no 21 à 40

21.  17 octobre 1900 — Devant une âme souffrante et une prière très humble, Jésus perd toute sa force. Cela le rend faible au point de se laisser lier par cette âme. Aspect de la justice.  Audio

Mon adorable Jésus continue de venir. Il me sembla le voir tellement souffrant qu'il faisait pitié. En se jetant dans mes bras, il me dit: «Ma fille, calme la fureur de ma justice, autrement...» Pendant qu'il disait cela, il me sembla voir la justice divine armée d'épées et de flèches enflammées semant la terreur et manifestant la force avec laquelle elle peut agir. Épouvantée, je dis: «Comment puis-je arrêter ta fureur quand je vois que tu es assez fort pour pouvoir, en un seul instant, anéantir le ciel et la terre?»

Il répondit: «Pourtant, une âme souffrante et une prière très humble me font perdre toute ma force et m'affaiblissent au point que je me laisse lier par cette âme, de sorte qu'elle puisse faire de moi comme il lui semble, comme il lui plaît.» Je dis: «Ah! Seigneur, sous quel aspect mauvais se laisse voir ta justice!» Jésus répliqua: «Elle n'est pas mauvaise. Si tu la vois ainsi armée, ce sont les hommes qui ont fait cela. Mais, en elle-même, elle est bonne et sainte, comme mes autres attributs, car pas même l'ombre du mal ne peut se trouver en moi. C'est vrai que son aspect apparaît sévère, exigeant et amer, mais ses fruits sont doux et savoureux.» Cela dit, Jésus disparut.

22.  20 octobre 1900 — De même que ma justice veut une satisfaction pour réparer l'injustice, ainsi mon amour veut une ouverture pour aimer et être aimé. Audio

Quand mon adorable Jésus vint ce matin, il me fit voir ses attributs et me dit: «Ma fille, mes attributs sont continuellement dans une disposition favorable envers les hommes, et chacun exige des hommes son tribut.» Il ajouta: «De même que ma justice veut une satisfaction pour réparer l'injustice, de même mon amour veut une ouverture pour aimer et être aimé. Toi, entre dans ma justice, prie et répare. Et quand tu reçois un coup, aie la patience de le supporter. Ensuite, entre dans mon amour et accorde-moi de m'épancher dans l'amour. Autrement, je serai frustré dans mon amour. Ainsi, en ce moment, j'éprouve l'absolue nécessité de donner un épanchement à mon amour réprimé. S'il ne m'est pas permis de le faire, je languirai et perdrai connaissance.»

Pendant qu'il disait cela, il commença à m'embrasser, à me caresser et à me manifester tellement de tendresses d'amour que je n'ai pas de mots pour le dire. Il voulait que je lui donne un retour et me dit: «Comme je sens le besoin d'épancher mon amour en toi. Tu as aussi le besoin d'épancher ton amour en moi, n'est-ce pas?» Après que nous eûmes épanché mutuellement notre amour, il disparut.

23.  22 octobre 1900  — Luisa exprime des doutes au sujet de ce qui lui arrive. Elle veut savoir si cela est de Dieu ou du démon.  L'obéissance ne s'appuie pas sur la raison humaine; sa raison est divine. Audio

Ce matin, je me trouvais tout opprimée et je craignais que ce ne soit pas Jésus béni qui oeuvre en moi, mais le démon. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de chercher mon Jésus et de le désirer. Si bien que, dès qu'il eut la bienveillance de venir, il me dit: «Qu'est-ce qui donne l'assurance que le soleil se lève, sinon la lumière qui met en fuite les ténèbres de la nuit et la chaleur qu'il répand à travers cette lumière même? Si on te disait que le soleil s'est levé et que, malgré cela, tu voyais l'obscurité de la nuit devenir plus dense et que tu ne ressentais même pas la chaleur du soleil, que dirais-tu? Tu dirais que ce n'est pas le vrai soleil qui s'est levé, mais un faux soleil, puisqu'on ne voit pas les effets du véritable soleil. Or, si ma visite auprès de toi fait fuir les ténèbres et te montre la lumière de ma vérité en te faisant éprouver la chaleur de ma grâce, pourquoi te creuses-tu la cervelle en pensant que ce n'est pas moi qui oeuvre en toi?»

J'ajoute encore ceci, puisque l'obéissance le veut ainsi. L'autre jour, je me disais: «Si vraiment tous les châtiments dont j'ai fait mention dans ces livres venaient à se produire, qui voudrait en être le spectateur?» Le Seigneur béni me fit comprendre clairement que certains châtiments se vérifieront pendant que je serai encore sur cette terre, d'autres surviendront après ma mort, et certains seront en partie omis. Je fus un peu soulagée en pensant qu'il ne m'obligerait pas à les voir tous.

Voici donc satisfaite dame obéissance qui commençait à froncer les sourcils, à porter plainte, et à me faire des réprimandes. Que puis-je dire? Il semble que cette demoiselle bénie ne veut d'aucune façon s'adapter à la raison humaine. Elle ne veut tenir compte d'aucune circonstance et il semble même qu'elle ne raisonne pas du tout. Et c'est tout un défi que d'avoir affaire avec quelqu'un qui ne raisonne pas.

Pour pouvoir demeurer en bons termes avec elle, il est nécessaire de perdre sa propre raison, car la demoiselle se vante ainsi: «Moi, je n'ai aucune raison humaine et c'est pourquoi je ne peux pas m'adapter aux usages humains. Ma raison est divine et celui qui veut vivre en paix avec moi doit absolument perdre sa propre raison pour faire l'acquisition de la mienne.» Voilà donc comment la demoiselle raisonne. Qu'est-ce qu'on peut dire? Avec elle, il vaut mieux se taire car, qu'elle ait tort ou raison, elle veut toujours avoir raison et elle se glorifie de te donner tous les torts.

