no 121 à 140

121.    19 mars 1902 — Les créatures se sont corrompues par leur propre volonté. Jésus ne veut pas avoir compassion d'elles. Audio

Je continue toujours d'éprouver un certain remords. Pourtant, le Seigneur continue de venir et moi, en voulant réparer ce que j'ai fait hier, je lui dis: «Seigneur, allons voir ce que font les créatures, elles sont tes images, ne veux-tu pas avoir compassion d'elles?» Jésus répondit: «Non, non, je ne veux pas aller. Elles se sont corrompues par leur propre volonté. Je permettrai que ce qui sert à leur nourriture serve à les infecter. Toi, si tu veux aller pour les aider, les réconforter, faire quelque chose, vas-y. Moi, non!»

Ainsi, j'ai laissé mon bien-aimé Jésus et je suis allée au milieu des créatures. J'ai aidé quelqu'un à bien mourir. Ensuite, j'ai vu d'où venait l'air infect et j'ai fait plusieurs pénitences pour l'éloigner. Après, je suis revenue en mon corps. Mon Jésus béni continua de se faire voir, mais en silence.

122.    23 mars 1902 — Le soutien de la vraie sainteté, c'est la connaissance de soi. Audio

Après que je me sois donné beaucoup de mal, mon très doux Jésus vint et me dit: «Ma fille, le soutien de la vraie sainteté, c'est la connaissance de soi.» Je répondis: «Vraiment ?» Il me dit: « Certainement, car la connaissance de soi détache l'âme d'elle-même, qui finit par s'appuyer totalement sur la connaissance qu'elle acquiert de Dieu. Ainsi, lorsqu'il ne reste plus rien de son être propre, de son moi, son oeuvre est celle de Dieu lui-même.»

Il ajouta: «Quand l'âme s'imprègne, se préoccupe entièrement de Dieu et de tout ce qui lui appartient, Dieu se communique totalement à elle. Si au contraire, l'âme s'occupe tantôt de Dieu et tantôt d'autre chose, Dieu ne se communique à elle que partiellement.»

123.    27 mars 1902 — À propos de la justice. Audio

Me trouvant hors de mon corps, je me suis mise à la recherche de mon très doux Jésus et, pendant que je me déplaçais, je l'ai aperçu dans les bras de la Reine Mère. Comme il était fatigué! Pleine de hardiesse, je l'ai presque arraché des bras de sa Maman et je l'ai pris dans mes bras en lui disant: «Mon Amour, c'est cela ta promesse de ne pas m'abandonner, alors que dans les jours passés tu es venu très peu, ou même pas du tout?»

Il me répondit: «Ma fille, j'étais avec toi, sauf que tu ne m'as pas vu clairement. D'ailleurs, si tes désirs avaient été assez ardents pour pouvoir brûler le voile qui t'empêchait de me voir, tu m'aurais certainement vu.»

Ensuite, comme pour me faire une exhortation, il ajouta: «Non seulement tu dois être droite, mais aussi juste. Entre dans la justice pour m'aimer, me louer, me glorifier, me rendre grâce, me bénir, me faire des réparations, m'adorer, non seulement pour toi-même, mais pour toutes les autres créatures. Ce sont les redevances de la justice que j'exige de chaque créature et qui me reviennent en tant que Créateur. Celui qui me refuse une seule de ces choses ne peut pas se dire juste. Pense donc à accomplir ton devoir de justice. Dans la justice, tu trouveras le commencement et l'aboutissement de la sainteté.»

124.    30 mars 1902 — Luisa voit Jésus ressuscité. Le vêtement de lumière de l'humanité ressuscitée de Jésus. Audio

Ce matin, me trouvant hors de mon corps, je vis brièvement mon adorable Jésus au moment de sa Résurrection. Il était revêtu d'un vêtement de lumière resplendissante, tellement que le soleil était obscurci devant cette lumière. Je fus enchantée et je dis: «Seigneur, je ne suis pas digne de toucher ton Humanité glorifiée, laisse-moi au moins toucher ton vêtement.»

Jésus me répondit: «Ma bien-aimée, que dis-tu? Après être ressuscité, je n'ai plus eu besoin de vêtements matériels. Mes vêtements sont maintenant de soleil, de lumière très pure qui couvre mon Humanité, cette Humanité qui resplendira éternellement en donnant une joie indicible à tous les sens des bienheureux dans le Ciel. Cela a été concédé à mon Humanité parce qu'il n'y a pas une partie de mon Humanité qui n'a pas été couverte d'opprobres, de douleurs et de plaies.»

