no 141 à 160

141.    10 août 1902 — Privations, lamentations et nécessité des châtiments. Audio

Je me trouve extrêmement affligée à cause de la perte de mon suprême Bien. Mon coeur en est continuellement lacéré et en subit une mort continuelle. Mon confesseur est venu et je lui ai décrit mon pauvre état. Il a commencé par appeler Jésus en lui suggérant de me faire souffrir la crucifixion. Jésus n'était pas du tout d'accord. Mon esprit demeura en suspens et, pendant quelques instants, je vis comme un éclair qui allait et venait en moi sans que je puisse voir Jésus. Ô Dieu! quelle souffrance! Ce sont là des souffrances qu'on ne peut même pas décrire.

Après m'être donné beaucoup de fatigue, Jésus est finalement venu et je me suis querellée avec lui. Il m'a dit: «Ma fille, si tu ne connaissais pas la cause de mon absence, tu aurais peut-être quelque raison de te plaindre de ma privation. Mais, en sachant que je ne viens pas parce que je veux châtier le monde, c'est à tort que tu te plains!»

Je répondis: «Est-ce qu'il y a quelque chose entre le monde et moi?» Jésus reprit: «Oui, il y a beaucoup entre le monde et toi. Car, lorsque je viens, tu me dis: "Seigneur, je veux satisfaire pour eux. Je veux souffrir pour eux." Et moi, en étant parfaitement juste, je ne peux recevoir de l'un et de l'autre la satisfaction pour une même dette. Si j'acceptais de toi la satisfaction pour la dette du monde, le monde ne ferait rien d'autre que de s'endurcir toujours davantage dans le mal. Pendant ces temps de rébellion, les châtiments sont très nécessaires. Si je ne frappais pas le monde, les ténèbres se feraient tellement denses que tous seraient dans la noirceur.»

Pendant qu'il disait cela, je me suis retrouvée hors de mon corps et je voyais la terre totalement couverte de ténèbres, à l'exception de quelques filets de lumière. Qu'adviendra-t-il de ce pauvre monde ? Il y a beaucoup à réfléchir au sujet des bien tristes choses qui s'en viennent.

142.    3 septembre 1902 — Jésus dit: «Tout ce que j'ai mérité dans ma vie, je l'ai cédé à toutes les créatures et, d'une façon spéciale et surabondante, à celles qui sont victimes par amour pour moi.» Audio

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, je me suis sentie prise d'un malaise physique. Mon mal était tellement intense que je me sentais mourir. Alors, craignant que je puisse être sur le point de rentrer dans l'éternité, je craignais d'autant plus que Jésus béni vient à peine, tout au plus comme une ombre. S'il venait selon son habitude, je ne craindrais pas du tout.

Afin d'être en bonne forme pour aller à la rencontre de Jésus, 🙏 je priai le Seigneur de m'accorder son Saint-Esprit pour que je puisse satisfaire pour le mal que j'aurais pu faire par mes pensées, qu'il me donne ses yeux pour que je puisse satisfaire pour le mal que j'aurais pu faire avec mes yeux, qu'il me donne sa bouche, ses mains, ses pieds, son Coeur et tout son très saint corps pour que je puisse satisfaire pour tout le mal que j'aurais pu commettre et pour tout le bien que j'aurais dû avoir fait et que je n'ai pas fait. 🔥

Pendant que je faisais cela, Jésus béni est venu, totalement revêtu pour fêter. En me tendant les bras, il me dit: «Ma fille, tout ce que j'ai mérité, je l'ai cédé à toutes les créatures et, d'une façon spéciale et surabondante, à celles qui sont victimes par amour pour moi. Voici que tout ce que tu veux, je te le cède. Non seulement je te le cède à toi, mais à tous ceux que tu veux.»

Alors, en pensant à mon confesseur, je dis à Jésus: «Seigneur, si tu m'amènes avec toi, je te prie de contenter le Père confesseur.» Jésus ajouta: «Certainement qu'il a reçu quelque récompense grâce à la charité qu'il a exercée envers toi. Et parce qu'il a collaboré, lorsque tu viendras avec moi dans le Royaume de l'Éternité, je le récompenserai encore.»

Mon mal augmentait toujours et je me sentais heureuse de me trouver à la porte de l'éternité. Pendant ce temps, mon confesseur vint et m'appela à l'obéissance. J'aurais voulu tout garder sous silence, mais il m'obligea de tout lui dire. Il me fredonna son habituelle ritournelle voulant que, par obéissance, je ne doive pas mourir. Mais, malgré tout cela, mon mal persistait.

143.    4 septembre 1902 — Le confesseur demande à Jésus de ne pas faire mourir Luisa. Audio

En plus du fait que je continuais de me sentir mal, j'éprouvais une certaine inquiétude à cause de l'étrange ordonnance de mon confesseur; comme si je ne pouvais pas prendre mon envol vers mon suprême et unique Bien! Il faut ajouter que mon confesseur, sur le point de célébrer la sainte messe, ne voulait pas me donner la communion à cause des continuels vomissements qui m'accablaient.

Comme mon confesseur m'avait ordonné par obéissance que je demande à Jésus Christ de me toucher l'estomac pour que cessent mes vomissements, à peine Jésus béni fut-il venu qu'il posa sa main sur mon estomac, et les vomissements continuels cessèrent, bien que le mal persista. Me voyant aussi inquiète, Jésus me dit: «Ma fille, que fais-tu? Ne sais-tu pas que si la mort te surprend en te trouvant inquiète, tu devras être purifiée au purgatoire? Si ton esprit ne se trouve pas uni au mien, ta volonté unie à la mienne, si tes désirs ne sont pas mes propres désirs, nécessairement, il faudra que tu sois purifiée pour être totalement transformée en moi. Donc, sois attentive et pense seulement à demeurer unie à moi, et moi je m'occuperai de tout le reste.»

