no 181 à 184

181.     6 mars 1903 — Jésus emmène Luisa pour voir le monde. Il se présente en disant: «Ecce homo!» («Voici l'homme!») Audio

Après m'être donnée beaucoup de peine, Jésus béni se fit voir dans mon intérieur en me disant: «Veux-tu que nous allions voir si les créatures veulent de moi?» Je répondis: «Bien sûr qu'elles veulent de toi! Qui oserait ne pas vouloir de toi, puisque tu es l'être le plus aimable?» Jésus dit: «Allons, tu verras ce qu'elles feront.»

Nous sommes partis et quand nous sommes arrivés à un endroit où il y avait beaucoup de gens, Jésus sortit sa tête de mon intérieur. Il répéta les paroles que Pilate avait dites en présentant Jésus au peuple: «Ecce Homo!» («Voici l'Homme!») Je compris que ces paroles posaient la question pour savoir si oui ou non les gens voulaient que le Seigneur règne sur eux comme leur Roi, avec pleine souveraineté sur leur coeur, leur esprit et leurs oeuvres. Ces gens répondirent: «Enlevez-le, nous ne voulons pas de lui. Même, crucifiez-le, afin que toute mémoire de lui soit détruite.» Oh! combien de fois cette scène s'est répétée!

Alors, le Seigneur répéta à tous: «Ecce Homo!» Sur ces mots, un murmure se fit entendre. Quelqu'un dit: «Je ne veux pas de lui comme roi, je veux la richesse.» Un autre dit: «Je veux les plaisirs.» Et un autre: «Les honneurs.» Un autre encore: «La dignité.» Et tellement d'autres choses. J'écoutais ces voix avec dégoût et le Seigneur me dit: «As-tu entendu comment personne ne veut de moi? Pourtant, cela n'est rien; tournons-nous du côté des religieux et voyons s'ils veulent de moi.»

Alors, nous nous sommes trouvés au milieu de prêtres, d'évêques, de religieux et de dévots. Avec une voix sonore, Jésus répéta: «Ecce Homo!» Certains dirent: «Nous le voulons, mais nous voulons aussi notre confort.» D'autres dirent: «Nous le voulons, mais avec nos intérêts.» D'autres dirent: «Nous le voulons, mais avec l'estime et les honneurs. Que serait un religieux sans estime?» D'autres dirent: «Nous le voulons, mais avec quelques satisfactions avec les créatures; comment peut-on vivre seul et sans personne pour nous satisfaire?» Certains arrivaient à vouloir au moins quelque satisfaction dans le sacrement de la confession. Mais se retrouver seul à seul avec Jésus, presque personne ne le voulait. Il y en avait même quelques-uns qui ne s'occupaient pas du tout de Jésus Christ.

Alors, tout affligé, Jésus me dit: «Ma fille, retirons-nous. As-tu vu comment personne ne veut de moi? Au plus, ils me veulent, mais avec quelque chose qui leur plaît. Moi, je ne me contente pas de cela, parce que le véritable règne, c'est quand on règne seul.» Pendant qu'il disait cela, je me suis retrouvée en mon corps.

182.     9 mars 1903 — Jésus parle de l'humilité et de la correspondance à la grâce. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, j'entendis Jésus béni prier dans mon intérieur. Il disait: «Père saint, glorifie ton nom. Confonds les orgueilleux et ne te montre pas à eux. Manifeste-toi aux humbles, vu que seulement les humbles te reconnaissent comme leur Créateur et se reconnaissent comme ta créature.» Ensuite, il garda le silence, et je compris la force de l'humilité devant Dieu. Je compris que Dieu n'a aucune hésitation à confier aux humbles ses plus précieux trésors. Tout est ouvert pour les humbles, rien n'est sous clé. C'est le contraire pour les orgueilleux; il semble que Dieu leur met des pièges sous les pieds pour les confondre à chaque pas.

Peu après, Jésus se fit voir de nouveau et me dit: «Ma fille, si un corps est vivant, on peut dire que cela se reconnaît par la chaleur intérieure continuelle qu'il génère. Par contre, un corps mort peut bien être réchauffé au moyen de quelque chaleur extérieure, mais comme cette chaleur ne vient pas de la vraie vie, le corps se refroidit immédiatement.

«On peut reconnaître de la façon suivante si une âme est vivante à la grâce: sa vie intérieure se manifeste par les oeuvres qu'elle accomplit et par l'amour qu'elle a envers moi, et elle ressent la force de ma propre vie dans la sienne. Par contre, si c'est par quelque cause extérieure qu'elle se réchauffe, c'est-à-dire si elle fait quelque bien et ensuite se refroidit, retourne à ses vices et retombe dans ses habituelles faiblesses, il y a une grande probabilité qu'elle est morte à la grâce ou qu'elle est aux dernières extrémités de la vie.

