Après les activités de bord de mer, prenons à présent de l’altitude pour rejoindre le massif montagneux et la forêt tropicale où nous attirent chutes et cascades, celles de la Ravine Paradis, du Carbet et du Galion.
Cascade de la Ravine Paradis
L’idée de cette randonnée m’est venue en voyant la photo ci-dessous. Elle m’a immédiatement rappelé cette autre photo que nous avions prise en famille en 1999 au même endroit (?).
Photo @ De par le Monde
Nous, en 1999
A l’époque, une grosse averse avait contrarié nos plans, nous obligeant à faire demi-tour au milieu de ce (même ?) gué. Je suis donc d’autant plus curieuse de refaire la (même ?) balade vingt-trois ans plus tard.
Le point de départ se situe au fond de la vallée fertile de la Grande Rivière de Vieux-Habitants (un cours d’eau que j’ai déjà évoqué précédemment dans la description du parcours littoral de Mamalier), au bout d’une route de montagne (RD27) étroite et sinueuse qui se termine en cul-de-sac devant l’Habitation La Grivelière, à 200 mètres d’altitude.
Cette propriété est une ancienne manufacture caféière du XVIIIe siècle dont subsistent une maison de maître, des cases des ouvriers et un jardin créole. Au milieu du XIXe siècle, le domaine employait jusqu’à 70 personnes. Longtemps laissée à l’abandon, la propriété, rachetée par la Région, est classée Monument Historique. Elle est fermée pour travaux depuis quelques mois.
Finalement, je ne me rappelle pas que le point de départ à l’époque ait été celui-ci. J’ai plutôt le souvenir d’avoir démarré en forêt et d’être arrivée rapidement au niveau de la prise d’eau. Mais en 23 ans, la végétation a pu modifier les lieux. On pouvait sans doute poursuivre plus loin en voiture. D’ailleurs sur la carte IGN la route D27 dépasse largement la Grivelière. A moins que ma mémoire ne me joue des tours ! 😉
En tout cas, aujourd’hui, à partir de la Grivelière, il faut emprunter, sur près de deux kilomètres, une ancienne route goudronnée s’enfonçant dans la vallée, au cœur d’anciennes exploitations agricoles abandonnées pour la plupart, mais dont les espèces végétales témoignent de la présence humaine passée, notamment nombre d’arbres fruitiers (manguiers, citronniers, bananiers, cocotiers).
Environ 600 mètres après le départ nous croisons à gué un premier cours d’eau, un affluent de la Grande Rivière. Passage facile sur quelques pierres bien placées.
Passé un ancien portail, la trace se rétrécit nettement. Le point de départ se trouvait peut-être ici à l’époque.
Nous continuons notre déambulation, le nez en l’air pour observer lianes et plantes épiphytes colonisant les arbres…
Siguines blanches et broméliacées
Barbe de vieillard = Tillandsia usneoides
… ou le nez par terre pour dénicher les touches colorées de quelques plantes fleuries…
Panache d’officier = Pachystachys spicata
Suzanne aux yeux noirs = Thunbergia alata
Bois la soie = Calotropis procera
… jusqu’à arriver devant le fameux captage d’eau sur la Grande Rivière et là… grosse hésitation, car nous trouvons le débit très (trop) fort.
Pour vous en donner une idée !
Comme nous sommes tout seuls, car arrivés les premiers sur le site, nous n’osons pas traverser et préférons renoncer, un peu déçus de ne pas avoir pu aller jusqu’à la cascade, mais contents de ne pas avoir pris de risques et néanmoins ravis de notre petite balade matinale dans cette jolie vallée.
Sur le chemin du retour, nous croisons plusieurs randonneurs dont des familles, certaines avec de jeunes enfants. Auront-ils pu traverser ?
Pour nous, la troisième fois sera peut-être enfin la bonne pour arriver au terme de cette randonnée 😉 !
Après cette randonnée à demi avortée, en voici une autre que nous n’avons pas pu mener jusqu’à son terme, mais dans ce cas précis nous le savions d’avance.
