📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 12


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française de — Book of Heaven 

par l'équipe de bénévoles de Guy Harvey

1.     16 mars 1917 — L’étroite union entre l’âme et Dieu n’est jamais rompue.

Je poursuivais dans mon état habituel et mon aimable Jésus se montra soudainement. Comme j’étais en train de me plaindre, il me dit: «Ma fille, ma fille, ma pauvre fille, si tu savais tout ce qui doit arriver, tu souffrirais grandement. Aussi, pour t’épargner d’aussi grandes souffrances, j’essaie de t’éviter.»

Quant à moi, j’ai poursuivi avec mes plaintes en disant: «Ma Vie, je ne m’attendais pas à ça de toi. Toi qui sembles incapable d’être sans moi, tu passes maintenant des heures et des heures loin de moi; il semble parfois que tu veux laisser passer toute la journée ainsi. Jésus, ne me fais pas cela! Comme tu as changé!»

Il m’interrompit en disant: «Calme-toi, calme-toi! Je n’ai pas changé, je suis immuable. Quand je me suis communiqué à une âme, que je l’ai tenue contre moi, lui ai parlé et l’ai comblée de mon Amour, cette communion entre elle et moi n’est jamais rompue. Au plus, les manières changent. À un moment, je me manifeste d’une manière, à un autre, d’une autre manière; je sais toujours inventer de nouvelles manières pour épancher mon Amour. Ne vois-tu pas que si je ne t’ai rien dit le matin, je te parle le soir?

«Quand les gens lisent les "applications" des Heures de ma Passion¹, je remplis ton âme jusqu’à déborder et je te parle de choses intimes dont je ne t’ai jamais parlé auparavant, de la manière de me suivre dans mes voies. Ces "applications" sont le miroir de ma vie intérieure et celui qui se modèle sur elles reproduit ma vie en lui. Oh! comme elles révèlent mon Amour et ma soif pour les âmes, ressentis dans toutes les fibres de mon Coeur, dans chacune de mes respirations, dans chacune de mes pensées, etc.!

«En fait, je te parle plus que jamais mais dès que j’ai fini je me cache et, ne me voyant pas, tu dis que j’ai changé. J’ajouterai que lorsque tu ne répètes pas avec ta voix ce que je t’ai dit intérieurement, tu empêches l’épanchement de mon Amour.»

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¹ Il est ici fait allusion à l’écrit de Luisa intitulé "Les 24 Heures de la Passion".

2.    18 mars 1917 — Effets bénéfiques dont profite celui qui se fond en Jésus.

Je priais en me fondant complètement en Jésus. Je voulais avoir toutes les pensées de Jésus en mon pouvoir pour les déposer dans les pensées des créatures et ainsi réparer pour tout ce qui n’est pas selon son Coeur dans leurs pensées, et ainsi de suite pour tout le reste. Mon doux Jésus me dit: «Ma fille, pendant que j’étais sur la terre, mon Humanité unissait toutes les pensées des créatures aux miennes. Ainsi, chacune de leurs pensées se reflétait dans mon Esprit, chacun de leurs mots dans ma voix, chacun de leurs battements de coeur dans mon Coeur, chacune de leurs actions dans mes mains, chacun de leurs pas dans mes pieds, et ainsi de suite. Ce faisant, je présentais des réparations divines au Père.

«De plus, tout ce que j’ai fait sur la terre, je le continue dans le Ciel: pendant que les créatures pensent, leurs pensées se versent dans mon Esprit; quand elles voient, je sens leur regard dans le mien, etc. Ainsi, entre elles et moi, un courant passe continuellement, de la même manière que la tête est en continuelle communication avec les membres du corps. Je dis au Père: "Mon Père, ce n’est pas seulement moi qui te prie, fais réparation et t’apaise, mais il y a des créatures qui font avec moi ce que je fais. Par leurs souffrances, elles remplacent mon Humanité maintenant glorieuse et incapable de souffrir."

«Les âmes qui se fondent en moi répètent ce que j’ai fait. Quand elles seront avec moi au Ciel, quel sera leur contentement, elles qui ont vécu en moi et qui, avec moi, ont embrassé toutes les créatures et réparé pour chacune! Elles continueront leur vie en moi. Et quand les créatures encore sur la terre m’offenseront dans leurs pensées, les pensées de ces âmes se répercuteront dans l’esprit de ces âmes blessées [de la terre] et continueront les réparations qu’elles faisaient pendant qu’elles étaient sur la terre. Avec moi, elles seront des sentinelles d’honneur devant le trône divin. [Quand les âmes qui auront vécu dans la Divine Volonté, et qui auront réparé comme Jésus dans son Humanité seront dans le Ciel, elles continueront à travailler de la même façon que lorsqu’elles étaient sur la terre pour les âmes blessées de la terre. Elles seront ainsi des sentinelles près du trône de Dieu. JV] Quand les créatures sur la terre m’offenseront, elles feront les actes opposés dans le Ciel. Elles seront les gardiennes de mon trône et auront les places d’honneur. Elles seront celles qui me comprendront le mieux. Elles seront les plus glorieuses. Leur gloire sera fondue dans la mienne et la mienne dans la leur.

«Par conséquent, que ta vie sur la terre soit complètement fondue dans la mienne. Ne fais aucune action sans passer par moi. Chaque fois que tu te fonds en moi, je verse en toi des grâces nouvelles et une lumière nouvelle. Je serai une sentinelle vigilante de ton coeur pour te préserver de l’ombre même du péché; je te garderai comme ma propre Humanité et commanderai aux anges de former une couronne autour toi, de sorte que tu sois défendue contre tous et tout.»

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🤔 Réflexions et questionnements

3.    28 mars 1917 — Effets des "je t’aime" de Jésus. Jésus regarde la bonne volonté de l’âme. [Effets de la fusion en Jésus.]

J’étais dans mon état habituel et mon toujours aimable Jésus se montra brièvement. Il était si affligé qu’il faisait pitié. Je lui ai dit: «Qu’est-ce qui ne va pas, Jésus?» Il me répondit: «Ma fille, il surviendra des choses soudaines et inattendues; des révolutions éclateront un peu partout. Oh! comme les choses vont empirer!» Puis, tout accablé, il resta silencieux.