24.  23 octobre 1900 — Le véritable amour n'est jamais seul. Audio

Ce matin, j'ai reçu la sainte communion et mon adorable Jésus me fit voir mon confesseur qui avait l'intention de me faire souffrir la crucifixion. Je sentais que ma pauvre nature en éprouvait de la répugnance, non parce qu'elle ne voulait pas souffrir, mais pour d'autres raisons qu'il n'est pas nécessaire de décrire ici. Comme s'il voulait se plaindre de moi, Jésus dit au Père confesseur: «Elle ne veut pas se soumettre.» Je fus attendrie par la plainte de Jésus. Le Père me renouvela l'ordre et je me suis soumise.

Après que j'eus souffert quelque temps, comme le Père confesseur était présent, le Seigneur me dit: «Ma bien-aimée, voilà le symbole de la très Sainte Trinité : moi, le Père confesseur et toi. Depuis toute éternité, mon amour n'est jamais demeuré seul, il a toujours été uni dans une union parfaite et réciproque avec les Personnes divines. Car le véritable amour n'est jamais seul : il produit d'autres amours et se réjouit d'être aimé par ces amours qu'il a lui-même produits. Si l'amour se trouve seul, soit qu'il n'est pas de la nature de l'amour divin, soit qu'il n'est qu'apparent. Si tu savais combien je me plais et combien je savoure de pouvoir prolonger chez les créatures cet amour qui, de toute éternité, régnait et règne toujours dans la très Sainte Trinité. Voilà pourquoi je dis que je veux le consentement du confesseur avec son intention unie à mon intention, pour continuer plus parfaitement cet amour de la très Sainte Trinité.»

25.  29 octobre 1900 — La charité est ce qu'il y a de plus essentiel et de plus nécessaire dans une âme. Audio

Après quelques jours de privation et de silence, ce matin, quand Jésus béni est venu, je lui ai dit: «On voit bien que mon état n'est plus selon ta Volonté!» Il répondit: «Oui, oui, lève-toi et viens dans mes bras.» Dès qu'il eut dit ces paroles, j'ai oublié l'état pénible des jours passés et j'ai couru dans ses bras. Et comme on voyait son côté ouvert, j'ai dit: «Mon Bien-Aimé, il y a quelque temps déjà que tu ne m'as pas admise pour boire à ton côté. Je te prie de m'admettre aujourd'hui.»

Il répondit: «Ma bien-aimée, bois selon ton plaisir et rassasie-toi.» Qui peut décrire mon bonheur et avec quelle avidité j'ai placé ma bouche pour boire à cette source divine? Après avoir bu à satiété, jusqu'à ne plus avoir de place pour avaler même une autre goutte, je me suis retirée. Jésus me dit: «Es-tu rassasiée? Si tu ne l'es pas, continue de boire.» Je répondis: «Rassasiée? Non. Car, à cette source, plus on boit, plus on a soif. Cependant, étant très limitée, je suis incapable d'en prendre plus.»

Après cela, je vis d'autres personnes auprès de Jésus. Il dit: «La chose la plus essentielle et la plus nécessaire dans une âme, c'est la charité. Si la charité n'y est pas, il arrive à cette âme comme à ces familles ou ces royaumes qui n'ont pas de chef. Tout y est désordonné. Les plus belles choses y sont obscurcies et on n'y voit aucune harmonie. L'un veut faire une chose et l'autre une autre. C'est ce qui arrive dans l'âme où ne règne pas la charité. Tout y est en désordre. Les plus belles vertus ne s'harmonisent pas entre elles. Voilà pourquoi on dit de la charité qu'elle est reine : elle est disciplinée, elle a de l'ordre et elle dispose de tout.»

26.  31 octobre 1900 — Dans les plus tristes contrariétés de la vie, la médecine la plus salutaire et la plus efficace est la résignation.  Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me suis sentie hors de mon corps et j'ai trouvé la Maman Reine. Dès qu'elle m'a vue, elle a commencé à me parler de la justice. Elle m'a dit que la justice était sur le point de frapper avec toute sa fureur contre le monde. Elle m'a dit beaucoup de choses sur le sujet, mais je n'ai pas les mots pour les exprimer. Pendant ce temps, je voyais le ciel tout rempli de pointes d'épées dirigées contre le monde.

Elle ajouta: «Ma fille, tant de fois, tu as désarmé la justice divine et tu étais contente de recevoir sur toi les coups de la justice. Maintenant que tu la vois au comble de sa fureur, il ne faut pas te décourager : sois courageuse! L'âme remplie d'une sainte force, entre dans la justice même, et désarme-la. N'aie pas peur des épées, du feu et de tout ce que tu pourras rencontrer. Afin d'atteindre ton but, si tu te vois blessée, abattue, échaudée ou rejetée, ne retourne pas en arrière. Que cela soit pour toi un stimulant pour aller de l'avant.

«Vois-tu? Dans ce but, je suis venue à ton aide. Je t'ai apporté un vêtement grâce auquel ton âme acquerra le courage et la force de ne rien craindre.» Cela dit, de l'intérieur de son manteau, elle sortit un vêtement tissé d'or et assorti de diverses couleurs, avec lequel elle revêtit mon âme. Ensuite, elle me donna son Fils en me disant: «Voici que, comme gage de mon amour, je te donne la garde de mon très cher Fils, afin que tu le protèges, que tu l'aimes et que tu le contentes en tout. Cherche à me remplacer auprès de lui, afin que, en trouvant en toi son contentement, le mécontentement que lui donnent les autres créatures ne puisse le faire autant souffrir.»