Pendant qu'il disait cela, je vis l'Église: le Pape et une partie de l'Église s'appuyaient sur mes épaules. En même temps, je vis mon confesseur qui forçait Jésus de ne pas m'amener avec lui pour le moment. Le Seigneur béni dit: «Les maux sont très graves et les péchés sont en train d'atteindre un point tel que le monde ne mérite plus d'avoir en son sein des âmes victimes, c'est-à-dire, des âmes qui soutiennent et protègent le monde devant ma face. Si ce degré de mal augmente au point de provoquer ma justice, certainement que je l'amènerai avec moi [qui? le Pape? le confesseur?]» Je compris donc que les choses étaient conditionnelles.

144.    5 septembre 1902 — Jésus, les anges et les saints pressent Luisa de les rejoindre au Ciel. Son confesseur s'y oppose. Audio

Je continuais de me sentir mal et mon confesseur demeurait ferme. Il s'inquiétait même que je ne lui obéisse pas en ce qui regarde la question de ne pas mourir: il craignait que je cesse de prier le Seigneur de me libérer de mes souffrances. D'autre part, je me sentais pressée par Jésus béni, par les saints et les anges d'aller les rejoindre, de sorte que je me trouvais avec Jésus à un moment et avec les citoyens célestes à un autre. Dans cet état, je me sentais torturée. Je ne savais pas quoi faire. Pourtant, je demeurais calme de peur que si Jésus ne m'amenait pas au Ciel avec lui maintenant, je ne trouve pas une autre occasion pour m'en aller rapidement avec lui. Alors, je m'abandonnais totalement entre ses mains.

Pendant que je me trouvais dans cette situation, je voyais mon confesseur et d'autres gens qui priaient Jésus de ne pas me faire mourir. Jésus me dit: «Ma fille, je me sens violenté. Ne vois-tu pas qu'ils ne veulent pas que je t'amène avec moi?» Je répondis: «Moi aussi je me sens violentée. Vraiment, ils mériteraient une punition pour placer une pauvre créature dans un tel état de torture.» Jésus poursuivit: «Quelle punition veux-tu que je leur donne? »

Ne sachant pas quoi dire devant cette Source de charité inépuisable, je répondis: «Mon doux Seigneur, puisque la sainteté exige le sacrifice, fais d'eux des saints. S'ils n'en retirent pas d'autre avantage, ils auront au moins atteint le but de me garder avec eux comme âme victime, et moi, j'aurai atteint mon but de les voir devenir des saints, tout en leur ayant obtenu la patience de supporter la souffrance que requiert la sainteté.» Jésus était tellement heureux d'entendre ce que je disais qu'il m'embrassa en disant: «Bravo, ma bien-aimée! Tu as su choisir ce qu'il y a de plus excellent pour leur bien et pour ma gloire. C'est pourquoi il faut céder pour l'instant. Je me réserve une autre occasion pour t'amener subitement avec moi en ne leur donnant pas le temps de nous faire violence.»

Alors, Jésus disparut et je me suis retrouvée en mon corps. Mes souffrances étaient en partie atténuées et je ressentais en moi une nouvelle vigueur, comme si je venais de naître. Mais Dieu seul connaît la souffrance et le tourment de mon âme. J'espère au moins qu'il veuille accepter la dureté de ce sacrifice.

145.    10 septembre 1902 — Les caractéristiques de l'amour. Audio

Je croyais que Jésus béni reviendrait me voir selon son habitude. Mais, quelle ne fut pas ma déception quand, après qu'il fut décidé que, pour l'instant, il ne m'amenait pas au Ciel avec lui, il commença à me donner du mal à le voir! Je le voyais tout au plus quelques fois à la hâte, comme une ombre ou un éclair.

Ce matin, alors que je me sentais très épuisée à cause de mon continuel désir et de ma longue attente, il semble que Jésus soit venu. En me transportant hors de mon corps, il me dit: «Ma fille, si tu es fatiguée, viens à mon Coeur, bois et tu te rafraîchiras.» Ainsi, je me suis approchée de son divin Coeur et j'ai bu à généreuses gorgées un lait mélangé d'un sang très doux.

Ensuite, il me dit: «L'amour a trois caractéristiques: il est constant et sans limites, il est fort et il est noué en même temps avec Dieu et avec le prochain. Si, dans l'âme, on ne trouve pas ces trois caractéristiques, on peut dire que son amour n'a pas les qualités du véritable amour.»

146.    22 octobre 1902 — Menaces contre l'Italie. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu pendant quelques instants. Tout indigné, il m'a dit: «Lorsque l'Italie aura bu jusqu'à la lie les plus fétides ordures, au point de se noyer et de sorte qu'on dira: "Elle est morte, elle est morte!" alors elle ressuscitera.»

Ensuite, devenu plus calme, il ajouta: «Ma fille, lorsque je veux quelque chose de la part de mes créatures, j'infuse en elles les dispositions propres à les amener à vouloir ce que je veux. Ainsi, dans l'état dans lequel tu te trouves, calme-toi!»

Cela dit, il disparut, et je suis restée préoccupée par ce qu'il m'avait dit.

147.    30 octobre 1902 — Jésus Christ est venu pour renouer le lien entre Dieu et l'homme. Audio

Ce matin, je me trouvais dans un océan d'angoisses et de larmes à cause de l'abandon total par mon suprême Bien. Pendant que j'étais consumée de douleurs, je perdis connaissance et je vis Jésus béni se soutenant le front avec sa main. Je vis également comme une lumière qui affichait de nombreuses paroles de vérité.

Je me souviens à peine des paroles suivantes: «En détruisant le lien de l'obéissance que Dieu avait établi entre lui et la créature, un lien unique unissant Dieu et l'homme, notre humanité a été dispersée.»

«En prenant notre nature humaine et en se faisant notre Tête, Jésus Christ est venu pour rassembler l'humanité dispersée. Grâce à son obéissance à la Volonté du Père, il est venu pour lier une nouvelle fois Dieu et l'homme. Cependant, cette union indissoluble se renforce selon la mesure de notre obéissance à la Volonté Divine.»