Cela dit, Jésus disparut sans laisser de trace, ni de son Humanité, ni de ses vêtements. En d'autres mots, pendant que je voulais prendre ses vêtements sacrés entre mes mains, ils m'échappaient et je ne les trouvais pas.

125.    4 avril 1902 — En détruisant les biens moraux, on détruit aussi les biens physiques et temporels. Audio

Pendant que je demeure dans mon état habituel, mon adorable Jésus vient, mais presque toujours en silence. Ou, pour être plus exacte, il me dit des choses concernant la vérité. Il arrive que, aussi longtemps que le Seigneur est présent, je comprenne les paroles qu'il me dit et il me semble que je saurai les répéter. Mais, quand Jésus disparaît, cette lumière de vérité qui m'est infusée, je sens qu'elle m'est retirée, et je ne peux rien dire.

Ce matin, j'ai dû me donner beaucoup de peine à attendre Jésus et, quand il est venu, il m'a transportée hors de mon corps en se montrant très indigné. Pour l'apaiser, j'ai fait plusieurs actes de repentir, mais cela ne semblait pas lui plaire du tout. Je m'efforçai de varier les actes de repentir. Qui sait si quelque acte pourrait lui plaire? À la fin, je lui dis: «🙏Seigneur, je me repens des offenses faites par moi et par toutes les créatures de la terre, je me repens uniquement parce que nous t'avons offensé, toi le Bien suprême. Alors que tu mérites l'amour, nous avons osé t'offenser.💥» Il m'a semblé que ces dernières paroles plurent au Seigneur et qu'il a amoindri son indignation.

Après cela, il me transporta au milieu d'une route où se tenaient deux hommes en forme de bêtes totalement occupés à détruire toutes sortes de biens moraux. Ils me semblaient forts comme des lions et enivrés de passions. Ils semaient la terreur et l'épouvante. Jésus béni me dit: «Si tu veux m'apaiser un peu, passe au milieu de ces hommes pour les convaincre des maux qu'ils font, tout en affrontant leur fureur.»

Bien qu'un peu timide, j'y suis allée. Dès qu'ils me virent, ils voulurent me dévorer. Je leur dis: «Permettez que je vous parle et, après, vous ferez de moi ce que vous voudrez. Vous devez savoir que si vous arrivez à réaliser votre intention de détruire les biens moraux rattachés à la religion, aux vertus et au bien-être social, sans vous apercevoir de vos erreurs, vous arriverez en même temps à détruire tous les biens physiques et temporels. Car, plus on enlève aux biens moraux, plus on augmente les maux physiques. Par conséquent, sans vous en apercevoir, vous détruisez ces biens passagers que vous aimez tant et, non seulement vous travaillez contre votre propre bien, mais vous recherchez ce qui détruit votre propre vie, et vous serez la cause qui fera verser des larmes amères à vos survivants.»

Ensuite, j'ai fait un très grand acte d'humilité que je ne peux même pas décrire. Les deux hommes sont devenus comme deux êtres sortant d'un état de folie. Ils étaient tellement affaiblis qu'ils n'avaient pas même la force de me toucher. Ainsi, je suis passé librement au milieu d'eux. J'ai compris qu'aucune force ne peut résister à la raison et à l'humilité.

126.    16 avril 1902 — La façon de réprimer les passions. Contrôle des premiers mouvements de l'âme. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus ne venait pas. Alors, j'ai dit: «Qu'est-ce qu'il me reste à faire dans cet état si l'objet qui me tenait ravie ne vient plus? Il vaut mieux que j'y mette un terme une fois pour toutes.»

Pendant que je disais cela, mon doux Jésus est venu brièvement et m'a dit: «Ma fille, le point essentiel est de réprimer les premiers mouvements. Si l'âme est attentive à faire cela, tout ira bien. Mais, si elle ne le fait pas, les passions monteront à la surface et elles nuiront à la force divine qui, comme une barrière, entoure l'âme pour la garder bien protégée et pour éloigner ses ennemis qui cherchent toujours à lui tendre des pièges et à lui nuire.

