L'art roman pour les nuls
L'art roman se développe pendant la période qui s'étend du Xème siècle aux débuts du XIIIème dans sa forme tardive.
Les premières églises romanes ont un plan simple (une nef à un ou trois vaisseaux terminés par une abside, sans transept).
Puis le plan en croix latine des églises carolingiennes, issu de la basilique romaine, se généralise.
Les églises romanes, c’est l’arc en plein cintre (transmis par les Etrusques), mais aussi la voûte en berceau et la voûte d’arêtes, le contrefort...
Exemple d'innovation architecturale et sculpturale: on casse un peu l'arc du portail d'entrée, on empile les arches en plein cintre, on insère un haut-relief d'un côté ce qui modifie l'harmonie géométrique des arches, etc...
Si l'architecture romane paraît assez standardisée, la sculpture romane est un art très expressif.
Le sculpteur se permet l'utilisation de thèmes très diversifiés sous prétexte d'imagerie pédagogique, crée des animaux fantastiques, des plantes imaginaires, des formes géométriques très riches, imagine les personnages de la Bible dans une relecture du Moyen-Age , se représente aussi lui-même et parfois signe en latin son œuvre ou du nom du commanditaire.
La crainte de Dieu et de la mort, la vie quotidienne, la caricature et la raillerie souvent sous forme de bestiaire lié sans doute aux représentations des fables animalières (Roman de Renart fin du XIIème), ne cachent pas pour autant une capacité d'invention étonnante.
La religion y est vécue, représentée, comme fortement associée à la vie quotidienne et l'édification de l'église est l'occasion de créer, dans le respect de Dieu, tout en affichant des fantasmes multiformes dans les recoins discrets des chapiteaux ou des modillons.
Les scènes racontent aux croyants analphabètes, sous forme d'images exagérées, le contenu de la Bible et soulignent les croyances du moment.
Il en est de même pour les fresques essentiellemnt des XIIè et XIIIè siècles.
Enfin il faut préciser que des particularités régionales tenant à la pierre de sculpture notamment, mais aussi aux courants d'échanges avec les pays limitrophes, apparaissent de façon très sensible dès le XIème siècle.
Glossaire utile
Abside : extrémité de la nef centrale, de plan semi-circulaire, abritant le maître-autel et le chœur.
Absidiole : abside secondaire. Apocryphe : texte narratif ayant pour sujet la vie du Christ ou des saints, non reconnu officiellement par l’autorité ecclésiastique.
Arc doubleau : arc transversal à l’axe d’un vaisseau et destiné à renforcer sa voûte.
Arc en plein-cintre : arc en segment égal ou sensiblement égal au demi-cercle.
Arc outrepassé : arc dessinant un arc de cercle plus grand que le demi-cercle (forme de fer à cheval).
Arc-triomphal : arc qui se trouve à l’entrée du chœur.
Chapelle latérale : chapelle ouvrant sur les côtés du vaisseau central ou de ses collatéraux.
Chevet : extrémité orientale d’une église, depuis l’extérieur, englobant l’abside et ses dépendances.
Chœur : à l’origine, lieu où se tenaient les chantres. Au sens large, partie de l’église réservée au clergé et interdite aux fidèles.
Christ en Majesté: le Christ trônant en majesté entre les quatre animaux du Tétramorphe est issu de la vision d’Ezéchiel et de celle de saint Jean : de la main droite, il bénit, sa main gauche s’appuie sur le Livre posé sur son genou.
Clocher-mur : surélévation d’un mur pour former une ou plusieurs arcades recevant des cloches. Par distinction d’un clocher-tour.
Collège apostolique : il y a à l’origine douze apôtres, disciples du Christ. Les Douze forment un collège qui a pour fonction d’attester que ce Jésus, qu’ils ont connu, est bien le Messie.
Détrempe : dans cette technique picturale, les pigments sont broyés à l’eau (c’est le solvant) et sont ensuite détrempés avec de la colle animale (par exemple de la colle de peau de lapin) ou des gommes végétales (par exemple la gomme arabique). En Français la détrempe est aussi une traduction du mot italien tempera, désignant le plus souvent de la peinture à l’œuf.
Fresque : désigne à la fois une technique de peinture murale et une technique particulière. La couleur se pose dans l’enduit frais. C’est en séchant que les pigments se fixent à la surface. On appelle cela le phénomène de carbonatation.
Intrados : sous-face d’une voûte, vue depuis l’intérieur de l’église.
Lésènes (ou bandes lombardes) : bandes de faible saillie reliées entre elles par de petites arcatures et généralement situées sur les murs extérieurs d’une église.
Linteau en bâtière : linteau monolithe en forme de triangle.
Mandorle : mot italien simplement transcrit en français, mandorla signifie « amande ». Forme géométrique encadrant une figure entière, la mandorle peut être ronde, mais en général elle affecte la forme d’une amande ou d’une ellipse.
Modillon : corbeau sculpté, placé sous une corniche qu’il porte.
Mur gouttereau (ou goutterot) : celui qui supporte les gouttières, en général le mur latéral.
Nef : partie de l’église comprise entre la façade et le chœur.
Nimbe : le mot latin nimbus désigne chez Virgile un nuage entourant les dieux. Dans le domaine chrétien, le nimbe est un disque placé au-dessus de la tête des saints, ou l’entourant. Il est le signe spécifique de la sainteté.
Penture : ferrure fixée sur les vantaux d’une porte.
Phylactère : ruban de parchemin sur lequel les Hébreux transcrivaient des versets de l’Ecriture sainte; ici, banderole à extrémités enroulées, contenant des inscriptions, souvent tenue par un personnage.
Portail : porte monumentale.
Tétramorphe : symbole groupé des quatre Evangélistes : « Après cela je vis (…) au milieu du trône et l’entourant, quatre animaux (…). Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine et le quatrième semblait un aigle en plein vol », Livre d’Ezéchiel (1,5-12).
Transept : corps transversal formant une croix avec le corps longitudinal de l’église.
Voûte en cul-de-four : voûte dont le plan est un segment de cercle et l’intrados une concavité de révolution. Le plan de la voûte en cul-de-four est théoriquement un demi-cercle.
Voûte en berceau : voûte formée d’un demi-cylindre dont la directrice est une droite. Elle rappelle la coque retournée d'un bateau.
Source: Direction régionale des affaires culturelles (drac) du Languedoc-Roussillon, Conservation régionale des monuments historiques (crmh)
Michel BOISSET
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