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61.   30 mars 1901 — Jésus parle à Luisa de la Divine Volonté et de la persévérance. Audio

Jésus continuait de me priver de sa présence et j'en éprouvais de l'ennui et de la fatigue. Ma faible nature voulait se libérer de cet état de privation. En ayant compassion de moi, mon adorable Jésus vint et me dit: «Ma fille, lorsque tu te retires de ma Volonté, tu recommences à vivre par toi-même. Au contraire, si tu demeures fixée dans ma Volonté, tu vis toujours par moi en mourant totalement à toi-même.»

Il ajouta: «Ma fille, sois patiente. Résigne-toi en tout à ma Volonté, non pour quelque temps, mais pour toujours, toujours. Car seule la persévérance dans le bien montre que l'âme est véritablement vertueuse. C'est la persévérance seule qui unit toutes les vertus ensemble. On peut dire que seule la persévérance unit perpétuellement Dieu et l'âme, les vertus et les grâces. Comme une chaîne, elle les encercle et, en les liant tous ensemble, elle y forme le noeud très sûr du salut. Là où il n'y a pas de persévérance, il y a beaucoup à craindre.» Cela dit, Jésus disparut.

62.   31 mars 1901 — Inconstance et instabilité. Audio

Ce matin, je me sentais toute remplie d'amertume. Je me voyais si mauvaise que je n'osais presque pas me mettre à la recherche de mon suprême et unique Bien. Ignorant mes misères, le Seigneur eut pourtant la bienveillance de venir. Il me dit: «Ma fille, est-ce moi que tu veux? Eh bien, je suis venu pour te réjouir. Demeurons ensemble, mais en silence.»

Après être restés ensemble quelque temps, Jésus me transporta hors de mon corps. Je voyais que l'Église fêtait le dimanche des Rameaux. Rompant son silence, Jésus me dit: «Que d'instabilité, que d'inconstance! Aujourd'hui ils ont crié "hosanna!" en me proclamant leur Roi. Un autre jour ils crieront "crucifiez-le, crucifiez-le!" Ma fille, la chose qui me déplaît le plus, c'est l'inconstance et l'instabilité, car cela est le signe que la vérité n'habite l'âme.

«Il peut en être ainsi dans le domaine de la religion. Il peut arriver que l'âme y trouve sa satisfaction, son confort et son intérêt personnel, ce qui explique pourquoi elle se trouve dans telle assemblée. Le lendemain, ces mêmes choses peuvent paraître moins attirantes et on peut trouver l'âme au milieu d'un autre groupement. Et voici qu'elle s'écarte de la religion et que, sans regret, elle se livre à une secte.

«Quand la véritable lumière de la Vérité entre dans une âme et prend possession de son coeur, cette âme n'est pas sujette à l'inconstance. Même, elle sacrifie tout pour l'amour de la vérité, pour que seule la vérité règne en elle. Ainsi, avec un esprit invincible, elle méprise tout ce qui n'appartient pas à la vérité.»

Pendant que Jésus disait cela, il pleurait sur la condition des générations présentes, qui sont pires que les générations de son temps, sujettes à l'inconstance et changeantes selon la direction des vents.

63.   5 avril 1901 — Quand on a de la compassion pour la Maman de Jésus, on a de la compassion pour Jésus lui-même. Au Calvaire, durant la crucifixion, Luisa voit toutes les générations en Jésus. Audio

Poursuivant dans mon état de privation, il me semble que, ce matin, je vis Jésus en compagnie de la Reine Mère pendant quelque temps. Et comme mon adorable Jésus portait la couronne d'épines, je la lui enlevai et me suis montrée totalement compatissante envers lui. Pendant que je faisais cela, il me dit: «Aie aussi de la compassion pour ma Mère, car mes souffrances sont la cause de ses douleurs. Avoir de la compassion envers elle, c'est en avoir envers moi.»

Ensuite, il me sembla me retrouver sur le mont du Calvaire au moment de la crucifixion de Notre-Seigneur. Pendant que Jésus souffrait la crucifixion, je voyais en lui, je ne sais comment, toutes les générations passées, présentes et futures. Et comme Jésus contient en lui toutes les générations, il éprouvait toutes les offenses commises par chacun de nous et il souffrait pour tous en général et pour chacun en particulier. J'apercevais aussi mes péchés et les souffrances que Jésus subissait particulièrement pour moi. Je voyais aussi le remède que Jésus administrait à chacun de nous, sans la moindre punition, pour nos maux et pour notre salut éternel.