Qui pourrait décrire combien je fus heureuse et fortifiée, revêtue de ce vêtement et avec ce gage amoureux dans mes bras? Je ne pourrais certainement pas désirer un bonheur plus grand. Ensuite, la Maman Reine disparut et je restai avec mon doux Jésus.

Nous avons parcouru un peu la terre et, parmi les nombreuses rencontres que nous avons faites, nous avons rencontré une âme prise dans les griffes du désespoir. Pleins de compassion pour elle, nous nous sommes approchés, et Jésus a voulu que je lui parle pour lui faire comprendre le mal qu'elle faisait.

Grâce à une lumière que Jésus infusait en moi, j'ai dit à cette âme: «La médecine la plus salutaire et la plus efficace dans les contrariétés les plus tristes de la vie, c'est la résignation. Toi, dans ton désespoir, au lieu de prendre cette médecine, tu es en train de prendre le poison pour tuer ton âme. Ne sais-tu pas que le remède le plus opportun pour tous les maux, la chose principale qui nous rend nobles, nous divinise, nous fait ressembler à Notre-Seigneur et qui a la puissance de convertir en douceur notre amertume, c'est la résignation?

«Quelle a été la vie de Jésus sur la terre, sinon d'accomplir la Volonté du Père? Pendant qu'il était sur la terre, il était uni à son Père dans le Ciel. Il en est ainsi pour la créature résignée. Pendant qu'elle vit sur la terre, son âme et sa volonté sont unies à Dieu dans le Ciel. Que peut-il y avoir de plus précieux et de plus désirable?» Comme si elle avait été secouée, cette âme désespérée commença à se calmer. Jésus et moi, nous nous sommes retirés. Que tout soit pour la gloire de Dieu et qu'il soit toujours béni!

27.  2 novembre 1900 — Celui qui demeure en Jésus nage dans l'océan de tous les bonheurs. Audio

Ce matin, je me sentais complètement opprimée et affligée. En plus, Jésus béni ne se montrait pas. Après une longue attente, il sortit de mon intérieur et, en m'ouvrant son Coeur, il m'y plaça en me disant: «Reste à l'intérieur de moi. Là seulement, tu trouveras la véritable paix et un bonheur stable. Car rien ne pénètre à l'intérieur de moi qui n'appartient pas à la paix et au bonheur, et celui qui demeure en moi ne fait rien d'autre que de nager dans l'océan de tous les bonheurs.

«Cependant, quand l'âme sort à l'extérieur de moi, même si elle ne se préoccupe de rien, seulement à voir les offenses que les créatures me font et la manière dont elles me déplaisent, déjà, elle participe à mes afflictions et en reste perturbée. C'est pourquoi, de temps en temps, oublie tout, entre dans mon intérieur, et viens goûter ma paix et mon bonheur. Ensuite, sors à l'extérieur et accomplis pour moi la fonction de réparatrice.» Cela dit, il disparut.

28.  8 novembre 1900 — L'obéissance restitue à l'âme son état premier. Audio

Jésus continue de venir avec ses habituels retards. Alors que j'éprouvais tout le poids de sa privation, il vint à l'improviste. Et, sans que je sache pourquoi, il me posa cette question: «Pourrais-tu me dire pourquoi l'obéissance est tellement glorifiée et pourquoi elle a autant l'honneur d'imprimer dans l'âme l'image divine?»

Toute confuse, je ne savais pas quoi répondre. Alors, par une lumière intellectuelle qu'il m'envoya, Jésus béni lui-même me répondit. Et comme la réponse m'est venue par le moyen de la lumière et non par des paroles, je n'ai pas les mots pour l'exprimer. Néanmoins, l'obéissance veut que je fasse un effort pour voir si je peux arriver à l'écrire. Je crois que je ferai de grosses sottises et que j'écrirai des choses qui ne s'accordent pas ensemble. Mais, je mets toute ma foi dans l'obéissance, surtout du fait que ce sont des choses qui la concernent directement. Je commence maintenant.

Il me semble que Jésus me disait: «L'obéissance est grandement glorifiée parce qu'elle a la puissance de dévoiler jusque dans leurs racines les passions humaines. Elle détruit dans l'âme tout ce qui est terrestre et matériel. Et, à son grand honneur, elle restitue à l'âme son état premier, c'est-à-dire qu'elle rend l'âme telle qu'elle fut créée par Dieu dans la justice originelle, c'est-à-dire avant d'être chassée de l'Éden terrestre.

«Dans cet état sublime, l'âme se sent fortement attirée par tout ce qui est bon. Elle trouve naturel tout ce qui est bon, saint et parfait, tout en éprouvant une immense horreur de l'ombre même du mal. Dans cet heureux état provenant de la main très experte de l'obéissance, l'âme n'éprouve plus de difficulté à obéir aux ordres reçus, d'autant plus que celui qui commande doit toujours commander ce qui est bon. C'est ainsi que l'obéissance sait bien imprimer dans l'âme l'image divine. De plus, elle change la nature humaine en nature divine car, comme Dieu est bon, saint et parfait, et qu'il est porté vers tout ce qui est bon et qu'il hait le mal à l'extrême, l'obéissance a la puissance de diviniser la nature humaine et de lui faire acquérir les propriétés divines.

«Plus l'âme se laisse manier par les mains très expertes de l'obéissance, plus elle est envahie par le divin et plus elle détruit son être propre. Voilà pourquoi l'obéissance est si glorifiée et honorée. Moi-même, je me suis soumis à elle et j'en ai été honoré et glorifié. Par le moyen de l'obéissance, j'ai restitué à tous mes enfants l'honneur et la gloire qu'ils avaient perdus par la désobéissance.»