Je lui dis: «Vie de ma vie, dis-moi une autre parole.» En faisant comme s’il voulait souffler en moi, il me dit: «Je t’aime.» Par ce "je t’aime", il me sembla que chaque être humain et chaque chose recevaient une vie nouvelle. Je continuai: «Jésus, dis encore une autre parole.» Il reprit: «Je ne peux pas te dire une plus belle parole que "Je t’aime". Venant de moi, ce "je t’aime" remplit le Ciel et la terre. Il circule chez les saints qui en reçoivent une gloire nouvelle. Il descend dans le coeur des pèlerins terrestres dont quelques-uns reçoivent la grâce de la conversion et d’autres celle de la sanctification. Il pénètre dans le purgatoire et répand sur les âmes qui s’y trouvent une rosée bénéfique et rafraîchissante. Même les éléments se sentent investis d’une vie nouvelle dans leur fécondité et leur croissance. Tous entendent le "je t’aime" de ton Jésus!

«Sais-tu quand l’âme attire vers elle un "je t’aime" de ma part? Quand, se fondant en moi, elle prend l’attitude divine et fait tout ce que je fais.» Sur ce, je dis à Jésus: «Mon Amour, il est difficile de toujours avoir cette attitude divine.» Il poursuivit: «Ma fille, si l’âme ne peut pas toujours faire ainsi dans ses actions courantes, elle peut le faire par sa bonne volonté. Alors, je suis tellement content d’elle que je me fais la sentinelle vigilante de toutes ses pensées, de tous ses mots, de tous ses battements de coeur, etc., les plaçant [je les place] à l’intérieur et à l’extérieur de moi comme escorte, les regardant [ et je les regarde] avec amour comme des fruits de sa bonne volonté.

«Quand, se fondant en moi, l’âme fait ses actions courantes en union avec moi, je me sens si attiré vers elle que je fais avec elle tout ce qu’elle fait, changeant ses actions en actions divines. Je tiens compte de tout et récompense tout, même les plus petites choses. Aucun de ses actes de bonne volonté ne reste sans récompense.»

4.    2 avril 1917 — La souffrance d’être privée de Jésus est une souffrance divine.

Je me plaignais à mon toujours aimable Jésus à propos de mon habituelle privation de lui en lui disant: «Mon Amour, quelle mort continuelle! La privation de toi est une mort et cette mort est d’autant plus cruelle qu’elle ne conduit pas effectivement à la mort. Je ne comprends pas comment la bonté de ton Coeur puisse tolérer de me regarder souffrir ces morts continuelles et de me laisser encore vivante.»

Pendant que j’entretenais ces pensées, Jésus béni vint et, me pressant fermement sur son Coeur, me dit: «Ma fille, presse-toi bien fort contre mon Coeur et reprends vie. Sache que la souffrance qui me satisfait et me plaît le plus, qui est la plus puissante et ressemble le plus à la mienne, est celle de la privation de moi, car c’est une souffrance divine. Les âmes me tiennent tellement à coeur qu’elles sont comme enchaînées à mon Humanité. Et quand l’une d’elles se perd, la chaîne qui la retient à moi est rompue et j’en ressens une douleur comme si un membre m’était arraché.

«Et qui peut réparer cette chaîne rompue, réparer la déchirure? Qui peut me ramener cette âme, lui redonner vie? Les souffrances de la privation de moi, car ce sont des souffrances divines. Mes souffrances causées par la perte des âmes sont divines; les souffrances des âmes qui ne me voient pas et ne me ressentent pas sont divines. Ces deux espèces de souffrances divines se rencontrent, s’embrassent et ont une telle puissance qu’elles peuvent prendre les âmes séparées de moi et les réunir de nouveau à mon Humanité.

«Ma fille, est-ce que la privation de moi te coûte beaucoup? Si oui, ne rends pas inutile une souffrance d’un si grand prix. Puisque je te donne cette souffrance, ne la garde pas pour toi seule mais fais-la circuler chez les combattants pour saisir les âmes au milieu de la bataille et les enfermer en moi. Que ta souffrance circule dans le monde entier pour sauver les âmes et me les rapporter toutes.»

5.    12 avril 1917 — Ce ne sont pas les souffrances qui rendent les âmes malheureuses, mais quand quelque chose manque à leur amour pour Dieu.

Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus vint. Comme je souffrais un peu, il me prit dans ses bras et me dit: «Ma fille bien-aimée, ma chère petite fille, repose-toi en moi; ne garde pas tes souffrances pour toi seule mais joins-les à ma Croix comme escorte et soulagement à mes douleurs. Mes souffrances se joindront aux tiennes et te soutiendront. Nos souffrances brûleront dans un même feu. Je verrai tes souffrances comme si elles étaient miennes. Je leur donnerai les mêmes effets et la même valeur que les miennes quand j’étais sur la Croix; elles rempliront le même office devant mon Père pour les âmes.

«Mieux encore, viens toi-même sur la Croix; comme nous y serons heureux, même en souffrant! En fait, ce n’est pas la souffrance qui rend la créature malheureuse; au contraire, souffrir la rend victorieuse, glorieuse, riche et belle. Elle devient malheureuse quand quelque chose manque à son amour. Unie à moi sur la Croix, tu seras satisfaite en tout par l’amour. Tes souffrances seront amour, ta vie sera amour et, ainsi, tu seras heureuse.»

6.   18 avril 1917 — Se fondre avec Jésus dans la Divine Volonté résulte en une rosée bénéfique sur toute la Création.

Je me fondais en mon doux Jésus afin de pouvoir me diffuser dans toutes les créatures et les fondre toutes en lui. Je voulais me tenir entre Jésus et les créatures pour qu’elles soient incapables d’offenser Jésus. Pendant que je faisais ainsi, Jésus me dit: «Ma fille, quand tu te fonds avec moi dans ma Volonté, un soleil est formé en toi. Pendant que tu penses, que tu aimes, que tu répares, etc., les rayons de ce soleil se forment et, en arrière-plan, ma Volonté couronne ces rayons. Ce soleil s’élève dans le ciel et rayonne comme une rosée bénéfique sur toutes les créatures. Plus tu te fonds en moi, plus tu formes de tels soleils.

«Oh! comme il est beau de voir ces soleils qui, s’élevant, se fondent dans mon propre Soleil et font descendre une rosée bienfaisante sur tout! Combien de grâces les créatures ne reçoivent-elles pas ainsi! J’en suis si saisi que, dès qu’une âme se fond en moi, je fais pleuvoir sur elle des grâces en abondance, de manière à ce qu’elle forme un soleil encore plus grand pour pouvoir ensuite verser une rosée plus abondante sur tout.»