Qui pourrait décrire tout ce que je voyais en Jésus béni relativement à tous les hommes, du premier jusqu'au dernier. Quand je me trouve hors de mon corps, j'aperçois les choses clairement et distinctement mais, quand je suis dans mon corps, je les vois toutes confuses. D'où, pour éviter de dire des sottises, je m'arrête.

64.   7 avril 1901 — Luisa voit la Résurrection de Jésus. Il lui parle de l'obéissance. Audio

Mon adorable Jésus continue de me priver de sa présence. J'éprouve une grande amertume et je me sens comme avec un couteau planté dans le coeur, ce qui me donne une douleur à me faire pleurer et crier comme une enfant. Ah! vraiment, il me semble que je suis devenue comme une enfant qui, pour peu qu'elle s'éloigne de sa mère, pleure et crie au point de mettre toute la maisonnée sens dessus dessous! Et il n'y a aucun remède pour la faire cesser de pleurer, à moins qu'elle ne se voie de nouveau dans les bras de sa mère.

C'est ce que je suis: une véritable enfant dans la vertu. S'il m'était possible, je mettrais le Ciel et la terre sens dessus dessous pour trouver mon suprême et unique Bien. Je me calme uniquement quand je me trouve en possession de Jésus. Pauvre petite enfant que je suis! Je me sens encore enveloppée dans les langes de l'enfance. Je ne sais pas marcher seule, je suis très faible, je n'ai pas la capacité des adultes qui se laissent guider par la raison. Voilà l'extrême nécessité que j'ai de demeurer avec Jésus. À tort ou à raison, je ne veux rien savoir; ce que je veux savoir, c'est que je veux Jésus. J'espère que le Seigneur voudra pardonner à cette pauvre petite qui, parfois, commet des sottises.

Alors que je me trouvais dans cet état, je vis brièvement mon adorable Jésus dans l'acte de sa Résurrection. Il avait le visage illuminé d'une splendeur incomparable. Il me semblait que l'Humanité très sainte de Notre-Seigneur, bien que chair vivante, était resplendissante et transparente, de sorte qu'on voyait clairement en elle la Divinité unie à l'Humanité.

Pendant que je le voyais aussi glorieux dans une lumière qui provenait de lui, il me semble qu'il me disait: «Mon Humanité a reçu beaucoup de gloire par le moyen de la parfaite obéissance, laquelle, en détruisant totalement la nature ancienne, m'a restitué la nouvelle nature, glorieuse et immortelle. Ainsi, par le moyen de l'obéissance, l'âme peut former en elle la parfaite résurrection aux vertus. Voici comment: Si l'âme est affligée, l'obéissance la fera ressusciter à la joie; si elle est agitée, l'obéissance la fera ressusciter à la paix; si elle est tentée, l'obéissance lui procurera une chaîne plus forte pour lier l'ennemi, et elle la fera ressusciter victorieuse des embûches diaboliques; si l'âme est assiégée par les passions et les vices, l'obéissance, en tuant ceux-ci, la fera ressusciter aux vertus. C'est ce que l'obéissance fait dans l'âme. Et lorsque le temps sera venu, elle causera aussi la résurrection du corps.»

Après cela, la lumière se retira et Jésus disparut. Je suis restée avec une telle douleur en me voyant de nouveau privée de lui que je me sentais comme prise d'une fièvre ardente me poussant à m'agiter et à tomber en délire. Ah! Seigneur, donne-moi la force de supporter ces absences, parce que je me sens perdre connaissance!

65.   9 avril 1901 — Si la ferveur et les vertus de l'âme ne sont pas bien enracinées dans l'humanité de Jésus, alors, au moment des tribulations, elles sèchent rapidement. Audio

Je me trouvais au comble du délire. Je disais des sottises et je crois que j'y mêlais aussi certains de mes défauts; ma pauvre nature éprouvait tout le poids de mon état. Demeurer dans mon lit me paraissait pire que l'état des condamnés à la prison. J'aurais voulu me dégager de cet état. En plus, je ne cessais de répéter ma ritournelle: que mon état n'était plus selon la Volonté de Dieu parce que Jésus ne venait pas.

Je me demandais ce que je devais faire quand mon patient Jésus sortit de mon intérieur. Sous un aspect grave et sérieux qui m'inspirait la peur, il me dit: «Que penses-tu que j'aurais fait, moi, si je m'étais trouvé dans ta situation?» Dans mon intérieur, j'ai pensé: «Certainement la Volonté de DieuJésus reprit: «Eh bien, toi, fais cela.» Ensuite, il disparut.