Voilà à peu près ce que je suis capable d'écrire sur le sujet. Le reste, je le sens dans mon esprit, mais il me manque les mots, car le concept de cette vertu est si élevé que mon pauvre langage humain ne sait pas le traduire en mots.

29.  10 novembre 1900 — Jésus-Christ enseigne à Luisa où se trouve le véritable amour. Audio

Puisque Jésus continuait d'être absent, je me sentais immergée dans la plus grande amertume. Mon âme était torturée de mille façons. Plus tard, je sentis comme une ombre près de moi et, sans voir mon adorable Jésus, j'entendis sa voix. Cette voix me dit: «L'amour le plus parfait requiert la véritable confiance envers l'objet aimé. Même si on sent perdu l'objet aimé alors, plus que jamais, c'est le temps de démontrer cette vive confiance. C'est là le moyen le plus facile de prendre possession de ce qu'on aime ardemment.» Cela dit, l'ombre et la voix disparurent. Qui pourrait décrire la souffrance que j'éprouvai de ne pas avoir vu mon Bien-Aimé?

30.   11 novembre 1900 — En sortant de la Divine Volonté, on perd la connaissance de Dieu et de soi-même.  Audio

Il me semble que le Seigneur béni veut m'exercer à la patience. Il n'a compassion ni de mes larmes ni de mon très douloureux état. Sans Jésus, je me vois immergée dans les plus grandes misères et je crois qu'il n'y a pas d'âme plus scélérate que la mienne. Quand je suis sans Jésus, je me vois plus que jamais mauvaise. Cependant, lorsque je me trouve avec celui qui possède tous les biens, mon âme trouve le remède à tous ses maux. Quand Jésus me manque, tout est fini pour moi, il n'y a plus aucun remède pour mes grandes misères. Bien plus, la pensée que mon état ne soit plus selon sa Volonté m'opprime. Et, n'étant plus dans sa Volonté, il me semble que je suis en dehors de mon centre et, souvent, je pense à chercher une façon de me sortir de cet état.

Pendant que je réfléchissais ainsi, j'entendis Jésus derrière mon dos me disant: «Tu es fatiguée, n'est-ce pas?» Je lui répondis: «Oui, Seigneur, je me sens suffisamment fatiguée.» Il poursuivit: «Ah! ma fille, ne sors pas de ma Volonté! Car, en sortant de ma Volonté, tu en viens à perdre la connaissance de moi et, en ne me connaissant pas, tu en viens à perdre la connaissance de toi. Ce n'est qu'aux reflets de la lumière qu'on distingue clairement si une chose est de l'or ou de la boue. Quand tout est ténèbres, on peut facilement confondre les objets.

«Ma Volonté est lumière. Cette lumière te donne la connaissance de moi et, aux reflets de cette lumière, tu en viens à connaître qui tu es. Par suite, en voyant ta faiblesse, ton pur néant, tu t'accroches à mes bras et, unie à ma Volonté, tu vis avec moi dans le Ciel. Mais, si tu sors de ma Volonté, premièrement, tu en viens à perdre la vraie humilité et, ensuite, tu en viens à vivre sur la terre. Tu es ainsi contrainte à ressentir le poids des choses terrestres, à gémir et à soupirer comme tous ces autres malheureux qui vivent en dehors de ma Volonté.» Cela dit, Jésus se retira sans même se faire voir. Qui peut décrire le tourment de mon âme?

31.  13 novembre 1900 — Luisa voit beaucoup de misère humaine, l'humiliation et le dépouillement de l'Église, et même la corruption des prêtres. Audio

Ce matin, lorsque mon adorable Jésus vint, il me transporta hors de mon corps et me demanda un soulagement pour ses souffrances. N'ayant rien à lui offrir, je lui dis: «Mon très doux Amour, si la Maman Reine était ici, elle pourrait te restaurer avec son lait. Quant à moi, je n'ai rien d'autre que mes misères. » Pendant ce temps, la très sainte Reine vint et, immédiatement, je lui dis: «Jésus éprouve le besoin d'un soulagement. Donne-lui ton très doux lait pour le soulager.» Alors, notre très chère Maman lui donna son lait et mon bien-aimé Jésus fut totalement refait.

Ensuite, il se tourna vers moi et me dit: «Je me sens rafraîchi. Toi aussi, approche-toi de mes lèvres et bois une portion de ce lait que j'ai reçu de ma Mère, afin que nous puissions tous les deux être refaits.» Je me suis donc approchée. Qui peut décrire la vertu de ce lait qui sortait bouillant de la bouche de Jésus? Il en contenait tellement qu'il semblait être une source inépuisable, de sorte que si tous les hommes avaient bu, cette source n'aurait point diminué.

Après cela, nous avons parcouru en partie la terre et, à un certain endroit, il semblait qu'il y avait des gens assis autour d'une petite table. Ils disaient: «Il y aura une guerre en Europe et, ce qui est le plus douloureux, c'est qu'elle sera produite par des proches.» Jésus écoutait, mais il ne dit rien concernant cela. Par conséquent, je ne sais pas avec certitude s'il y aura une guerre, oui ou non, puisque les jugements humains sont versatiles, ce qu'ils disent un jour, ils le nient le lendemain.

Ensuite, Jésus me transporta à l'intérieur d'un jardin dans lequel s'élevait un très grand bâtiment qui ressemblait à un monastère. Il était peuplé par tellement de gens qu'on arrivait difficilement à les compter. À la vue de ces gens, mon adorable Jésus tourna le dos, se serra contre moi en appuyant sa tête sur mon épaule tout près de mon cou, et me dit à l'oreille: «Ma bien-aimée, ne me les laisse pas voir; autrement je souffrirais beaucoup.»