«Dès que l'âme se rend compte d'un premier mouvement, si elle entre en elle-même, s'humilie, se repent et, avec courage, y renonce, la force divine encercle l'âme de nouveau. Si, au contraire, elle n'y renonce pas, les barrières de la force divine étant rompues, l'âme ouvre la porte à tous les vices.

«Par conséquent, sois attentive aux premiers mouvements, aux pensées et aux paroles qui ne sont pas droites et saintes, si tu veux que la force divine ne te laisse pas seule un seul instant. Autrement, si les premiers mouvements t'échappent, ce n'est plus l'âme qui règne, mais les passions qui dominent.»

127.    25 avril 1902 — La croix est un sacrement. Audio

Ce matin, je me suis retrouvée hors de mon corps. Après m'être mise à la recherche de mon doux Jésus, je l'ai trouvé. Il était dans un état tellement pitoyable que cela me crevait le coeur. Il avait les mains transpercées et contractées par l'âpreté des douleurs, de sorte qu'on ne pouvait les toucher. J'ai essayé de les toucher pour pouvoir détendre les doigts et pour en cicatriser les plaies, mais je n'ai pas pu, parce que Jésus béni pleurait à cause de ces douleurs intenses.

Ne sachant quoi faire, je l'ai serré contre moi et lui ai dit: « Mon Bien-Aimé, il y a déjà quelque temps que tu ne m'as pas fait participer aux douleurs de tes plaies. C'est peut-être pourquoi les choses se sont aggravées. Je te prie de me faire participer à tes souffrances. Ainsi, si je souffre, tes souffrances pourront diminuer.» Pendant que je parlais ainsi, un ange est apparu avec un clou dans la main et il m'a transpercé les mains et les pieds. Au moment où il enfonçait le clou dans mes mains, les doigts de mon cher Jésus se décontractaient et ses plaies se cicatrisaient.

Pendant que je souffrais, le Seigneur me dit: «Ma fille, la croix est sacrement. Chacun des sacrements produit ses effets spéciaux: celui-ci enlève le péché, celui-là confère la grâce, celui-ci uni à Dieu, celui-là donne la force, et beaucoup d'autres effets. Seule la croix unit tous ces effets ensemble en les reproduisant dans l'âme avec une telle efficacité qu'elle peut, en très peu de temps, rendre l'âme semblable à l'original d'où elle est sortie.» Ensuite, comme si Jésus avait voulu prendre du repos, il s'est retiré dans mon intérieur.

128.    29 avril 1902 — Celui qui veut Dieu dans sa totalité doit se donner totalement à Dieu. Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu pendant quelque temps. Il m'a dit: «Ma fille, celui qui veut Dieu dans sa totalité doit se donner totalement à Dieu.» Ensuite, il s'est enfermé en moi sans rien dire de plus. Alors, en le voyant tout près de moi, je lui ai dit: «Seigneur, aie compassion de moi. Ne vois-tu pas comment tout est aride et desséché dans mon âme? Il me semble que je suis devenue tellement sèche: c'est comme si je n'avais jamais reçu une goutte de pluie.»

Jésus me répondit: «C'est mieux ainsi. Ne sais-tu pas que plus les bûches sont sèches, plus le feu les dévore facilement et plus vite il les convertit en feu? Il suffit d'une seule étincelle pour les allumer. Mais, si les bûches sont pleines de sève et ne sont pas bien séchées, il faut un grand feu pour les embraser et beaucoup de temps pour les transformer en feu.

«Il en est ainsi dans l'âme. Lorsque tout y est sec, il ne suffit que d'une seule étincelle pour la transformer totalement en un feu d'amour divin.» Je lui dis: «Seigneur, tu te moques de moi. Combien tout est rude dans cet état de sécheresse! D'ailleurs, qu'est-ce que tu dois brûler, si tout est sec?» Il me répondit: «Je ne me moque pas de toi: tu ne comprends pas ce que je dis? Quand tout n'est pas sec dans l'âme, la complaisance est sève, la satisfaction est sève, le propre goût est sève, l'estime de soi est sève. Au contraire, quand tout y est sec et que l'âme opère, cette sève ne trouve pas de canaux pour s'écouler. Et le feu divin, en trouvant l'âme seule, dénudée et desséchée comme elle était lorsqu'elle a été créée par le Créateur, sans aucune sève étrangère circulant en elle, sinon cette nudité qui est son unique vêtement, il lui est très facile de convertir l'âme en son propre feu divin.