Notre Seigneur avait dit cela avec un tel sérieux que j'ai senti toute la force de sa parole, non seulement sa force créatrice, mais aussi sa force destructrice. Par ces paroles, mon intérieur fut tellement ébranlé, opprimé et amer que je ne faisais rien d'autre que de pleurer. Je me souvenais surtout de la gravité avec laquelle Jésus m'avait parlé, de sorte que je n'osais pas lui dire : «Viens.»

Ainsi, ce jour-là, me trouvant dans cet état, je fis ma méditation sans l'appeler. Lorsqu'au milieu du jour il vint, il avait un aspect doux, totalement transformé par rapport à son aspect de la matinée. Il me dit: «Ma fille, quelle destruction, quelle destruction est sur le point d'arriver!» Pendant qu'il disait cela, j'ai senti mon intérieur totalement changé, ayant compris que c'était à cause des châtiments qu'il ne venait pas, pas pour une autre raison. Pendant ce temps, je vis quatre personnes vénérables qui pleuraient à cause des paroles que Jésus avait dites.

En voulant se distraire, Jésus béni me dit quelques mots sur les vertus: «Il y a une certaine ferveur et certaines vertus qui ressemblent à ces jeunes arbres qui poussent autour de certains arbres mûrs et qui, n'étant pas bien enracinés dans leur tronc, se dessèchent à la suite d'un vent violent ou d'un gel un peu fort. Il se peut cependant qu'après quelque temps ils reverdissent de nouveau mais, étant exposés aux intempéries et aux changements, jamais ils ne parviennent à être des arbres mûrs.

«Ainsi sont cette ferveur et ces vertus qui ne sont pas bien enracinées dans le tronc de l'arbre de l'obéissance, c'est-à-dire, dans le tronc de l'arbre de mon Humanité qui a été tout obéissance. Dans les tribulations et les épreuves, elles se dessèchent. Elles ne parviennent jamais à produire des fruits pour la vie éternelle.»

66.   19 avril 1901 — Plaintes de Luisa à cause de l'absence de Jésus. Jésus la console et lui explique des choses sur la grâce. Audio

Je continue de passer mes journées privée de mon adorable Jésus. Au plus, il vient comme une ombre ou un éclair, en laissant mon pauvre coeur extrêmement amer. Je ressens tellement son absence que tous mes nerfs, mes fibres, mes os et même les gouttes de mon sang se débattent continuellement en moi en me disant: «Où est Jésus? Comment l'as-tu perdu? Qu'as-tu fait pour qu'il ne vienne plus? Comment ferons-nous pour demeurer ici sans lui? Qui nous consolera d'avoir perdu la source de toute consolation? Qui nous fortifiera dans notre faiblesse? Qui nous corrigera et nous dévoilera nos défauts si nous sommes privés de cette lumière? Plus qu'un courant électrique, cette lumière pénétrait nos plus intimes cachettes et, avec la douceur la plus ineffable, elle corrigeait et guérissait nos plaies. Sans Jésus, tout est misère, tout est désolation, tout est sombre. Comment ferons-nous?»

Malgré cela, dans le fond de ma volonté, je me sentais résignée. Je poursuivais ma route en offrant son absence par amour pour lui, comme étant mon sacrifice le plus grand. Tout le reste me faisait une guerre continuelle et me torturait. Ah! Seigneur, combien cela me coûte de t'avoir connu et quel prix élevé tu me fais payer pour tes visites passées!

Pendant que je me trouvais dans cet état, il se fit voir brièvement et me dit: «Ma grâce est une partie de moi-même. Toi, en possédant ma grâce, tout ce qu'elle forme dans ton être ne peut rester sans moi par stricte nécessité. Voici la raison pour laquelle tout en toi m'appelle et pour laquelle tu es continuellement torturée. Étant imprégnée et remplie d'une partie de moi-même, les âmes se trouvent en paix et sont contentes seulement quand elles me possèdent, non seulement en partie, mais totalement.»

Comme je m'étais plainte de ma dure situation, Jésus ajouta: «Pendant ma Passion, moi aussi j'ai éprouvé un extrême abandon, bien que ma Volonté fut toujours unie à celle de mon Père et à celle de l'Esprit Saint. J'ai voulu souffrir cela pour diviniser la croix en toute chose. Tellement que, en me regardant et en regardant la croix, tu trouveras dans l'un et l'autre la même splendeur, les mêmes enseignements et le même miroir dans lequel tu pourras continuellement te mirer, sans que tu ne voies de différence entre te mirer dans l'un ou dans l'autre.»