Après cela, je n'ai plus vu mon cher Jésus. La lumière s'est retirée en même temps que lui.

148.    1er novembre 1902 — Le véritable sérieux se trouve dans la religion, et la vraie religion consiste à regarder le prochain en Dieu et Dieu dans le prochain. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me suis senti quitter mon corps. J'ai trouvé un enfant qui pleurait et, tout près de lui, plusieurs hommes parmi lesquels l'un semblait plus sérieux que les autres. Il prit une boisson très amère et la donna à l'enfant. En l'avalant, celui-ci souffrit tellement qu'il semblait s'étouffer. Et moi, tout en ne sachant pas qui était cet enfant, je l'ai pris dans mes bras par compassion en lui disant: «C'est pourtant un homme sérieux et il t'a fait cela? Pauvre petit, viens à moi, je vais essuyer tes larmes!»

L'enfant me dit: «Le véritable sérieux se trouve dans la religion, et la vraie religion consiste à regarder le prochain en Dieu et Dieu dans le prochain.» Ensuite, s'approchant de mon oreille, si près que ses lèvres me touchaient et que sa voix résonnait dans mon intérieur, il ajouta: «Pour le monde, le mot religion est un mot ridicule, il semble un mot sans valeur. Mais, devant moi, toute parole appartenant à la religion a une vertu-puissance de valeur infinie, tellement que je me suis servi de la parole pour propager la foi dans tout l'univers. Celui qui s'exerce à cela me sert de bouche pour manifester ma Volonté aux créatures.»

Pendant qu'il disait cela, j'ai compris très bien qu'il était Jésus. En entendant sa voix claire, cette voix que je n'avais pas entendue depuis si longtemps, je me suis senti ressusciter. Je restai là à attendre, afin que, dès que Jésus aurait fini de parler, je puisse lui dire mes extrêmes besoins. Cependant, j'avais à peine fini d'entendre sa voix qu'il disparut. J'en suis restée affligée et inconsolable.

149.    5 novembre 1902 — Luisa voit un arbre dans le Coeur de Jésus. Il lui en explique la signification. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus se fit voir dans mon intérieur et il me sembla qu'il avait un arbre planté dans le Coeur. L'arbre était si profondément enraciné que ses racines semblaient atteindre la pointe du Coeur. En somme, l'arbre semblait avoir pris naissance en même temps que la nature humaine de Jésus. J'étais émerveillée de voir la beauté, la spécificité et la hauteur de cet arbre; il semblait toucher le ciel et ses branches semblaient s'étendre jusqu'aux dernières limites du monde.

Lorsque Jésus le béni me vit aussi émerveillée, il me dit: «Ma fille, cet arbre a été conçu en même temps que moi dans le centre de mon Coeur. Depuis ce temps, grâce à cet arbre de la Rédemption, j'ai éprouvé dans le plus profond de mon Coeur tout ce que l'homme allait faire de bien et de mal. Il est aussi appelé l'arbre de la vie, de sorte que toutes les âmes qui se tiennent unies à cet arbre recevront la vie de la grâce dans le temps et, quand l'âme sera arrivée à maturité, il leur accordera la vie et la gloire dans l'éternité.

«Pourtant, qu'elle n'est pas la douleur que j'éprouve! Bien qu'ils ne peuvent pas déraciner cet arbre et qu'ils ne peuvent pas toucher à son tronc, beaucoup cherchent à couper ses branches pour empêcher les âmes d'en recevoir la vie. Ils veulent également m'enlever toute la gloire et le plaisir que cet arbre de vie peut me donner.» Pendant que Jésus disait cela, il disparut.

150.    9 novembre 1902 — La différence entre les oeuvres de Jésus et les oeuvres de l'homme. Audio

Pendant que je désirais la venue mon adorable Jésus, il est venu sous l'aspect qu'il avait quand ses ennemis le giflaient, lui couvraient le visage de crachats et lui bandaient les yeux. Jésus souffrait tout avec une admirable patience. Il me semble qu'il ne regardait même pas ceux qui le faisaient souffrir, tellement il était absorbé à contempler intérieurement le fruit que ses souffrances produisaient sur eux.

J'admirais cela avec stupéfaction quand Jésus me dit: «Ma fille, dans mes oeuvres et dans mes souffrances, je n'ai jamais regardé l'extérieur, mais toujours l'intérieur. En me concentrant sur le fruit quelque soit l'événement, non seulement je souffrais, mais je souffrais avec désir et avidité.

«Tout au contraire, dans ses oeuvres, l'homme ne regarde pas le bien qui se trouve en leur intérieur et, en ne voyant pas leurs fruits, il s'ennuie facilement et s'énerve. Souvent, il abandonne de faire le bien. S'il souffre, il s'impatiente facilement et, s'il fait le mal, en ne regardant pas à l'intérieur de ce mal, il le fait avec facilité.»

Il ajouta: «Les créatures ne veulent pas se persuader que la vie est accompagnée de divers incidents, tantôt de souffrance, tantôt de consolation. Pourtant, les plantes et les fleurs leur donnent l'exemple en demeurant soumises aux vents, à la neige, à la grêle et à la chaleur.»

151.   16 novembre 1902 — La parole de Dieu est joie. Le confesseur dit à Luisa que Monseigneur a donné l'ordre absolu que le prêtre ne vienne plus pour la faire sortir de son état habituel. Audio

J'ai passé une nuit très angoissée. Je voyais mon confesseur sur le point de me donner des interdictions et des ordres. Jésus béni est venu pendant quelque instants et seulement pour me dire: «Ma fille, la parole de Dieu est joie. Celui qui l'écoute sans la faire fructifier par ses oeuvres lui donne une teinte sombre et la souille.»

