Les textes des participants




Silence & servitude


Dormir pour oublier l’inoubliable.

Fermer l’esprit à l’impalpable.

Étouffer les sons sourds du cœur

Qui frappent notre inconscient.

Et des complaintes, du malheur,

De ces souvenirs jamais déficients,

Faire le vide, une nuit, un instant,

Pour enfin profiter du présent.

S’accorder quelques heures de répit

Pour ne pas succomber au dépit.

Effacer les traces, les cicatrices.

Combler l’espace, les interstices

Creusés par la contrition.

S’avouer qu’aux tourments nocturnes,

Reflétés sur notre visage taciturne,

Il existe une solution.

Ces tâches bleuâtres sous les cils,

Ces poches, valoches d’imbécile

Qui ne peut partir sans bagage,

Qui refuse de prendre le large,

Doivent enfin disparaître.

Elles n’ont plus lieu d’être.

Il faut ouvrir les vannes,

Que tout s’écoule, que la peine se fane.

Qu’elle emporte dans sa descente

Les lamentations, la tourmente.

Rien ne doit rester, excepté le silence.

A la servitude du souvenir

Imposer la prestance du devenir.

Ouvrir alors grand les paupières,

Pour pressentir l'incalculable lumière.

De la quiétude, sentir l’émergence.

Se réveiller enfin sans crainte,

La mâchoire sereine, la rancœur éteinte,

Le ventre non meurtri, la joie non feinte.

Reposé(e) d’avoir vidé sa complainte

Dans le gouffre de l’oubli

D’où, aucun écho ne ressurgit.



Inca INCALO


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Silence et servitude