Par la suite, pendant que je me fondais en lui, j’ai ressenti la lumière, l’amour et les grâces pleuvoir sur ma tête.

7.    2 mai 1917 — Jésus mourait continuellement sans mourir. Luisa participe à cette souffrance de Jésus.

Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à mon doux Jésus d’être privée de sa présence en disant: «Mon Amour, qui pourrait savoir à quel point la privation de toi m’est pénible? Je me sens mourir petit à petit. Chaque action que je fais est une mort que je ressens parce que je ne trouve pas celui qui est ma vie. Mourir et vivre en même temps est plus cruel que la mort; c’est une double mort.»

Mon aimable Jésus vint et me dit: «Ma fille, sois courageuse et ferme en tout! Et puis, ne veux-tu pas m’imiter? Je suis également mort petit à petit. Pendant que les créatures me heurtaient dans mes pas, je sentais mes pieds se déchirer avec des spasmes capables de me donner la mort. Cependant, même si je me sentais mourir, je ne mourais pas. Quand les créatures m’offensaient par leurs actions, je sentais la mort dans mes mains; je me sentais mourir, mais la Volonté de mon Père m’empêchait de mourir. Les mauvaises conversations et les horribles blasphèmes des créatures retentissaient dans ma voix; alors je me sentais suffoquer, je sentais la mort dans ma voix, mais je ne mourais pas.

«Et mon Coeur torturé? Pendant qu’il palpitait, je sentais les mauvaises vies des créatures et les âmes qui se détachaient de moi; mon Coeur était sans cesse déchiré et lacéré. Je mourais continuellement pour chaque créature, pour chaque offense. Là encore, l’Amour et la Divine Volonté me contraignaient à vivre. C’est la raison pour laquelle toi aussi tu meurs petit à petit. Je te veux à mes côtés; je veux ta compagnie dans mes morts. N’es-tu pas heureuse?»

8.    10 mai 1917 — Le souffle de Dieu donne vie et mouvement à toutes les créatures.

Poursuivant dans mon état misérable, j’essayais de me fondre en mon doux Jésus selon mon habitude. Cependant, tous mes efforts étaient inutiles; Jésus lui-même me distrayait. En respirant bruyamment, il me dit: «Ma fille, la créature n’est rien d’autre que mon souffle. Quand je respire, je donne vie à tout. Toute vie est dans la respiration. Si la respiration manque, le coeur ne bat plus, le sang ne circule plus, les mains deviennent inertes, l’intelligence se meurt, et ainsi de suite. La vie humaine réside dans le don de mon souffle et dans son acceptation.

«Cependant, alors que je donne vie et mouvement aux créatures par mon saint souffle — par lequel je veux les sanctifier, les aimer, les embellir, les enrichir, etc. — , celles-ci me répondent par leur souffle chargé d’offenses, de rébellions, d’ingratitudes, de blasphèmes, etc. En somme, j’envoie un souffle pur et il me revient un souffle impur; j’envoie un souffle de bénédictions et il me revient un souffle de malédictions; j’envoie un souffle d’Amour et je reçois dans le plus profond de mon Coeur un souffle d’offenses. Mais mon Amour me fait continuer d’envoyer mon souffle pour maintenir les machines de la vie humaine; autrement, elles ne fonctionneraient plus et seraient détruites.

«Ah! ma fille, sais-tu comment la vie humaine est entretenue? Par mon souffle. Quand je trouve une âme qui m’aime, comme son souffle m’est doux! Comme elle me réjouit! Je me sens tout heureux. Entre elle et moi se répercutent des échos harmonieux. Cette âme est distincte de toutes les autres créatures et il en sera ainsi au Ciel. Ma fille, je ne pouvais contenir mon Amour et je lui ai donné libre cours avec toi.»

Je n’ai pas été capable de me fondre en Jésus aujourd’hui, parce qu’il m’a tenue occupée par son souffle. Combien de choses j’ai comprises que je ne sais pas exprimer; aussi, je m’arrête ici.

9.    12 mai 1917 — Douter de l’Amour de Jésus et craindre d’être damné attriste son Coeur.

Mon toujours aimable Jésus n’était pas venu et j’en étais très affligée. Pendant que je priais, la pensée suivante vint à mon esprit: «T’est-il jamais venu à l’esprit que tu pourrais être damnée?» Vraiment, je ne pense jamais à ça et j’étais un peu étonnée que cette pensée vienne à mon esprit. Mon bon Jésus, qui veille toujours sur moi, bougea en moi et me dit:

«Ma fille, cette pensée est une bizarrerie qui attriste grandement mon Amour. Si une fille disait à son père: "Je ne suis pas ta fille; tu ne me donneras pas une part de ton héritage; tu ne veux pas me donner de nourriture, tu ne me veux pas dans ta maison", et qu’elle s’en affligeait, que dirait le pauvre père? Il dirait: "Absurde! cette fille est folle!" Puis, avec amour, il ajouterait: "Si tu n’es pas ma fille, la fille de qui es-tu donc? Tu vis sous mon toit, tu manges à ma table, je t’habille avec l’argent gagné par mon labeur; si tu es malade, je t’assiste et je te procure tous les soins pour que tu guérisses. Pourquoi donc doutes-tu que tu es ma fille?"

«Avec beaucoup plus de raisons encore, je dirais à celui qui douterait de mon Amour et craindrait d’être damné: "Qu’est-ce à dire? Je te donne ma Chair à manger; tu vis de tout ce qui m’appartient; si tu es malade, je te guéris avec les sacrements; si tu es sale, je te lave avec mon Sang. Je suis toujours à ta disposition et tu doutes? Veux-tu m’attrister? Et puis, dis-moi, aimerais-tu quelqu’un d’autre? En reconnais-tu un autre comme père? Et tu dis n’être pas ma fille?" Et s’il n’en est pas ainsi pour toi, pourquoi t’affliges-tu et m’attristes-tu? L’amertume que les autres me donnent n’est-elle pas suffisante? Veux-tu, toi aussi, mettre le chagrin dans mon Coeur?»

10.    16 mai 1917 — Les avantages que l’on trouve à se fondre en Jésus. Les "Heures de la Passion" mettent la Rédemption en action.

