais tout ce que je pouvais pour unir toutes mes actions à l'intérieur de Notre-Seigneur. J'y ajoutais l'intention de lui donner toute cette gloire et toutes ces réparations qui proviennent de sa très Sainte Humanité.

Pendant que je faisais ainsi, Jésus béni est venu et m'a dit: «Ma fille, lorsque l'âme se sert de mon Humanité pour faire tout ce qu'elle fait, ne serait-ce qu'une pensée, une respiration ou un acte quelconque, ses actions sont comme autant de pierres précieuses qui sortent de mon Humanité et se présentent devant la Divinité. Et puisqu'elles sont produites par le moyen de mon Humanité, ces actions ont les mêmes effets que les oeuvres que j'accomplissais quand j'étais sur la terre.»

Je dis: «Ah! Seigneur! j'éprouve un certain doute face à ce que tu dis! Comment se peut-il que par une simple intention dans mes actions, même dans les plus petites choses, ces actions produisent de si grands effets? Lorsqu'on examine bien la chose, ces actions sont vraiment des choses de rien, vides. Pourtant, il semble que la seule intention d'unir une action à la tienne uniquement dans le but de te plaire remplit cette action, laquelle tu élèves d'une manière suprême en la faisant paraître comme une chose très grande.»

Jésus reprit: «Ah! ma fille, l'action de la créature est vide, même si c'est une grande action! C'est l'union à la mienne dans le simple but de me plaire qui la remplit. Et puisqu'une action faite par moi, ne serait-ce qu'une respiration, dépasse d'une façon infinie toutes les actions des créatures mises ensemble, voilà la raison qui rend cette action si grande. D'ailleurs, ne sais-tu pas que celui qui se sert de mon Humanité pour opérer ses actions se nourrit des fruits de ma propre Humanité et s'alimente de ma propre nourriture? Ne sais-tu pas également que c'est la bonne intention qui fait de l'homme un saint et la mauvaise intention qui fait de lui un méchant? Les hommes font souvent les mêmes actions, mais, par ces actions, l'un se sanctifie et l'autre se pervertit.»

Pendant qu'il disait cela, je voyais à l'intérieur de Notre-Seigneur un arbre verdoyant plein de beaux fruits, et ces âmes qui opéraient pour plaire uniquement à Dieu par le moyen de son Humanité, je les voyais sur cet arbre à l'intérieur de Jésus: l'Humanité de Jésus leur servait de demeure. Cependant, comme leur nombre était petit!

92.   11 octobre 1901 — Le silence de Jésus. L'aliment le plus nécessaire est la paix. Audio

J'ai passé plusieurs jours dans l'absence et le silence de Jésus. Ce matin, lorsqu'il est venu, Jésus continua de demeurer en silence. Malgré que j'aie gardé Jésus presque toujours avec moi, malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à lui faire dire un seul mot. Il me semblait qu'il retenait quelque chose dans son intérieur qui l'attristait tellement qu'il en était taciturne. Et il ne voulait pas que je sache ce qui se passait.

Pendant que Jésus était avec moi, il me sembla voir la Maman Reine. Lorsqu'elle vit Jésus avec moi, elle me dit: «Est-ce que tu le retiens? C'est un moindre mal qu'il soit avec toi car, s'il doit épancher sa juste fureur, puisqu'il est avec toi, tu sauras le retenir. Ma fille, prie-le de retenir les fléaux : les malveillants sont tous prêts à agir, mais ils se voient liés par une puissance suprême qui les empêche de passer à l'action. Et si la justice divine permettait qu'ils passent à l'action, en ne le faisant pas quand cela leur plaît, il en sortira le bien suivant : ils reconnaîtront l'autorité divine sur eux et ils diront : "Nous l'avons fait, parce que le pouvoir nous en a été donné d'en haut."