«Alors, je lui infuse une atmosphère de paix, la conservant par l'obéissance intérieure et la protégeant par l'obéissance extérieure. Cette paix enfante Dieu dans l'âme, Dieu dans sa totalité, c'est-à-dire dans toutes ses œuvres, dans toutes ses vertus et dans toutes les manières du Verbe incarné, de sorte que surgissent dans l'âme la simplicité du Verbe, son humilité, la dépendance de sa vie d'enfant, la perfection de ses vertus d'adulte, la mortification et le crucifiement de sa mort. De plus, cela commence toujours de la manière suivante: celui qui veut le Christ dans sa totalité doit se donner totalement au Christ.»

129.    16 mai 1902 — Deux états sublimes pour l'âme. Audio

Ce matin, après m'être donné beaucoup de peine, mon très doux Jésus est venu. Dès que je le vis, je l'ai serré fortement et lui ai dit: «Mon cher Bien, cette fois, je t'étreindrai tellement que tu ne pourras plus t'échapper.» Pendant ce temps, je me suis sentie toute remplie de Dieu, comme si j'étais inondée, de sorte que les puissances de mon âme sont restées comme fascinées et inopérantes. Elles regardaient seulement.

Après être demeurée quelque temps dans cet état d'inactivité — mais, quelle situation douce et agréable! — mon adorable Jésus me dit: «Ma fille, quelquefois, je remplis tellement l'âme de moi-même que, en se dispersant en moi, l'âme reste comme oisive. D'autres fois, je laisse une partie de l'âme vide et, alors, en ma présence, l'âme opère merveilleusement. Elle se lance dans des actes de louanges, d'action de grâce, d'amour, de réparation et autres et, de cette façon, elle remplit ces vides que je lui laisse. Ces deux états sont tous les deux des états sublimes et se donnent mutuellement la main.»

130.    22 mai 1902 — La très Sainte Vierge incite Jésus à faire souffrir Luisa. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni ne venait pas. Oh! comme j'ai souffert et combien de sottises j'ai dites! Il est inutile de raconter cela ici. Après m'être énormément fatiguée, je me suis sentie tout près d'une personne sans voir son visage. J'ai étendu la main pour la toucher et je l'ai trouvée avec sa tête appuyée sur mon épaule; elle était sans connaissance. Je l'ai regardée et j'ai reconnu mon doux Jésus. Il me semblait qu'il s'était évanoui à cause des nombreuses sottises que j'avais dites.

Dès qu'il eut repris connaissance, je ne sais combien d'autres sottises je voulais lui dire, mais il me dit: «Tais-toi, tais-toi! Il ne faut plus parler. Autrement tu me ferais perdre connaissance. Ton silence me permettra de reprendre vigueur et, ainsi, je pourrai au moins te donner un baiser, t'embrasser et te rendre heureuse.» Ainsi, j'ai gardé le silence et nous nous sommes embrassés maintes fois. Jésus me fit beaucoup de démonstrations d'amour, mais je ne sais les décrire.

Ensuite, je me suis retrouvée hors de mon corps et je me suis mise à la recherche du Bien-Aimé de mon âme. Ne le trouvant pas, j'ai levé les yeux vers le Ciel: qui sait si je ne le retrouverai pas. Là-haut, j'ai vu la Reine Mère et Jésus Christ placés dos à dos. Ils se disputaient et, comme Jésus ne voulait pas écouter sa Mère, il lui avait tourné le dos. Il avait l'air furieux et il me semblait que, de sa bouche, sortait le feu de sa colère.

La seule chose que j'ai comprise, c'est que, ce jour-là, Notre-Seigneur voulait détruire tout ce qui servait de nourriture à l'homme, alors que la très Sainte Vierge ne voulait pas cela. Jésus lui dit: «Mais, sur qui épancher le feu de ma colère?» La Mère lui répondit en me montrant du doigt: «Voici celle sur qui tu peux épancher ta fureur; ne sais-tu pas qu'elle est toujours prête à accomplir nos volontés.»

En entendant cela, Jésus se tourna vers sa Mère comme s'ils avaient fait une trouvaille. Ils appelèrent des anges en donnant à chacun une étincelle de ce feu qui sortait de la bouche de Jésus. Ces anges m'apportèrent ces étincelles; ils en mirent une dans ma bouche et les autres sur mes mains, mes pieds et mon coeur. Comme j'ai souffert! Je me sentais dévorée et rendue amère par ce feu. Cependant, j'étais résignée à tout supporter. Jésus béni et sa Mère étaient spectateurs de mes souffrances et Jésus semblait un peu apaisé.

