no 41 à 60 

41.    25 décembre 1900 — Luisa assiste à la naissance de Jésus. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me suis sentie hors de mon corps. Après m'être déplacée un peu, je me suis trouvée à l'intérieur d'une grotte. J'ai vu la Maman Reine en train de donner naissance au petit Enfant Jésus. Quel stupéfiant prodige! Il me semblait que la Mère autant que le Fils étaient transformés en lumière très pure. Dans cette lumière, on apercevait très bien la nature humaine de Jésus portant en elle la Divinité. Son Humanité servait de voile pour couvrir sa Divinité, de sorte qu'en déchirant le voile de sa nature humaine, on trouvait Dieu. Voici le prodige des prodiges: Dieu et homme ! Homme et Dieu! Quelle merveille que le Fils qui, sans quitter le Père et le Saint-Esprit — car, dans le véritable amour, on ne se sépare jamais —, prend une chair humaine et vient habiter parmi nous !

En ce moment des plus heureux, il me sembla que la Mère et le Fils étaient comme spiritualisés. Pendant que les deux débordaient d'un excès d'amour, alors, sans le moindre obstacle, Jésus sortit du sein maternel, c'est-à-dire que, pendant que ces très saints corps étaient transformés en lumière, Jésus lumière sortit sans le moindre obstacle de l'intérieur de la lumière de sa Mère, les deux corps restant sains et intacts. Ensuite, ils revinrent à leur état naturel.

Qui pourrait décrire la beauté du petit Enfant qui, en ce moment de sa naissance, laissait voir extérieurement les rayons de sa Divinité? Qui pourrait décrire la beauté de la Mère qui restait tout absorbée dans ces rayons divins? Et saint Joseph? Il me sembla qu'il n'était pas présent à l'acte de la naissance, mais qu'il se tenait dans un autre coin de la grotte, tout absorbé dans ce profond mystère. Et s'il n'a pas vu ce mystère avec les yeux de son corps, il l'a très bien vu avec les yeux de son âme, car il était ravi en une extase sublime.

Dans l'acte où le petit Enfant vint à la lumière, j'aurais voulu voler pour le prendre dans mes bras, mais les anges m'en empêchèrent en me disant que l'honneur de le prendre revenait en premier à la Mère. La Vierge très sainte, comme secouée, revint à elle-même et, des mains d'un ange, elle reçut son Fils dans ses bras. Dans l'épanchement d'amour dans lequel elle se trouvait, elle le serra avec tellement de force qu'il sembla qu'elle voulait l'enfermer de nouveau dans son sein. Ensuite, en voulant donner à son Enfant un épanchement de son ardent amour, elle le plaça pour qu'il puisse boire à son sein.

Pendant ce temps, j'étais tout annihilée en attendant d'être appelée, afin ne pas recevoir un autre reproche de la part des anges. Alors, la Reine me dit: «Viens, viens prendre l'objet de tes délices, et réjouis-le toi aussi, épanche ton amour avec lui.» En disant cela, je me suis approchée et la Maman déposa l'Enfant dans mes bras. Qui pourrait décrire mon bonheur, les baisers, les étreintes et les tendresses que nous avons échangés? Après avoir quelque peu épanché mon amour, je lui dis: «Mon Bien-Aimé, tu as bu le lait de notre Maman, partage-le avec moi.» Tout condescendant, il déversa de sa bouche une partie de ce lait dans la mienne.

Ensuite, il me dit: «Ma bien-aimée, j'ai été conçu et suis né uni à la douleur, et je suis mort dans la douleur. En utilisant les trois clous avec lesquels ils m'ont crucifié, j'ai crucifié les trois puissances des âmes qui brûlent de m'aimer: l'intelligence, la mémoire et la volonté. J'ai fait en sorte que ces âmes restent totalement attirées vers moi, vu que le péché les avait rendues infirmes et les avait dispersées loin de leur Créateur, sans rien pour les retenir.»

Pendant que Jésus disait cela, il jeta un regard sur le monde et commença à pleurer sur ses misères. Moi, en le voyant pleurer, je lui dis: «Mon aimable Enfant, ne rends pas triste par tes larmes une nuit si joyeuse pour ceux qui t'aiment. Au lieu de donner un épanchement à tes larmes, donnons un épanchement à notre chant.» Ce disant, je commençai à chanter. Jésus se laissa distraire en m'entendant chanter et il cessa de pleurer. Après mon chant, il chanta le sien avec une voix tellement harmonieuse que toutes les autres voix disparurent devant sa voix des plus douces.

Ensuite, je priai l'Enfant Jésus pour mon confesseur, pour les miens, et enfin pour tous. Jésus semblait totalement condescendant. Pendant que je faisais cela, il disparut et je revins dans mon corps.

42.   26 décembre 1900 — Luisa reste dans la grotte. Audio

Je continuais de voir le saint Enfant. D'un côté, je voyais la Reine Mère et, de l'autre, saint Joseph. Ils étaient en train d'adorer profondément le divin Enfant. Il me semblait que la présence continuelle du petit Enfant tenait Joseph et Marie plongés dans une extase continuelle et, s'ils arrivaient à accomplir quelque autre activité, c'était par un prodige que le Seigneur opérait en eux. Autrement, ils seraient restés immobiles, sans pouvoir vaquer extérieurement à leurs devoirs. Moi aussi, je fis mon adoration et, ensuite, je me suis retrouvée dans mon corps.