«Ma fille, quelle guerre se couve dans le monde moral! Elle est horrible à voir. Pourtant, la première chose qu'on devrait rechercher dans la société, dans les familles et dans chaque âme devrait être la paix. Sans la paix, tout devient insalubre, fût-ce les vertus elles-mêmes. La charité et le repentir, sans la paix, n'apportent ni la santé, ni la véritable sainteté. Pourtant, si nécessaire et si salubre, la paix s'est éloignée du monde d'aujourd'hui: on ne veut rien d'autre que des troubles et des guerres. Prie, ma fille, prie!»

93.   14 octobre 1901 — Comme en un éclair, Jésus se manifeste à Luisa. Il lui fait comprendre quelque chose de ses attributs divins. Audio

Jésus béni est venu à la hâte comme un éclair. Dans cet éclair, il fit ressortir de son intérieur une caractéristique particulière de l'un de ses attributs. Combien de choses il me fit comprendre à travers cet éclair! Cependant, maintenant que cet éclair s'est retiré, mon esprit demeure dans l'obscurité et ne sait pas trouver les mots pour décrire ce qu'il a compris à travers cet éclair de lumière. Bien plus, puisque ce sont des choses qui touchent la Divinité, le langage humain a du mal à les décrire. Plus l'âme s'efforce de le faire, plus elle en reste muette. Dans ces choses, elle est toujours comme un petit enfant nouveau-né.

Mais, l'obéissance veut que je m'efforce de décrire le peu dont je suis capable et, par conséquent, je m'exécute. Il me sembla que Dieu contient en lui tous les biens, de sorte que, en trouvant ces biens, il n'est pas nécessaire d'aller ailleurs pour percevoir l'immensité de Dieu. Dieu seul suffit pour retrouver tout ce qui lui appartient.

En un éclair, il me montra une caractéristique spéciale de sa beauté. Qui peut raconter combien il est beau? Je peux seulement dire que toutes les beautés angéliques et humaines, la beauté des fleurs et des fruits, l'azur splendide et le ciel étoilé, qui semblent nous enchanter et nous parler d'une beauté suprême, ne sont qu'une ombre ou qu'un souffle en comparaison de la beauté de Dieu. En d'autres mots, ces beautés ne sont que des petites gouttes de rosée en comparaison des immenses eaux de la mer. Je continue, car mon esprit commence à se disperser.

Dans un autre éclair, Jésus me montra une caractéristique spéciale de son attribut de charité. Dieu étant trois fois saint, comment puis-je, moi, si misérable, ouvrir la bouche pour parler de cet attribut qui est la source d'où dérivent tous ses autres attributs? Je dirai seulement ce que j'ai compris en regard de la nature humaine.

J'ai compris que lorsque Dieu nous crée, cet attribut de la charité se déverse en nous et nous remplit totalement, de sorte que si l'âme correspond, notre nature devrait se transformer en charité pour Dieu. Mais si l'âme avance en se diffusant dans l'amour des créatures, des plaisirs, des intérêts personnels, ou de quelque autre chose que ce soit, alors ce souffle divin commence à quitter l'âme. Et si l'âme en vient à se disperser dans tout, elle devient vide de la charité divine.

Et comme on n'entre pas dans le Ciel à moins d'être un tout de charité très pure et toute divine, si l'âme parvient au salut, elle ira recouvrer ce souffle de charité reçu au moment de sa création dans les flammes du purgatoire, d'où elle ne sortira que lorsqu'elle débordera de charité. Qui sait quelle longue étape elle aura à franchir en ce lieu d'expiation?

S'il en est ainsi de la créature, qu'en est-il donc du Créateur? Je crois que je suis en train de dire beaucoup de sottises. Mais je ne m'en étonne pas, puisque je ne suis pas du tout douée. Je suis une pure ignorante. S'il y a quelque chose de véridique dans ces écrits, cela ne vient pas de moi, mais de Dieu. Quant à moi, je demeure toujours la petite ignorante que je suis.