Moi aussi, je serrai Jésus contre moi et, en m'approchant d'une de ces âmes, je dis: «Dites-moi, au moins, qui êtes-vous?» Elle répondit: «Nous sommes toutes des âmes du purgatoire et notre libération est liée à l'exécution de ces pieux legs que nous avons transmis à nos héritiers, et comme ils ne sont pas acquittés, nous sommes contraintes de rester ici, éloignées de notre Dieu. Quelle souffrance pour nous! Car Dieu est pour nous un être nécessaire dont on ne peut se passer.

«Nous éprouvons une mort continuelle qui nous martyrise de la façon la plus impitoyable et, si nous ne mourons pas, c'est parce que nos âmes ne sont pas sujettes à la mort. D'où, âmes souffrantes que nous sommes, en restant privées d'un être qui est toute notre vie, nous implorons de Dieu qu'il fasse éprouver aux mortels une toute petite partie de nos souffrances en les privant de ce qui est nécessaire au maintien de leur vie corporelle, afin qu'ils apprennent à leurs propres dépens combien il est douloureux d'être privées de ce qui est absolument nécessaire.»

Après cela, le Seigneur me transporta ailleurs. Moi, en éprouvant de la compassion pour ces âmes du purgatoire, je dis à Jésus: «Oh! mon bon Jésus, comment se fait-il que tu aies détourné ton visage de ces âmes bénies qui soupiraient tant après toi, alors qu'il suffisait que tu te fasses voir pour qu'elles soient libérées de leurs souffrances et qu'elles soient béatifiées?» Jésus répondit: «Oh! ma fille, si je m'étais montré à elles, puisqu'elles ne sont pas totalement purifiées, elles n'auraient pas pu soutenir la vue de ma présence et, au lieu de s'élancer dans mes bras, confuses, elles se seraient retirées derrière et je n'aurais rien fait d'autre que d'accroître mon martyre et le leur. Voilà pourquoi j'ai agi ainsi.» Cela dit, Jésus disparut.

32.    14 novembre 1900 — La Maman Reine redonne des forces à Jésus. Luisa est transportée au purgatoire. Audio

Je continuais de voir le saint Enfant. D'un côté, je voyais la Reine Mère et, de l'autre, saint Joseph. Ils étaient en train d'adorer profondément le divin Enfant. Il me semblait que la présence continuelle du petit Enfant tenait Joseph et Marie plongés dans une extase continuelle et, s'ils arrivaient à accomplir quelque autre activité, c'était par un prodige que le Seigneur opérait en eux. Autrement, ils seraient restés immobiles, sans pouvoir vaquer extérieurement à leurs devoirs. Moi aussi, je fis mon adoration et, ensuite, je me suis retrouvée dans mon corps.

33.    16 novembre 1900 — Jésus retire le coeur de Luisa et lui donne son amour en échange. Audio

Ce matin, après que j'eus reçu l'Eucharistie, mon adorable Jésus se fit voir dans mon intérieur, tout couvert de fleurs disposées sous forme de cabane. Jésus se trouvait à l'intérieur de cette cabane où il s'amusait et se réjouissait. En le voyant ainsi, je lui dis: «Mon très doux Jésus, quand prendras-tu mon coeur pour le conformer entièrement au tien, de façon à ce que je puisse vivre de la vie de ton propre Coeur?»

Pendant que je disais cela, mon suprême et unique Bien prit une lance et m'ouvrit la poitrine à l'endroit où se trouve le coeur. Ensuite, avec ses mains, il sortit mon coeur à l'extérieur et l'examina de part en part pour voir s'il était dépouillé et s'il possédait les qualités nécessaires pour pouvoir demeurer dans son très saint Coeur. Moi aussi, je regardai mon coeur et, à ma grande surprise, je vis, imprimées sur un côté, la croix, l'éponge et la couronne d'épines. Cependant, quand je voulus le regarder sous un autre angle en cherchant à voir son l'intérieur — car il semblait gonflé comme sur le point d'éclater —, mon bien-aimé Jésus m'en empêcha en me disant: «Je veux te mortifier en te privant de voir tout ce que j'ai déversé dans ce coeur. Ah! oui, ici, à l'intérieur de ce coeur, se trouvent tous les trésors de mes grâces que la nature humaine peut arriver à contenir!»

À ce moment, Jésus enferma mon coeur dans son très saint Coeur en ajoutant: «Ton coeur a pris position dans mon Coeur et moi, en échange de ton coeur, je te donne mon amour qui te donnera la vie.» Ensuite, en s'approchant de mon côté ouvert, il exhala trois souffles contenant de la lumière, lesquels prirent la place de mon coeur. Après, il ferma la blessure en me disant: «Maintenant plus que jamais, il convient de te fixer dans le centre de ma Volonté en ayant pour coeur mon unique amour. Tu ne dois pas sortir de ma Volonté, même pas pour un seul instant. Mon amour trouvera en toi sa véritable nourriture uniquement s'il trouve en toi, en tout et pour tout, ma Volonté. Dans ma Volonté, mon amour trouvera son contentement et sa vraie et fidèle conformité.»

Puis, en s'approchant de ma bouche, il exhala trois autres souffles et, en même temps, il déversa une liqueur très douce qui m'enivra totalement. Alors, débordant d'enthousiasme, il dit: «Vois-tu? Ton coeur est dans le mien. Par conséquent, il n'est plus le tien. » Il m'embrassa sans arrêt et me manifesta mille délicatesses d'amour. Qui pourrait les décrire toutes? Cela m'est impossible.