«On peut reconnaître que c'est vraiment moi qui viens vers l'âme si elle éprouve ma grâce dans son intérieur et si tout le bien qu'elle fait se fusionne dans son intérieur. Par contre, si on voit que tout est extérieur et qu'on n'aperçoit rien de bien dans l'intérieur de l'âme, ça peut être le démon qui agit.»

Pendant qu'il disait cela, il disparut. Peu après il revint encore et ajouta: «Ma fille, comme ce sera terrible pour ces âmes qui ont été beaucoup fécondées par ma grâce et qui n'y ont pas correspondu! La nation hébraïque a été la plus comblée, la plus fécondée, et pourtant la plus stérile; moi-même pendant ma vie publique j'ai obtenu de minces résultats. Ainsi, nous n'avons pas produit les fruits que Paul a obtenus chez les autres nations, moins fécondées par la grâce, mais qui y ont mieux correspondu, car le manque de correspondance à la grâce aveugle l'âme, la dispose à mal interpréter les choses et ouvre la route à l'obstination, même devant des miracles.»

183.     12 mars 1903 — Luisa se plaint et Jésus lui parle de sa vie et de l'Eucharistie. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me voyais toute seule et abandonnée. Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus se fit voir dans mon intérieur et je lui dis: «Ma douce Vie, comment se fait-il que tu m'aies laissée seule? Quand tu m'as placée dans cet état, tout n'a été qu'union et tout n'a été fait que par entente mutuelle. Par une douce force, tu m'as attirée totalement à toi.

«Oh! combien la scène s'est transformée! Non seulement tu m'as abandonnée, non seulement tu n'as fait aucun effort avec moi pour me garder dans cet état, mais je suis contrainte à faire un effort continuel avec toi pour que tu ne me fasses pas sortir de cet état. Et cet effort est pour moi une mort continuelle.»

Jésus répondit: «Ma fille, la même chose m'est arrivée quand, dans le consistoire de la très Sainte Trinité, on a décrété le mystère de l'Incarnation pour sauver le genre humain. Moi, uni à la Volonté des trois Personnes divines, j'ai accepté et je me suis offert comme victime pour l'homme. Tout a été union entre les trois Personnes divines et tout a été décidé selon une entente mutuelle. Mais quand je me suis mis à l'oeuvre pour accomplir la mission, surtout quand je me suis trouvé dans l'ambiance de la souffrance et des opprobres, chargé de tous les crimes des créatures, je me suis trouvé seul et abandonné par tous, même par mon cher Père.

«Non seulement cela, mais, chargé de toutes les souffrances, combien j'ai dû forcer le Tout-Puissant pour qu'il accepte mon sacrifice et me permette de continuer ce sacrifice pour le salut de tout le genre humain présent et à venir. J'ai obtenu cela et mon sacrifice dure encore. Mon effort est continuel, bien qu'il soit un grand effort d'amour. Veux-tu savoir où et comment se continue mon sacrifice? Dans le sacrement de l'Eucharistie. Là, mon sacrifice est continuel. Perpétuel est l'effort que je fais auprès de mon Père pour qu'il use de miséricorde envers les créatures pour obtenir leur amour. Ainsi, je me trouve en continuel état de morts continuelles, bien que ces morts soient toutes des morts d'amour. Par conséquent, n'es-tu pas contente que je partage avec toi les étapes de ma propre vie?»

184.     18 mars 1903 — Jésus dit que celui qui fait sa Volonté choisit la part la plus excellente. Audio

Ce matin, mon confesseur m'a demandé si j'éprouvais le désir de souffrir. Je lui ai répondu: «Oui.» Mais, je me sens plus calme, je jouis de plus de paix et je suis contente lorsque je ne veux rien d'autre que ce que Dieu veut. C'est pourquoi je veux m'en tenir à cela.

Plus tard, Jésus béni est venu. Il m'a dit: «Ma fille, tu as choisi ce qu'il y a de plus excellent. Celui qui demeure toujours dans ma Volonté me lie de façon à faire sortir de moi une puissance continuelle qui garde l'âme dans une disponibilité continuelle envers moi, de sorte que l'âme forme ma nourriture et moi la sienne.

«Au contraire, si l'âme est hors de ma Volonté, même si elle fait des choses grandes, saintes et bonnes, puisqu'elle les fait sans cette puissance qui émane de moi, elle ne peut pas être pour moi une nourriture savoureuse parce que je ne reconnais pas ses oeuvres comme des oeuvres de ma Volonté.»

Deo gratias!

Que tout soit pour la gloire de Dieu et le triomphe du Royaume du suprême Fiat!