94.    21 octobre 1901 — L'intention droite. Tout ce qu'on ne fait pas pour Dieu est dispersé comme de la poussière emportée par un vent violent. Audio

Ce matin, Jésus béni est venu. Il me sembla qu'il faisait un cercle avec ses bras comme pour m'y enfermer. Pendant qu'il m'étreignait, il me dit: «Ma fille, quand l'âme fait tout pour moi, tout reste enfermé à l'intérieur de ce cercle. Rien ne sort à l'extérieur, pas même un soupir, un battement de coeur ou un quelconque mouvement. Tout entre en moi et, en moi, tout est compilé. En récompense, je ramène tout dans l'âme, mais redoublé de grâces. L'âme, en déversant cela de nouveau en moi et moi de nouveau en elle, en vient à acquérir un capital surprenant de grâces. Et tout cela fait mes délices : donner à la créature ce qu'elle m'a donné comme si cela était sien en y ajoutant toujours du mien.

«Celui qui, par ingratitude, empêche que je lui donne ce que je veux me prive de mes innocents plaisirs. Celui qui n'agit pas pour moi, tout ce qu'il fait sort de mon cercle et est dispersé comme de la poussière emportée par un vent violent.»

95.   25 octobre 1901 — La privation fait connaître d'où viennent les choses, ainsi que leur valeur. Audio

J'ai passé plusieurs jours dans la crainte et les doutes au sujet de mon état. Je croyais qu'il était entièrement le fruit de mon imagination. Parfois, mon esprit se fixait tellement sur cela que j'en arrivais à me plaindre à Notre-Seigneur et à me déplaire en sa présence en lui disant: «Quelle souffrance! Quelle disgrâce que d'avoir été victime de mon imagination! Je croyais te voir et, au contraire, c'était totalement une hallucination de mon imagination. Je croyais accomplir ta Volonté en demeurant pendant tout ce temps dans ce lit, mais qui sait si cela n'était pas aussi un fruit de mon imagination? Seigneur, seulement à y penser me fait souffrir et m'épouvante. Ta Volonté adoucit tout, mais cela me rend amère jusque dans la moelle de mes os. De grâce, donne-moi la force de sortir de cet état imaginaire.»

Je me fixais tellement sur cette pensée que je ne pouvais plus me distraire, de sorte que j'arrivais à penser que mon imagination m'avait préparé une place en enfer. Je cherchais à me débarrasser de cette pensée en disant: «Eh bien, je me servirai de mon imagination pour aimer Jésus en enfer!»

Pendant que je me trouvais dans cet état d'obsession, Jésus béni voulut accroître ma situation douloureuse. En remuant à l'intérieur de moi, il me dit: «Ne prête pas attention à cela, autrement je vais te laisser et je te ferai voir si c'est moi qui viens ou si c'est ton imagination qui a raison.» À ce moment-là, je ne me suis pas préoccupée des paroles de Jésus et je me suis dit: «Ah oui? Il n'aura pas le courage de le faire, il est si bon.» Pourtant, il l'a vraiment fait. Il est inutile de dire ce que j'ai vécu en passant plusieurs jours privée de Jésus. Ce serait trop long! Le souvenir seulement me gèle le sang dans les veines. C'est pourquoi je continue.

Ayant dit tout cela à mon confesseur, ce dernier se fit mon médiateur. Il se mit à prier avec moi pour que Jésus ait la bienveillance de revenir. Je me suis senti perdre connaissance et Jésus se fit voir de très loin, presque hargneux, car il ne voulait pas venir. Moi, je n'osais rien demander, mais mon confesseur insistait en ajoutant l'intention que Jésus me fasse participer à la crucifixion.

Alors, pour contenter mon confesseur, Jésus s'approcha et me fit participer aux douleurs de la croix. Ensuite, comme s'il avait fait la paix avec moi, il me dit: «Il était nécessaire que je te prive de ma présence, autrement tu n'aurais pas été convaincue que c'est moi qui est à l'oeuvre en toi, contrairement à ce que te suggère ton imagination. La privation est utile pour faire connaître d'où proviennent les choses, la valeur de l'objet perdu, et pour en avoir une plus grande estime par la suite.»