67.   21 avril 1901 — Les châtiments sont nécessaires pour que l'homme ne se corrompe pas davantage. Audio

Je poursuis dans mon état habituel. Dès que je vis mon doux Jésus avec une croix dans la main et sur le point de la lancer sur le monde, il me dit: «Ma fille, le monde est toujours corrompu, mais il y a certains moments où il atteint un si haut degré de corruption que si je ne déversais pas sur lui une partie de ma croix, les gens périraient tous dans la corruption. Il en a été ainsi au temps où je suis venu dans le monde. Seule la croix en a sauvé plusieurs de la corruption dans laquelle ils étaient immergés.

«Ainsi en est-il en ces temps-ci. La corruption a atteint un tel niveau que si je ne déversais pas sur eux les fléaux, les épines et les croix en leur faisant aussi verser leur sang, les gens resteraient submergés dans les flots de la corruption.» Pendant qu'il disait cela, il sembla jeter cette croix sur le monde et les châtiments se succédaient.

68.   22 avril 1901 — L'imitation de la vie de Jésus. Audio

Je me sentais tout affligée, confuse et presque désespérée de revoir mon adorable Jésus. Il vint à l'improviste et me dit: «Sais-tu ce que j'attends de toi? Je te veux en tout semblable à moi, autant dans les oeuvres que dans les intentions. Je veux que tu sois respectueuse avec tous, car respecter tout le monde donne la paix à soi-même et aux autres. Je veux que tu te considères la plus petite entre tous et que toutes mes instructions, tu les rumines toujours dans ton esprit et les conserves dans ton coeur afin que, quand les occasions se présenteront, tu trouves toujours ton esprit et ton coeur prêts à se servir de mes instructions et à les mettre en pratique. En somme, je veux que ta vie soit un débordement de la mienne.»

Pendant qu'il disait cela, je vis derrière le Seigneur une gelée et un feu qui descendaient sur la terre et faisaient du tort aux récoltes. Je lui dis: «Seigneur, que fais-tu? Pauvres gens!» Et lui, sans me prêter attention, il disparut.

69.  13 juin 1901 — Les croix et les tribulations sont le pain de la béatitude éternelle. Audio

Après un long silence de sa part, mon adorable Jésus me dit au plus quelques mots sur les fléaux qu'il veut déverser. Ce matin, je me trouvais opprimée et fatiguée à cause de ma situation difficile et surtout à cause des continuelles absences de Jésus. S'étant montré brièvement, il me dit: «Ma fille, les croix et les tribulations sont le pain de la béatitude éternelle.»

Je compris que si on souffre davantage, plus abondant et plus savoureux sera le pain qui nous nourrira dans le séjour céleste. En d'autres mots, plus nous souffrons, plus nous sommes assurés de la gloire future.

70.  18 juin 1901 — Jésus exige sa gloire de toutes les parcelles de notre être. De l'état d'union, on passe à l'état de consommation. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je vis mon doux Jésus brièvement. Je me suis mise à me plaindre sur mon pauvre état causé par ses absences. Je lui dis que j'éprouvais une espèce de fatigue physique et morale, comme si je sentais ma pauvre nature broyée et que je me sentais faiblir de toute part. Il me dit: «Ma fille, ne crains pas parce que tu te sens faiblir de toute part. Ne sais-tu pas que tout doit être sacrifié pour moi, non seulement l'âme, mais aussi le corps? Ne sais-tu pas que de toutes les parcelles de ton être, j'exige ma gloire?

«Ne sais-tu pas que, de l'état d'union, on passe à un autre état appelé l'état de consommation? Il est vrai que, puisque je dois châtier le monde, je ne viens pas te visiter selon mon habitude. Mais je me sers aussi de cette souffrance pour toi, pour ton profit, qui est non seulement de te garder unie à moi, mais de te consumer par mon amour. De fait, moi, en ne venant pas et toi, en te sentant faiblir à cause mon absence, n'en viens-tu pas à te consumer pour moi? Tu n'as pas vraiment raison de t'affliger. D'abord parce que, lorsque tu me vois, c'est toujours de ton intérieur que tu me vois sortir, ce qui est un signe certain que je suis là avec toi. D'autre part, il n'y a pas un jour qui se soit écoulé où tu peux dire que tu ne m'as pas vu parfaitement.»

Puis, en prenant un ton de voix plus doux et plus bienveillant, il ajouta: «Ma fille, je te recommande très fortement de ne pas laisser s'échapper de toi le moindre acte qui ne reflète la patience, la résignation, la douceur, l'équilibre et la tranquillité en tout; autrement, tu en viendrais à me déshonorer.