43.    27 décembre 1900 — Dieu n'est pas sujet au changement. Le démon et la nature humaine changent fréquemment. Audio

Ce matin, j'étais habitée par une certaine crainte au sujet de mon état. Je craignais que ce ne soit pas le Seigneur qui opère en moi. De plus, Jésus n'avait pas la bienveillance de venir. Après l'avoir longuement attendu, dès que je le vis, je lui exposai ma crainte. Il me dit: «Ma fille, avant tout, pour te lancer dans cet état, il faut le concours de ma puissance. D'ailleurs, qui t'aurait donné la force et la patience de demeurer si longtemps dans cet état, étendue sur un lit?

«La persévérance est un signe certain que l'oeuvre est de moi, car Dieu seul n'est pas sujet au changement, tandis que le démon et la nature humaine changent très souvent: ce qu'ils aiment aujourd'hui, demain ils l'auront en horreur, et ce qu'ils ont en horreur aujourd'hui, demain ils l'aimeront et le trouveront satisfaisant.»

44.    4 janvier 1901 — L'état malheureux d'une âme sans Dieu. Audio

Après avoir vécu des jours très amers de privation et d'inquiétude, je sentais à l'intérieur de moi un mystérieux enfer. Sans la présence de Jésus, toutes mes passions sont sorties à la lumière et, chacune répandant ses ténèbres, elles m'ont couverte d'obscurité, de sorte que je ne savais plus où je me trouvais.

Combien est malheureux l'état d'une âme sans Dieu! Il suffit de dire que, sans Dieu, l'âme qui vit encore sur la terre éprouve l'enfer à l'intérieur d'elle. Tel était mon état. Je sentais mon âme tourmentée par des souffrances infernales. Qui peut décrire ce que j'ai vécu? Pour ne pas trop prolonger, je continue.

Ainsi, ce matin, j'ai reçu la communion. En me trouvant dans une extrême affliction, je sentis Notre-Seigneur se mouvoir dans mon intérieur. En voyant son image, je voulus observer si c'était une image de bois ou une image de chair vivante. Je regardai et je vis que c'était le Crucifié dans sa chair vivante. En me regardant, il me dit: «Si mon image dans ton intérieur était de bois, ton amour ne serait qu'apparent, car seul l'amour vrai et sincère, uni à la mortification, me fait renaître vivant et crucifié dans le coeur de celui qui m'aime.»

En voyant le Seigneur, j'aurais voulu me soustraire à sa présence tellement je me voyais mauvaise. Jésus poursuivit en disant: «Où veux-tu aller? Je suis la Lumière et, où que tu ailles, ma lumière t'investit de toute part.» Devant la présence de Jésus, devant sa lumière, devant sa voix, mes passions disparurent. Je ne sais pas où elles sont allées. Je suis devenue comme une petite fille et je me suis retrouvée en mon corps, totalement transformée. Que tout soit pour la gloire de Dieu et le bien de mon âme!

45.   5 janvier 1901 — L'humanité de Jésus a été créée exprès pour obéir et pour détruire la désobéissance. Luisa refait les forces de Jésus. Audio

Me trouvant hors de mon corps, je vis mon confesseur avec l'intention de me soumettre à la crucifixion. Quant à moi, je craignais de m'y soumettre. Jésus me dit: «Que veux-tu que je fasse? Je ne peux pas faire autrement que d'obéir, car mon Humanité a été créée précisément pour obéir et pour détruire la désobéissance. Cette vertu est tellement enracinée en moi qu'on peut dire que l'obéissance est ma nature et que, pour moi, elle est mon signe distinctif le plus cher et le plus glorieux. Sans l'obéissance, j'aurais eu mon Humanité en horreur et je ne me serais jamais uni à elle. Veux-tu donc désobéi? Tu peux le faire, mais c'est toi qui le feras, pas moi. »

Toute confuse de voir un Dieu si obéissant, je dis: «Moi aussi je veux obéir.» Je me suis donc soumise, et Jésus béni me fit participer aux douleurs de la croix. Ensuite, il me donna un baiser. Un souffle amer sortit de sa bouche. Il était sur le point de déverser en moi son amertume, mais il ne le fit pas parce qu'il voulait que je le lui demande. Immédiatement, je lui dit: «Veux-tu quelques réparations? Faisons-les ensemble. Unies aux tiennes, mes réparations feront leur effet, alors que, faites uniquement par moi, je crois qu'elles te dégoûteront. »

Ainsi, je pris sa main ruisselante de sang et, en l'embrassant, je récitai le Laudate Dominum et le Gloria Patri, en alternant les versets avec Jésus : il commençait et je répondais. C'était afin de réparer pour les nombreuses oeuvres mauvaises qui se commettent, avec l'intention de le louer autant de fois qu'il reçoit d'offenses par ces mauvaises oeuvres. Comme c'était émouvant de voir Jésus prier ! Je fis la même chose avec l'autre main.

Ensuite, ses pieds avec l'intention de le louer en réparation de tous les mauvais pas faits par les hommes ainsi que tous les chemins tordus foulés par eux, même sous le couvert de la piété et de la sainteté. En dernier, je pris son Coeur avec l'intention de le louer autant de fois que le coeur humain refuse de palpiter pour Dieu, ou ne l'aime pas, ou ne le désire pas.