Me sentant très souffrante, je me suis efforcée de ne pas prêter attention à ce que je voyais. C'est alors que mon confesseur est venu pour me dire que Monseigneur avait donné l'ordre absolu que le prêtre ne vienne plus pour me faire sortir de mon état habituel, mais que je devais en sortir par moi-même. Or, cela est une chose que, pendant plus de dix-huit ans, je n'ai jamais pu obtenir, malgré mes larmes et mes prières, mes promesses et mes voeux faits auprès du Très Haut. Je peux confesser devant Dieu que toutes les souffrances que j'ai pu endurer n'ont pas été pour moi de véritables croix, mais des délicatesses et des grâces de Dieu; l'unique et véritable croix pour moi a été la venue du prêtre.

Par conséquent, en connaissant, après autant d'années d'expérience, l'impossibilité de sortir par moi-même de mon état habituel, mon coeur était déchiré par la crainte de ne pas pouvoir obéir. Je ne faisais rien d'autre que de verser des larmes très amères en priant ce Dieu qui seul scrute la profondeur du coeur d'avoir pitié de moi dans la situation dans laquelle je me trouvais.

Pendant que je priais et pleurais, j'ai vu un éclair de lumière et j'ai entendu une voix qui disait: «Ma fille, pour faire connaître au Père confesseur que c'est moi, je lui obéirai et, après que je lui aurai donné une preuve d'obéissance, c'est lui qui m'obéira.» J'ai dit à Jésus: «Seigneur, je crains beaucoup de ne pas pouvoir obéir.» Jésus ajouta: «L'obéissance délie et enchaîne. Et comme elle est une chaîne, elle lie la Volonté Divine à la volonté humaine pour former une seule volonté, de sorte que l'âme n'agit pas avec le pouvoir de sa propre volonté, mais avec le pouvoir de la Volonté Divine. D'ailleurs, ce ne sera pas toi qui obéiras, mais moi qui obéirai en toi.»

Puis, tout affligé, il ajouta: «Ma fille, n'est-ce pas ce que je te disais? Qu'il m'est presque impossible de te garder dans cet état de victime et de commencer le massacre en Italie.»

Alors, je suis devenue un peu plus calme. Mais je ne savais pas de quelle façon allait s'effectuer cette obéissance.

152.   17 novembre 1902 — Impossibilité de perdre connaissance. C'est un décret de la Volonté de Dieu que Luisa quitte son état de souffrance par l'action d'un prêtre. Audio


L'heure habituelle étant venue d'entrer dans mon état habituel de souffrance, à cause de ma grande amertume — une amertume telle que je n'en avais pas éprouvé de semblable dans toute ma vie —, mon esprit ne pouvait pas perdre connaissance. Ma Vie, mon Trésor, celui qui est tout mon bonheur, mon tout aimable Jésus ne venait pas. Je cherchais à me recueillir du mieux que je le pouvais, mais je sentais mon esprit tellement éveillé que je ne pouvais ni perdre les sens, ni dormir. Par conséquent, je ne faisais rien d'autre que de laisser couler mes larmes.

Je faisais tout ce que je pouvais pour effectuer dans mon intérieur ce que je faisais les autres fois quand j'étais sur le point de perdre connaissance. Un à un, je me souvenais des enseignements, des paroles et de la façon dont je devais toujours me tenir unie à Jésus. Ces souvenirs étaient autant de flèches qui blessaient âprement mon coeur en me disant: «Aïe! depuis quinze ans que tu l'as vu chaque jour, tantôt plus longtemps, tantôt moins longtemps, tantôt trois ou quatre fois et tantôt une seule. Tantôt il te parlait et tantôt tu le voyais en silence, mais tu le voyais toujours. À présent, tu l'as perdu, tu ne le verras plus, tu n'entendras plus sa voix douce et suave. Pour toi, tout est fini.»

Mon pauvre coeur se remplissait de tellement d'amertume et de douleur que je peux dire que ma douleur était mon pain et que mes larmes étaient ma boisson. Mon coeur en était tellement rassasié que je ne pouvais pas avaler une seule goutte d'eau. À cela s'ajoutait une autre épine. J'avais souvent dit à mon adorable Jésus: «Comme je crains que je sois la cause de mon état, que mon état soit entièrement le fruit de mon imagination! Je crains que ce soit de la simple fiction.»

Jésus me répondait: «Écarte ces craintes. Plus tard, tu verras des jours où, au prix de n'importe quel effort et de n'importe quel sacrifice pour perdre connaissance, tu ne le pourras pas.» Malgré tout cela, j'étais calme dans mon intérieur, puisque, au moins, j'obéissais, bien qu'il m'en coûtait la vie. Je croyais que les choses allaient continuer ainsi en me convainquant que le Seigneur, puisqu'il ne me voulait plus dans cet état, s'était servi de l'entremise de Monseigneur pour me donner cette directive.

Après deux jours passés ainsi, le soir, alors que j'étais en train de faire l'adoration du crucifix, un éclair de lumière se présenta devant mon esprit. Je sentis qu'on m'ouvrait le coeur et qu'une voix me disait: «Pendant quelques jours, je te tiendrai suspendue de ton état de victime et, ensuite, je te ferai tomber de nouveau dans cet état.» Alors, je dis: «Seigneur, ne me feras-tu pas toi-même revenir à mes sens, si tu me fais tomber?» La voix répondit: «Non, c'est un décret de ma Volonté que tu quittes ton état de souffrance par l'action du prêtre. S'ils veulent savoir pourquoi, qu'ils viennent à moi pour me le demander.

«Ma sagesse est incompréhensible. Elle utilise beaucoup de moyens inusités pour obtenir le salut des âmes. Cependant, bien qu'elle soit incompréhensible, s'ils veulent trouver ses raisons, qu'ils descendent dans la profondeur de la chose et ils les trouveront, claires comme le soleil. Ma justice est comme une nuée chargée de grêle, de tonnerre et de foudre. En toi, elle trouvait un frein pour ne pas trop peser sur les populations. Il ne faudrait pas qu'ils cherchent à anticiper le temps de ma colère!»

Je répondis: «Tu as réservé ce châtiment pour moi seule, sans que je puisse espérer être libérée. Tu as accordé tellement de grâces aux autres âmes, elles ont tellement souffert pour ton amour et, pourtant, elles n'avaient besoin d'aucune action du prêtre.» La voix continua: «Tu seras libérée, mais pas maintenant; au moment où commenceront les massacres en Italie.»

