Lundi 04/09/2023
Notre vol pour Qaarssut est en fin de matinée. L'idée est de combiner un court séjour sur l'île d'Uummaannaq, très belle mais aussi toute petite, avec quelques jours de trek quelque part aux environs...
Mais les récits de trek dans cette partie du Groenland sont très rares et concernent la péninsule de Nuussuaq, gigantesque, si grande que la courte semaine que nous passerons dans le coin ne permettrait pas d'y faire une boucle, à moins d'avancer à marche forcée, impossible pour nous!
Il faut aussi tenir compte des retards éventuels dus à la météo, ce qui impose de prendre une marge de sécurité sur tous les transferts, que ce soit par les airs ou sur l'eau.
Bref, après avoir examiné à la loupe les images satellites de Google Earth, je nous concocte un itinéraire théorique sur 5 jours qui démarre dans une baie à l'est de Ikerasak, rejoint la calotte polaire, puis une autre baie plus au nord (Ningeq).
Voici les 2 traces que j'espère pouvoir suivre sur 5 jours de trek. Il n'y a bien sûr aucun sentier...
Superbe vol qui nous fait découvrir les icebergs issus du glacier Eqi et à gauche la petite île où se situe le village de Qeqertaq.
Nous survolons ensuite l'énorme péninsule de Nuussuaq creusée en son centre par le lac Sarqap Tasersuaq. Ces lacs facilitent en hiver l'accès à l'intérieur de la péninsule grâce aux motoneiges, pour chasser. En été c'est absolument désert. Les sommets glaciaires de la péninsule sont à plus de 2000 m.
Grand spectacle! Voilà enfin l'immense fjord de Uummaannaq où je reconnais le profil caractéristique de l'île de Ikerasak et à l'est de celle-ci (en haut à D de la photo) la baie où commence notre trek.
Voici l'île de Uummannaq ("coeur" en Inuit) et son village situé au sud de celle-ci. On aperçoit les 2 lacs (alimentés par la fonte des neiges, seule source d'eau douce) qui expliquent pourquoi un jour des hommes se sont installés ici. Les précipitations y sont très faibles, environ 200 mm/an soit 3X moins que chez nous... Cette île est trop escarpée pour accueillir un avion. On la rejoint donc en hélico, en bateau ou par la banquise en hiver. L'eau du fjord gèle environ 5 mois par an mais la glace n'est sûre que durant 2 mois environ. Pendant les mois de transition où la banquise est trop fragile, circuler en bateau, en skidoo ou en traineaux à chiens devient impossible... quel isolement!
Voici le tout petit aéroport de Qaarsut, coincé entre fjord et glaciers.
La piste....
L'hélico peut accueillir 9 personnes, il fera donc 4 rotations pour transporter les passagers arrivés en avion jusqu'à UU.
Voici l'hôtel de l'aéroport, prévu pour accueillir les "naufragés" en cas de vol annulé pour mauvais temps.
Et voici le petit bateau de Paaluk (Uummaannaq Sea Safaris) qui vient nous chercher. Nous ne prenons pas l'hélico puisqu'il va nous emmener directement au départ de notre trek.
Nous marchons environ 1 km de l'aéroport au rocher qui sert d'embarcadère. Il fait très beau mais le vent d'est issu de la calotte est bien frais!
Paaluk met les gaz et nous filons plein est, face au vent et aux vagues. Ça secoue pas mal! Nous apercevons une baleine qui croise devant le village de Qaarsut (175 hab) situé à qq km de l'aéroport. Il est situé juste au bord du fjord et de ce fait potentiellement exposé au risque de tsunami qui menace la région.
Nous passons au large de l'île d'Uummaanaq, cachée derrière 2 gros icebergs coincés sur les hauts fonds qui prolongent le relief de l'île. En remontant le fjord (100 km de long!) vers l'est et en se rapprochant de la calotte glaciaire, le vent catabatique s'atténue et la mer s'aplatit. J'avais un temps envisagé de prendre notre kayak pliant et de partir de Qaarsut et me félicite d'en avoir abandonné l'idée!
Petit arrêt au village de Ikerasak, dont la montagne (824 m) rappelle un peu celle de UU. Paaluk reprend de l'essence et nous nous mettons d'accord sur les points de dépose et de récupération. Il est déjà allé dans ces 2 baies, c'est OK.
Changement de programme au dernier moment! La baie de départ, encombrée de glaces, est inaccessible! Paaluk nous dépose au nord ouest à Igdlerussaq. J'ai aussi créé des traces GPX en partant de cet endroit mais je sais que ce sera plus compliqué car il nous faudra franchir une montagne de 900 m. Au pire, nous changerons le point de récupération en prévenant Paaluk grâce à notre Garmin In Reach. Nous avons fait qq essais avec lui auparavant et on communique sans problème. Nous lui laissons un sac avec des affaires de rechange et c'est parti! Il fait très beau mais ça ne devrait pas durer, profitons-en!
Bonne surprise, le terrain est assez "roulant", contrairement à notre expérience de trek sur l'île de Disko.
Nous montons jusqu'à ce petit col à 300 m pour avoir la vue sur le fjord au nord de notre presqu'île. Comme toujours en pareil cas et sans carte précise (notre carte Sagamaps est au 1/250000) après cette ultime butte...il y en a encore une...
Jolie joubarbe!
Un lièvre très craintif, qui va filer devant nous à plusieurs reprises!
Nous voilà au col, vue sur le fjord Alanguarqap suvdlua et les icebergs issus du Sermilik.
Nous prenons ensuite vers le sud-est en direction du lac 640 sur la carte. Le temps se couvre, le vent forcit, la pluie menace... On se trouve juste à temps un bivouac +/- abrité par un gros rocher. Pour l'eau, c'est facile il y en a partout, même si de nombreuses "flaques" sont asséchées. Nous ne traiterons à l'Aquatabs que l'eau stagnante et boirons telle quelle l'eau des ruisseaux sans problème. Je n'ai pas pris ma gourde filtrante dont la céramique craint le gel...
Voici le parcours de ce 1er jour de trek: