Les textes des participants



Anamnèse au saut du lit






Un glaive lui transperce le creux du désir. A cet instant très précis elle n’imagine pas la portée de ce qu’il l’attend.

Elle, elle le projette en elle, intensément assurée – lui, il est tout ce qu’elle espère. Elle ne le connaît pas, elle… ses idéaux

sont des fantasmes… Elle … n’imagine pas que ses fantasmes sont déjà ses plus grands combats. Car finalement, lui !

Lui tout entier … est déjà un combat.

Lui, il se prend pour Zeus.

Elle … analyse, patiente, elle trébuche, elle se débat… puis se relève. Et s'écrase à nouveau elle.

Elle – se cache du monde.

Elle, elle comprend et rechute avec lui, lui… sa folie est puissante, sa passion est de la même taille.

Elle, elle a tout pour s'en sortir, mais c'est une cage électrifiée qu'il lui a construit, ou qu’elle s’est construite autour d’eux…

L’impuissance l’a gagnée parce que lui, passionnément, il l'attache…

Elle, … elle s'attache. Finalement les jours passent et lui… il se donne, si peu, si mal ! Lui…

Si insécurisant.

Elle ne le croit jamais plus. Mais elle comprend que ses intentions sont passionnelles. Et puis lui, c’est sa totalité à elle…

A ce moment‐là en tout cas. Il est dévastateur lui, mais il est sa totalité, et c’est sa totalité qui nourrit son énergie

psychique.

Elle fuit, il la retrouve, elle se perd, et se fêle chaque jour… de surcroît un nouveau rêve.

Mais elle ne perd pas espoir elle, elle s'enfuit tout le temps... un peu plus chaque jour elle, pendant des années, même…

Elle ce qu’elle veut, c’est retrouver sa liberté. Elle, ... elle recrache la nuit, en dormant … chaque bouffée de chagrin : et

chacune de ces bouffée sont des mots qu’elle, elle n’a pas su chier ; qu’elle a contenu ou pire ; qu’elle a oublié…

Elle un jour y arrive : elle lui tient tête ; elle a peur ; elle le secoue malgré tout, se blinde elle ; se protège ; avance toujours,

sans cesse – lâcher prise – renaître – espérer vivre encore, les rêves ont changé ; force ; langage ; courage elle ; oui libre

enfin, courageuse… libre mais fêlée.

Elle… … Elle c’était moi et… moi, après ça c’était … :

Je ne me souviens pas de mes rêves… anamnèse au saut du lit.

Chaque matin d'apparence est l'appât de chaque nuit, une pluie d'errance, voilà ma vie.

Ma conscience ignore le repos, soit. Mais je connais la distance.

Et même… si j'avance à travers l'âge, sous le sens, emplie d'un courage ou d'une sorte de rage...

Sans nulle connaissance, poussée par les vents, sur des marécages comme une herbe folle imbibée d'alcool: rêvant à

d'autres cépages où à tourner des pages, mes nuits sont fréquentielles et moi, je me rends, dans une évidence de

tourments.

Je cherche en vain l'adjuvant pour lier mon vin à son encre ‐ le divin à mon sang ‐ échapper à ces pages.

Je pleure avec certitude… soit.

En attendant je doute,, car même si j'avance au long des voix ferrées dans les hauts des hauts songes, les doutes effleurent

du bout des lèvres les bas des grands drames de ma vie.

Et l'univers se soulève, la vie recommence ‐ pendant que le soleil se lève, et la lune avance...

Tourne autour de la terre, la lune, ou moi dans la nuit.

Moi, je connais la distance, et je sens monter la fièvre.

Je n'ai plus peur au demeurant, à priori… De la savoir aussi pure que mes voyages parallèles: la distance est d'or,

Et ma liberté d’expression reprend vie. Je bouge les doigts sur mon piano, respire un peu mieux.

Faut‐il encore rester stoïque, quand on vous a désarticulée là, la tête à l'air, pieds nus dans l'eau...

Mes rêves se meuvent bien au‐delà du ciel, et c'est là bas que mon âme danse et chante.

Aujourd'hui il fait gris, ce serait un beau jour pour mourir.

Mais je suis un soldat, j’ai vaincu l’armée j’étais pourtant désarmée. Et mes failles ne m’ont jamais trahie, peut‐être même

portée vers cette force, intarissable, dessinée comme une toile étendue au large, vers l'infini beauté des rêves, là, elle …

Elle qui fait tellement bien écho… à ma totalité.

Et je suis sûre à regarder ma vie, la liberté peut toujours revenir … Mes rêves se souviennent de moi, ils m'appellent encore.

Et moi… enfin presque … dépassionnées des passions viles ah de celles qui tuent au‐delà de l’âme ! Et moi je crie là si

passionnément ici et maintenant, que demeurent les passions !

Faut‐il seulement, tomber sur la bonne … Oser la dire … Oser la vivre. Renaître et recréer.


Mandy LAMBEC-SCHELTIEN


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