Cela fut pour moi un nouveau motif de douleur et de larmes amères. Tellement que mon très aimable Jésus, par compassion pour moi, remua en mon intérieur en plaçant comme un voile devant les paroles qu'il m'avait dites. Sans se faire voir, il me fit entendre sa voix qui me disait: «Ma fille, viens à moi, il ne faut pas t'affliger, éloignons un peu la justice. Donnons-nous longuement à l'amour de peur que tu ne succombes. Écoute-moi, j'ai tellement de choses à t'enseigner. Crois-tu que j'ai fini de te parler? Non.» Je pleurais tant que mes yeux étaient devenus deux rivières de larmes.

Jésus poursuivit: «Ne pleure pas ma bien-aimée, mais écoute-moi bien. Ce matin, je veux entendre la messe avec toi pour t'enseigner comment tu dois l'entendre.» Ainsi, Jésus expliquait et je suivais de près.

Puisque je ne le voyais pas, mon coeur était continuellement déchiré par la douleur et, de temps en temps, pour interrompre le flot de mes larmes, il m'appelait. Tantôt, il m'enseignait quelque chose sur la Passion en m'expliquant sa signification et, tantôt, il m'enseignait à faire ce qu'il faisait dans son intérieur durant sa Passion. Pour le moment, j'omets d'écrire ces choses. Je les réserve pour un autre temps, s'il plaît à Dieu.

Je continuai ainsi pendant deux autres jours.

153.   21 novembre 1902 — Jésus se sert de la nature humaine de Luisa pour continuer en elle le cours de ses souffrances. Audio

Je continuais de ne pouvoir ni perdre les sens, ni dormir. Ma pauvre nature n'en pouvait plus. Je me sentais plus que jamais convaincue que je n'allais plus revoir mon très cher Jésus. Alors, il est venu tout à l'improviste et il m'a fait perdre connaissance. Je fus frappée comme par la foudre. Qui peut décrire ma crainte? Mais, n'étant plus maîtresse de moi-même, il n'était plus en mon pouvoir de recouvrer mes sens.

Jésus me dit: «Ma fille, ne crains pas, je suis venu pour te fortifier. Ne vois-tu pas toi-même à quel point tu n'en peux plus? Ne vois-tu pas comment, sans moi, ta nature s'affaiblit?» Je lui dis en pleurant: «Ah! ma Vie, sans toi, je suis morte, je ne sens plus en moi de forces vitales! Tu formais tout mon être et, en me manquant, tout me manque. C'est vrai que si tu ne continues pas de venir, j'en mourrai de douleur.»

Jésus reprit: «Ma fille bien-aimée, tu dis que je suis ta Vie. Et moi je te dis que tu es ma vie, vivante. De même que je me suis servi de mon Humanité pour souffrir, ainsi je me sers de ta nature humaine pour continuer en toi le cours de mes souffrances. Tu es toute mienne, tu es même ma propre vie.»

Pendant qu'il disait cela, je me suis souvenue de l'ordonnance reçue et je lui ai dit: «Mon doux Bien, me feras-tu obéir en me faisant recouvrer mes sens par moi-même?» Jésus répondit: «Ma fille, moi, le Créateur, j'ai obéi à la créature en te tenant suspendue pendant ces derniers jours. Il est bien juste que la créature obéisse à son Créateur en se soumettant à ma Volonté. Devant ma Volonté Divine, la raison humaine ne compte pas; devant la Volonté suprême, la raison la plus forte se dissipe en fumée.»

Qui pourrait décrire combien je suis restée remplie d'amertume. Néanmoins, j'étais résignée en faisant voeu au Seigneur de ne jamais retirer ma volonté de la sienne, même pas pour le temps d'un clin d'oeil. Comme on m'avait dit que si je me trouvais dans cet état et que je n'en sortais pas par moi-même, ils allaient me laisser mourir, je me préparais à la mort. J'estimais celle-ci comme une grande fortune et je priais le Seigneur qu'il me prenne dans ses bras.

Pendant ce temps, mon confesseur vint et me fit recouvrer mes sens. J'en fus grandement attristée, tellement qu'en me voyant aussi remplie d'amertume, le Seigneur me dit intérieurement: «Dis-lui qu'il m'accorde deux autres jours de suspension pour leur donner le temps de régulariser les choses.» Ainsi, mon confesseur partit en me laissant toute transpercée et remplie d'amertume. En me faisant de nouveau entendre sa voix, Jésus me dit: « Pauvre fille, que d'amertume ne te font-ils pas subir! À te regarder, je sens mon coeur se briser. Courage! ne crains pas, ma fille! D'ailleurs, rappelle-toi que c'est par l'intervention de l'obéissance que tu as été suspendue de cet état. Si, maintenant, ils ne te veulent plus dans cet état, moi aussi, je te ferai obéir. N'est-ce pas là le clou qui te transperce le plus? Celui de ne pas pouvoir obéir?» Je répondis: «Oui.»

Il reprit: «Eh bien, je t'ai promis de te faire obéir et, par conséquent, je ne veux pas que tu t'attristes. Cependant, dis-lui ceci: "Veulent-ils s'amuser avec moi? Malheur à celui qui veut plaisanter avec moi et lutter contre ma Volonté !" » Je répondis: «Comment vais-je faire sans toi, puisque, si je ne viens pas à cet état, je ne te vois pas?» Jésus ajouta : «Puisque ce n'est pas ta volonté de sortir de cet état de sacrifice, je trouverai une autre façon de me faire voir et de m'entretenir avec toi. N'es-tu pas contente ?»

Ainsi, le matin suivant, sans que je perde mes sens, Jésus se fit voir sensiblement. Et comme ma faiblesse était extrême, il me donna quelques gouttes de lait pour me restaurer.