Me trouvant dans mon état habituel, je me fondais totalement en mon doux Jésus et je me déversais dans toutes les créatures dans le but de les remplir de lui. Mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, chaque fois que la créature se fond en moi, elle communique les influences divines à toutes les créatures qui, selon leurs besoins, sont ainsi visitées: ceux qui sont faibles ressentent la force; ceux qui sont obstinés dans le péché reçoivent la lumière; ceux qui souffrent reçoivent le réconfort; et ainsi de suite.»

Après cela, je me suis retrouvée hors de mon corps au milieu de beaucoup d’âmes. Il me semblait que c’était des âmes du purgatoire et des saints. Ces âmes me parlaient d’une personne morte récemment que je connaissais. Elles me disaient: «Comme elle est contente que les âmes qui portent l’empreinte des "Heures de la Passion" ne passent pas par le purgatoire! Escortées par ces Heures, elles prennent position dans un endroit sécuritaire. De plus, il n’est pas une âme qui vole au Paradis qui ne soit accompagnée des "Heures de la Passion". Ces Heures répandent continuellement la rosée du Ciel sur la terre, dans le purgatoire et même dans le Ciel.»

En entendant cela je me disais: «Peut-être que pour tenir parole — à savoir que pour chaque mot des "Heures de la Passion", Jésus sauverait une âme —, mon bien-aimé Jésus accorde qu’il n’y ait pas d’âmes sauvées qui ne le soient par l’intermédiaire de ces Heures.» Après, je suis revenue dans mon corps et, ayant trouvé mon doux Jésus, je lui ai demandé si cela était vrai. Il me dit: «Ces Heures mettent en harmonie le Ciel et la terre et m’empêchent de détruire le monde. Je sens mon Sang, mes Plaies, mon Amour et tout ce que j’ai fait mis en circulation et se répandre sur tout pour tout sauver. Quand on médite ces Heures de la Passion, je sens mon Sang, mes Plaies et mes anxiétés pour le salut des âmes mis en motion; je sens ma vie se répéter. Comment les créatures peuvent-elles obtenir quelque bien si ce n’est par le truchement de ces Heures? Pourquoi en doutes-tu? La chose n’est pas la tienne mais la mienne. Tu as été le faible instrument.»

11.    7 juin 1917 — Quand Jésus trouve que tout dans une âme lui appartient, il la fond en lui-même.

Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à propos de la privation de mon doux Jésus en lui disant: «Quelle séparation amère! Tout est fini pour moi! Je suis devenue la créature la plus malheureuse qui soit!»

M’interrompant, il me dit: «Ma fille, de quelle séparation parles-tu? L’âme est séparée de moi seulement quand elle permet à quelque chose qui ne m’appartient pas d’entrer en elle. Quand j’entre dans une âme et que je trouve sa volonté, ses désirs, ses affections, ses pensées, son coeur, etc. entièrement à moi, je l’absorbe en moi par le feu de mon Amour en maintenant sa volonté fondue avec la mienne de telle manière que nous ne fassions qu’un.

«Je fonds ses affections, ses pensées et ses désirs dans les miens; et quand j’en ai formé un seul liquide, je le verse sur mon Humanité comme une rosée céleste se transformant en autant de gouttelettes de rosée que je reçois d’offenses. Ces gouttelettes me baisent, m’aiment, me font réparation et parfument mes Plaies rouvertes. Et comme je suis toujours à faire du bien à toutes les créatures, cette rosée descend pour le bien de tous.

«Mais si je trouve dans l’âme quelque chose qui ne m’appartient pas, je suis incapable de fondre ses choses avec les miennes. Seulement les choses similaires peuvent se fondre et avoir la même valeur. Si, dans l’âme, il y a du fer, des épines et des pierres, comment peuvent-elles se fondre ensemble? Il y a alors séparation, insatisfaction. Si rien de cela n’existe dans ton coeur, comment puis-je me séparer de toi?»

12.     14 juin 1917 — Plus l’âme se dépouille d’elle-même, plus Jésus la revêt de lui-même.

Poursuivant dans mon état habituel, 🙏 j’implorais mon aimable Jésus de venir en moi pour aimer, prier et réparer à ma place, étant donné mon incapacité de faire quoi que ce soit par moi-même. 🔥 Ému de compassion à cause de mon néant, mon doux Jésus vint en moi pour aimer, prier et réparer avec moi. Il me dit:

«Ma fille, plus l’âme se dépouille d’elle-même, plus je la revêts de moi. Plus elle croit qu’elle ne peut rien faire par elle-même, plus je travaille et fais tout en elle. Je ressens que mon Amour, mes prières et mes réparations sont mis à contribution par elle. Et, pour mon honneur, je regarde ce qu’elle veut faire: 

❤️ Veut-elle aimer? Je viens et j’aime avec elle. Veut-elle prier? Je prie avec elle. ☀️ En somme, son annihilation et son amour, qui sont miens, m’attachent à elle et m’obligent à faire avec elle ce qu’elle veut; et je lui donne le mérite de mon Amour, de mes prières et de mes réparations. Avec un immense contentement, je sens ma vie se répéter et je fais descendre les fruits de mes actes pour le bien de tous, parce qu’il ne s’agit pas de choses de la créature (cachée en moi), mais des miennes.»

13.    4 juillet 1917 — Toutes les souffrances des créatures ont été d’abord vécues par Jésus. Celui qui vit dans la Divine Volonté partage la vie eucharistique de Jésus dans les tabernacles.

Poursuivant dans mon état habituel, je souffrais quelque peu. En venant, mon adorable Jésus se plaça devant moi; il me semblait y avoir plusieurs lignes de communication entre lui et moi. Il me dit:

«Ma fille, chaque souffrance de l’âme est une communication additionnelle entre elle et moi. C’est que toutes les souffrances que la créature peut vivre ont été souffertes dans mon Humanité et furent ainsi revêtues d’un caractère divin. Et puisque la créature ne peut pas les vivre toutes ensemble, ma bonté les lui communique peu à peu. À travers ses souffrances, l’union avec moi grandit; elle grandit non seulement à travers ses souffrances, mais aussi à travers tout ce que l’âme fait de bien. C’est ainsi que se développent des liens entre la créature et moi.»

Un autre jour, je pensais à la chance que d’autres âmes ont de pouvoir être devant le Saint Sacrement pendant qu’à moi, pauvre petite chose, cela m’est refusé. Alors, mon Jésus béni me dit: «Ma fille, quiconque vit dans ma Volonté reste avec moi dans le tabernacle et prend part à mes souffrances provenant des froideurs, des irrévérences et de tout ce que les âmes font subir à ma présence sacramentelle.

