Les textes des participants

au bas de l’horizon se dresse le Palais de la Culture encerclé de

Lancel Vuitton MacDonald on ne peut pas boire l’eau du robinet car par

les tuyaux coule le fleuve qui contient déjà de la diarrhée donc il

vaut mieux boire de l’eau en bouteille ou de la vodka qui n’est pas

plus chère que l’eau minérale car la nature est ainsi faite un apache

semble dériver dans l’avenue principale sa silhouette évoque celle du

sioux de Wazemmes il est perturbé par cette histoire de diarrhée dans

les robinets il n’est pas en vacances comme tout le monde à cette

période de l’année il va faire l’indien dans les tentes d’indien des

campings aux beaux jours et en dehors de la saison estivale il enseigne

la culture indienne dans les universités d’Europe sous forme de

conférences son combat est la défense de la nature pour que la diarrhée

reste dans les fesses et n’envahisse pas les robinets de l’autre côté

de l’avenue principale se trouvent les vieux quartiers pour certains

reconstruits pour d’autres endormis au creux de leur vieillesse sans

âge les pierres de l’église sont grignotées sur les bords et noircies

comme si le diable se serait abimé les dents et aurait fini par

souffler de la suie par les naseaux un diable dépité mais orgueilleux

et désireux de laisser son empreinte dans le pays où il a séjourné

plus loin coule une petite rivière et aux nombreuses terrasses plantées

de part et d’autre du pont de pierre on peut déguster des escalopes

panées aux moules les murs vermoulus se lézardent de longues gouttières

métalliques qui sont moins vernies et moins préservées que leurs sœurs

d’Angleterre elles sont écornées cabossées superbes c’est toujours en

quittant le restaurant et c’est toujours repu que l’on tombe sur le

retraité qui a faim avec son chandail troué au coude et ses chaussures

avachies l’homme qui n’a plus vingt ans porte la mémoire des

flamboiements d’avant le tourisme il est la parole de l’histoire que

l’on ne raconte pas nous sommes dans la Zone non loin de la mine de

sel fermée pour cause d’inondation non loin du lieu dont le nom évoque

les enfants qui à peine arrivés montent au ciel comme des oiseaux les

arbres y poussent à l’envers les feuilles vertes peuvent accueillir

les enfants-oiseaux dissous dans la cendre et ensevelis sous les

fondations des immeubles nouveaux les racines au ciel rappellent aux

passants à quel point tout ceci n’est pas normal c’est la nature qui

dénonce la contre-nature c’est la nature qui dénude ses orteils pour

crier en silence que les enfants ce sont les mêmes ici et tout partout

la liberté sont les enfants qui courent près de la voie ferrée écrasée

par le soleil de l’été continental la chaleur leur fait des traces de

boue le long des jambes et des moustaches de rosée ils font des allers-

retours le long du quai de marchandise pour sourire avec malice au

touriste qui se demande si l’horloge du hall de gare n’aurait pas figé

le temps en s’arrêtant de tourner ce serait la raison de l’abandon des

installations ferroviaires à la digestion de la rouille et des herbes

folles ces enfants blonds sont vraisemblablement un petit frère et une

grande sœur la fille a des jambes fines comme des allumettes mais elle

est trop grande pour être la petite fille aux allumettes elle aura

poussé comme un cornichon polonais depuis la fin du printemps ses

jambes ressemblent davantage à des baguettes de restaurant chinois

disons plutôt la grande chinoise blonde et tout le monde comprendra

le petit frère attendra le prochain printemps des cornichons polonais

Culbidon a un derrière comme une marmite un derrière comme une marmite

en fonte émaillée orange son corps est équilibré de telle sorte que

lorsqu’il baisse la tête cela provoque un coucher de soleil cette

image est la carte postale favorite de tous les amoureux de la terre

le coucher de soleil de Culbidon vaut bien un

clair de lune à Maubeuge

Éric le MIMOSA

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