«Il en est comme pour un roi qui habiterait un palais bien riche intérieurement, mais qui, extérieurement, paraîtrait tout lézardé, décoloré et sur le point de s'effondrer. Ne dirait-on pas: "Comment se peut-il qu'un roi habite un palais qui paraît si délabré, au point qu'on ait même peur de s'y approcher? Quelle sorte de roi habite ce palais? "Ne serait-ce pas là un déshonneur pour ce roi? Pense que si, de toi, sort quelque chose qui n'est pas vertueux, les gens diraient la même chose en ce qui te concerne et me concerne. J'en serais déshonoré, puisque j'habite à l'intérieur de toi.»

71.   30 juin 1901 — Les signes permettant de reconnaître si la grâce réside dans l'âme. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, mon très doux Jésus se fit voir brièvement, totalement fusionné en moi. Il me dit: «Ma fille, veux-tu savoir quels sont les signes permettant de reconnaître si l'âme possède ma grâce?» Je répondis: «Seigneur, fais comme il plaît à ta très sainte bonté!»

Il poursuivit: «Le premier signe pour savoir si l'âme possède ma grâce, c'est que tout ce qu'elle peut entendre ou voir à l'extérieur d'elle et provenant de Dieu lui fait éprouver intérieurement une douceur et une suavité toutes divines, qui ne peuvent être comparables à rien d'humain ou de terrestre. Il en est comme pour une mère qui, simplement à la respiration ou à la voix de son enfant, reconnaît en lui le fruit de ses entrailles, ce qui la fait jubiler de joie. Il en est aussi comme pour deux amis intimes qui, à mesure qu'ils conversent ensemble, partagent mutuellement les mêmes sentiments, les mêmes intérêts, les mêmes joies et les mêmes afflictions. En voyant qu'ils ont les mêmes affinités, ils en éprouvent un grand plaisir et une grande joie, et ils en retirent tellement d'amour qu'ils ne peuvent se détacher l'un de l'autre.

«Il en va ainsi pour la grâce intérieure qui réside dans l'âme. Lorsque la personne voit extérieurement le fruit de ce qui l'habite intérieurement, elle éprouve une joie et une douceur si grandes qu'elle ne peut l'exprimer.

«Le second signe est que le discours de l'âme qui possède la grâce est paisible et a la puissance d'implanter la paix chez les autres, alors que le même discours dit par celui qui ne possède pas la grâce ne fait aucune impression et n'apporte aucune paix.

«Ensuite, ma fille, la grâce dépouille l'âme de tout. De l'humanité de la personne, elle forme un voile recouvrant l'âme, de sorte que si ce voile est écarté, on découvre le paradis caché dans cette âme. Il n'est donc pas étonnant de trouver dans cette âme la véritable humilité, l'obéissance et les autres vertus, puisqu'il ne reste rien d'autre de la personne qu'un simple voile. L'âme voit clairement qu'à l'intérieur d'elle il y a uniquement la grâce qui agit et qui tient en ordre toutes les vertus. La grâce permet à l'âme de demeurer dans une disposition continuelle d'ouverture à Dieu.»

72.   5 juillet 1901 — Jésus est le commencement, le milieu et la fin de tous les désirs. Audio

Pendant que j'entretenais une certaine crainte au sujet de l'état de mon âme, mon adorable Jésus vint à l'improviste et me dit: «Ma fille, ne crains pas, car moi seul suis le commencement, le milieu et la fin de tous tes désirs.»

À la suite de ces paroles, je me suis apaisée en Jésus. Que tout soit pour la gloire de Dieu et béni soit son saint nom!

73.   16 juillet 1901 — Le principe du mal dans l'homme. L'écart entre l'amour de Jésus et l'amour humain. Pour entrer dans le Ciel, l'âme doit être entièrement transformée en Jésus. Audio

Après plusieurs jours d'absence, Jésus eut ce matin la bienveillance de venir et il me transporta hors de mon corps. Pendant que je me trouvais en présence présence de Jésus béni, je vis beaucoup de gens ainsi que les maux de la génération présente. Mon adorable Jésus jeta sur eux un regard de compassion et, en se tournant vers moi, il me dit: «Ma fille, veux-tu savoir où commence le mal dans l'homme? Le commencement, c'est quand l'homme est à l'âge où il se connaît à peine lui-même, c'est-à-dire, quand il commence à avoir l'âge de raison. Il se dit alors: "Je suis quelqu'un."