154.   22 novembre 1902 — Luisa est en danger de mourir. L'obéissance s'y oppose. Audio

En ce jour du 22 novembre, je continue de me sentir mal. De nouveau, Jésus béni est venu. Il m'a dit: «Ma bien-aimée, veux-tu t'en venir?» Je répondis: «Oui, ne me laisse plus sur cette terre» Il reprit: «Oui, je veux te contenter pour une fois.» Pendant qu'il disait cela, je sentis que mon estomac et ma gorge se fermaient de sorte que plus rien n'entrait à l'intérieur. Je pouvais à peine respirer et je me sentais suffoquer.

Ensuite, je vis Jésus béni appeler les anges et leur dire: «Maintenant que la victime s'en vient avec nous, retirez les forteresses, afin que les populations fassent ce qu'elles veulent.» Alors, je dis: «Seigneur, qui sont ceux-ci ?» Jésus répondit: «Ce sont les anges qui gardent les cités afin que les cités soient assistées par la force de protection divine communiquée aux anges. À cause des péchés graves que les gens commettent, les cités ne peuvent rien faire quand cette protection leur est enlevée. Laissés à eux-mêmes, ils peuvent faire des révolutions et commettre n'importe quelle sorte de mal.»

Alors, je me sentis paisible et, me voyant seule avec mon cher Jésus, je remerciai le Seigneur de tout coeur et le priai pour qu'il soit assez bienveillant de faire en sorte que personne ne vienne me donner des ennuis.

Pendant que je me trouvais dans cette situation, ma soeur est venue. En me voyant avec mon mal, elle fit appeler mon confesseur qui, par le moyen de l'obéissance, réussit un peu à me faire ouvrir la gorge. Il se retira en m'intimant de ne pas mourir.

Pauvres personnes, celles qui doivent faire affaire avec les créatures. En ne connaissant pas à fond toutes les souffrances et tous les tourments que vit une pauvre âme, elles ajoutent à ses souffrances de plus grandes douleurs. Il est plus facile d'obtenir de la compassion, de l'aide et du soulagement de la part de Dieu que des créatures. Il semble même que, entre elles, les créatures s'excitent mutuellement à la souffrance. Que toujours soit béni le Seigneur qui dispose tout pour sa gloire et pour le bien des âmes.

155.   30 novembre 1902 — Luisa craint que son état soit l'oeuvre du démon. Jésus lui enseigne comment reconnaître si quelque chose vient de lui ou du démon. Audio

Je me trouvais assaillie par des craintes, des doutes et des angoisses. Je craignais que tout soit l'oeuvre du démon. Lorsque mon adorable Jésus vint, il me dit: «Ma fille, je suis un soleil qui remplit le monde de lumière et, quand je m'approche d'une âme, un autre soleil se forme dans cette âme, de sorte que, par le moyen de leurs rayons, ces deux soleils se dardent mutuellement et continuellement.

«Entre ces deux soleils, des nuages se produisent, lesquels sont les mortifications, les humiliations, les contrariétés, les souffrances et autres. Si les deux soleils sont authentiques, alors, par le fait qu'ils se dardent continuellement, ils ont assez de force pour triompher des nuages et pour les convertir en lumière. Au contraire, si les soleils sont de faux soleils, s'ils ne sont qu'apparents, les nuages qui se forment entre eux ont la force de convertir ces soleils en ténèbres.

«Voilà le signe le plus sûr pour reconnaître si c'est moi ou si c'est le démon qui est à l'oeuvre. Après avoir perçu ce signe, une personne peut appliquer sa vie à confesser la vérité qui est lumière et non ténèbres.»

Je me suis mise à réfléchir pour voir si ces signes se trouvent en moi. Mais je me vois avec tellement de défauts que je n'ai pas de mots pour manifester ma méchanceté. Cependant, je ne perds pas confiance, j'espère même que la miséricorde du Seigneur voudra bien avoir compassion de la pauvre créature que je suis.

156.   3 décembre 1902 — Les difficultés de Luisa en ce qui concerne l'obéissance. Jésus la calme. Audio

Ce matin, je me trouvais dans mon état habituel et je continuais d'avoir des craintes. Dès que Jésus béni vint, je lui dis : «Vie de ma vie, comment se fait-il que tu ne me fasses pas obéir aux ordres de mes supérieurs?» Jésus répondit: «Et toi, ma fille, ne vois-tu pas d'où vient le désaccord? Le conflit vient de ce que la volonté humaine ne s'unit pas à la Volonté Divine et que les deux ne s'échangent pas un baiser, de façon à former une seule volonté. Quand y a désaccord entre ces deux volontés, la Volonté Divine étant supérieure par la force des choses, il se doit que la volonté humaine soit perdante.

«D'ailleurs, que veulent-ils? Comme je te l'ai dit, s'ils veulent, je te fais tomber dans cet état de souffrance et, s'ils ne veulent pas, je te fais obéir selon l'ordre qu'ils t'ont donné: que ce soit moi qui te fasse tomber dans cet état et que ce soit moi qui te fasse revenir à tes sens, sans qu'ils aient à intervenir, en laissant la chose indépendante d'eux et entièrement sous ma responsabilité.

«Il me revient à moi de décider si je veux te garder une minute ou une demi-heure dans cet état, si je dois te faire souffrir ou non. Cela relève totalement de moi. Eux, en voulant les choses différemment, ils voudraient me dicter leurs ordres quant à la manière, au comment et au quand. C'est moi qui dois décider de ces choses. Autrement, ce serait vouloir s'ingérer dans mes jugements, ce serait vouloir faire la leçon au Maître, à celui que la créature est tenue d'adorer, et non de questionner.»

Je ne savais quoi répondre. En voyant que je ne répondais pas, Jésus ajouta: «Le fait qu'ils ne veulent pas se laisser convaincre, me déplaît énormément. Toi, cependant, dans les contradictions et la mortification, ne tourne pas ton regard vers eux, mais fixe ton regard sur moi qui ai été la cible de ces contradictions. En souffrant ces contradictions, tu parviendras à te rendre davantage semblable à moi. Ainsi, ta nature humaine ne se troublera pas, mais tu resteras calme et en paix. Je veux que, de ton côté, tu fasses tout ce que tu peux pour leur obéir. Quant au reste, laisse-le à mes soins. Toi, ne te trouble pas.»

