Randonnées dans le nord de la Basse-Terre

Après le Sud, intéressons nous à la partie de la Basse-Terre située au nord de la route de la Traversée où nous avons effectué deux randonnées, l’une sur le littoral de Sainte-Rose, l’autre dans l’arrière-pays, à Sofaïa.

Boucle de Sofaïa/ Trois Cornes


En 2015, nous avions déjà randonné dans les hauteurs de Sainte-Rose, entre le Morne Mazeau et Solitude avec une vue quasi permanente sur le Grand Cul-de-Sac Marin. Cette fois, le point de départ se situe un peu plus à l’est, à Sofaïa, où l’on trouve également des douches en plein air d’eau chaude sulfureuse.

En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas venus pour la douche mais pour randonner dans la forêt tropicale en passant par le saut des Trois Cornes, un circuit en boucle, ou plutôt en triangle, considéré comme facile mais rendu glissant par les pluies récentes.

Par le premier côté de ce « triangle », on descend dans une belle forêt aux riches essences (gommiers, mahoganys, marbris).

Parmi tous ces arbres géants, l’un des plus spectaculaire est cet Acomat boucan, autour duquel s’enroule une liane boudin-tordu (Bauhinia guianensis) tout aussi étonnante.

Des palmistes montagne se disputent la lumière avec les fougères arborescentes dans une humidité ambiante où les champignons sont dans leur élément.

La prudence est requise sur ce parterre de racines laissées à nu par l’érosion !

Au bout de cette première « ligne droite », on arrive en vue de la rivière Moustique qu’il faut traverser sur quelques gros rochers pour accéder à la cascade.

C’est un saut d’eau très original composé de trois écoulements (les trois cornes ?). Nous profitons de la tranquillité des lieux, d’autant que nous avons comme souvent le privilège d’y être tout seuls.

Après être revenus jusqu’à la rivière, la suite, c’est-à-dire le deuxième côté de notre « triangle », se poursuit en montée sur un sentier moins boueux, plus confortable, ce qui nous permet de continuer nos observations sans risquer la chute.

Un jeune arbre (Bois rouge carapate ?)

Siguines

Broméliacée

Pour finir, nous débouchons sur une ancienne route forestière bordée de bambous. C’est le troisième côté de notre itinéraire en forme de triangle qui se termine à Sofaïa où le parking est maintenant bien rempli.

Avant de quitter la forêt, petit clin d’œil au gnome de Sofaïa. 😉

En observant attentivement nos photos de 1999, j’ai retrouvé celle-ci… où Hervé et les enfants posent sous cette cascade très reconnaissable. Je n’en avais gardé aucun souvenir !

Le saut des Trois Cornes en 1999

Rendez-vous à présent à Sainte-Rose toute proche, très exactement à la plage de Clugny où débute notre randonnée suivante. Celle-ci, je suis sûre, nous ne l’avons jamais faite. 😉

Littoral de Sainte-Rose


C’est le propriétaire du voilier Calypso (dont je parlerai plus loin) qui m’avait recommandé cette randonnée sur le littoral de Sainte-Rose, un itinéraire linéaire de 4,4 kilomètres avec peu de dénivelé que nous choisissons de réaliser dans le sens ouest-est, de la plage de Clugny à la plage des Amandiers.

Robin nous a vanté des paysages très variés, avec des points de vue de toute beauté le long du parcours, à commencer par la vue sur les deux îlets emblématiques de la baie du Grand Cul-de Sac-Marin.

L’îlet Kahouanne (que j’évoquerai encore dans le chapitre suivant) qui doit son nom aux tortues marines qui l’avaient choisi comme lieu de ponte.

L’îlet Tête à l’Anglais, dont la forme évoque un casque colonial anglais.

Pour rappel, le Grand Cul-de-sac Marin est un vaste lagon de 15 000 hectares, entre le nord de la Basse-Terre et le nord de la Grande-Terre, fermé par une barrière de corail et classé réserve naturelle.

De la plage de Clugny à la pointe Allègre, entre bord de mer et arrière-plage, la balade nous offre tantôt des paysages classiques de longs rubans de sable, tantôt des scènes champêtres plus insolites.

Si le bleu et le vert dominent largement le décor, la palette de couleurs est beaucoup plus diversifiée qu’il n’y paraît. Quand on y regarde de plus près, on y trouve aussi les teintes suivantes :

Le rose des fleurs du tamarinier ou du poirier-pays

Le jaune des fleurs du catalpa ou du pois zombi

Le blanc des lis des marais et le rouge du lis de la Barbade

Fleurs du tamarinier

Fleurs du poirier pays

Fleurs de catalpa

Pois zombi

Lis des marais

Lis de Barbade

Un tableau tout en douceur jusqu’à l’arrivée à la pointe Allègre où l’ambiance change radicalement.

Là, les poiriers-pays, courbés par le vent, témoignent de la puissance des éléments dans cette contrée très exposée.

L’endroit possède également une valeur historique : c’est ici que débarquèrent les premiers Français en 1635. En 2015, une stèle avait été érigée sur le site en leur mémoire. Quelques semaines seulement après son installation, le monument a été détruit, des associations y voyant une résurgence esclavagiste et colonialiste. Quelques débris gisent toujours au sol.

Après la traversée d’une embouchure de rivière, le passage devant une belle cocoteraie et quelques rencontres animalières, nous atteignons la plage des Amandiers au bout d’une heure vingt (au lieu des deux heures annoncées), juste à temps avant le déluge.

Anoli

Aigrette pique-bœufs

Héron

Abrités sous un carbet, nous réfléchissons à la façon d’effectuer le retour. A pied ou en stop ? Après réflexion, nous décidons de rejoindre la route RN2 où deux charmantes kinésithérapeutes belges, au volant de leur petite voiture, se proposent immédiatement de nous ramener à notre point de départ.

L’orage étant passé, nous pouvons terminer la matinée par une baignade avant un pique-nique sous l’un des carbets de la plage de Clugny-Est. A propos de pique-nique, j’avais oublié les couverts pour notre salade composée. Un détail sans grande importance finalement puisqu’au moment de déballer la fameuse salade, nous nous rendons compte que nous l’avons, elle aussi, tout bonnement oubliée. Nous nous contentons alors d’une petite collation en attendant le retour à la villa.

Dernier regard (artistique !) sur cette belle baie !

La réserve du Grand Cul-de-Sac Marin sera encore à l’honneur dans la suite de notre récit où nous voguerons au gré des vents de Deshaies vers l’îlet Kahouanne.