Mon bien-aimé Jésus sembla totalement restauré par ces réparations faites ensemble. Pourtant, non tout à fait, puisqu'il semblait vouloir déverser son amertume en moi. Je lui dis: «Seigneur, si tu veux déverser ton amertume, je te prie de le faire.» Il déversa en moi son amertume, et il ajouta: «Ma fille, combien les hommes m'offensent! Mais un temps viendra où je les châtierai, de sorte que beaucoup de vermine (hommes abjects et méprisables) paraîtra au grand jour. Il y aura des châtiments qui produiront des nuées de moucherons (personnes méprisables de petite taille) qui les opprimeront beaucoup. Ensuite, le Pape sortira.»

Je di: « Pourquoi le Pape sortira-t-il?» Jésus répondit: «Il sortira pour consoler les peuples, parce qu'ils seront opprimés, fatigués, abattus, trahis par tant de faussetés. Ils chercheront le port de la vérité. Humiliés, ils demanderont au Saint-Père de venir au milieu d'eux pour les libérer de tant de maux et les orienter vers le port du salut.»

Je dis: «Seigneur, cela arrivera-t-il après les guerres dont tu m'as parlé à d'autres occasions?» Jésus répondit: «Oui.» Je repris: «Comme je voudrais m'en aller auprès de toi avant que ces choses arrivent!» Jésus me dit: «Et moi, où irai-je demeurer alors? » Je répondis: «Ah! Seigneur, il y a tellement de bonnes âmes avec lesquelles tu peux t'entretenir que, en me comparant à elles, oh ! combien je me vois mauvaise!» Sans me prêter attention, Jésus disparut et je revins dans mon corps.

46.   6 janvier 1901 — Jésus se communique aux trois Rois mages avec amour, beauté et puissance. Audio

Me trouvant hors de mon corps, il me sembla voir le moment où les saints Mages sont arrivés dans la grotte de Bethléem. Dès qu'ils furent en présence de l'Enfant, celui-ci se fit un plaisir de faire briller extérieurement les rayons de sa Divinité en se communiquant à eux de trois façons: avec amour, avec beauté et avec puissance. Ainsi, ils sont restés ravis et absorbés en présence du petit Enfant Jésus, tellement que si le Seigneur n'avait pas caché derrière son Humanité les rayons de sa Divinité, les Mages seraient restés là pour toujours, sans ne plus pouvoir bouger.

Dès que l'Enfant retira sa Divinité, les saints Mages revinrent à eux-mêmes, stupéfaits de voir un si grand excès d'amour car, dans cette lumière, le Seigneur leur avait fait comprendre le mystère de l'Incarnation. Ensuite, ils se levèrent et offrirent leurs dons à la Reine Mère. Elle a parlé longuement avec eux, mais je ne peux pas me rappeler de tout ce qu'elle disait. Je me souviens seulement qu'elle les a incités fortement à travailler à leur salut et à celui de leurs peuples. Ils devaient n'avoir aucune crainte d'exposer leur vie pour atteindre ce but.

Après cela, je me retirai en moi-même et me retrouvai en compagnie de Jésus. Il voulait que je lui dise quelque chose, mais je me voyais si mauvaise et tellement confuse par son invitation que je n'osais rien dire. En voyant que je ne disais rien, Jésus continua de me parler des saints Mages. Il me dit: «En m'étant communiqué aux Mages de trois façons, je leur ai obtenu trois effets, car je ne me communique jamais aux âmes inutilement. Elles reçoivent toujours quelque chose pour leur profit. Ainsi, en me communiquant avec amour, je leur ai obtenu la grâce du détachement d'eux-mêmes; en me communiquant avec beauté, je leur ai obtenu la grâce du mépris des choses de la terre; et en me communiquant avec puissance, je leur ai obtenu la grâce que leurs coeurs restent totalement liés à moi, et qu'ils aient le courage de verser leur sang pour moi.»

Jésus ajouta: «Et toi, que veux-tu? Dis-moi, m'aimes-tu? Comment voudrais-tu m'aimer?» Et moi, ne sachant quoi dire, et plus confuse que jamais, je répondis: «Seigneur, je ne veux rien d'autre que toi. Et si tu me dis "M'aimes-tu?", je n'ai pas de paroles pour te répondre. Je peux seulement te dire que j'éprouve en moi cette passion qui veut que personne ne puisse me dépasser en amour pour toi. Je désire t'aimer plus que tous, et que personne ne puisse me surpasser en amour pour toi. Mais, cela ne me satisfait pas. Pour être satisfaite, je veux t'aimer au moyen de ton propre amour et, ainsi, pouvoir t'aimer avec l'amour avec lequel tu t'aimes toi-même. Ah oui! alors seulement cesseront mes craintes au sujet de mon amour envers toi!»

Content de mes sottises, si je peux dire, Jésus me serra tellement contre lui que je me vis intérieurement et extérieurement transformée en lui, et il me communiqua une partie de son amour. Après, je suis revenue en mon corps. Il me sembla que plus l'amour m'est donné, plus je possède mon Bien et, si je l'aime peu, je le possède peu.

