Les textes des participants


VESPERAUX SACRIFICES


Nulle compassion dans l’œil du bourreau,

son travail exécuté avec méthode

il est sourd aux appels carcéraux

- de la douleur manuelle il est le rhapsode.

Et si du sang l’éclabousse

il l’essuie machinalement

et continue son œuvre ignoble

à l’abri des justices lointaines.


Ses enfants sont grands maintenant,

ils se battent parfois lors des récréations :

coups de poing dans le nez,

coups de pied, coups bas ;

tout est bon pour faire mal

surtout ce qui ne compte pas...


Tu peux crier « pouce ! »

rien n’atteint l’infernal ouvrier ;

tu peux pleurer de l’urine

et pisser des larmes

pourvu qu’il y ait souffrance ;

qu’importent les vacarmes,

dans l’ombre et l’ignorance

il fabrique des cadavres en puissance.


Peut-être console-t-il quand même

les tourments de ses gamins,

les misères faites aux siens


l’émeuvent quelquefois ;

d’homériques colères le surprennent

et le laissent pantois...

Comme l’homme désarticulé

à moitié brûlé, écorché

et presque oublié dans une vilaine cave sordide

pendant que l’autre rentre chez lui

sa journée accomplie.


Longeant le fleuve

Menderes, Tibre, Seine, Nil, Berezina, Euphrate, Missouri, Amazone ou Rhin,

les bourreaux du monde rentrent chez eux

et s’endorment dans la candeur de la nuit.



Thomas DASSONVILLE



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Vespéraux sacrifices