Comment décrire ce que j'éprouvai en me retrouvant dans mon corps! Je peux seulement dire que je me sentais comme si ce n'était plus moi qui vivais: sans passion, sans tendances et sans désirs, totalement ensevelie en Dieu. Dans la partie où mon coeur devait normalement se trouver, j'éprouvais une espèce de sensation de froideur par rapport aux autres parties de mon corps.

34.   18 novembre 1900 — L'union de notre coeur avec le Coeur de Jésus fait passer à l'état de parfaite consommation. Audio

Jésus continue de conserver mon coeur dans son Coeur. De temps en temps, il a la bienveillance de me le montrer. Il s'en réjouit comme s'il avait fait une grande acquisition. Ces jours-ci, quand je me trouve hors de mon corps, à l'endroit où devrait se trouver mon coeur, au lieu de mon coeur je vois la lumière que Jésus béni y a exhalée par ses trois souffles.

Ce matin, lorsque Jésus vint, il me dit en me montrant son Coeur: «Ma bien-aimée, lequel voudrais-tu? Mon Coeur ou le tien? Si tu veux le mien, il te faudra souffrir davantage. Sache pourtant que j'ai fait cela pour te faire passer à un autre état, car, lorsqu'on arrive à l'union, on passe à un autre état qui est celui de consommation. Cependant, pour que l'âme puisse passer à cet état de parfaite consommation, elle a besoin pour vivre, soit de mon Coeur, soit de son coeur entièrement transformé dans le mien. Autrement, elle ne peut pas passer à cet état de consommation.»

Toute craintive, je répondis: «Mon doux Amour, ma volonté n'est plus la mienne, mais la tienne. Fais ce que tu veux, et moi j'en serai plus heureuse.» Après cela, je me suis souvenue des quelques difficultés que mon confesseur éprouvait. En voyant ma pensée, Jésus me permit de me voir comme si j'étais à l'intérieur d'un cristal, cela empêchant les autres de voir ce que le Seigneur opérait en moi. Il ajouta: «C'est seulement aux reflets de la lumière qu'on connaît le cristal et ce qu'il contient à l'intérieur. Il en est ainsi pour toi. Celui qui porte la lumière de la foi touchera du doigt ce que j'opère en toi. Si, au contraire, il n'a pas la lumière de la foi, il percevra ces choses seulement selon les sens naturels.»

35.  20 novembre 1900 — Puisque Luisa doit vivre dans le Coeur de Jésus, Jésus lui donne une règle pour vivre une vie plus parfaite. Audio

Me trouvant hors de mon corps, mon adorable Jésus continua de me faire voir mon coeur à l'intérieur du sien. Mon coeur est tellement transformé que je ne reconnais plus lequel est le mien et lequel est le sien. Jésus l'a parfaitement conformé au sien. Il a imprimé sur mon coeur tous les signes de la Passion en me faisant comprendre que son Coeur, dès le moment de la conception du Verbe de Dieu, a été conçu avec les signes de la Passion, de sorte que ce qu'il a souffert dans les derniers jours de sa vie n'était qu'un débordement de ce que son Coeur souffrait continuellement depuis sa conception. Il me sembla voir nos deux coeurs comme semblables.

Il me sembla voir mon bien-aimé Jésus occupé à préparer un endroit où déposer son Coeur. Il parfumait l'endroit et il l'ornait de beaucoup de fleurs variées. Pendant qu'il faisait cela, il me dit: «Ma bien-aimée, puisque tu dois vivre de mon Coeur, il te faut entreprendre une façon de vivre plus parfaite. Par conséquent, voici ce que je veux de toi :

1. La conformité parfaite à ma Volonté, car tu ne pourras jamais m'aimer parfaitement qu'en m'aimant avec ma propre Volonté. En m'aimant avec ma propre Volonté, tu arriveras à m'aimer et à aimer ton prochain selon ma propre façon d'aimer.

2. Une humilité profonde, en te plaçant devant moi et devant les créatures comme la dernière de toutes.

3. La pureté en tout. Car n'importe quel petit manquement à la pureté, autant dans l'amour que dans les oeuvres, se reflète totalement dans le coeur et le coeur en reste taché. C'est pourquoi je veux que ta pureté soit comme la rosée sur les fleurs au lever du soleil. Celui-ci, en y reflétant ses rayons, rend ces gouttelettes comme des perles précieuses aptes à enchanter tout le monde. Ainsi, si tous tes oeuvres, tes pensées et tes paroles, tes battements de coeur et tes affections, tes désirs et tes tendances, sont ornés de la rosée céleste de la pureté, tu tisseras un doux enchantement, non seulement pour l'oeil humain, mais pour tout l'Empire céleste.

4. L'obéissance est connexe à ma Volonté. Bien que la vertu d'obéissance concerne les supérieurs que je t'ai donnés sur la terre, l'obéissance à ma Volonté me concerne directement. Ainsi, on peut dire que l'une et l'autre sont des vertus d'obéissance, avec cette unique différence que l'une regarde les hommes et que l'autre regarde Dieu. Toutes deux ont la même valeur et l'une ne peut exister sans l'autre. Par conséquent, tu dois aimer les deux de la même façon.»

Il ajouta: «Sache que, à partir de maintenant et pour l'avenir, tu vivras avec mon Coeur. Tu dois donc connaître les manières de mon Coeur, afin que je trouve en toi mes délices. Je te le rappelle: ce n'est plus ton coeur, mais mon Coeur!»