«Quiconque vit dans ma Volonté doit exceller en tout et la place d’honneur lui est réservée. Qui a le plus de profit: celui qui est devant moi [devant le Tabernacle] ou celui qui est avec moi [dans ma Volonté]? Pour celui qui vit dans ma Volonté, je ne tolère même pas la distance d’un pas entre lui et moi, ni de différence entre nous dans la douleur ou la joie. Peut-être que je le placerai sur la Croix, mais je l’aurai toujours avec moi.

«Voilà pourquoi je te veux toujours dans ma Volonté: je veux te donner la première place dans mon Coeur sacramentel. ❤️ Je veux sentir ton coeur battre dans le mien avec le même amour et les mêmes peines que moi. Je veux sentir ta volonté dans la mienne de manière à ce qu’en se multipliant en chacun, elle me donne, d’un simple acte, les réparations et l’amour de tous. Je veux sentir ma Volonté dans la tienne qui, rendant mienne ta pauvre humanité, la présente devant la Majesté du Père comme une victime perpétuelle.»☀️

14.     7 juillet 1917 — Les souffrances et les actions passées de l’âme qui vit dans la Divine Volonté sont toujours actuelles et agissantes.

Je me fondais dans mon doux Jésus, mais je me voyais si misérable que je ne savais pas quoi lui dire. Pour me consoler, mon toujours aimable Jésus me dit: «Ma fille, pour quiconque vit dans ma Volonté, il n’existe ni passé ni futur, mais tout est présent [tout est en acte présent]. Tout ce que j’ai fait ou souffert est actuel; ainsi, si je veux donner satisfaction au Père ou faire du bien aux créatures, je peux le faire comme si j’étais en train d’agir ou de souffrir. Les choses que les créatures peuvent souffrir ou faire dans ma Volonté sont jointes à mes souffrances et à mes actes avec lesquels elles ne font qu’un [comme un "acte présent"]

«Quand une âme veut me dire son amour à l’aide de ses souffrances, elle peut faire appel à ses souffrances passées — qui sont toujours actuelles — pour renouveler l’amour et les satisfactions qu’elle m’offre. Pour ma part, quand je vois l’ingénuité de cette créature qui, pour me donner amour et satisfaction, met ses actions et ses souffrances passées comme dans une banque pour les multiplier et gagner des intérêts, alors, pour l’enrichir plus encore et pour ne pas me laisser vaincre en amour, j’adjoins mes propres souffrances et mes propres actes aux siens.»

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 😇 Tout ce que Jésus a fait et souffert, toute la satisfaction qu'il a donnée au Père (en réparation et en glorification), tout le bien qu'il a fait aux créatures (les grâces que les créatures reçoivent), tout est encore "actuel" dans un "acte présent". Ni passé, ni présent, ni futur; tout est là, comme dans un point, comme dans un éternel présent. 

En conséquence, une créature qui se fusionne à la Volonté divine — peut joindre ses souffrances actuelles — et ou — ses souffrances passées "mais toujours actuelles dans un éternel présent"— à celles de Jésus pour les offrir au Père Éternel et pour le bien des créatures — comme Jésus l'a fait lors de Son Incarnation  — ou plutôt — comme Jésus le fait encore, actuellement, dans cet espace éternel. 

15.     18 juillet 1917 — Celui qui vit dans la Divine Volonté vit aux dépens de Jésus. Il a fait les créatures pour que son Amour trouve en elles une issue.

Poursuivant dans mon état habituel, j’essayais de me jeter entièrement dans la sainte Volonté de mon Jésus et je l’implorais de se fondre entièrement en moi de manière à ce que je ne me ressente plus moi-même, mais que je ne ressente que lui. Jésus béni vint et me dit:

«Ma fille, quand une âme vit et agit dans ma Volonté, je la ressens partout en moi. Je la ressens dans mon Esprit et ses pensées se joignent aux miennes. Comme c’est moi qui diffuse la vie dans l’intelligence des créatures, cette âme se diffuse avec moi dans l’esprit des créatures; quand elle voit que des créatures m’offensent, elle ressent ma peine. Je la ressens aussi dans les battements de mon Coeur; en fait, je ressens un double battement dans mon Coeur et, quand mon Amour s’épanche dans les créatures, elle s’épanche avec moi; si je ne suis pas aimé, elle m’aime pour chacun, elle me console. Dans mes désirs, je sens les désirs de cette âme; dans mes travaux, je sens les siens, et ainsi de suite. En somme, on peut dire que cette âme vit à mes dépens.»

Je lui dis: «Mon Amour, tu peux tout faire par toi-même et tu n’as aucunement besoin des créatures. Pourquoi donc aimes-tu tant que les créatures vivent dans ta Volonté?» Il me répondit: «Il est vrai que je n’ai besoin de rien ni de personne et que je peux tout faire par moi-même. Cependant, pour vivre, l’Amour a besoin de débouchés. Prenons le soleil: il n’a pas besoin de lumière, il se suffit à lui-même et procure ses bienfaits aux autres. Cependant, il existe aussi d’autres petites lumières et, sans s’arrêter au fait qu’il n’a pas besoin d’elles, il les veut en lui comme compagnes et comme débouchés à sa lumière afin d’agrandir leur petite lumière. Quel mal les petites lumières ne lui feraient-elles pas si elles refusaient sa lumière?

«Ah! ma fille, quand la volonté est seule, elle est stérile; quand l’amour est seul, il languit et dépérit! J’aime tant les créatures que je les veux unies à ma Volonté pour les rendre fertiles et leur donner une vie d’amour; ainsi, mon Amour trouvera un débouché. J’ai fait les créatures seulement pour que mon Amour trouve en elles une issue et pour rien d’autre.»

16.    25 juillet 1917 — Les calamités présentes ne sont qu’un début. Jésus purifie l’âme qu’il veut admettre dans sa Volonté.

Poursuivant dans mon état habituel, je me plaignais à Jésus et le priais de mettre un terme à ses châtiments. Il me dit: «Ma fille, tu te plains? Pourtant, tu n’as encore rien vu. De grands châtiments viennent. Les créatures sont devenues insupportables. Sous les châtiments, elles se rebellent davantage plutôt que de reconnaître que c’est ma main qui frappe! Il ne me reste pas d’autre recours que de les exterminer. Ainsi, je pourrai enlever toutes ces vies qui infestent la terre et tuent les générations montantes. N’attends donc pas la fin des maux, mais plutôt d’autres encore pires. Il n’y aura aucune partie de la terre qui ne sera inondée de sang.»