157.   4 décembre 1902 — Jésus explique à Luisa les raisons de son agir. Audio

J'étais en train de penser à cette ordonnance que j'avais reçue en me disant: «Ceux-ci avaient raison de me commander comme ils l'ont fait. D'ailleurs, ce n'est pas exiger quelque chose d'extraordinaire que de demander que le Seigneur me fasse obéir selon la manière voulue par eux. De plus, ils disent: "Soit qu'il te fasse obéir ou qu'il nous donne la raison pour laquelle il veut que le prêtre vienne pour te faire sortir de cet état."»

Pendant que je réfléchissais ainsi, mon adorable Jésus remua dans mon intérieur et me dit: «Ma fille, je voulais qu'ils arrivent par eux-mêmes à trouver la raison de mon agir. Dans ma vie, de ma naissance à ma mort, on trouve tout, moi qui portais la vie de toute l'Église. Les questions les plus difficiles se résolvent lorsqu'on les compare aux événements correspondants de ma vie, les choses les plus embrouillées se simplifient, les questions les plus obscures, qui laissent l'esprit humain presque perdu dans l'obscurité, retrouvent à la lumière de ma vie une lumière resplendissante. Leur question signifie qu'ils n'ont pas ma vie comme règle de leurs actions; autrement, ils auraient trouvé la raison de mon agir. Mais, puisqu'ils n'ont pas trouvé la raison par eux-mêmes, il est nécessaire que je la leur manifeste

Ensuite, il se leva et, avec autorité, tellement que je me sentais craintive, il dit ceci: «Que signifie cette parole: "Montre-toi au prêtre"?» Ensuite, en se faisant un peu plus doux, il ajouta: «Ma puissance s'étendait partout et, de n'importe quel lieu où je me trouvais, je pouvais opérer les miracles les plus retentissants. Pourtant, je voulais être présent personnellement à presque tous les miracles. Comme au moment de la résurrection de Lazare, j'y suis allé, je leur ai fait enlever la pierre du tombeau, je leur ai dit de le délier et, après, avec l'autorité de ma voix, j'ai ramené Lazare à la vie. En ressuscitant la petite fille, j'ai pris sa main dans ma main droite et je l'ai ramenée à la vie. Il y a beaucoup d'autres événements qui sont décrits dans l'Évangile, qui sont connus de tous, et où j'ai voulu être présent.

«La vie future de l'Église étant alors enfermée dans la mienne, ces événements enseignent la façon dont le prêtre doit se comporter dans ses actions. Ces choses que je viens de mentionner se réfèrent à toi de façon éloignée. Le lieu, dans ma vie, qui se rapporte plus à toi est le Calvaire. Moi, prêtre et victime, élevé sur le bois de la croix, j'ai voulu un prêtre pour m'assister dans mon état de victime. Ce prêtre fut saint Jean, qui représentait mon Église naissante. En lui, je les voyais tous : Papes, évêques, prêtres et tous les fidèles. Le prêtre Jean, pendant qu'il m'assistait, m'offrait comme victime pour la gloire du Père et pour le succès de l'Église naissante.

«Ce n'était pas un hasard qu'un prêtre m'assiste dans cet état de victime: tout a été un profond mystère, prévu de toute éternité dans l'Esprit divin. Cela signifie qu'en choisissant une âme victime pour les graves besoins qu'on trouve dans l'Église, je veux qu'un prêtre me l'offre, qu'il l'assiste pour moi, qu'il l'aide et qu'il l'encourage dans ses souffrances. S'ils comprennent ces choses, c'est bien. Comme saint Jean, eux-mêmes recevront le fruit de l'oeuvre à laquelle ils se prêtent. Que de bienfaits saint Jean n'a-t-il pas reçus pour m'avoir assisté sur le mont du Calvaire? S'ils ne comprennent pas, ils ne font rien d'autre que de placer mon oeuvre en conflits continuels, ils mettent des entraves à mes plus beaux dessins.

«Ma sagesse est infinie. Quand j'envoie quelque croix à une âme pour sa sanctification, cela n'est pas bénéfique pour cette âme seulement mais, pour cinq, dix, autant d'âmes qu'il me plaît, afin que non seulement une seule âme, mais toutes ces âmes se sanctifient ensemble. De même, sur le Calvaire, je n'ai pas été seul. En plus d'y avoir un prêtre, il y avait une mère, des amis, et aussi des ennemis parmi lesquels, en voyant le prodige de ma patience, beaucoup m'ont cru pour le Dieu que j'étais et se sont convertis. Si j'avais été seul, aurait-on reçu ces grands bienfaits? Certainement pas.»

Qui pourrait répéter tout ce que Jésus m'a dit en expliquant les plus petites significations de ses gestes? Je l'ai écrit du mieux que j'ai pu, selon que ma grossièreté me le permet. J'espère que le Seigneur fera le reste en les éclairant pour leur faire comprendre ce que je n'ai pas pu bien décrire.

158.   5 décembre 1902 — Luisa voit une femme qui pleure sur l'état des peuples. Cette femme lui demande de ne pas quitter son état de victime. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel quand Jésus béni me fit partager ses souffrances. Pendant que je souffrais, je vis une dame qui pleurait à chaudes larmes et qui disait: «Les rois se sont ligués et les peuples, ne se voyant ni aidés ni protégés, et même dépouillés, périssent. Cependant, les rois ne peuvent subsister sans peuple. Ce qui me fait pleurer davantage, c'est l'absence de ces forteresses de la justice que sont les âmes victimes. Ces âmes sont le seul et unique soutien qui retient la justice en ces temps extrêmement tristes. Toi, au moins, me donnes-tu ta parole que tu ne te retireras pas de cet état de victime?»