96.   22 novembre 1901 — Le moi porte l'empreinte de toutes les ruines. Sans le moi, tout est en sécurité. Audio

Après avoir passé des jours très amers et remplis de larmes, de privation et de silence, mon pauvre coeur n'en peut plus. Le tourment de me trouver hors de mon centre qui est Dieu est tellement grand que je me vois continuellement ballottée comme par les bourrasques d'une violente tempête. Une tempête déchaînée au point de me faire subir la mort à chaque instant et, ce qui est pire encore, de ne pas mourir vraiment.

Alors que je me trouvais dans cet état, Jésus se fit voir brièvement et me dit: «Ma fille, lorsqu'en toute chose une âme fait la volonté d'une autre personne, on dit qu'elle a confiance en la volonté de cette autre personne. Par conséquent, elle vit de la volonté d'autrui et non de la sienne. Il en est ainsi quand l'âme fait en tout ma Volonté. Je dis qu'elle a la foi. Ainsi, la Divine Volonté et la foi sont deux branches issues d'un seul tronc. Et comme la foi est simple, la foi et la Divine Volonté produisent une troisième branche qui est la simplicité. Ainsi, l'âme en vient à épouser les caractéristiques de la colombe. Ne veux-tu donc pas être ma colombe?»

Dans une autre occasion, un autre jour, Jésus me dit: «Ma fille, les perles, l'or, les pierres précieuses, les choses les plus précieuses se conservent bien protégés à l'intérieur d'un coffret à double clé. Que crains-tu donc si je te tiens bien protégée dans le coffret de la sainte obéissance, gardienne très sûre où, non pas une seule clé, mais deux clés tiennent la porte bien fermée, afin de garder l'entrée interdite à tout voleur, et ainsi de te garder à l'écart de tout défaut? Le moi porte la marque de toutes les ruines et, sans le moi, tout est en sécurité.»

97.   27 décembre 1901 — Jésus est l'administrateur de la très Sainte Trinité. La division chez les prêtres. Audio

Il est inutile de décrire le pauvre état auquel je suis réduite. Cela ne ferait qu'aggraver et rendre plus profondes les plaies de mon âme. C'est pourquoi je passe tout sous silence en faisant une offrande au Seigneur.

Ce matin, pendant que je pleurais la perte de mon adorable Jésus, mon confesseur vint et me donna la directive de prier le Seigneur pour qu'il soit assez bienveillant de venir. Il me semble qu'il soit venu. Et comme mon confesseur avait émis l'intention de la crucifixion, Jésus me fit participer aux douleurs de la croix. Pendant ce temps, Jésus dit à mon confesseur: «J'ai été l'administrateur de la très Sainte Trinité, c'est-à-dire que j'ai transmis au monde la puissance, la sagesse et la charité des trois Personnes divines. Toi, qui es ma représentante, tu ne dois rien faire d'autre que de continuer ma propre oeuvre auprès des âmes. Si tu ne t'y intéresses pas, tu en viendras à interrompre l'oeuvre commencée par moi. Ainsi, je me sens frustré dans l'accomplissement de mes desseins et je suis contraint de retenir la puissance, la sagesse et la charité que je t'aurais accordées si tu avais accompli l'oeuvre que je t'ai confiée.»

Après cela, Jésus sembla me transporter hors de mon corps et, de loin, on voyait une multitude de personnes desquelles émanait une puanteur insupportable. Il me dit: «Ma fille, quelle division il y aura chez les prêtres! Ce sera le coup ultime pour fomenter des divisions et des révolutions entre les peuples.» Jésus disait cela avec tellement d'amertume que j'en éprouvai de la compassion.