Pendant ce temps, je réintégrai mon corps. Mon confesseur était là pour me rappeler à l'obéissance selon son habitude. Mieux que cela, il manifesta l'intention de me faire souffrir la crucifixion. Jésus se mit d'accord pour me partager ses souffrances. Il me sembla que mon confesseur avait complété l'oeuvre commencée par la Reine Mère. Que tout soit pour la gloire de Dieu. Qu'il soit toujours béni.

131.    2 juin 1902 — Le trône de Jésus est composé des vertus. L'âme qui possède les vertus le fait régner en elle. Audio

Ce matin, alors que je souffrais beaucoup, Jésus béni remua dans mon intérieur. Je vis qu'il s'y laissait embrasser et qu'il était comme soutenu par une autre personne. J'étais émerveillée de voir cela. Jésus me dit: «Ma fille, l'intérieur de l'âme est comme un amas de passions et, à mesure que l'âme progresse en détruisant ces passions, les vertus les remplacent, accompagnées de grâces diverses. Pendant que les vertus vont en se perfectionnant, mes grâces s'accroissent.

«Puisque mon trône est composé de vertus, la personne qui possède les vertus m'offre un trône pour que je puisse régner dans son coeur et elle me présente ses bras pour m'embrasser et me courtiser continuellement, jusqu'à ce que je trouve mes délices en sa compagnie.

«C'est un fait que l'âme peut se souiller, mais la vertu reste toujours intacte. Aussi longtemps que l'âme sait conserver la vertu, elle en a la possession. Mais, lorsque l'âme perd la vertu, il se fait comme un retour, c'est-à-dire, la vertu me revient, là d'où elle est sortie. Ne t'étonne donc pas si tu m'as vu ainsi dans ton intérieur.»

132.    15 juin 1902 — L'amour n'est pas un attribut de Dieu, il est sa nature. L'âme qui aime véritablement Jésus ne peut se perdre. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, mon adorable Jésus me transporta hors de mon corps et me dit: «Ma fille, on peut dire que toutes les vertus sont mes qualités et mes attributs. Mais on ne peut pas dire que l'amour soit un de mes attributs. Non, l'amour est ma nature même. Toutes les vertus forment mon trône et mes qualités, mais l'amour constitue mon être même.»

En entendant cela, je me suis souvenue que le jour précédent j'avais dit à une personne qui craignait pour son salut que celui qui aime vraiment Jésus Christ peut être sûr d'être sauvé. Quant à moi, je considère comme impossible que Notre- Seigneur éloigne de lui une âme qui l'aime de tout son coeur. C'est pourquoi j'ai dit à cette personne: «Pensons à l'aimer et nous tiendrons notre salut dans nos propres mains.»

Alors, j'ai demandé à mon aimable Jésus si, en disant cela, j'avais mal parlé. Il me répondit: «Ma bien-aimée, ce que tu as dit est juste, car l'amour a ceci qui lui est propre : de deux objets, il en forme un seul; de deux volontés, il en forme une seule. L'âme qui m'aime forme avec moi une seule chose, une seule volonté. Comment peut-elle donc se séparer de moi? Bien plus, ma nature étant l'amour, si elle trouve quelque étincelle d'amour chez l'homme, elle l'unit immédiatement à l'Amour éternel. Tout comme il est impossible de former deux âmes à partir d'une seule âme, deux corps à partir d'un seul corps, ainsi, il est impossible que celui qui m'aime vraiment aille à sa perte.»

133.    17 juin 1902 — La mortification produit la gloire. Audio

Ce matin, dès que j'ai vu mon bien-aimé Jésus, il me sembla le voir tenir dans sa main un papier sur lequel étaient écrits ces mots: «La mortification produit la gloire. Celui qui veut trouver la source de tous les plaisirs doit s'éloigner de tout ce qui peut déplaire à Dieu.» Ensuite, il disparut.