36.  22 novembre 1900 — Jésus se met à la place du coeur de Luisa. Il lui indique quelle nourriture il attend d'elle. Audio

Mon adorable Jésus continue de se faire voir. Ce matin, ayant reçu la communion, je le vis dans mon intérieur. Nos deux coeurs étaient tellement identifiés qu'ils semblaient ne faire qu'un. Mon très doux Jésus me dit: «Aujourd'hui, j'ai décidé de placer ma propre Personne à la place de ton coeur.» Pendant qu'il parlait, j'ai vu qu'il se plaçait à l'endroit où était mon coeur. De l'intérieur de Jésus, je recevais sa respiration et j'entendais les battements de son Coeur. Comme je me sentais heureuse de vivre dans cet état!

Il ajouta: «Puisque j'ai pris la place de ton coeur, il faut que tu me réserves une nourriture toujours prête pour moi. Cette nourriture sera ma Volonté ainsi que toutes tes mortifications et tout ce dont tu te priveras par amour pour moi.»

Qui pourrait décrire tout ce qui s'est passé dans mon intérieur entre moi et Jésus? Je crois qu'il vaut mieux me taire. Sinon, je sens que je pourrais tout gâter, car ma langue n'est pas assez dégrossie pour parler de ces si grandes grâces accordées à mon âme par le Seigneur. Il ne me reste rien d'autre à faire que de rendre grâce au Seigneur qui a jeté son regard sur une âme si misérable et si pécheresse.

37.  23 novembre 1900 — La manière dont les âmes se trouvent en Jésus. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, mon aimable Jésus me transporta hors de mon corps. Ensuite, en sortant de mon intérieur, il se fit voir tellement immense qu'il absorbait en lui toute la terre, et son immensité s'étendait tellement que mon âme n'en voyait pas les limites. Non seulement je me sentais absorbée en Dieu, mais toutes les créatures étaient absorbées en lui. Oh! comme me paraissait indécent l'affront que nous faisons à Notre-Seigneur quand nous, vermisseaux vivant en lui, nous osons l'offenser! Oh! si tous nous pouvions voir la façon dont nous sommes en Dieu, oh ! combien nous nous garderions de lui déplaire le moindrement!

Ensuite, Jésus se fit voir tellement grand qu'il absorbait en lui toute la cour céleste. Ainsi, je les voyais tous en Dieu lui-même : les anges et les saints. J'entendais leurs chants et je comprenais tellement de choses sur le bonheur éternel. Après cela, je vis que s'échappaient de Jésus beaucoup de ruisseaux de lait; je buvais à ces ruisseaux. Mais, étant très limitée et Jésus étant si immense qu'il n'y avait pas de limites à son immensité, je n'arrivais pas à absorber tout ce lait en moi. Beaucoup de ruisseaux coulaient à l'extérieur de moi, bien qu'ils demeuraient en Dieu.

Cependant, j'éprouvais du mécontentement: j'aurais voulu que tous accourent pour boire à ces ruisseaux, mais très peu des âmes qui cheminent sur la terre y buvaient. Notre Seigneur aussi était mécontent. Il me dit: «Ce que tu vois, c'est ma miséricorde réfrénée, et cela irrite davantage ma justice. Comment ne dois-je pas faire justice quand ils freinent ma miséricorde?»

Et moi, en lui prenant les mains, je les lui serrai ensemble en disant: «Non, Seigneur, tu ne peux pas faire justice: je ne le veux pas. Et si moi, je ne le veux pas, tu ne le veux pas non plus, parce que ma volonté n'est plus la mienne, mais la tienne. Ma volonté étant la tienne, tout ce que je ne veux pas, tu ne le veux pas non plus. Ne m'as-tu pas dit toi-même que je dois vivre en tout et pour tout de ta Volonté?» Mes paroles désarmèrent mon doux Jésus et, de nouveau, il se fit petit et s'enferma dans mon intérieur. Quant à moi, je revins dans mon corps.

38.  25 novembre 1900 — C'est dans la nature du véritable amour de transformer les souffrances en joie et l'amertume en douceur. Audio

Comme mon très doux Jésus tardait à venir, je me suis presque mise à craindre qu'il ne vienne plus. Mais, à ma grande surprise et tout à l'improviste, il est venu plus tard et m'a dit: «Ma bien-aimée, veux-tu savoir quand on accomplit vraiment une oeuvre pour une personne qu'on aime? C'est quand, en rencontrant des sacrifices, de l'amertume et des souffrances, l'âme a la force de les changer en douceur et en délices. Car c'est dans la nature du véritable amour de transformer les souffrances en joie et l'amertume en douceur. Si la personne expérimente le contraire, c'est signe que ce n'est pas le véritable amour qui agit. Oh! de combien d'oeuvres on entend dire: « je la fais pour Dieu », mais si, dans les contrariétés, on revient en arrière, on démontre que ce n'était pas pour Dieu qu'on agissait, mais pour son propre intérêt ou pour le plaisir qu'on éprouvait.»

Ensuite, il ajouta: «Généralement, on dit que la volonté propre gâte toute chose et infecte les oeuvres les plus saintes. Pourtant, si cette volonté propre est unie à la Volonté de Dieu, il n'y a pas une autre vertu qui puisse la surpasser car, là où se trouve ma Volonté, là se trouve la Vie en train de faire le bien. Mais là où ne se trouve pas ma Volonté, c'est la mort qui est à l'oeuvre. Alors, on agit péniblement comme si on était à l'agonie.»