À ces mots, j’ai senti mon coeur se briser. Pour me consoler, Jésus me dit: «Ma fille, viens dans ma Volonté pour faire ce que je fais; tu pourras y agir pour le bien de toutes les créatures. Par la puissance de ma Volonté, tu pourras les secourir à partir du sang dans lequel elles nagent et me les ramener, lavées dans leur propre sang.» Je lui répliquai: «Ma Vie, je suis si mauvaise, comment puis-je faire cela?»

Il poursuivit: «Tu dois savoir que l’acte le plus sublime et le plus héroïque qu’une âme puisse accomplir est de vivre et d’agir dans ma Volonté. Quand une âme décide de vivre dans ma Volonté, nos deux volontés se fondent en une seule. Si l’âme est tachée, je la purifie; si les épines de la nature humaine l’entourent, je les détruis; si les clous du péché la transpercent, je les pulvérise. Rien de mauvais ne peut entrer dans ma Volonté. Tous mes attributs investissent l’âme et changent sa faiblesse en force, son ignorance en sagesse, sa misère en richesse, etc. Chez les autres âmes, il y a toujours quelque chose qui reste de soi, mais je remplis entièrement de moi cette âme toute dépouillée d’elle-même.»

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😇 Jésus dit à Luisa qu'elle peut secourir les âmes ayant subi des châtiments "sanglants": «Ma fille, viens dans ma Volonté... Par la puissance de ma Volonté, tu pourras les secourir à partir du sang dans lequel elles nagent et me les ramener, lavées dans leur propre sang.»

17.    6 août 1917 — L’âme qui vit dans la Divine Volonté est heureuse, même au milieu des plus grandes tempêtes.

Pendant que j’étais dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus vint. Comme j’étais très affligée à cause de la menace continuelle de grands châtiments et aussi à cause de la privation de sa présence, il me dit:

«Ma fille, courage, ne perds pas coeur! Ma Volonté rend l’âme heureuse même au milieu des plus grandes tempêtes. L’âme atteint de telles hauteurs que les tempêtes ne peuvent la toucher, même si elle les voit et les entend. L’endroit où elle vit n’est pas sujet aux tempêtes, mais il est toujours serein. Le soleil sourit à cette âme car son origine est — dans le Ciel, sa noblesse — divine et sa sainteté — en Dieu; elle est gardée par Dieu lui-même. Jaloux de la sainteté de cette âme, Dieu la garde dans les profondeurs de son Coeur et lui dit: "Personne ne te touchera, excepté moi, parce que ma Volonté est intangible et sacrée. Tous doivent honorer ma Volonté."»

18.    14 août 1917 — Sur la terre, Jésus vivait totalement abandonné à la Volonté de son Père. La différence entre vivre résigné à la Divine Volonté et vivre dans la Divine Volonté.

Alors que j’étais dans mon état habituel, mon doux Jésus vint et me dit: «Ma fille, sur la terre, je n’ai fait que me livrer à la Volonté du Père. Ainsi, si je pensais, je pensais avec l’Esprit du Père; si je parlais, je parlais avec la bouche du Père; si je travaillais, je travaillais avec les mains du Père; même ma respiration se faisait en lui. Tout ce que je faisais était selon qu’il le voulait, de telle sorte que je peux dire que toute ma vie se déroulait en Lui. Complètement immergé dans sa Volonté, je ne faisais rien par moi-même. Ma seule pensée était sa Volonté. Je ne faisais pas attention à moi-même. Les offenses qu’on me faisait n’interrompaient pas ma course, mais je volais toujours vers mon Centre. Ma vie terrestre prit fin quand j’eus accompli la Volonté du Père en toute chose.

«Ainsi, ma fille, si tu t’abandonnes à ma Volonté, tu n’auras plus aucune autre pensée que les miennes. Même la privation de moi, qui te tourmente tant, trouvera le soutien et les baisers cachés de ma vie en toi. Dans tes battements de coeur, tu ressentiras les miens, enflammés et affligés. Si tu ne me vois pas, tu me sentiras; mes bras t’embrasseront. Combien de fois ne ressens-tu pas mon mouvement et mon souffle rafraîchir ton coeur?

«Et quand, alors que tu ne me vois pas, tu veux savoir qui te tient de si près et souffle sur toi, je te souris, je te donne le baiser de ma Volonté et je me cache en toi pour te surprendre de nouveau et te faire avancer d’un autre pas dans ma Volonté. Ainsi, ne me chagrine pas en t’affligeant, mais laisse-moi agir. Puisse l’envol de ma Volonté ne jamais cesser en toi; autrement, tu obstrueras ma vie en toi. Si je ne rencontre aucun obstacle, je fais croître ma vie en toi et je la développe comme je veux.» Ceci dit, par obéissance, je dois dire quelques mots sur la différence entre vivre résigné à la Divine Volonté et vivre dans la Divine Volonté.

Selon ma pauvre opinion, vivre résigné à la Divine Volonté, c’est se résigner en tout à la Volonté de Dieu, autant dans la prospérité que dans l’adversité, voyant en toute chose le règne de Dieu sur sa Création, suivant lequel pas même un cheveu ne peut tomber de notre tête sans la permission du Créateur.

L’âme se comporte comme un bon fils qui va où son père veut qu’il aille et qui souffre ce que son père veut qu’il souffre. Être riche ou pauvre lui est indifférent. Il est content de ne faire que ce que veut son père. S’il reçoit l’ordre d’aller quelque part pour s’occuper d’une affaire, il y va simplement parce que son père le veut. Cependant, ce faisant, il se rafraîchit, s’arrête pour se reposer, manger, échanger avec d’autres personnes, etc. Ainsi, il se sert beaucoup de sa propre volonté, sans oublier cependant qu’il va là parce que c’est ainsi que son père le veut. En beaucoup de choses, il trouve l’occasion de faire sa propre volonté. Ainsi, il peut être des jours et des mois loin de son père sans que la volonté de son père lui soit spécifiée en toutes choses.

Ainsi, pour celui qui ne vit que résigné à la Divine Volonté, il est presqu’impossible qu’il ne fasse pas intervenir sa propre volonté. Il est un bon fils, mais il ne partage pas en tout les pensées, les paroles et la vie de son Père céleste. Pendant qu’il va, revient et parle à d’autres personnes, son amour est intermittent. Sa volonté n’est pas en communication continuelle avec celle du Père et, ainsi, il entretient l’habitude de faire sa propre volonté. Néanmoins, je crois que c’est là le premier pas vers la sainteté.