Chutes du Carbet : la troisième (puis la deuxième)
Nous avions déjà pu admirer les chutes du Carbet en 1999, la deuxième très certainement, mais aussi la première, d’après nos photos de l’époque. Alors, cette fois, nous souhaitons découvrir la troisième que nous ne connaissons pas, même si nous savons que l’accès à son bassin de réception est toujours interdit en raison d’un éboulement. Nous devrons donc nous arrêter en amont de la chute. Des mises en garde sont affichées sur le site internet du parc national ainsi que sur place.
Une fois n’est pas coutume, le point de départ vers la troisième chute du Carbet se trouve côté Est de la Basse-Terre, au bout de la route RD3 depuis Capesterre-Belle-Eau.
Comme nous arrivons les premiers sur site, comme presque à chaque fois, nous avons la forêt pour nous tout seuls et profitons tranquillement de l’ambiance à la fois visuelle et sonore.
Côté visuel, une végétation luxuriante et exubérante où les siguines blanches partent à l’assaut des arbres, où les fougères arborescentes rivalisent avec les autres essences et où racines et branches se confondent.
Côté sonore, chuuuut, prêtez l’oreille !
Quelques plantes et fleurs ont l’air de se plaire dans cette jungle humide.
Rose de porcelaine
Balisier à grandes fleurs
Balisier à becs de perroquet
La majorité des grands arbres de cette forêt sont des Mahogany à grandes feuilles, une espèce originaire d’Amérique du Sud, que l’ONF a planté en masse à partir des années 50.
Cette bogue et ces fruits proviendraient-ils de cet arbre emblématique ?
Après le début sur un chemin pavé, la trace devient plus boueuse mais tout de même largement aménagée. Un platelage en bois recouvert d’un grillage antidérapant facilite la progression dans la forêt humide. Nous continuons nos observations botaniques.
Graine bleue = Psychotria urbaniana
Orchidée = Spathoglottis plicata
Mort aux cabrits =Hippobroma longiflora
Au bout d’une heure, nous arrivons en vue d’un carbet entouré de quelques spécimens d’arbres répertoriés par l’ONF. Un gommier blanc retient tout particulièrement notre attention. Nous sniffons la résine à l’odeur d’encaustique qui s’en écoule. Elle est encore utilisée de nos jours comme encens.
Il nous reste alors quelques dizaines de mètres à descendre pour atteindre une plate-forme en bois, terminus de la balade.
C’est depuis cet endroit que l’on entend (plus qu’on ne la voie) la troisième chute du Carbet, haute d’une vingtaine de mètres. C’est la moins haute des trois chutes mais la plus puissante au niveau du débit d’eau.
Même si nous savions que le pied de la cascade n’était pas accessible, nous espérions néanmoins l’apercevoir un peu mieux que cela, même de loin, car en réalité la végétation la masque presque entièrement.
Une tache blanche : c'est tout ce qu'on distingue de la cascade !
A défaut, nous prenons en voiture la direction du centre d’accueil des chutes du Carbet où la deuxième chute est accessible et visible, moyennant un petit droit d’entrée, au terme d’un parcours parfaitement aménagé d’une vingtaine de minutes. Celle-ci, nous espérons pouvoir l’approcher davantage.
A une centaine de mètres du centre des visiteurs, nous pouvons déjà observer les deux chutes de loin.
La deuxième chute est au premier plan et la première chute au deuxième plan
Au bout du parcours, la deuxième chute, haute de 110 mètres, se laisse contempler depuis un minuscule balcon aménagé. Il n’est plus possible, là non plus, d’accéder au pied de la cascade, contrairement à notre précédent passage en 1999.
La deuxième chute en 2022 (accès au pied de la cascade impossible)
La deuxième chute en 1999 : cherchez la personne au pied de la cascade
L’observation plus précise de nos photos de 1999 confirme que nous avions également été à la première chute. Je me souviens d’ailleurs d’une randonnée assez éprouvante, ce qui n’est pas le cas du parcours vers la deuxième chute accessible à tous, mais bien le cas du sentier vers la première chute, considéré comme difficile. Pourtant, nous y sommes allés avec nos enfants alors âgés de 14 et 11 ans.