47.   9 janvier 1901 — Jésus veut que Luisa soit unie à lui comme un rayon de soleil qui reçoit du soleil sa vie, sa chaleur et sa splendeur. Audio

Ce matin, je me sentais totalement écrasée, tellement que je me suis mise à rechercher quelque soulagement. Mon unique Bien me fit longuement attendre sa venue. Quand il vint, il me dit: «Ma fille, par amour pour toi, n'ai-je pas pris sur moi tes passions, tes misères et tes faiblesses ? Par amour pour moi, ne voudrais-tu pas prendre sur toi celles des autres?»

Il ajouta: «Ce que je veux, c'est que tu sois toujours unie à moi comme un rayon de soleil qui se tient toujours fixé au centre du soleil et qui, du soleil, reçoit sa vie, sa chaleur et sa splendeur. Imagine-toi qu'un rayon puisse se séparer du centre du soleil. Qu'adviendrait-il de lui? À peine sorti de ce centre, il perdrait sa vie, sa lumière et sa chaleur. Il retournerait dans les ténèbres en se réduisant à néant.

«Il en va ainsi pour l'âme. Aussi longtemps qu'elle est unie à moi, à mon centre, on peut dire qu'elle est comme un rayon de soleil qui vit, qui reçoit la lumière du soleil et qui va là où le soleil veut. En somme, ce rayon est entièrement à la disposition et au service de la volonté du soleil. Mais si l'âme se distrait et se sépare de moi, la voilà devenue entièrement ténèbres. Elle devient froide et ne ressent plus en elle ce mouvement céleste de la vie divine.» Cela dit, Jésus disparut.

48.   15 janvier 1901 — Jésus dit à Luisa qu'elle cause son plus grand martyre. Audio

Puisque, dans les jours passés, mon bien-aimé Jésus s'est fait voir en colère contre le monde — si l'on peut dire — et que, ce matin, il ne venait pas, je me disais: «Qui sait s'il ne vient pas parce qu'il veut envoyer quelques châtiments? Est-ce ma faute, moi? Puisqu'il veut envoyer des châtiments, il n'a pas la bienveillance de venir vers moi. C'est beau! Pendant qu'il veut punir les autres, il m'afflige du plus grand des châtiments, celui d'être privée de lui!

Pendant que je me disais cela et d'autres sottises semblables, mon aimable Jésus se fit voir et me dit: «Ma fille, tu es la cause de mon plus grand martyre parce que, lorsque je dois envoyer quelque châtiment, je ne peux pas me manifester à toi. C'est parce que tu me lies de toutes parts et que tu ne veux pas que je fasse quoi que ce soit. D'un autre côté, quand je ne viens pas, tu me casses la tête avec tes plaintes, tes lamentations et tes attentes. Ainsi, pendant que je suis occupé à châtier, je suis contraint de penser à toi et de t'écouter. Mon Coeur en vient à se déchirer de te voir dans ton état douloureux à cause de ta privation de moi.

«Le martyre le plus douloureux, c'est celui de l'amour. Plus deux personnes s'aiment, plus douloureuses sont les souffrances occasionnées, non par les autres, mais par ces deux personnes elles-mêmes. Donc, sois tranquille, reste calme, il ne faut pas accroître mes souffrances par le moyen de tes souffrances.»

Ensuite, Jésus disparut. Je suis restée toute mortifiée à penser que je cause le martyre de mon cher Jésus et que, lorsqu'il ne vient pas, je dois rester tranquille pour ne pas le faire souffrir autant. Qui peut faire un tel sacrifice? Cela me semble impossible. Je serai donc contrainte à continuer d'alimenter notre martyre commun.

49.   16 janvier 1901 — Jésus-Christ explique à Luisa la hiérarchie dans la charité. Audio

Je continuais de voir Jésus un peu en colère contre le monde. Je voulais essayer de l'apaiser, mais c'est lui-même qui m'a distraite en me disant: «La charité qui m'est la plus agréable est celle qu'on fait à ceux qui me sont les plus proches. Les âmes qui me sont les plus proches sont les âmes du purgatoire, car elles sont confirmées dans ma grâce et il n'y a aucune opposition entre ma Volonté et la leur. Ces âmes vivent continuellement en moi. Elles m'aiment ardemment et je suis contraint à les voir souffrir en moi, impuissantes à pouvoir se donner par elles-mêmes le moindre soulagement.

«Oh! comme mon Coeur est déchiré par la situation de ces âmes, vu qu'elles ne sont pas loin de moi, mais toutes proches! Non seulement elles sont proches de moi, mais elles sont à l'intérieur de moi. Combien est agréable à mon Coeur celui qui s'intéresse à elles!

«Supposons que tu aurais une mère et une soeur qui vivraient avec toi dans un état de souffrance, incapables de s'aider elles-mêmes, et supposons, d'un autre côté, qu'il y aurait un étranger qui vivrait à l'extérieur de ta demeure, également dans un état de souffrance, mais qui pourrait s'aider lui-même. Ne trouverais-tu pas plus agréable qu'on se préoccupe davantage de soulager ta mère ou ta soeur plutôt que l'étranger qui peut s'aider lui-même?» Je répondis: « Oh! certainement, Seigneur!»