«En croyant être quelqu'un, l'homme s'éloigne de moi; il n'a pas confiance en moi qui suis le Tout. Toute sa confiance et sa force, il la puise en lui-même et, à cause de cela, il peut en arriver à perdre tout bon principe. Et, ayant perdu ses bons principes, qu'en sera-t-il de sa fin? Imagine-la toi-même, ma fille. D'ailleurs, en s'éloignant de moi qui contiens tout bien, que peut espérer de bien un homme devenu un océan de mal? Sans moi, tout est corruption et misère, sans l'ombre du véritable bien. C'est ainsi qu'est la société actuelle.»

En entendant cela, j'éprouvai une si grande affliction que je ne puis l'exprimer. En voulant me soulager, Jésus me transporta ailleurs et, me trouvant seule avec mon bien-aimé Jésus, je lui dis: «Dis-moi, m'aimes-tu?» Il me répondit: «Oui» Je continuai: «Je ne suis pas satisfaite d'uniquement ce oui, je voudrais que tu m'expliques mieux combien tu m'aimes.» Il dit: «Mon amour pour toi est si grand que, non seulement il n'a pas eu de commencement, mais il n'aura pas de fin. Dans ces quelques mots, tu peux comprendre combien est grand, fort et constant mon amour pour toi.»

Pendant quelques instants, je réfléchis à cela et je voyais un abîme de distance entre mon amour et le sien. Toute confuse, je dis: «Seigneur, quelle différence il y a entre mon amour et le tien! Non seulement mon amour a eu un commencement, mais, dans mon passé, je vois des vides dans mon âme pour ne pas t'avoir aimé.»

Plein de compassion, Jésus me dit: «Ma bien-aimée, il ne peut y avoir de ressemblance entre l'amour du Créateur et celui de la créature. Toutefois, je veux te dire une chose qui te servira de consolation et à laquelle tu n'as jamais pensé: pendant tout le cours de sa vie, chaque âme doit m'aimer constamment sans aucun intervalle. Et, en ne m'aimant pas toujours, elle laisse en elle des vides pour chacun des jours, des heures et des minutes où elle a négligé de m'aimer. Et personne ne pourra entrer au Ciel s'il n'a pas comblé ces vides. L'âme pourra les combler en m'aimant doublement pendant le reste de sa vie ou, si elle n'y arrive pas, par le feu du purgatoire. Quant à toi, lorsque tu es privée de moi, la privation de l'objet aimé fait redoubler ton amour et, par cela, tu parviens à combler les vides qui se trouvent dans ton âme.»

Je lui dis: «Mon doux Bien, laisse-moi venir avec toi dans le Ciel et, si tu ne veux pas que ce soit pour toujours, au moins que ce soit pour quelque temps. De grâce, je t'en prie, contente-moi.» Il me répondit: «Ne sais-tu pas que pour entrer dans ce bienheureux séjour, l'âme doit être entièrement transformée en moi de manière à être comme un autre Christ? Autrement, de quoi aurais-tu l'air au milieu des autres bienheureux? Tu aurais honte de te tenir ici, au milieu d'eux.» Je répondis: «C'est vrai que je suis très différente de toi mais, si tu veux, tu peux me rendre telle que je dois être.»

Pour me contenter, Jésus m'enferma totalement en lui, de sorte que je ne me voyais plus moi-même, mais uniquement lui et, de cette façon, nous nous sommes élevés vers le Ciel. Lorsque nous sommes arrivés à un certain endroit, nous nous sommes trouvés devant une lumière indescriptible. Devant cette lumière, j'expérimentai une nouvelle vie, une joie incomparable, jamais éprouvée auparavant. Comme je me sentais heureuse! Même, il me semblait me trouver dans la plénitude de toutes les félicités.

Pendant que nous avancions devant cette lumière, j'éprouvai une grande crainte. J'aurais voulu louer le Seigneur, lui rendre grâces mais, ne sachant pas quoi dire, je récitai trois Gloria Patri auxquels Jésus et moi répondions ensemble. Cela à peine terminé, comme un éclair, je me retrouvai dans la misérable prison de mon corps.

Ah! Seigneur, combien peu de temps a duré mon bonheur! Il me semble que l'argile de mon corps est trop dure et qu'il lui faudrait un dur coup pour se briser, car elle empêche mon âme de se détacher de cette misérable terre. J'espère qu'un choc violent parviendra non seulement à briser cette argile, mais à la pulvériser. Alors, n'ayant plus de maison où demeurer sur cette terre, tu auras pitié de moi et tu m'accueilleras pour toujours dans le céleste séjour.