Ensuite, en pensant à mon état, je lui dis: «Dis-moi, mon Seigneur, veux-tu que je me fasse donner l'ordre par mon confesseur de cesser de demeurer dans cet état? D'autant plus que, en ne souffrant plus comme avant, je me vois inutile.» Jésus me répondit: «C'est vrai.» Mais, je fus très affligée et mon coeur était inquiet, comme si je n'avais pas voulu qu'il me réponde ainsi. Alors, je répliquai: «Mais, Seigneur, ce n'est pas parce que je veux sortir de cet état; je veux simplement connaître ta sainte Volonté. Car, étant donné que mon état résulte du fait que tu viens vers moi et que tu me fais participer à tes souffrances, et cela ayant cessé, je crains que tu ne veilles même plus que je continue de demeurer au lit.» Jésus dit: «Tu as raison, tu as raison.»

Je sentis mon coeur éclater à la suite des réponses que Jésus béni venait de me donner et j'ajoutai : «Mais, mon Seigneur, dis-moi au moins ce qui est à l'avantage de ta plus grande gloire: soit que je continue à demeurer dans cet état, même si je devais en crever, ou soit que je me fasse donner l'ordre de quitter cet état.»

En voyant que je ne finissais pas de parler de ce sujet, Jésus changea la conversation en me disant: «Ma fille, je me sens offensé par tous. Vois-tu, même les âmes dévotes essaient de scruter si quelque chose est de leur faute ou non, au lieu de s'amender et d'extirper leur faute. N'est-ce pas déjà un signe qu'il n'y a ni souffrance, ni amour? Car la souffrance et l'amour sont deux onguents très efficaces qui, appliqués à l'âme, la guérissent parfaitement, l'un corroborant avec l'autre et la fortifiant grandement.»

Mais je pensais à ma pauvre situation, et je voulais lui en parler de nouveau pour connaître clairement la Volonté du Seigneur. Mais Jésus disparut. Quant à moi, en réintégrant mon corps, j'étais toute confuse sur ce que je devais faire. Alors, pour être sûre, j'exposai tout à l'obéissance, laquelle veut que je continue de demeurer dans cet état. Que la Volonté du Seigneur soit faite, toujours!

98.   29 décembre 1901 — Les tribulations sont nécessaires pour celui qui vit à l'ombre de Jésus. Audio

J'étais totalement opprimée quand j'ai vu brièvement mon adorable Jésus. En me regardant, il me dit: «Ma fille, pour celui qui vit sous mon ombre, il est nécessaire que souffle sur lui le vent des tribulations, afin que l'air infecté qui l'entoure ne puisse même pas pénétrer sous mon ombre. Les vents continuels, en agitant sans cesse cet air malsain, le gardent toujours au loin et permettent de respirer un air très pur et salubre.»

Cela dit, Jésus disparut et je comprenais beaucoup de choses sur le sujet. Mais, il n'est pas nécessaire de m'expliquer, car que je crois qu'il est facile d'en comprendre la signification.

99.   6 janvier 1902 — Les effets prodigieux de l'union de notre vie à celle de Jésus. Deux mots sur la mort. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, après l'avoir beaucoup attendu, mon très aimant Jésus vint pendant quelque temps. Se plaçant à mes côtés, il me dit: «Ma fille, celui qui cherche à se conformer en tout à ma vie ne fait rien d'autre que d'apporter un parfum additionnel et particulier à tout ce que j'ai fait dans ma vie, de façon à parfumer le Ciel et toute l'Église. Les méchants eux-mêmes se trouvent à respirer ce parfum céleste. Ainsi, tous les saints ne sont rien d'autre qu'autant de parfums. Et, ce qui réjouit davantage l'Église et le Ciel, c'est que ces parfums sont distincts entre eux.

«De plus, celui qui cherche à continuer ma vie en faisant ce que j'ai fait quand il le peut, et en le faisant au moins par le désir dans le cas contraire, je le tiens dans mes mains comme si toute ma vie était en train de se continuer dans cette âme, non comme une chose du passé, mais comme si je vivais présentement. En redoublant le trésor de tout ce que j'ai fait, cela est un trésor dans mes mains dont je dispose pour le bien de tout le genre humain. Ne voudrais-tu donc pas être une de ces âmes?»