Il ajouta: «En second lieu, la charité qui est la plus agréable à mon Coeur est celle qu'on fait aux âmes qui, bien qu'elles vivent encore sur cette terre, ressemblent presque aux âmes du purgatoire, c'est-à-dire qu'elles m'aiment, font toujours ma Volonté et s'intéressent à mes affaires comme si mes affaires étaient les leurs. Si de telles âmes se trouvaient opprimées, dans le besoin ou dans un état de souffrances et qu'on s'occupait de les aider, cette charité me serait plus agréable que si on faisait cela aux autres.»

Ensuite, Jésus se retira. En me retrouvant dans mon corps, il me sembla que, dans ce que Jésus m'avait dit, il y avait quelque chose qui n'était pas selon la vérité. Alors, revenant, mon adorable Jésus me fit comprendre que ce qu'il m'avait dit était bien conforme à la vérité.

Il lui restait seulement à me parler des membres de son Corps qui sont séparés de lui, c'est-à-dire les pécheurs. Il me dit que ceux qui s'occupent de lui ramener ces membres sont très agréables à son Coeur. La différence est celle-ci: Supposons un pécheur qui se trouve dans une mésaventure. Quelqu'un s'occupe de lui, non pour le convertir, mais pour le soulager et l'aider matériellement. Le Seigneur trouverait plus agréable qu'on fasse cela à des âmes unies à lui dans l'ordre de la grâce car, si ces dernières souffrent, cela est toujours relié soit à l'amour de Dieu envers elles, soit à leur amour envers Dieu. D'autre part, si les pécheurs souffrent, le Seigneur voit en eux l'empreinte du péché et de leur volonté obstinée. Il me sembla le comprendre ainsi. Du reste, je laisse à celui qui tient le droit de me juger de décider si ce que je dis est conforme ou non à la vérité.

50.   24 janvier 1901 — Luisa demande à Jésus la raison de son absence. Jésus explique. Audio

Ayant passé les derniers jours en silence, et étant parfois aussi privée de mon adorable Jésus, ce matin, quand il est venu, je me suis plainte à lui en disant: «Seigneur, comment, tu ne viens pas? Comme les choses ont changé! On voit que tu me prives de ton aimable présence, soit pour le châtiment de mes péchés ou soit parce que tu ne me veux plus dans cet état de victime. De grâce, je t'en prie, fais-moi connaître ta Volonté! Si tu ne pouvais pas t'opposer à moi lorsque tu voulais de moi un sacrifice d'âme victime, tu le peux encore moins maintenant, puisque, en ne me trouvant plus digne d'être victime, tu veux m'enlever cette fonction.»

En m'interrompant, Jésus me dit: «Ma fille, lorsque je me suis fait victime pour le genre humain en prenant sur moi toutes ses faiblesses, ses misères et tout ce que méritait l'homme devant la Divinité, j'étais devant la Divinité la tête de la nature humaine. C'est ainsi que l'humanité trouve en moi un bouclier des plus puissants qui la défend, la protège, l'excuse et intercède en sa faveur.

«De par ton état de victime, tu te trouves à être pour moi la tête de la génération présente. C'est pourquoi, quand je dois envoyer quelque châtiment pour le bien des peuples et pour les rappeler à moi, si, selon mon habitude, je viens vers toi, alors, par le seul fait de venir vers toi, je me sens déjà refait et mes douleurs s'atténuent. Il m'arrive comme pour quelqu'un qui éprouve une forte douleur et qui crie à cause de la souffrance. Si ses douleurs cessent, cette personne n'éprouve plus le besoin de crier et de se lamenter.

«Il en va ainsi pour moi. Si mes souffrances diminuent, évidemment je ne sens plus le besoin d'envoyer des châtiments. Par ailleurs, toi, quand tu me vois dans les douleurs, tu cherches naturellement à m'épargner et à prendre sur toi mes souffrances. De plus, en ma présence, tu ne peux pas faire autrement que d'accomplir ta fonction de victime. Si tu ne le faisais pas, ce qui est impossible, je serais mécontent de toi.

«Voilà la raison de mon absence. Ce n'est pas parce que je veux te punir pour tes péchés. Je possède d'autres moyens pour te purifier. Cependant, je te récompenserai pour tout cela. Dans les jours où je viendrai, je redoublerai mes visites. N'en es-tu pas contente?» Je répondis: «Non, Seigneur, je veux être toujours avec toi! Quelle que soit la raison, je n'accepte pas de rester, même un seul jour, privée de toi.» Pendant que je disais cela, Jésus disparut et je revins dans mon corps.

51.   27 janvier 1901 — L'établissement de la foi se trouve dans l'établissement de la charité. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, mon adorable Jésus se montra brièvement. Je ne sais pourquoi, il me dit: «Ma fille, l'établissement de la foi catholique se trouve dans l'établissement de la charité qui unit les coeurs et les fait vivre en moi.»

Ensuite, en se jetant dans mes bras, il voulut que je restaure ses forces. Je le fis de mon mieux et, après, il fit de même avec moi. Ensuite, il disparut.