Me sentant très résolue, et sans savoir pourquoi, je répondis: «Cette parole, je ne te la donne pas, mais je resterai dans cet état aussi longtemps que le Seigneur le voudra. Dès qu'il me dira que le temps d'accomplir cette pénitence est terminé, je n'y demeurerai même pas une minute de plus.» En entendant combien ma volonté était inébranlable, cette femme pleurait davantage. Elle semblait vouloir m'émouvoir par ses larmes pour que je dise oui. Et moi, plus décidée que jamais, je lui dis: «Non, non!» En pleurant, elle dit: «Donc, il y aura justice, il y aura des châtiments et des massacres sans que personne soit épargné.» Par après, ayant dit cela à mon confesseur, il me demanda que, par obéissance, je retire mon non.

159.   7 décembre 1902 — La France et l'Italie ne reconnaissent plus Jésus. Jésus suspend Luisa de son état de victime, mais Luisa ne l'accepte pas. Elle lutte pour que la loi du divorce ne soit pas approuvée. Audio

Étant hors de mon corps, je me suis trouvée dans une très grande obscurité où se tenaient des milliers de personnes que l'obscurité rendait aveugles. Ces personnes ne comprenaient pas ce qu'elles faisaient. Il me semblait qu'une partie de ces gens était de l'Italie et une partie de la France. Oh! que d'erreurs on apercevait en France! Et c'était encore pire en Italie! Il semblait que ces personnes avaient perdu la raison, première qualité chez l'homme, et ce qui le distingue des bêtes. Il semblait que l'homme était devenu pire que les bêtes elles-mêmes.

Tout près de cette obscurité, on voyait une lumière. J'y suis allée et j'ai trouvé mon aimable Jésus. Il était tellement affligé et indigné contre ces gens que je tremblais comme une feuille. Je lui ai dit uniquement: «Seigneur, apaise-toi et fais-moi souffrir en déversant sur moi ton indignation.»

Jésus me répondit: «Comment puis-je me calmer, puisqu'ils veulent m'éloigner d'eux comme s'ils n'étaient pas l'oeuvre que j'ai créée? Ne vois-tu pas comment la France m'a chassé de chez elle en se faisant un honneur de ne plus me reconnaître? Et comment l'Italie veut suivre la France, avec certaines personnes qui donneraient même leur âme au diable pour atteindre leur but de faire passer la loi du divorce, ce qu'ils ont tant de fois essayé sans succès, et ce dont ils sont restés écrasés et confus.

«Plutôt que de m'apaiser et de déverser sur toi mon indignation, je te suspendrai même de ton état de victime. En effet, avec tout son pouvoir, ma justice a essayé plusieurs fois de donner le châtiment que l'homme a voulu et qu'il veut toujours; et il est maintenant temps que je suspende celle qui m'a toujours empêché de le faire, afin que tombe ce châtiment.»

Je répondis: «Seigneur, si tu voulais me suspendre pour d'autres châtiments, j'accepterais facilement parce qu'il est juste que la créature se conforme en tout à ta sainte Volonté. Mais, accepter d'être suspendue devant ces maux très graves, mon âme ne peut pas le digérer. Plutôt, investis-moi de ton pouvoir et fais-moi aller au milieu de ceux qui veulent cette loi.»

Pendant que je disais cela, je me suis trouvée au milieu d'eux. Ils semblaient investis de forces diaboliques. Il y en avait surtout un qui paraissait furibond, comme s'il voulait tout ravager. Je leur ai parlé sans arrêt, mais j'ai à peine réussi à leur communiquer quelques lueurs de raison en leur faisant reconnaître les erreurs qu'ils commettaient. Après cela, je suis revenue dans mon corps avec très peu de souffrance.

160.   8 décembre 1902 — Pour empêcher que soit approuvée la loi du divorce, le confesseur utilise la puissance de l'Église pour tenir Jésus crucifié en Luisa et Luisa crucifiée elle aussi. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu et m'a dit: «Ma fille, pour aujourd'hui, je veux te tenir suspendue sans te faire souffrir.» Moi, j'ai commencé à craindre et à me plaindre. Jésus ajouta: «Ne crains pas, je resterai avec toi. Quand tu occupes ta fonction de victime, tu es exposée à la justice et à d'autres souffrances. Souvent, il t'arrive de souffrir l'obscurité et d'être privée de moi. En somme, tu souffres tout ce que l'homme mérite pour ses péchés. Cependant, en te suspendant de ta fonction de victime, tout ce que je te montrerai ne sera que miséricorde et amour.»

Je me suis sentie soulagée. Bien que je voyais mon bien-aimé Jésus, je compris très bien que ce n'était pas à cause de la venue de Jésus qu'il était nécessaire que ce soit le prêtre qui me fasse recouvrer les sens, mais plutôt les souffrances que Jésus me faisait ainsi endurer. Alors, je ne peux dire pourquoi, mon âme en éprouva de la douleur, mais ma nature humaine en ressentait une grande satisfaction. Et je me disais: «S'il n'y a aucune autre raison, au moins j'épargnerai à mon confesseur le sacrifice d'avoir à venir.»

Pendant que je pensais à cela, je vis un prêtre vêtu de blanc en compagnie de Notre-Seigneur. Il me sembla que c'était le Pape et qu'il était accompagné de mon confesseur. Ceux-ci priaient Jésus de me faire souffrir pour empêcher que soit approuvée cette loi du divorce. Mais, Jésus ne leur prêtait pas attention. Alors, mon confesseur, sans tenir compte de cela et avec un élan extraordinaire, de sorte qu'il semblait que ce n'était pas lui qui agissait, prit Jésus Christ dans ses bras et, avec force, il le flanqua dans mon intérieur en disant: «En la crucifiant, tu seras crucifié en elle! Mais, cette loi, nous ne la voulons pas!»

Jésus resta comme lié à l'intérieur de moi, crucifié par cette imposition et, en éprouvant amèrement les douleurs de la croix, il me dit: «Ma fille, c'est l'Église qui le veut, et sa puissance unie à la force de la prière me lie.»