Je devins toute confuse, ne sachant pas quoi répondre. Puis Jésus disparut. Peu après, il revint et, pendant que j'étais avec lui, je vis plusieurs personnes qui craignaient beaucoup la mort. Je dis: «Mon aimable Jésus, est-ce une faute chez moi de ne pas craindre la mort, alors que je vois que beaucoup d'autres la craignent? Moi, au contraire, uniquement à penser que la mort m'unira pour toujours à toi et qu'elle mettra un terme au martyre de ma dure séparation, non seulement la pensée de la mort ne soulève en moi aucune crainte, mais elle m'est un soulagement. Elle me donne la paix et cela me réjouit, en laissant de côté toutes les autres conséquences qu'apporte la mort.»

Jésus ajouta: «Fille, en vérité, cette crainte extravagante de mourir est une sottise, puisque chacun possède tous mes mérites, mes vertus et mes œuvres comme passeport pour entrer au Ciel, don que j'ai fait à tous. Profite de ce don quiconque y ajoute le sien. Avec tous ces biens, quelle crainte peut-on avoir de la mort? Avec ce passeport parfaitement valide, l'âme peut entrer où elle veut. Par égard pour ce passeport, tous respectent cette âme et lui cèdent le passage.

«Quant à toi, le fait de ne pas craindre du tout la mort te vient d'avoir traité avec moi et d'avoir expérimenté combien est douce et précieuse l'union au Bien suprême. Sache cependant que l'hommage le plus agréable qu'on puisse m'offrir, c'est de désirer mourir pour être uni à moi. Cela est la plus belle disposition pour l'âme pour pouvoir se purifier et, sans aucun intervalle, pour pouvoir passer en ligne droite sur le chemin du Ciel.» Cela dit, il disparut.

100.   11 janvier 1902 — Pour être parfait, l'amour doit être triple. Allusion au divorce. Audio

Ce matin, ayant reçu la communion, j'ai vu brièvement mon adorable Jésus. Dès que je l'ai vu, je lui ai dit: «Mon doux Bien, dis-moi! Est-ce que tu continues de m'aimer?» Jésus répondit: «Oui, mais je suis amoureux et jaloux, jaloux et amoureux. Je te dis même que pour être parfait, l'amour doit être triple.

«C'est en moi que se trouve cette triple condition de l'amour: premièrement, je t'aime comme Créateur, comme Rédempteur et comme Amoureux; deuxièmement, je t'aime à travers ma toute-puissance dont je me suis servi pour te créer et pour tout créer par amour pour toi, de sorte que l'air, l'eau, le feu et tout le reste te disent que je t'aime et que je les ai créés par amour pour toi, je t'aime comme mon image et je t'aime particulièrement par égard pour toi; troisièmement, je t'aime de toute éternité, je t'aime dans le temps et dans l'éternité, cela n'étant rien d'autre qu'un souffle sorti de mon amour. Imagine-toi alors l'immensité de cet amour qui m'habite.

«Quant à toi, tu es obligée de me retourner ce triple amour: en m'aimant comme ton Dieu, tu dois entièrement te fixer en moi et ne rien laisser sortir de toi qui ne soit amour pour moi; en m'aimant par égard pour toi et pour le bien que tu en retires; en m'aimant pour tous et en tout.»

Après cela, Jésus me transporta hors de mon corps et je me suis trouvée au milieu de plusieurs personnes qui disaient: «Si on approuve cette loi, pauvre femme, tout ira mal pour elle.» Tous étaient anxieux d'entendre le pour et le contre. Dans un autre lieu, on voyait beaucoup de personnes en train de discuter, et l'une d'elles prit la parole en réduisant les autres au silence; après s'être donné beaucoup de mal, elle sortit et dit: «Oui, certainement que nous sommes en faveur de la femme.»

En entendant cela, tous ceux qui étaient à l'extérieur se réjouissaient et ceux qui étaient à l'intérieur étaient confus, de sorte qu'ils n'avaient même pas le courage de sortir. Je crois que cette loi est celle qu'ils appellent la loi du divorce. Je compris qu'ils ne l'avaient pas approuvée.