52.   30 janvier 1901 — Les vertus et les mérites de Jésus sont des colonnes sur lesquelles chacun peut s'appuyer dans sa marche vers l'éternité. Le poison de l'intérêt personnel. Audio

Ce matin, quand il est venu, Jésus béni m'a transportée hors de mon corps, au milieu de beaucoup de personnes de conditions diverses: prêtres, moines, laïques. En poussant un grand gémissement, il a dit: «Ma fille, comme un poison, l'intérêt personnel est entré dans tous les coeurs et, comme des éponges, les coeurs sont restés imprégnés de ce poison. Ce poison pestiféré a pénétré dans les monastères, chez les prêtres et chez les laïques. Ma fille, devant ce poison, les vertus les plus sublimes tombent et éclatent comme une vitre fragile.» Pendant qu'il disait cela, il pleurait amèrement.

Qui pourrait décrire le déchirement de mon âme en voyant pleurer mon très amoureux Jésus. Ne sachant pas quoi faire pour qu'il cesse de pleurer, j'ai dit des sottises: «Mon cher, de grâce, ne pleure pas! Si les autres ne t'aiment pas, t'offensent et ont les yeux aveuglés par le poison de l'intérêt personnel, de sorte qu'ils en sont tous imbibés, moi, je t'aime, je te loue et je regarde comme immondices tout ce qui est terrestre. Je ne désire que toi. Par conséquent, tu devrais être content de mon amour et cesser de pleurer. Et si tu éprouves de l'amertume, déverse-la en moi. J'en serai plus heureuse que de te voir pleurer.»

En entendant ce que je disais, Jésus a cessé de pleurer et il a déversé en moi un peu de son amertume. Ensuite, il m'a fait participer aux souffrances de la croix. Puis il a dit: «Les vertus et les mérites que j'ai acquis pour l'homme durant ma Passion sont autant de colonnes sur lesquelles chacun peut s'appuyer dans sa marche vers l'éternité. Mais, en fuyant ces colonnes, l'homme ingrat s'appuie sur la fange et marche sur le chemin de la perdition.» Ensuite, il disparut et je suis revenue dans mon corps.

53.   31 janvier 1901 — Jésus explique à Luisa la grandeur de la vertu de patience. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel et mon doux Jésus ne venait pas. Après l'avoir beaucoup attendu, il m'a dit dès que je l'ai vu: «Ma fille, la patience est supérieure à la pureté parce que, sans patience, l'âme se déchaîne facilement et il est difficile pour elle de se maintenir pure. Lorsqu'une vertu a besoin d'une autre pour avoir la vie, on dit de la seconde qu'elle est supérieure à la première. On peut dire que la patience est non seulement la gardienne de la pureté, mais qu'elle est aussi l'échelle pour s'élever sur la montagne de la force. Si quelqu'un s'élevait sans l'échelle de la patience, il se précipiterait immédiatement des hauteurs dans l'abîme.

«De plus, la patience est le germe de la persévérance, et celle-ci (la persévérance) produit la fermeté. Oh! combien l'âme patiente est ferme et stable dans le bien! Elle ne se soucie ni de la pluie, ni du givre, ni de la glace, ni du feu, mais son unique but est de conduire à terme le bien commencé. Il ne peut y avoir de plus grande sottise que celle de celui qui accomplit un bien aujourd'hui parce que ça lui plaît, et qui l'abandonne demain parce qu'il n'en a plus le goût. Que dirait-on d'un oeil qui voit à un moment et ne voit plus le moment d'après? d'une langue qui tantôt parle et tantôt est muette? Ah oui! ma fille, seule la patience est la clef secrète pouvant ouvrir le trésor des vertus. Sans cette clef secrète, les autres vertus ne verraient pas le jour pour donner la vie à l'âme et l'ennoblir.»

54.   5 février 1901 — Luisa voit deux demoiselles au service la justice : Tolérance et Dissimulation. Audio

Ce matin, Jésus béni me transporta hors de mon corps. Il se fit voir dans un état à remuer même les pierres. O! comme il souffrait ! Il semblait que, n'en pouvant plus, il voulait se décharger un peu en cherchant de l'aide. Je sentis mon pauvre coeur se briser de tendresse et, immédiatement, je lui retirai sa couronne d'épines et la plaçai sur ma tête pour lui donner un peu de soulagement. Ensuite, je lui dis: «Mon doux Bien, il y a quelque temps que tu n'as pas renouvelé pour moi les souffrances de la croix. Je te prie de me les renouveler aujourd'hui. Ainsi, tu seras soulagé davantage.» Il me répondit: «Ma bien-aimée, il est nécessaire qu'on demande la permission à la justice. Les choses sont arrivées à un point tel que la justice ne peut permettre que tu souffres

Je ne savais comment faire pour implorer la justice quand deux demoiselles, qui semblaient être au service de la justice, se présentèrent. L'une s'appelait Tolérance, et l'autre Dissimulation. Leur ayant demandé de me crucifier, Tolérance me prit une main et la cloua, sans vouloir terminer l'opération. Alors, je dis: «Oh! sainte Dissimulation, complète le travail de me crucifier! Ne vois-tu pas que Tolérance m'a abandonnée? Fais-moi voir combien tu es plus habile à dissimuler.» Alors, elle acheva l'oeuvre de me crucifier, mais dans une telle souffrance que si le Seigneur ne m'avait soutenue dans ses bras, je serais certes morte de douleur. Après cela, Jésus béni me dit: «Fille, il est nécessaire que, parfois au moins, tu subisses ces souffrances. Si tu ne le faisais pas, gare au monde! qu'arriverait-il de lui?» Ensuite, je priai Jésus pour plusieurs personnes et je revins dans mon corps.