134.    29 juin 1902 — Jésus parle de la France. Audio

Ce matin, j'ai vu mon adorable Jésus. Sans en connaître la raison, je l'ai entendu, qui disait: «Pauvre France! Pauvre France! Tu t'es cabrée et tu as rompu et violé les lois les plus sacrées en me désavouant pour ton Dieu. Tu es devenue pour les autres nations un exemple pour les attirer vers le mal. Et ton exemple a tant de force que les autres nations sont sur le point de se ruiner. Mais sache cependant que, dans le châtiment que tu as mérité, et à cause même de ce châtiment, tu seras conquise.»

Ensuite, Jésus se retira dans mon intérieur. Je l'ai entendu chercher de l'aide, de la pitié et de la compassion pour ses souffrances. C'était déchirant d'entendre Jésus béni demander de l'aide à ses créatures.

135.    1er juillet 1902 — Les véritables âmes victimes doivent s'exposer aux souffrances de Jésus. Complots contre l'Église et contre le Pape. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps, agenouillée sur un autel en compagnie de deux autres personnes. Pendant ce temps, Jésus Christ apparut au-dessus de cet autel et dit: «Les véritables âmes victimes doivent être en communication avec ma propre vie. Elles doivent donner du fruit qu'elles ont cueilli en moi et s'exposer à mes propres souffrances.»

Pendant qu'il disait cela, il prit un ciboire dans sa main et donna la communion aux trois personnes présentes. Ensuite, derrière cet autel, il semblait y avoir une porte qui s'ouvrait sur une rue pleine de gens et bondée de démons, de sorte qu'on ne pouvait marcher sans être heurté par eux. Et comme ces démons étaient couverts d'épines très pointues, on ne pouvait faire un mouvement sans se sentir piqué jusque dans l'intérieur de sa chair.

J'aurais voulu m'enfuir à n'importe quel prix de ces fureurs diaboliques et je m'efforçais presque de le faire, mais je ne sais pas qui m'en empêchait. Jésus me dit: «Tout ce que tu vois, ce sont des complots contre l'Église et contre le Pape. Ils voudraient que le Pape sorte de Rome et, eux, ils envahiraient le Vatican et se l'approprieraient. Et si, toi, tu voulais te soustraire à ces troubles, les hommes et les démons prendraient de la force et ils projetteraient à l'extérieur ces épines qui blesseraient l'Église âprement. Mais, si tu te contentes de les souffrir, les uns et les autres en seront affaiblis.»

Quand j'ai entendu cela, je me suis arrêtée. Mais qui pourrait décrire ce que j'ai vécu et souffert? Je croyais que je ne pourrais plus quitter ces esprits diaboliques. Après être restée ainsi presque toute une nuit, la protection divine me libéra.

136.    3 juillet 1902 — Jésus parle à Luisa de sa vie eucharistique. Audio

Poursuivant dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps à l'intérieur d'une église. Ne voyant pas mon adorable Jésus, je suis allée frapper à la porte du tabernacle pour me faire ouvrir par Jésus. Comme Jésus ne m'ouvrait pas, je me suis enhardie et j'ai moi-même ouvert la porte. J'y ai trouvé mon seul et unique Bien. Qui pourrait décrire mon contentement! Je suis restée comme extasiée à regarder cette beauté indicible.

Lorsque Jésus me vit, il s'élança dans mes bras et me dit: «Ma fille, chaque période de ma vie évoque des actes particuliers de l'homme, ainsi que des degrés d'imitation, d'amour, de réparation et autres. Ma vie eucharistique est une vie toute d'effacement, de transformation et de continuelle consommation. Je peux dire qu'après que mon amour eut atteint un sommet extrême, et même qu'il se fut consommé sur la croix, ne pouvant trouver dans mon infinie sagesse d'autre signe extérieur de démonstration d'amour pour l'homme, j'ai voulu continuer de lui manifester mon amour en demeurant avec lui dans l'Eucharistie.

«Bien que mon Incarnation, ma vie et ma Passion sur la croix éveillent en l'homme l'amour, la louange, l'action de grâce et l'imitation, ma vie eucharistique éveille en lui un amour extatique, un amour d'effacement en moi, un amour de parfaite consommation. En se consumant dans ma vie eucharistique, l'âme peut dire qu'elle accomplit auprès de la Divinité les mêmes fonctions que je fais continuellement auprès de Dieu pour l'amour des hommes. Et cette consommation amènera l'âme dans la vie éternelle.»