Pour parler maintenant de ce qu’est vivre dans la Divine Volonté, je voudrais que la main de mon Jésus guide la mienne. Seulement lui peut dire toute la beauté et la sainteté de la vie dans la Divine Volonté! Pour ma part, je me sens incapable de le faire et je n’ai pas beaucoup de concepts à l’esprit. Il me manque les mots. Mon Jésus, verse-toi dans mes paroles et je dirai ce que je pourrai.

Vivre dans la Divine Volonté signifie ne rien faire par soi-même parce que, dans la Divine Volonté, l’âme se sent incapable de quoi que ce soit par elle-même. Elle ne demande aucun ordre et n’en reçoit pas, parce qu’elle se sent incapable d’aller seule. Elle dit: «Si tu veux que je fasse quelque chose, faisons-le ensemble comme une seule personne; si tu veux que j’aille quelque part, allons-y ensemble comme une seule personne.»

Ainsi, l’âme fait tout ce que le Père fait. Si le Père pense, elle fait siennes ses pensées; elle n’a aucune autre pensée que les siennes. Si le Père regarde, parle, travaille, marche, souffre ou aime, elle regarde ce que le Père regarde, répète les paroles du Père, travaille avec les mains du Père, marche avec les pieds du Père, souffre les mêmes souffrances que le Père et aime ce qu’aime le Père. Elle ne vit pas à l’extérieur mais à l’intérieur du Père et, ainsi, elle est une parfaite réplique de lui, ce qui n’est pas le cas pour celui qui vit seulement résigné. Il est impossible de trouver cette âme sans le Père ou le Père sans cette âme. Et cela n’est pas qu’extérieur: tout son intérieur est entrelacé avec l’intérieur du Père, transformé en lui. Oh! le vol rapide de cette âme!

La Divine Volonté est immense. Elle circule partout, ordonne tout et donne vie à tout. L’âme qui s’immerge dans cette immensité, vole vers tout, revigore tout et aime tout; elle agit et aime comme Jésus, ce que ne peut faire l’âme qui est seulement résignée.

Pour l’âme qui vit dans la Divine Volonté, il est impossible de faire quoi que ce soit par elle-même. Ses travaux humains, même saints, lui donnent la nausée parce que les choses de la Divine Volonté, même les plus petites, ont un aspect différent. 

Elle (l'âme) acquiert une noblesse divine, une splendeur divine et une sainteté divine, également une puissance divine et une beauté divine. Ces qualités divines se multiplient indéfiniment en elle et, en un instant, elle fait tout. Après avoir tout fait, elle dit: «Je n’ai rien fait, c’est Jésus qui a tout fait, et c’est là mon bonheur. Jésus m’a fait l’honneur de me recevoir dans sa Volonté, ce qui me permet de faire ce qu’il a fait.»

L’ennemi est incapable de troubler cette âme, qu’elle ait fait son travail bien ou pauvrement, qu’elle ait fait peu ou beaucoup, parce que tout a été fait par Jésus et elle ensemble. Elle est paisible, non sujette à l’anxiété. Elle n’aime pas une personne en particulier mais elle les aime toutes, divinement. On peut dire qu’elle répète la vie de Jésus, qu’elle est sa voix, les battements de son Coeur, la mer de ses grâces. En cela seulement, je crois, consiste la vraie sainteté.

Pour qui vit dans la Divine Volonté, les vertus sont d’ordre divin. Dans le cas contraire, elles sont d’ordre humain, sujettes à l’estime de soi, à la vanité et aux passions. Oh! combien d’âmes faisant de bonnes actions et recevant les sacrements pleurent parce que, n’étant pas investies de la Divine Volonté, elles ne produisent pas de fruits! Oh! si tous comprenaient ce qu’est la vraie sainteté,comme tout changerait!

Beaucoup sont sur une fausse voie de sainteté. Beaucoup la mettent dans les pratiques pieuses — et malheur à qui voudrait les faire changer. Ces âmes se leurrent. Si leur volonté n’est pas unie à celle de Jésus et transformée en lui, alors, avec toutes leurs pieuses pratiques, leur sainteté est fausse. Avec une grande facilité, elles passent des pratiques pieuses aux défauts, aux diversions, à la discorde, etc. Oh! comme est disgracieuse cette fausse sainteté!

D’autres âmes mettent leur sainteté à se rendre souvent à l’église et à assister à tous les offices, mais leur volonté est loin de celle de Jésus; ces âmes se préoccupent peu de leurs propres devoirs. Si elles sont empêchées d’aller à l’église, elles sont fâchées et leur sainteté s’évapore. Elles se plaignent, désobéissent et sont encombrantes dans leur famille. Oh! quelle fausse sainteté!

D’autres âmes mettent leur sainteté à se confesser souvent, à se faire diriger spirituellement dans les menus détails et à se faire des scrupules sur tout. Elles ne se font cependant aucun scrupule que leur volonté ne soit pas fondue avec celle de Jésus. Malheur à qui les contredit! Elles sont comme des ballons gonflés qui, quand un petit trou leur est fait, se dégonflent. Ainsi, sous la contradiction, leur sainteté s’évapore. Elles se plaignent d’être facilement tristes. Elles vivent toujours dans le doute et aiment avoir un directeur spirituel juste pour elles, pour les aviser en toutes choses, les réconcilier et les consoler; néanmoins, elles demeurent toujours agitées. Pauvre sainteté que celle-là, comme elle est falsifiée!

J’aimerais avoir les larmes de mon Jésus pour pleurer avec lui sur ces fausses saintetés et faire connaître à tous comment la vraie sainteté consiste à vivre dans la Divine Volonté. Cette sainteté a des racines tellement profondes qu’il n’y a aucun danger qu’elle vacille. L’âme qui a cette sainteté est ferme, non sujette aux inconstances et aux défauts volontaires. Elle est attentive à ses devoirs. Elle est sacrifiée et détachée de tout et de tous, même des directeurs spirituels. Elle grandit au point que ses fleurs et ses fruits atteignent le Ciel! Elle est si cachée en Dieu que la terre ne voit que peu ou rien d’elle. La Divine Volonté l’a absorbée. Jésus est sa vie, l’artisan de son âme et son modèle. Elle n’a rien en propre, tout étant en commun avec Jésus. Sa passion et son trait caractéristique est la Divine Volonté.