55.   6 février 1901 — Jésus trouve en l'âme sa parfaite complaisance. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint et me dit: «Ma fille, quand ma grâce s'active dans plusieurs personnes, elle célèbre davantage. Il en est comme pour ces reines: plus il y a de jeunes filles qui répondent à leurs moindres gestes et forment une couronne autour d'elles, plus elles se réjouissent et font la fête.

«Toi, fixe-toi en moi et regarde-moi. Tu deviendras tellement saisie par moi que tout ce qui est matériel te sera indifférent. Tu dois totalement te fixer en moi afin de m'attirer totalement en toi, car je peux trouver en toi ma parfaite complaisance. Ainsi, en trouvant en toi tout le bonheur qu'il m'est possible de trouver dans une créature humaine, ce que me font les autres ne me déplaira pas autant.»

Pendant qu'il disait cela, il s'enferma dans mon intérieur où il se complaisait totalement. Combien je m'estimerais fortunée de pouvoir attirer totalement en moi mon bien-aimé Jésus!

56.  10 février 1901 — L'obéissance voit très loin. L'amour-propre a la vue très courte. Audio

Mon adorable Jésus continue de venir. Il se fit voir avec des yeux resplendissants d'une lumière très vive et très pure. Je fus enchantée et surprise devant cette lumière éblouissante. En me voyant aussi enchantée, sans que je lui dise rien, Jésus me dit: «Ma bien-aimée, l'obéissance voit très loin et elle dépasse en beauté et en acuité la lumière même du soleil. Au contraire, l'amour-propre a la vue très courte, de sorte qu'elle ne peut pas faire un pas sans trébucher.

«Ne va pas croire que ces âmes qui font toujours du bruit et sont scrupuleuses voient très loin. Elles croient voir loin, mais cela est un filet que leur tend l'amour-propre. En effet, ayant la vue très courte, l'amour-propre fait d'abord tomber ces âmes et, ensuite, elle leur suscite mille troubles et scrupules. Ce qu'aujourd'hui elles détestent dans le scrupule et la crainte, demain elles y tombent de nouveau, de sorte que leur vie se réduit à être toujours empêtrée dans ces filets artificiels que sait très bien leur tendre l'amour-propre.

«Au contraire, l'obéissance, qui voit très loin, donne la mort à l'amour-propre. Parce qu'elle voit très loin et avec une extrême précision, l'âme obéissante prévoit immédiatement où elle peut faire un faux pas et, avec générosité, elle s'abstient. Elle jouit de la sainte liberté des enfants de Dieu. Tout comme les ténèbres attirent d'autres ténèbres, de même la lumière attire d'autre lumière. Ainsi, la lumière qui se trouve dans l'âme obéissante arrive à s'attirer la lumière du Verbe et, ensemble, elles tissent la lumière de toutes les vertus.»

Stupéfiée d'entendre cela, je dis: «Seigneur, que dis-tu? Il me semble que, pour moi, cette façon scrupuleuse de vivre est la sainteté.» Avec un ton plus sérieux, Jésus ajouta: «Je te dis même que ce que je viens de te décrire est la véritable marque de l'obéissance et que l'autre façon de faire, cette façon scrupuleuse de vivre, est la véritable marque de l'amour-propre. Cette dernière façon de vivre me pousse davantage à l'indignation qu'à l'amour. Car, quand c'est la lumière de la Vérité qui nous fait voir un manquement, même s'il est petit, il doit y avoir correction. Quand c'est la vue courte de l'amour-propre qui domine, cela ne fait rien d'autre que de tenir l'âme opprimée en l'empêchant de se développer sur le chemin de la vraie sainteté.»

57.   17 février 1901 — L'homme vient de Dieu et doit retourner à Dieu. Audio

Ce matin, je me trouvais tout opprimée et souffrante. Dès que je vis mon bien-aimé Jésus, il me fit voir de nombreuses personnes plongées dans la misère. En rompant le silence qu'il gardait depuis plusieurs jours, Jésus me dit: «Ma fille, l'homme naît d'abord en moi. C'est ainsi qu'il porte en lui l'empreinte de la Divinité. Quand il sort de moi pour être placé dans le sein maternel, je lui ordonne de parcourir un petit bout de chemin. Au bout de ce chemin, en me laissant trouver par lui, je le reçois de nouveau en moi et je le fais vivre éternellement avec moi.

«Vois-tu combien l'homme est noble? Regarde d'où il vient, où il va, et quel est son destin. Quelle devrait donc être la sainteté de cet homme sortant d'un Dieu si saint! Mais, pendant qu'il parcourt son chemin pour revenir vers moi, l'homme détruit en lui ce qu'il a reçu de divin. Il se corrompt, de sorte que, dans la rencontre que je fais avec lui pour le recevoir en moi, je ne le reconnais plus et je ne vois plus en lui l'empreinte divine. Je ne trouve plus rien de moi en lui et, en ne le reconnaissant plus, ma justice le condamne à s'en aller égaré sur le chemin de la perdition.»

Comme il était émouvant d'entendre Jésus parler de cela! Que de choses il me faisait comprendre! Mais mon état de souffrance m'empêche d'écrire plus longuement.