La première chute composée de 2 sauts d’une hauteur totale de 115 mètres
Photo de 1999
Revenons-en à cette année ! Au retour de la deuxième chute, nous faisons un dernier arrêt sur la terrasse surmontant le centre d’information. Ce belvédère nous offre une magnifique vue sur la côte Est et Capesterre-Belle-Eau ainsi que sur d’élégantes fougères arborescentes déployant leurs ombrelles au-dessus de la forêt.
Il reste à clore la matinée par un pique-nique. A mi-route vers la côte, un banc nous tend les bras à côté du Grand Etang.
J'aimerais vous dire que la randonnée suivante a été menée à son terme. Oui, mais non, seul Hervé est allé au bout, moi j’ai abdiqué juste avant la fin.
Dans le massif de la Soufrière, la chute du Galion
En 1999 et 2015, nous avions fait le tour de la Soufrière. Cette année, nous avons voulu varier les plaisirs en choisissant un itinéraire se déroulant dans le même massif, mais menant à la chute du Galion située au pied du volcan à 900 mètres d’altitude.
Le point de départ est le même que pour la Soufrière, à savoir le parking des Bains Jaunes, et la première partie sur le sentier pavé du Pas du Roy est commune aux deux parcours. Nous sommes par conséquent en terrain connu pour commencer.
Les hauteurs du massif sont aujourd’hui recouvertes de nuages bas (la Soufrière est cachée), mais ce n’est pas gênant pour notre itinéraire qui se déroule intégralement en forêt.
Le sentier est humide, assez pierreux, avec quelques passages plus boueux dans lesquels je ne manque pas d’enfoncer mes godillots jusqu’à la cheville. La progression est néanmoins agréable, en légère descente sur près de deux kilomètres.
Etonnamment tout seuls (99 % des randonneurs se dirigent vers la Soufrière), accompagnés par le coassement entêtant des grenouilles, nous avons tout loisir de profiter de notre environnement : un couvert végétal foisonnant et impénétrable, où des enchevêtrements inextricables de mangles montagne et de lianes empêchent tout écart hors sentier.
Après une dernière partie plus pentue, nous atteignons la rivière du Galion, où nous avons failli nous arrêter, induits en erreur par de petits torrents dégringolant dans son bassin comme des cascades.
Pour la grande chute du Galion, il faut bien évidemment poursuivre, traverser la rivière (attention pierres très glissantes), retrouver le sentier de l’autre côté et enfin prendre à gauche jusqu’au pied de la chute.
Creusée dans la lave, la cascade se jette majestueusement du haut de ses 40 mètres.
Mais il y a moyen de voir la cascade encore de plus près en se hissant à l’aide d’une corde sur deux paliers rocheux successifs. Je laisse Hervé s’y coller. Moi, je reste à l’attendre au pied, préférant découvrir la chute à travers ses photos.
La source du Galion est chauffée par le volcan (d’où la couleur orange causée par le soufre et le fer) mais, arrivée à la chute après avoir été mélangée avec l’eau froide provenant de ravines affluentes, elle retrouve une température normale.
Le retour se fait par le même itinéraire. Même si ça monte, ce n’est pas vraiment plus dur, car on peut mieux anticiper où poser ses pieds, ce qui fait que nous avons bouclé cet aller-retour de 4 kilomètres avec un dénivelé de 208 mètres en 3 heures (pauses comprises).
Nous avons été étonnés de la très faible fréquentation de cet itinéraire. Deux mains ont suffi à compter les randonneurs rencontrés : personne au cours de l’aller, six personnes entre la rivière et la chute, deux personnes pendant le retour. Ils sont tous allés à la Soufrière et quelques courageux ont enchaîné les deux.
Nous, on en reste là ! Tout comme la dernière fois, l’aire de Beau Soleil nous accueille pour le pique-nique du midi et la marina de Rivière-Sens pour une glace et un café.
Très belle randonnée vers une très belle cascade !