39.  3 décembre 1900 — La nature de la très Sainte Trinité est formée de l'amour le plus pur, le plus simple et le plus communicatif. Audio

Ce matin, étant hors de mon corps, je me suis retrouvée avec l'Enfant Jésus dans les bras. Pendant que je me délectais à le regarder, et sans que je sache comment, de cet Enfant que je contemplais en est sorti un second et, après un bref moment, un troisième, tous les trois semblables, bien que distincts.

Tout étonnée de voir cela, je dis: «Oh! comme on touche ici du doigt le mystère très saint de la très Sainte Trinité: alors que vous êtes un, vous êtes également trois!» Il me semblait que tous les trois me parlaient mais, pendant que la parole sortait de chacun, elle ne formait qu'une seule voix. Cette voix disait: «Notre nature est formée de l'amour le plus pur, le plus simple et le plus communicatif. C'est dans la nature du véritable amour de produire, à partir de lui-même, des images toutes semblables à lui-même en puissance, en bonté, en beauté et en tout ce qu'il contient.

«Pour manifester la grandeur de notre toute-puissance, notre amour apporte sa marque distinctive et, puisque notre nature est simple, sans aucune matière qui pourrait empêcher notre union parfaite, en se fusionnant dans l'amour, elle forme trois personnes et, en se fusionnant de nouveau, elle forme un seul Dieu. Le véritable amour a ceci en propre: il a la capacité de produire des images parfaitement semblables à lui-même, ou encore d'assumer l'image de celui qu'il aime. C'est ainsi qu'a fait la seconde Personne de la très Sainte Trinité qui, en rachetant le genre humain, a assumé la nature de l'homme ainsi que sa ressemblance, et lui a communiqué sa Divinité.»

Pendant que les trois voix parlaient en une seule voix, je distinguais très clairement mon bien-aimé Jésus, en reconnaissant en lui l'image de la nature humaine. Et c'était seulement à cause de Jésus que j'avais la confiance nécessaire pour demeurer en présence de la Trinité. Autrement, qui aurait osé? Ah oui! il me semblait que l'Humanité assumée par Jésus avait ouvert à la créature une avenue lui permettant de s'élever jusqu'au trône de la Divinité, pour pouvoir ainsi converser avec le Dieu trois fois saint et obtenir de lui des torrents de grâces.

Oh! que de moments heureux j'ai goûtés! que de choses j'ai comprises! Pour pouvoir écrire quelques mots là-dessus, j'aurais besoin de le faire quand mon âme se trouve avec mon cher Jésus, quand il me semble qu'elle est dégagée de mon corps. Mais lorsque je me trouve de nouveau emprisonnée dans mon corps, les ténèbres de ma prison m'éloignent de mon Soleil mystique et la souffrance de ne pas le voir me rendent incapable de décrire ces choses et me font vivre comme si j'étais mourante. Mais, je suis contrainte à vivre liée, prisonnière dans ce misérable corps. «Ah! Seigneur, aie pitié d'une misérable pécheresse qui vit enfermée et emprisonnée! Vite, brise les murs de cette prison pour que je puisse m'envoler vers toi et ne plus jamais revenir sur terre.»

40.  23 décembre 1900 — Devant la sainteté de la Divine Volonté, les passions n'osent pas se montrer et perdent vie. Audio

Après de longs jours de silence entre Jésus béni et moi, j'éprouvais un vide dans mon intérieur. Ce matin, quand il est venu, il m'a dit: «Ma bien-aimée, que veux-tu me dire, puisque tu désires tant me parler?» Toute honteuse, j'ai dit: «Mon doux Jésus, je veux te dire que je désire ardemment t'aimer, toi et ta sainte Volonté. Si tu m'accordes cela, tu me rendras pleinement heureuse et satisfaite.»

Jésus reprit: «Bref, tu me demandes tout en me demandant ce qu'il y a de plus grand dans le Ciel et sur la terre. Quant à moi, c'est dans cette sainte Volonté que je te désire et que je veux te conformer davantage à moi. Et pour que ma Volonté te soit plus douce et plus savoureuse, place-toi dans son cercle et admire ses diverses qualités en t'enfermant tantôt dans sa sainteté, tantôt dans sa bonté, tantôt dans son humilité, tantôt dans sa beauté, et tantôt dans le repos paisible qu'elle produit. Et, dans les arrêts que tu feras, tu acquerras toujours plus de connaissances nouvelles et inouïes sur ma sainte Volonté. Tu resteras tellement liée et amoureuse de ma Volonté que tu n'en sortiras jamais plus.

«Cela t'apportera un très grand avantage. En étant dans ma Volonté, tu n'auras plus besoin de combattre tes passions et d'être toujours en guerre avec elles. Hors de ma Volonté, alors que les passions semblent mourir, elles surgissent toujours de nouveau, plus fortes et plus vives qu'auparavant. De fait, quand on vit dans ma sainte Volonté, les passions meurent doucement, sans combat et sans tapage. Elles perdent vie par elles-mêmes car, devant la sainteté de ma Volonté, les passions n'osent pas se montrer.

«Si l'âme éprouve les mouvements de ses passions, c'est signe qu'elle n'a pas établi sa demeure continuelle à l'intérieur de ma Volonté. Parfois, elle fait des escapades dans sa propre volonté et, ainsi, elle est contrainte à éprouver la puanteur de la nature corrompue. Au contraire, si elle reste fixée dans ma Volonté, elle est débarrassée de tout et sa seule préoccupation est de m'aimer et d'être aimée par moi.»

Après cela, en regardant mon Jésus béni, j'ai vu qu'il portait la couronne d'épines. Je l'ai retirée doucement et l'ai placée sur ma tête. Jésus me l'a enfoncée et, ensuite, il disparut. Je me suis retrouvée en mon corps avec un ardent désir de demeurer dans sa très sainte Volonté.