58.   8 mars 1901 — Jésus explique à Luisa que c'est à travers la croix qu'il a été reconnu comme Dieu. Il lui enseigne qu'il y a la croix de la souffrance et celle de l'amour. Audio

Je poursuis dans mon pauvre état et dans le silence de Jésus béni. Ce matin, je me trouvais plus que jamais opprimée et, quand il est venu, il m'a dit: «Ma fille, ce ne sont ni les oeuvres, ni la prédication, ni même la puissance des miracles qui m'ont fait reconnaître clairement comme le Dieu que je suis. C'est quand j'ai été placé sur la croix et élevé sur elle comme sur mon propre trône, c'est alors que j'ai été reconnu comme Dieu. Seule la croix a révélé au monde et à tout l'enfer qui j'étais vraiment. Alors, tous ont été ébranlés et ont reconnu leur Créateur. Ainsi, c'est la croix qui révèle Dieu à l'âme et révèle si l'âme est vraiment de Dieu. On peut dire que la croix met à nu toutes les parties intimes de l'âme et révèle à Dieu et aux hommes ce qui s'y trouve.»

Il ajouta: «Je consume les âmes sur deux croix: l'une est la croix de la souffrance et l'autre, la croix de l'amour. Dans le Ciel, tous les neuf choeurs des anges m'aiment. Pourtant, chacun a sa fonction spécifique. Par exemple, la fonction spéciale des Séraphins, c'est l'amour, et leur choeur est plus directement orienté pour recevoir les reflets de mon amour, de sorte que mon amour et le leur, en se dardant mutuellement, s'embrassent continuellement.

«Il en est ainsi pour les âmes sur la terre. Je leur donne des fonctions particulières. À celles-ci, je donne le martyre de la souffrance, et à celles-là, le martyre de l'amour. Ces deux martyres sont des maîtres habiles pour sacrifier les âmes et pour les rendre dignes de mes complaisances.»

59.   19 mars 1901 — Jésus explique à Luisa la manière de souffrir. Audio

Ce matin, je me trouvais tout opprimée et souffrante, surtout à cause de ma privation de mon doux Jésus. Après une longue attente, dès que je le vis, il me dit: «Ma fille, la vraie manière de souffrir consiste à ne pas regarder de qui viennent les souffrances, ni ce que l'on souffre, mais à regarder le bien qui doit en résulter. Cela a été ma façon de souffrir. Je ne me suis arrêté ni aux bourreaux, ni aux souffrances, mais au bien que j'avais l'intention de faire par le moyen de ces souffrances. Pour le bien de ceux-là mêmes qui me faisaient souffrir et en admirant le bien qui devait en résulter pour les hommes, j'ai méprisé tout le reste. C'est avec intrépidité que j'ai suivi le cours de mes souffrances.

«Ma fille, cette manière de faire est la façon la plus facile et la plus profitable de souffrir, non seulement pour souffrir avec patience, mais pour souffrir avec une âme courageuse et invincible.»

60.   22 mars 1901 — Luisa voit la ville de Rome et les graves péchés qui s'y commettent. Jésus veut envoyer des châtiments et Luisa s'y oppose. Audio

Je poursuis dans mon état de privation et, par conséquent, d'amertume indicible. Ce matin, mon adorable Jésus vint et me transporta hors de mon corps. Il me sembla que j'étais à Rome. Que de spectacles on pouvait voir dans toutes les classes sociales! Jusque dans le Vatican, on voyait des choses horribles. Et que dire des ennemis de l'Église? Comme ils se consumaient de rage contre elle! Que de massacres ils complotaient! Mais, ils ne pouvaient les réaliser parce que Notre-Seigneur les retenait comme s'ils étaient liés. Ce qui m'a le plus fait peur, c'est que je voyais mon aimable Jésus presque sur le point de leur accorder la liberté d'agir.

Qui pourrait décrire combien j'étais consternée? En voyant ma consternation, Jésus me dit: «Fille, les châtiments sont absolument nécessaires. La pourriture et la gangrène sont entrées dans toutes les classes de la société. Par conséquent, le fer et le feu sont nécessaires pour que tous ne périssent pas. C'est pourquoi je te dis de te conformer à ma Volonté : je te promets d'en épargner une partie.»

Je dis: «Mon cher Bien, je n'ai pas le coeur à me conformer à toi pour châtier le monde.» Jésus reprit: «Puisque je suis dans l'absolue nécessité de le faire, si tu ne te conformes pas, je ne viendrai pas selon mon habitude et je ne t'avertirai pas quand je déverserai les châtiments. Alors, toi, ne le sachant pas, et moi, ne voyant pas celle qui par tous les moyens m'empêche d'exprimer ma juste indignation, je donnerai libre cours à ma fureur et tu n'auras pas le bonheur de me faire épargner une partie du monde.

«De plus, en ne venant pas et en ne déversant pas en toi ces grâces que j'aurais dû déverser, ce sera une source supplémentaire d'amertume pour moi. Ce sera comme au cours de ces derniers jours où je ne suis pas venu aussi souvent, je retiendrai la grâce en moi.» Pendant qu'il disait cela, il sembla vouloir se décharger et, en s'approchant de ma bouche, il déversa un lait très doux. Ensuite, il disparut.