74.   20 juillet 1901 — Combien la voix de l'âme est douce à l'oreille de Jésus. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel et mon adorable Jésus ne venait pas. Après m'être donné bien de la peine et après avoir presque perdu l'espérance de le revoir, il vint à l'improviste et me dit: «Ma fille, ta voix m'est douce comme est douce pour l'oisillon la voix de sa mère quand elle revient après être allé glaner quelque nourriture. Que fait le petit oiseau quand sa mère revient? En entendant la voix de sa mère, il en ressent de la douceur et il fait la fête. Après que la mère a déposé la nourriture dans sa bouche, il se blottit sous l'aile maternelle pour se réchauffer, se protéger des intempéries de l'air et se reposer en sûreté. Oh! combien est agréable pour le petit oiseau de se tenir sous l'aile maternelle! C'est ce que tu es pour moi. Tu es l'aile sous laquelle je me réchauffe, qui me redonne des forces, qui me défend, et tu me permets de me reposer en sûreté. Oh! comme il m'est agréable de demeurer sous cette aile!

Cela dit, Jésus disparut. Quant à moi, j'étais toute confuse et pleine de honte, sachant combien je suis mauvaise. Mais l'obéissance a voulu accroître ma confusion en m'obligeant d'écrire cela. Que la très sainte Volonté de Dieu soit faite toujours.

75.   23 juillet 1901 — Jésus parle de sa Volonté et de la charité. Audio

J'entretenais de nombreux doutes au sujet de mon état. Lorsque mon adorable Jésus vint, il me dit: «Fille, ne crains pas. Ce que je te recommande, c'est de rester toujours conforme à ma Volonté. Car, quand la Volonté Divine se trouve dans l'âme, ni la volonté diabolique, ni la volonté humaine n'ont la force d'entrer dans l'âme pour s'en faire un jouet.»

Après cela, il me sembla voir Jésus crucifié. M'ayant fait participer non seulement à ses souffrances, mais aussi à certaines souffrances d'une autre personne, le Seigneur ajouta: «C'est cela, la vraie charité: se détruire soi-même pour donner la vie aux autres. C'est prendre sur soi les maux d'autrui et se donner comme leur bien propre.»

76.   27 juillet 1901 — Les doutes du confesseur. Réponse de Jésus. Audio

Mon confesseur avait soulevé certains doutes et, quand Jésus béni vint, il était avec mon confesseur. Jésus lui disait: «Mon oeuvre est toujours appuyée sur la vérité et, bien qu'elle semble parfois obscure, cachée sous les énigmes, on ne peut cependant faire autrement que de dire qu'elle est conforme à la vérité. Bien que la créature ne la comprenne pas clairement, cela ne détruit pas sa vérité.

«Cela fait comprendre beaucoup mieux quelle est ma façon divine d'opérer. Parce qu'elle est finie, la créature ne peut pas embrasser ou comprendre l'infini. Au plus, elle peut en comprendre et en embrasser quelques lueurs. Les nombreuses choses que j'ai dites dans les Écritures et ma manière d'opérer chez les saints ont-elles vraiment été clairement comprises?

«Oh! que de choses sont restées dans l'obscurité et dans l'énigme! Combien d'esprits doués et d'esprits savants se sont fatigués à essayer de les interpréter! Et qu'est-ce qu'ils en ont compris? Un gros rien par rapport à ce qui reste à connaître. Cela compromet-il la vérité pour autant? Pas du tout. Cela la fait même resplendir davantage.

«C'est pourquoi ton oeil doit chercher à discerner s'il s'agit de la vraie vertu, si on ressent en tout qu'on est dans la vérité, bien qu'il y ait parfois obscurité. Pour le reste, il faut se tenir tranquille et dans la sainte paix.» Cela dit, Jésus disparut et je suis revenue dans mon corps.

77.   30 juillet 1901 — Une vue du monde. La plupart des hommes sont aveugles. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni me transporta hors de mon corps au milieu d'une foule de gens. Quel aveuglement! Presque tous étaient aveugles et quelques-uns avaient la vue courte. On en trouvait à peine quelques-uns avec une vue perçante. Ils se distinguaient comme des soleils au milieu des étoiles, totalement absorbés par le Soleil divin. Cette vue leur était accordée parce qu'ils s'étaient fixés dans la lumière du Verbe incarné.

Plein de compassion, Jésus me dit: «Ma fille, combien l'orgueil a ruiné le monde! L'orgueil est arrivé à détruire cette petite lumière de la raison que tous portent en eux à leur naissance. Sache cependant que la vertu qui exalte Dieu le plus, c'est l'humilité. La vertu qui exalte le plus la créature devant Dieu et devant les hommes, c'est également l'humilité.»