Par contre, le "ballon" de la fausse sainteté est sujet à des inconstances continuelles. L’âme semble voler à une certaine hauteur, tant et si bien que plusieurs personnes, y compris des directeurs spirituels, sont en admiration devant elle. Mais ils sont bientôt désillusionnés parce que, pour dégonfler le ballon, il suffit d’une humiliation ou d’une préférence du directeur pour une autre personne. L’âme croit qu’on la vole, se croyant la plus en besoin. Pendant qu’elle se fait des scrupules pour des bagatelles, elle en vient à désobéir. La jalousie est la vermine de cette âme; cette jalousie évente son ballon qui se dégonfle et tombe par terre. Et si on examine la prétendue sainteté qui était dans ce ballon, on trouve l’amour-propre, les ressentiments et les passions camouflés sous l’aspect du bien. On peut voir que cette âme était le jouet du démon. Seulement Jésus connaît tous les maux de cette fausse sainteté, de cette vie de dévotions sans fondement, basée sur la fausse piété.

Ces fausses saintetés correspondent à des vies spirituelles sans fruits qui sont la cause des pleurs de mon aimable Jésus. Ceux qui les pratiquent sont les grincheux de la société, le chagrin de leur famille. On peut dire qu’ils dégagent un air impur qui nuit à tout le monde.

Oh! comme est très différente la sainteté de l’âme qui vit dans la Divine Volonté! Cette âme est le sourire de Jésus. Elle est détachée de tous, même de ses directeurs spirituels. Jésus est tout pour elle. Elle n’est le chagrin de personne. L’air sain qu’elle dégage embaume tout. Elle inspire l’ordre et l’harmonie pour tous. Jésus, jaloux de cette âme, se fait en elle l’acteur et le spectateur en tout. Pas une seule de ses respirations, une seule de ses pensées ou un seul de ses battements de coeur qui ne soit régularisé par Jésus. Cette âme est si absorbée par la Divine Volonté qu’elle en oublie presque qu’elle vit en exil.

19.   18 septembre 1917 — Effets bénéfiques de la constance dans le bien.

Poursuivant dans mon état habituel, je souffrais beaucoup parce que, m’étant apparue, ma céleste Maman était tout en pleurs. Je lui ai demandé: «Ma Mère, pourquoi pleures-tu?» Elle me répondit: «Ma fille, comment pourrais-je ne pas pleurer quand le feu de la divine justice veut tout dévorer? Le feu du péché dévore tout le bien dans les âmes et le feu de la justice veut tout dévorer ce qui appartient aux créatures. Voyant que le feu s’étend, je pleure. Alors, prie, prie!»

Je souffrais aussi à cause de la privation de Jésus. Il me semblait que, sans lui, je ne pourrais plus tenir longtemps. Ému de compassion pour ma pauvre âme, mon aimable Jésus vint et me dit: «Ma fille, patience! La constance dans le bien met tout en sécurité. Quand tu es privée de ton Jésus et que tu combats entre la vie et la mort à cause de la douleur que cela te cause et que, malgré cela, tu demeures constante dans le bien et ne négliges rien, tu es en plein combat.

«À travers ce combat, l’amour-propre et les satisfactions naturelles te quittent, ta nature est laissée comme défaite et ton âme devient pour moi un jus si pur et si doux que je le bois avec beaucoup de contentement. Ensuite, je me ramollis et je te regarde tout rempli d’amour et de tendresse, ressentant tes souffrances comme si elles étaient miennes. Si tu es froide, aride ou autre chose et que tu demeures constante, combien de renoncements additionnels tu réalises; tu formes encore plus de jus pour mon Coeur passionné.

«Il en est comme pour un fruit qui a une pelure épineuse et dure, mais qui contient à l’intérieur une substance douce et utile. Si la personne est constante à enlever les épines, alors, en pressant le fruit, elle en savoure toute la substance. Le pauvre fruit est ainsi vidé de son contenu et sa pelure épineuse jetée. Pareillement, à travers la froideur et l’aridité, l’âme rejette les satisfactions naturelles et se vide d’elle-même dans la constance. Elle reste avec le fruit pur et doux du bien dont je me délecte. Si tu es constante, tout contribuera à ton bien et je te donnerai ma grâce en abondance.»

20.   28 septembre 1917—Les actions faites dans la Divine Volonté sont des soleils illuminant tout et mettant en sécurité ceux qui ont un minimum de bonne volonté.

Poursuivant dans mon état habituel, mon doux Jésus me dit: «Ma fille, les ténèbres sont épaisses et les créatures tombent de plus en plus. Dans ces ténèbres, elles creusent le précipice où elles périront. L’esprit de l’homme est demeuré aveugle; il n’a plus de lumière pour voir le bien, il ne voit que le mal. Ce mal l’inondera et le fera périr. Là où il pense trouver la sécurité, il trouvera la mort. Hélas! ma fille, hélas!»

Il ajouta: «Les actions faites dans ma Volonté sont comme des soleils illuminant tout. Tant que les actions de la créature demeurent dans ma Volonté, de nouveaux soleils brillent sur les esprits aveugles et les âmes qui ont un minimum de bonne volonté trouvent la lumière pour échapper au précipice. Toutes les autres périront. En ces temps de ténèbres si épaisses, quel bien font les créatures vivant dans ma Volonté! Les âmes qui survivront, le feront seulement à cause de ces créatures.»

Puis, il partit. Plus tard, il revint et ajouta: «Je peux dire que l’âme qui vit dans ma Volonté est ma monture. Chez elle, je tiens les rênes de tout: celles de son esprit, de ses affections et de ses désirs; je ne laisse rien sous son pouvoir. Je m’assois sur son coeur pour être plus confortable; ma domination est complète et je fais ce que je veux. Je fais courir ma monture à un moment et voler à un autre; elle me conduit au Ciel à un moment et je fais le tour de la terre à un autre; je m’arrête à un autre moment. Oh! comme je suis glorieux et victorieux; je gouverne et règne!

«Mais si l’âme ne fait pas ma Volonté et vit dans sa volonté humaine, ma monture est ruinée. L’âme prend les rênes et je reste sans domination comme un pauvre roi jeté hors de son royaume. L’ennemi prend ma place et les rênes restent à la merci de ses passions.»