137.    7 juillet 1902 — L'humiliation avec le Christ est le commencement de l'exaltation avec lui. Audio

Ce matin, comme mon Jésus béni ne venait pas, je me sentais toute confuse et humiliée. Après que je me sois donné beaucoup de peine, il se fit voir et me dit: «Luisa, toujours humiliée avec le Christ!» Et moi, heureuse d'entendre cela et désirant être humiliée avec lui, je dis: «Toujours, ô mon Seigneur!» Il répéta: «Le toujours de l'humiliation avec le Christ est le commencement du toujours de l'exaltation avec le Christ.»

Je compris que plus l'âme subit d'humiliations avec le Christ et par amour pour lui, et plus ces humiliations sont continuelles, plus le Seigneur exaltera cette âme. Cette exaltation, il la fera continuellement devant toute la Cour céleste, auprès des hommes et devant les démons eux-mêmes.

138.    28 juillet 1902 — Les effets de la prière continuelle. Audio

Poursuivant dans mon état habituel, je me suis retrouvée hors de mon corps. J'ai trouvé mon adorable Jésus et, comme il ne voulait pas que je voie les bêtises du monde, il me dit: «Ma fille, retire-toi. Il ne faut pas voir les très graves maux qui existent dans le monde.»

En me disant cela, il me retira lui-même et, en me conduisant, il me dit: «Ce que je te recommande, c'est d'acquérir l'esprit de prière continuelle. Cette continuelle attention de l'âme à toujours converser avec moi, soit avec le coeur, soit avec l'esprit, soit avec la bouche, et même avec la simple intention, la rend si belle à mes yeux que les notes de son coeur s'harmonisent avec les notes de mon Coeur. Je me sens tellement attiré à converser avec cette âme que non seulement je lui manifeste les oeuvres ad extra de mon Humanité, mais aussi un peu les oeuvres ad intra que ma Divinité opérait dans mon Humanité.

«De plus, la beauté que l'âme acquiert par l'esprit de prière continuelle est telle que le démon en est frappé comme par la foudre et frustré dans les embûches qu'il essaye de tendre à cette âme.» Cela dit, Jésus disparut et je suis revenue dans mon corps.

139.    31 juillet 1902 — La vraie charité doit être désintéressée. Audio

J'étais toujours dans mon état habituel. Plusieurs fois, je vis mon adorable Jésus, mais toujours en silence. Je me sentais toute confuse et je n'osais pas l'interroger. Cependant, il me semblait qu'il voulait me dire quelque chose qui blessait son Coeur sacré. Finalement, la dernière fois qu'il est venu, il me dit: «Ma fille, la vraie charité doit être désintéressée de la part de celui qui l'exerce et de la part de celui qui la reçoit. Si c'est l'intérêt personnel qui domine, cette fange produit une fumée qui aveugle l'esprit et qui empêche de recevoir l'influence et les effets de la charité divine.

«Voilà pourquoi, dans beaucoup d'oeuvres que l'on accomplit, même dans les oeuvres saintes, dans beaucoup de soins charitables que l'on dispense, on sent comme un vide, et l'âme ne reçoit pas le fruit de la charité qu'elle exerce.»

140.    2 août 1902 — Tout au cours de sa vie, Jésus réparait pour tous en général et pour chacun en particulier. Audio

Ce matin, j'éprouvais beaucoup de mal. Mon adorable Jésus est venu à l'improviste en répandant des rayons de lumière. Je me suis trouvée investie de cette lumière et, je ne sais comment, je me suis retrouvée à l'intérieur de Jésus Christ.

Qui pourrait dire combien de choses j'ai comprises à l'intérieur de cette Humanité très sainte? Je peux seulement dire que la Divinité dirigeait en tout l'Humanité de Jésus. Et comme la Divinité peut faire en un seul instant autant d'actes que chacun de nous peut ou veut faire durant toute sa vie, et comme la Divinité opérait dans l'Humanité de Jésus Christ, j'ai compris clairement que, tout au cours de sa vie, Jésus béni refaisait pour tous en général et pour chacun en particulier tout ce que chacun doit faire envers Dieu.

Ainsi, Jésus adorait Dieu pour chacun en particulier, il rendait grâce, il réparait, il glorifiait pour chacun, il louait, il souffrait et il priait pour chacun. Alors, j'ai compris que tout ce que chacun doit faire a déjà été fait dans le Coeur de Jésus Christ.