Cela dit, Jésus disparut. Plus tard, il revint tout essoufflé et affligé et il ajouta : «Ma fille, trois terribles châtiments sont sur le point de se produire.» Ensuite, il disparut comme un éclair, sans me donner le temps de lui dire un seul mot.

78.   3 août 1901 — L'âme qui possède la grâce est puissante sur l'enfer, sur les hommes et sur Dieu. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus ne venait pas. Après une longue attente, la Vierge Maman vint en emmenant Jésus presque de force, car il fuyait. Alors, la Vierge très sainte me dit: «Ma fille, ne te fatigue pas de l'appeler, sois importune. Cette fuite de Jésus est le signe qu'il veut envoyer des châtiments. C'est pourquoi il fuit la vue des personnes aimées. Toi, ne t'arrête pas, car l'âme qui possède la grâce est puissante sur l'enfer, sur les hommes et sur Dieu lui-même. La grâce étant une partie de Dieu, l'âme qui la possède n'a-t-elle pas un grand pouvoir sur ce qu'elle possède?»

Par la suite, après m'être donné beaucoup de peine, contrainte que j'étais par la Maman Reine, Jésus vint. Mais il avait un aspect imposant et sérieux, de sorte qu'on n'osait pas lui parler. Je ne savais pas comment faire pour qu'il quitte cet aspect si imposant. Je pensai m'avancer pour lui parler, ce que j'ai fait en lui disant des sottises comme: «Mon doux Bien, aimons-nous. Si nous ne nous aimons pas, qui va nous aimer? Si tu ne te contentes pas de mon amour, qui pourra jamais te contenter? De grâce, donne- moi un signe certain que tu es content de mon amour; autrement je vais perdre connaissance, je vais mourir.»

Qui pourrait décrire toutes les sottises que j'ai dites? Je crois qu'il vaut mieux passer outre. Cependant, il semble que j'ai réussi à faire cesser cet air imposant de Jésus. Il me dit: «Je serai satisfait de ton amour quand il surpassera les flots des iniquités des hommes. Par conséquent, pense à faire grandir ton amour et je serai ainsi plus content de toi.» Ensuite, il disparut.

79.   5 août 1901 — Comment les mortifications sont les yeux de l'âme. Audio

Alors que je me trouvais dans mon état habituel, mon Jésus béni tardait à venir. Je me sentais mourir à cause de son absence. Il vint à l'improviste et me dit : «Ma fille, comme les yeux sont la vue du corps, ainsi la mortification est la vue de l'âme. On peut dire que la mortification est l'oeil de l'âme.» Ensuite, il disparut.

80.   6 août 1901 — L'amour des bienheureux au Ciel est une possession divine, tandis que l'amour des âmes qui cheminent sur cette terre est comme une possession dont Jésus est en train de faire l'acquisition. Audio

Ce matin, après que j'eus reçu l'Eucharistie, mon adorable Jésus se fit voir très souffrant et offensé, ce qui m'incita à la compassion. Je le serrai contre moi et lui dis: «Mon doux Bien, comme tu es aimable et désirable! Comment se fait-il que les hommes ne t'aiment pas? Comment arrivent-ils à t'offenser? En t'aimant, on trouve tout. T'aimer comporte tous les biens, alors que si on ne t'aime pas, tous les biens nous échappent. Pourtant, qui t'aime? Mais, de grâce, mon très cher Trésor, mets de côté les offenses des hommes et, pendant quelques instants, épanchons ensemble notre amour.»

Alors, Jésus appela tous les membres de la Cour céleste à être les spectateurs de notre amour et dit: «Tout l'amour du Ciel ne me satisferait pas si ton amour n'y était pas uni, surtout du fait que cet amour céleste est ma possession que personne ne peut m'enlever, alors que l'amour de ceux qui cheminent sur cette terre est comme une possession dont je suis en train de faire l'acquisition. Puisque ma grâce est une partie de moi-même et que mon être est extrêmement actif, quand la grâce coule pour entrer dans les coeurs, les âmes en route peuvent en faire le commerce, ce qui accroît ses propriétés. J'en éprouve un tel délice que, si cela devait me manquer, j'en serais très amer. Voilà pourquoi, sans ton amour, tout l'amour du Ciel me satisferait à peine. Toi, sache bien faire bon commerce de mon amour, afin que, en m'aimant en tout, tu me rendes heureux et satisfait.»

Qui pourrait dire combien je fus stupéfiée d'entendre cela. Combien de choses j'ai comprises au sujet de l'amour! Mais ma langue ne fait que balbutier, et c'est pourquoi je m'arrête ici.