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La semelle et le pavé
La semelle et le pavé
Une semelle s’entichait
Une semelle s’entichait
Du beau pavé des villes noires
Du beau pavé des villes noires
Luisant, brûlant par les étés
Luisant, brûlant par les étés
Et se chauffait sur les trottoirs
Et se chauffait sur les trottoirs
Du petit bosselé bancal
Du petit bosselé bancal
Au beau goudron des avenues
Au beau goudron des avenues
Elle traînait, originale
Elle traînait, originale
Ensemellant toutes les rues
Ensemellant toutes les rues
Par les nombreux petits baisers
Par les nombreux petits baisers
Qu’elle donnait avec envie
Qu’elle donnait avec envie
Au petit jour elle rythmait
Au petit jour elle rythmait
Le calme des rues endormies
Le calme des rues endormies
Le soir elle couinait d’amour
Le soir elle couinait d’amour
Pour sa tranche de Mac Adam
Pour sa tranche de Mac Adam
En épousait tous ses contours
En épousait tous ses contours
Et jouait à la courtisane
Et jouait à la courtisane
La semelle n’avait d’yeux
La semelle n’avait d’yeux
– Tous les goûts sont dans la nature –
– Tous les goûts sont dans la nature –
Que pour son doux pavé boiteux
Que pour son doux pavé boiteux
Tant délaissé par les voitures
Tant délaissé par les voitures
Mais au printemps de ses vingt ans
Mais au printemps de ses vingt ans
L’arpion sans rêves troqua
L’arpion sans rêves troqua
Son bitume aux reflets d’argent
Son bitume aux reflets d’argent
Pour une auto rouge incarnat
Pour une auto rouge incarnat
Fini les étoiles, les étés
Fini les étoiles, les étés
La joue collée à la pédale
La joue collée à la pédale
Dans cette coque confinée
Dans cette coque confinée
Elle pleure son idéal
Elle pleure son idéal
Violaine FRANÇOIS
Violaine FRANÇOIS
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